A tous ceux qui sont sur le chemin ! A celui qui arrive là où la montagne se dresse... - Page4
Écrit par Christophe Dechêne   
Mercredi, 22 Décembre 2004 18:41
Index de l'article
A tous ceux qui sont sur le chemin ! A celui qui arrive là où la montagne se dresse...
Page 1
Page2
Page3
Page4
Page 5
Toutes les pages

Chimio 6 :    Du 14 mars au 29 mars 2005

Jeudi 24 mars "Vélo le long de la Moselle"

Départ avec Herbert et Ida à 10h30. Ils m'annoncent leur décision de rejoindre Saint Jacques de Compostelle à vélo mi-mai. C'est une excellente nouvelle!  Cette journée de  balade entre les vignes ou le long du fleuve a été très agréable. Un petit plat sympa dans un restaurant avec le point de vue que vous voyez. Une météo variée : petite pluie fine, quelques rayons de soleil, des nuages gris, des éclaircies et peu de vent. Seize degrés lors des 13 km du parcours. Cet aller-retour au départ de Rhemagen, ex-ville romaine,  suffisait amplement à mon bonheur. Une chute dès le départ, avec un tout petit bobo de rien du tout et qui saigne un peu, prend directement des allures de catastrophe sur mon moral. Un petit tour à la pharmacie et puis l'on repart. Ce fut une belle journée !

Mercredi 23 mars "Revoir ses élèves après 4 mois !"

Ce midi, j'ai été rendre une petite visite à mes élèves que je ne n'avais plus vu depuis fin novembre. Ils étaient en séjour à la Fraineuse et prenaient leur repas à Bérinzenne autour du grand barbecue. Une fois la porte franchie, j'y ai reçu un accueil formidable. J'en étais très ému ! La chaleur du feu n'était en rien comparable à côté de celle témoignée par les enfants. J'ai eu la chance de parler avec chacun et je les ai trouvés en grande forme. Chaque tablée de six était fort disponible et la bonne humeur était au rendez-vous. Ils sont très gentils, affectueux, parlent avec leur spontanéité, sourient, posent des questions, se tiennent vraiment très bien car après avoir fini de manger ils ont dû rester assis à table plus de 15 minutes (le temps d'amener un gâteau d'anniversaire, de débarrasser,....) Mes collègues sont très souriants, un peu bronzés et je les admire de donner ainsi leur temps. C'était une visite très riche en émotions que je ne regrette pas. Merci à tous pour cet accueil ! 

 

Les 24 enfants de 6A, SFX2

Lundi 21 mars  "Le printemps... Difficile de lâcher prise"

C'est le printemps !  Voici une déjà une saison que j'ai appris le mal dont je souffrais. Ce matin, j'avais besoin de récupérer car  le réveil indiquait 10 heures lorsque mes yeux se sont ouverts. Du lit, j'ai vu les rayons du soleil, le ciel bleu comme l'azur. Une joie  intérieure s'est emparée de moi un peu comme une joie d'enfant lors d'une belle journée d'été. Le soleil me fait un bien fou car cette semaine a été la plus difficile et la plus longue sur le plan des effets secondaires et de la fatigue. Ce matin, j'ai de nouveau constaté la présence de nombreux petits cheveux sur mon oreiller.  Après avoir déjeuné, j'ai pris un "bain de soleil" comme jeudi dernier et comme dimanche. Ma peau se pare déjà de la couleur caractéristique des gens du sud. C'est sans doute la première fois de ma vie que mon crâne clairsemé est aussi bronzé ! Samedi, Evelyne a été acheter des fleurs vivaces à repiquer dans le jardin. Je les ai plantées directement. J'aime faire le tour du jardin car les sens sont en éveil. Je vais regarder les plantes, les sentir, leur parler, en découvrir de nouvelles. Demain, ce sera pareil si Dieu le veut et après demain aussi.
Depuis presque deux ans, je poursuivais une formation personnelle et professionnelle tous les mercredis et tous les samedis. Bien loin d'ici, à Ciney ! Une heure vingt de route à l'aller, idem au retour ! Un formation riche, variée, diversifiée qui m'intéressait, qui me plaisait car j'apprenais beaucoup de choses, je rencontrais des gens intéressants, je partageais mes acquis et émotions avec des amis,... Chaque jour qui passait, je consacrais à ce projet entre une et quatre heures de travail. Lire, résumer, étudier, préparer des exposés, apprendre, découvrir, comprendre,... Depuis l'annonce de ma maladie, j'ai essayé de continuer tant bien que mal. Ne pas perdre les acquis, rester dans le coup, tenir bon ! Mais la fatigue, l'effet des médicaments et de la chimio sur mon cerveau et mon corps, m'empêchaient de continuer normalement ce chemin que j'avais choisi. Toute la famille faisait des efforts pour me permettre d'assumer ce choix. Un constat est bien vite apparu ! Je consacrais beaucoup plus de temps et d'énergie pour lire et résumer un livre. Lire trois pages restait parfois une fameuse épreuve ! Pour la première fois, je n'ai pas fait un travail demandé alors qu'il m'intéressait. Non par obligation mais par intérêt car je reste toujours libre de choisir. On me parlait d'échéance pour l'année 2006, alors que ma plus lointaine échéance au quotidien reste ma prochaine chimio ! Sans cesse me revenait à l'évidence que je ne pouvais continuer à ce rythme. Kim Clisters et Francis m'ont aidé à mieux analyser la situation.  Dimanche dernier, au concert de Steve Hacket, Francis m'a expliqué qu'il avait suivi une formation durant 18 mois avant de devoir arrêter à cause d'une double fracture à la jambe. Il n'a jamais terminé sa formation et n'a récolté aucun fruit officiel de son investissement. Durant toute la semaine, cette phrase n'a cessé de me revenir à l'esprit. C'est quand j'ai entendu que Kim avait remporté le tournoi de tennis ce week-end, après de longs mois d'absence suite à une blessure que j'ai compris. Impossible lorsque je faisais du jogging de continuer à m'entraîner si j'étais blessé. Je le sais car je l'ai vécu. Cela engendre du stress car on se demande sans arrêt si l'on ne va pas perdre ce qu'on a difficilement gagné au prix de longs efforts. Idem pour Kim ! Revenir trop vite ou continuer à forcer ne fait qu'empirer la situation. Je devais d'abord penser à donner du temps à mon corps. Lâcher prise ! Que c'est difficile pour moi ! La force de décider m'est venue de Kim. Finalement, elle est revenue à son meilleur niveau après avoir pris le temps. Elle ne pouvait pas faire autrement. Moi, je pensais pouvoir continuer à lutter sur deux plans. Samedi, je n'ai pas été au cours. J'ai pensé beaucoup à eux. Cette absence reste une victoire morale sans doute car dans ma vie, je n'ai jamais su abdiquer, ou lâcher prise. dans mes projets, en sport, dans mon quotidien ! C'est peut-être aussi une manière de comprendre pourquoi cette maladie s'est présentée sur mon chemin. Mon corps criait stop à mes excès et ma tête me disait de continuer. Il m'a fallu du temps pour prendre cette décision. Ce fut et reste  très difficile à accepter. Cependant, j'ai le sentiment d'avoir gagné plus que je n'avais perdu. D'abord, guérir et puis choisir. Cet après-midi, j'ai fait ma première sortie à VTT avec Yves : le tour du lac de la Gileppe. Sous le soleil, avec et contre le vent, mais doucement tout au long des 16,2km. ( Mardi 22/3 Cet effort, je le paye ce mardi car je n'ai plus de force dans les jambes. L'effort reste très éprouvant après coup !)

Vendredi 18 mars   "Musique classique"

A chaque fois que je prends la voiture, ce qui est à dire peu souvent, je n'arrive plus à écouter les radios FM, les informations catastrophiques, les fermetures, l'Irak, les frasque d'Anne-Marie Lisin,.... Tout cela m'encombre l'esprit. La seule que je supporte encore mis à part le silence qui me convient, c'est Musique3, la radio des concerts classiques. J'ai besoin de calme car dans ma tête, le bruit me fatigue. Deux événements m'ont interpellé à ce sujet. Dimanche au concert de Steve Hacket nous étions plus proche de la musique de chambre, que du rock. Une guitare acoustique, un clavier et une flûte alto nous ont charmés, bien coulés que nous étions dans nos fauteuils rembourrés. Les jambes criaient parfois tant l'espace était réduit mais les émotions s'imprimaient dans notre mémoire. Une mélodie douce, comme du miel qui coule dans nos oreilles. J'aime cette expression de Jacky Lacroix !  Pourtant, Steve Hacket, c'était Genesis, un groupe avec qui vous savez ! Entre autre le fantastique Phil Collins ! Durant ce concert, la musique proposée m'a surpris. Je pouvais fermer les yeux et rêver. Fermer les yeux, c'est un jeu que je fais à l'hôpital. Lorsque je me rends à la radio des poumons, je dois traverser de longs couloirs. J'essaye de marcher le plus longtemps les yeux fermés. Juste pour voir.... Non bien sûr pour ne rien voir et mettre d'autres sens en éveil. je l'ai déjà fait aussi dans un coupe-feu, on prend de plus en plus confiance avec le temps. Deux événements, disais-je ! Hier soir, c'était le second. J'étais fatigué comme jamais auparavant. Même dans mon lit, je n'arrivais pas à trouver la position idéale. J'étais nauséeux, j'avais mal aux yeux d'avoir trop fait d'ordinateur (avez-vous vu les deux premières pages du site ?). Quand soudain,... Mozart ! J'ai repensé au film Out of Africa lorsque l'acteur principal fait écouter Mozart à des singes en pleine savane : "Vierge de tout bruit humain et puis Mozart". J'ai eu le même sentiment, en entendant hier soir Lola répéter ses morceaux à la flûte traversière. Quel bonheur !

Pourtant elle pestait que rien n'allait, qu'elle allait arrêter la flûte, .... Les yeux fermés, j'imaginais toute cette série de notes  qui évoquaient dans sa tête des positions de doigts, un souffle précis, une bonne coordination, un rythme à respecter,... Ce qui sortait de cet instrument était merveilleux. Ce soir, elle va répéter à l'orchestre. Entre temps, une belle journée s'annonce ! Le soleil  nous éclaire déjà de ses premiers rayons ce matin. Ma journée commence mieux que les jours précédents, ma langue est moins sèche, mon ventre se tord moins et ma fatigue diminue. Hier, j'ai parlé avec mon ami et voisin Philippe, ça faisait longtemps que je ne l'avais plus vu. J'en étais très heureux ! Il m'a dit qu'on serait vite au mois d'août, ça m'a fait plaisir et sourire. Mais d'abord, vive le printemps ! Et vive cette journée qui s'annonce belle ! "Belle, belle, belle comme le jour !"

Mardi 15 mars "Quelques nouvelles très ponctuelles"

Vendredi midi, j'ai été manger un petit bout avec quelques collègues. C'était très sympa. Descendre et remonter à pied m'a fait du bien. j'ai même poussé la porte du palais de justice pour voir. je n'y étais jamais rentré. Vendredi soir chez Georges et Brigitte, c'est en famille que nous avons passé une soirée de rire et de bonne humeur, autour d'un excellent repas. Samedi matin alors que j'étais à Liège, Jonas a été invité par son ami François à partir en Turquie du 4 au 14 juillet dans un club all inclusive. Il était très content. Evelyne était à la bourse aux vêtement de Jehanster comme chaque année pour donner un coup de main. Jean est venu me saluer. Samedi vers 17 heures, Evelyne et moi avons été féliciter José pour sa pension. Un verre de l'amitié  plein de rencontres avait lieu au collège SFX. Dimanche soir avec Francis, nous avons été au Grand-Théâtre de Verviers écouter Steve Hacket (ex-Genesis).

J'ai eu la chance d'assister à trois concerts extraordinaires durant cette semaine. Ce festival de la guitare me laisse un souvenir inoubliable. Lundi, je suis rentré en hôpital de jour. J'ai été suivi par une équipe formidable. De nouvelles rencontres, de nouveaux visages, de nouvelles expériences. Cette fois, j'ai pu rentrer à la maison dès 17 heures. Tout s'est bien passé mais une fatigue terrible m'a envahi. Au vu du programme, vous comprendrez pourquoi ! J'avais pourtant été dormir samedi et dimanche après-midi !  Je pense surtout que la chimio me fatigue de plus en plus. Ce mardi matin, je me lève avec un rayon de soleil printanier cela me fait du bien. Mon estomac est un  nauséeux. Il faut faire avec. Mes enfants sont en congé pour cause de conférence. A midi, Oli, Victoria et Julia viennent manger à la maison. Je retourne dormir.

Chimio 5 :    Du 1 au 14 mars 2005

Jeudi 10 mars "Sainte Claire me sonne"

Hier matin, pour la première fois depuis des mois, je n'avais pas de mail dans ma boîte à messages. J'oubliais Sainte Claire !  Sainte Claire allait m'inonder à défaut de soleil, d'une pluie de contacts durant cette journée. Je n'avais pourtant pas été porter des oeufs ! Tous en même temps, serait-ce un hasard ? Belles coïncidences ! Francine avait lancé le prologue samedi matin en me donnant des nouvelles de sa famille. Hier ce ne sont pas moins de quatre longs coups de téléphone de mes anciens collègues de Sainte Claire et un sms de Mimy, mon ex-directrice. J'y ai travaillé environ 10 ans. Je me dis toujours que j'y ai tout connu ! C'est là que j'ai vraiment appris mon métier, j'y ai vécu des choses extraordinaires avec mes collègues,  éduqué et instruit des enfants très attachants provenant de tous les milieux sociaux, rencontré de nombreuses personnes engagées dans des projets d'école, de quartier, projets sociaux.  Il ne se passe pas un jour sans que je ne pense à mon passage dans cette école. Hier, c'est ma collègue Nicole qui a ouvert le bal. Son petit fils de 12 ans fait très courageusement face depuis de nombreux mois à un traitement chimio. Il va bien et ne lui reste plus qu'une cure ! Il est en classe à Theux chez un ami, ex-collègue de Sainte Claire également : Alain. Un instit dont la pipe est aussi légendaire que les oeuvres d'art que sont ses tableaux. Je parle ici du tableau noir de l'instituteur ! Un ami tout en hauteur, d'une grande bonté et d'une gentillesse de tous les instants. Nous nous sommes entretenu avec beaucoup de bonne humeur. Ensuite, Gabrielle, l'instit de 6 primaire qui est actuellement en indisponibilité professionnelle depuis de longs mois m'a longuement écouté. Enfin, Francis, mon beau-frère et prof de gymn à Sainte Claire et SFX2 m'accompagnera dimanche au concert de Steve Hacket. Je n'oublie pas Asta ma collègue de première primaire qui est devenue ma directrice à SFX 2. Elle a pris des nouvelles auprès d'Evelyne. J'étais malheureusement absent ! Je ne parlerai pas ici de tous les autres avec qui j'ai vécu : enfants, parents, enseignants du secondaire ou supérieur, éducateurs, instituteurs, institutrices, puéricultrices, directions qui sont bien présents dans ma mémoire. Merci à chacun !

L'après-midi, mon ami Dominique est venu partager deux heures de discussion philosophique. Nous suivons des chemins très parallèles depuis la lecture de "la prophétie des Andes" vers 1999. On se souviendra longtemps de cette première discussion, sous les étoiles, un soir de 14 juillet, perdu dans un camping au fin fond de la Corse sans eau chaude et avec douches à pleurer ! Je n'en dis pas plus mais l'endroit était paradisiaque ! Depuis l' Ecole normale que de rencontres :  nos nombreuses vacances passées ensemble en famille, nos randonnées,  fêtes, Vtt, repas,fancy-fair,projets, ... font qu'avec Lulu, et leurs enfants nous avons toujours du plaisir de nous rencontrer. Hier, ensemble, nous avons  beaucoup parlé. Parlé de la vie, de la mort, de la magie de l'instant présent, de sortir ce qu'on avait en nous par la créativité, l'expression, l'art. Dominique m'a fait un cadeau somptueux il y a deux mois :une superbe toile qui me permet de m'évader tous les jours que je vis. C'est un artiste, un ami qui m'est cher.

Hier soir, j'ai été avec Herbert, mon papa, écouter un concert au Spirit of 66. Albert Lee and the Hoogans heros ont joué de la musique country, blues, rock, balade jusque tard dans la nuit. Nous avons passé une excellente soirée et avons eu droit à quatre chansons lors du rappel ! C'était la première fois qu'Herbert  allait dans ce temple verviétois de la musique.

Ah ! J'oubliais ! L'oncologue m'a dit hier un tas de choses que je n'ai pas écouté mais à la question "Ca veut dire que c'est bon docteur ?" il m'a répondu "Non ! Très très bon !". Mais je le savais. Merci à mon ressenti

 

Dimanche 6 mars "Trois moments de bonheur en 24 heures"

Dans une journée, il n'y a que 24 heures. Le temps passe tellement vite que le quotidien laisse peu de place à l'imprévu, à l'extraordinaire. Parfois, vous avez la chance de vivre un événement qui vous rend particulièrement heureux. Ainsi, lorsqu'on a la chance de se coucher le soir en se disant que la vie réserve tout de même de belles surprises, on s'endort le coeur joyeux. En 24 heures, j'ai vécu trois moments de pur bonheur. J'ai donc passé une nuit de... rêves.

Le premier merveilleux que je voudrais vous raconter s'est passé samedi en fin d'après-midi. Après une difficile journée de formation à Ciney, voici le téléphone qui sonne. C'est ma petite soeur Bénédicte. Elle aura 30 ans dans quelques jours. Ses deux petits garçons, Sam et Léo, sont extraordinaires.

Actuellement, Béné a, avec son mari Pilou au coeur d'or, des projets de maison plein la tête . Dans la discussion téléphonique, elle m'explique qu'elle a quelque chose à me dire, que son coup de téléphone transgresse quelque peu les conventions familiales... Je suis fatigué, nauséeux depuis le début de semaine, ma journée a été rude et j'ai des états d'âme. Bénédicte me parle doucement. C'est alors qu' une éclaircie apparaît dans cette froide journée d'hiver. Le soleil prend tout la place dans le ciel, l'été arrive sur ma vie. Bénédicte m'annonce la plus belle des nouvelles qui puisse exister. La vie va poursuivre son merveilleux chemin. Un bébé est en route, il naîtra vers la mi-octobre. Pour moi, dans mon état, c'est une nouvelle extraordinaire. J'y vois un signe du ciel ! C'est peut-être la première fois depuis l'annonce de la maladie que je prends conscience que cette vie je peux l'envisager dans le long terme car elle prend un visage. Le visage de cet enfant que je ne connais pas encore et qui vient sur ma route à partir d'aujourd'hui me porte. Merci ! J'adore mes enfants, Jonas, Lola ! Et puis il y a Olivier, Victoria et Julia, Sam et Léo, Emily and Sam. Ils représentent l'avenir, l'espoir, la vie avec tous les autres enfants du monde!

Un second moment merveilleux de ma vie. Vous savez que je fais un peu d'informatique et que je gère le site internet Best of Verviers. A cette occasion, j'ai interviewé différentes personnalités du monde culturel, social,.. Jacques Stotzem, le guitariste acoustique fait partie du lot. En décembre 2003, lorsque je lui ai demandé quel serait l'événement dont il rêverait pour Verviers ? Il m'a parlé d'un festival de guitare. J'ai directement contacté Francis Geron, patron du Spirit of 66 et lui  ai fait part de l'idée. Un an plus tard, en janvier 2004, j'ai reçu un mail de Francis me signalant que le premier festival de guitare aurait lieu du 5 au 15 mars à l'Espace Duesberg, au Grand-Théâtre et au Spirit. Il me remerciait car me disait-il "C'est grâce à vous que le festival va naître et y seront présents les plus grands guitaristes du monde".
La programmation pour ce festival est fabuleuse. Dire que les artistes viennent vraiment des quatre coins du monde.
Hier soir,les artistes ont été à la hauteur de leur réputation. Le spectacle offert musicalement était riche en émotions, l'ambiance décontracté et le public connaisseur.


Assis anonymement, avec Evelyne, dans la salle de l'Espace Duesberg et invité par Francis,  j'ai reçu hier soir deux hommages extraordinaires. Un au début par Francis Geron et un à la fin du spectacle par Jacques Stotzem.  Toute cette assemblée qui représente pour moi plus qu'un groupe de personnes mais aussi la vie, l'Homme, la culture, la rencontre, ... a vivement applaudi !  Ce n'était pas un simple merci à ... Non ! Mais un réel plaidoyer pour le site et un message vrai, un qui vient du coeur, d'un homme à un autre ! Je me disais tout bas que tous ces gens dont certains venaient de toute la Belgique, d'Espagne, d'Angleterre et même des USA pour assister à ce concert, étaient réunis un peu grâce à moi. Une émotion d'enfant m'a envahi !  Avoir pu être  l'initiateur de moments de rencontres autour de la musique qui vont probablement se perpétuer au fil des ans grâce à l'action de Francis et Jacques, c'est magique ! Moi qui vit hors du temps et dont tous les projets se sont arrêtés je constate que la vie est vraiment plus forte.

Le troisième moment merveilleux fut le souper vendredi avec Willy et Colette. Nous avions rendez-vous dans un restaurant à Dolhain vers 18h30. Leur fille Sarah que j'adore venait d'acheter une maison une heure plus tôt. Acheter une maison, c'est une chose qui n'arrive pas souvent dans la vie. A cette occasion, nous avons alors bu, mangé et discuté. On a tout fêté : la sortie, l'achat, mon cheminement, notre plaisir d'être ensemble. Colette qui travaille à Dolhain, connaît vraiment beaucoup de monde. Pour tout dire, elle saluait chaque couple ou groupe qui arrivait d'un signe, d'un mot sympa ou d'un geste amical ! Il arrivait même qu'elle se lève afin de pouvoir aller embrasser Pierre ou Paul. Parfois même, Pierre et Paul ! Cette attitude VIP m'a rappelé ma grand-mère paternelle. Ma Oma habitait Eupen, petite ville germanophone à dimension humaine. Ma grand-mère avait de la bonté dans le regard et certainement l'âme chaleureuse.  C'est ainsi que lorsqu'on se rendait de la maison au cimetière ou de la maison à l'église, le temps du parcours était toujours doublé voir triplé ! A mon grand énervement intérieur, elle saluait et discutait avec chaque personne qu'elle croisait. Elle me présentait comme le fils d'Herbert, instituteur à Verviers ! C'est avec bonheur et nostalgie que j'ai repensé vendredi à ces moments que finalement j'aime reproduire !

Vendredi 4 mars

Jeudi 3 mars  "RTBF 2, débat sur l'Ecole (du 28 février). Quelques réflexions."

En regardant le débat sur l'Ecole avec Luc Ferry, M. Aréna, J. Cornet, P. Beague (psycho),... j'ai pu constater qu'il me restait encore de la passion pour la chose scolaire. Heureusement car la maladie ne me donne plus l'occasion de me former, de pratiquer ! Je voudrais reprendre deux idées tirées du débat sur l'Ecole et vous livrer quelques réflexions. La première idée relève du constat qu'entre société et Ecole, c'est la crise. Quel sens pouvons-nous encore donner à l'Ecole au regard de ce que la société attend d'elle ? La seconde idée est en rapport avec le vaste sujet de l'éducation. Quelle est la place de l'éducation dans l'Ecole ?

1. Ecole et société : Aujourd'hui, la société est malade de l'Ecole car les valeurs et les réalités sur lesquelles fonctionnent ces deux institutions s'opposent.  A l' Ecole, le travail se fait dans la durée, la patience, la construction. Le Décret Missions le confirme dans son article 6 : "Promouvoir la confiance en soi, le développement de la personne... Préparer tous les élèves à être des citoyens responsables, capables de contribuer au développement  d'une société démocratique, solidaire,.... Amener tous les élèves à s'approprier des savoirs et acquérir des compétences qui les rendent apte à apprendre toute leur vie,..." Dans le temps social qui est nourri par les techniques modernes de l'information, de la communication, le temps est davantage à la productivité, à l'économique. On vit dans l'instant. Tout adulte doit faire face à de nombreuses contraintes administratives, économiques et sociales. Les journées durent 24 heures et bien souvent on court après le temps. Ce temps qui nous file entre les doigts.
En acceptant de prendre un peu de recul, on se rend compte que les enjeux principaux auxquels nos enfants ont ou auront à faire face, c'est la survie de l'espèce (l'état de la planète, les ressources, la surpopulation, l'éthique,...). Dans notre culture actuelle, on sait que l'enfant va à l'école pour comprendre des choses. Par exemple, tous ces savoirs qui ont été construits par ceux qui nous ont précédés et qui vont nous servir pour devenir plus compétents. Dans comprendre des choses, nous percevons très bien ce souci d'historicité et il en va de même pour la prise en compte de nos racines, de notre culture. Mais comment résoudre les problèmes qui vont se poser ? Qui se posent déjà ? J'ai envie de dire qu'il faut donner du sens à l'Ecole. Pour Boris Cyrulnik (psychiatre, éthologue) dès qu'un être humain a une mémoire et un projet, il peut donner du sens à ce qu'il perçoit. Percevoir, fait appel à nos sens, à ce que l'on vit, à nos émotions ainsi qu'à notre mémoire. La mémoire n'est pas une accumulation passive d'informations. Elle évolue sans cesse. C'est donc l'expérience qui permet de réarranger nos souvenirs pour s'adapter à la situation. Donner du sens à l'Ecole, c'est rendre l'enfant acteur de ses apprentissages dans des situations riches et diversifiées préparées par l'enseignant.
Pour faire face aux problèmes qui vont se poser, nous avons besoin d'enfants créatifs (Louise Poliquin). La pensée créatrice est dans nos classes depuis 1968. Aujourd'hui, en plus de la créativité, on ajoute la réflexivité qui permet d'apprécier la distance entre son intention de faire et le résultat achevé. Il s'agit d'un nouveau principe d'intelligibilité (Isabelle Ardouin).
Nous avons besoin de personnes qui agissent qui osent entreprendre. En conclusion, de son livre Michel Develay (Professeur en sciences de l'éducation) écrit ceci "Mieux comprendre pour agir et agir pour mieux comprendre la question du rapport au savoir et la question du rapport à la loi des élèves, pour faire de l'Ecole un lieu d'instruction, d'éducation et de sens. Pour que la société n'apparaisse pas à ceux qui la perpétueront demain, nos élèves, comme un lieu de non-sens mais comme un espace de construction d'une direction que l'on assume grâce aux savoirs que l'on acquiert."

2. Education et société : A l'échelle de l'Homme, c'est à dire 3,5 millions d'années, les enfants ont toujours été éduqués dans les familles. Ils reprenaient très souvent le métier et le rôle des parents. L'école n'est devenue obligatoire qu'en 1880 en France et en 1914 en Belgique. Il s'agit donc une institution récente où l'enfant de 12 ans en sait aujourd'hui plus qu'Aristote. Les savoirs vont tellement vite qu'ils doublent actuellement tous les 4 ans (ou 6 ans selon les auteurs). S'il est indéniable qu'une réflexion par rapport au savoir doit être menée, il en va de même pour le rapport à  la loi. Comment articuler la construction des savoirs, les connaissances au respect de la loi, au fait de travailler et vivre ensemble ? Il est primordial de donner des règles et ce particulièrement dès la prime enfance. Dans nos classes, on constate que les professeurs ne peuvent plus uniquement faire de l'enseignement. Ils doivent, bien souvent, d'abord éduquer. Eduquer, c'est transmettre aux enfants plus que des savoirs, des savoir-faire,... c'est transmettre des valeurs. La finalité de l'Ecole reste enseigner pour éduquer. Cependant, l'école n'est pas le seul lieu d'éducation. Dans notre société, il existe trois lieux de socialisation : la rue, l'école et la famille. Un soutien à la parentalité s'avèrerait nécessaire car il est indispensable de donner au petit enfant un cadre et des règles.  Chaque parent a envie d'assurer le bonheur de son enfant. Mais celui-ci doit vivre, apprendre à accepter ses frustrations pour grandir. Jacques Salomé nous dit que " Ces enfants du désir (je veux) ont un seuil de tolérance à la frustration, tellement bas, que toute rencontre avec la réalité est vécue comme une agression à laquelle ils répondent par la violence". La violence dans l'éducation mérite un petit détour historique. Socrate remarquait que " Notre jeunesse est mal élevée, elle se moque de l'autorité et n'a aucun respect pour les anciens. Nos enfants répondent à leurs parents et bavardent au lieu de travailler." Aujourd'hui, Michel Develay dans "Donner du sens à l'école" insiste sur ce rapport à la loi. "C'est dans cette élaboration commune des droits et devoirs entre enseignants et élèves que se construit la loi, visée fondatrice ultime de l'éducation".  Pour Bernard Defrance, professeur de philosophie : "L'école n'est pas un lieu de démocratie mais un temps d'apprentissage de la démocratie". A l'Ecole, si on veut éduquer, il ne s'agit pas seulement que les élèves respectent la loi, mais qu'ils l'élaborent et surtout la vivent, la construisent  au travers du vécu, de conseils de classe, conseils d'école, de temps de discussion, d'échange.

Pour conclure, l'école ne peut accomplir, seule, cette lourde charge qu'est éduquer. Mais c'est en maintenant l'équilibre entre éducation et instruction qu'elle garantira une cohésion sociale et un avenir pour une société démocratique, solidaire, pluraliste et ouverte aux autres cultures. Ecole et familles doivent oeuvrer de concert à l'éducation des enfants. Cette famille qui aujourd'hui est plurielle reste la première cellule chargée de la construction de la personne. C'est dans la qualité des échanges entre parent(s) et enfants et ensuite dans la relation à l'autre que l'enfant se construit une personnalité pour l'avenir. Son avenir, notre avenir.
Je suis les liens que je tisse." A. Jacquard.

Notre maison

Mardi 1 mars  "Bollettino"

C'est comme ça qu'était intitulé le bulletin de santé de Jean-Paul II distribué hier à la presse. Je ne me prends  pas pour le pape mais voici tout de même mon bulletin. Retour à la maison ce mardi avec l'appétit qui revient ! Chimio avec fièvre et vomissements comme la dernière fois. Petite nuit mais gros moral. Pas encore de résultats du Pet scanner. L'analyse des radios du poumon et de son important ganglion montre que la taille de celui-ci diminue bien. La prochaine fois, le 14 mars, j'ai choisi de recevoir ma chimio en hospitalisation de jour. J'arrive à 8h30 et je retourne le soir. Autre service, autre médecin, autre personnel soignant !
Que de neige dans le jardin. Sur la barbecue en dur, je pense qu'il y a bien 30 cm de neige qui s'est accumulée.

 

Chimio 4 :    Du 14 au 27 février 2005

Avec Evelyne, balade sous la neige

Samedi 26 février   "Pet scanner au CHU"

Vendredi, j'ai été passé un scanner au CHU. Quel complexe ! Des parkings partout aux alentours, des bâtiments tout en béton , Un volée d'ascenseurs comme dans nos grands magasins, une longue file au "bancontact", de nombreux commerces,... Je pense que c'est encore plus grand que la Citadelle.  L'endroit grouille d'étudiants qui vont et viennent parmi les patients et le personnel.
Nous avons acheté pour midi un "dagobert" de bonne taille. Le pain était frais et le service d'une rapidité surprenante ! Pas le temps de sortir sa monnaie que la baguette était sur le comptoir. A notre arrivée vers 10 heures, les commerçants s'afféraient à prendre de l'avance si bien qu'une trentaine de ces baguettes n'attendaient plus qu'à être vendues et dévorées. Personnellement, je n'ai pas été mangé à la sauce quick ! Certes, le service d'imagerie était en pleine activité mais le personnel se montrait fort attentif et souriant. Un jeune médecin a pris le temps de répondre à mes questions. J'ai trouvé une très bonne qualité d'écoute.
Cet examen pour lequel il faut être à jeun se fait par injection d'un produit "légèrement" radioactif avant passage au Pet scanner. L'examen a pour but de vérifier l'évolution des cellules cancéreuses. La durée du passage dans le scanner est d'une trentaine de minutes. Ne pas bouger svp ! Le diagnostic suivra en milieu de semaine prochaine après ma cinquième chimio.
Voici les quelques anecdotes de la semaine. Nous avons été rendre la petite Citroën C3 chez le carrossier. Notre Golf, brillante comme un sous neuf, a troqué ses bosses à l'arrière contre de nouveaux éléments.  Mercredi vers 18 heures 30, j'ai été vérifier le niveau du mazout. On annonçait -9° pour la nuit. Bingo. Chaudière en panne ! Plus un litre dans la citerne. On s'est réveillé avec 11 degrés dans la chambre à coucher et 14° en bas. Ma journée s'est déroulée dans la cuisine, où j'avais installé un petit chauffage électrique. J'ai eu de grandes discussions avec Jean-Marc puis Marie-Claire.  Jean-Marc m'a apporté des BD. J'en ai lu 5 sur la journée ! Au niveau internet, je suis passé ce vendredi 25 février chez Skynet après tant de déboires chez Tiscali. Il était temps ! 

Dimanche 20 février 2005  "Rien n'est le fruit du hasard"

Pour la seconde année, Alain, Marie-Pierre et son mari, Rosalie s'envolent aujourd'hui avec leurs étudiants de l'Ecole Normale pour un voyage pédagogique au Sénégal, enseigner dans des écoles de brousse. Ils ont été mes collègues durant ces trois dernières années. J'ai adoré travailler en équipe avec eux. Nous étions tous passionnés par nos projets didactiques et pédagogiques. Les activités fonctionnelles que l'on voulait faire vivre aux étudiants avant qu'ils ne se rendent dans les classes d'école primaire étaient préparées longuement Les débats étaient riches, animés mais très intéressants. L'expérience de chacun et la complémentarité de l'équipe étaient de nets atouts lorsque nous échangions  avec les futurs instituteurs. En permanence, nous avions entre 65 et 80 étudiants de première année, tous âgés entre 18 et 40 ans ! A Theux, J'ai rencontré de nombreux étudiants très sympas et des collègues ouverts qui m'ont accueilli, écouté, pris en considération. Dans cette école Saint Roch, que je comparais souvent à un petit village d'irréductibles pour leur ténacité à survivre dans le paysage des hautes Ecoles, je me suis épanoui et j'ai beaucoup appris tant sur le plan humain, relationnel que pédagogique. Voici un souvenir étonnant parmi d'autres. Il dénote de l'esprit dan lequel s'accomplissait notre travail : la bonne humeur ! Chaque fois que la météo le permettait, nous nous rendions avec Alain (le pédagogue) à l'école en VTT. Notre sac à dos contenait une montagne : des habits de rechange (chemise, pantalon cravate, souliers, linge de corps), le nécessaire de toilette, le casse-croute  pour midi ainsi que notre matériel pédagogique (préparations, documents, livres,...).  Lorsque vers 7h50, on arrivait sur nos montures devant l'école, sous le regard médusé des étudiants les plus matinaux, on devait nous prendre pour des fous. Idem au moment du retour, après le débriefing traditionnel.
J'y ai vécu une expérience heureuse. Des journées formidables...

 Il y a déjà presque 3 mois que je suis à la maison et je ne m'ennuie pas. Des idées pour remplir mes journées, je peux en citer de nombreuses en réfléchissant un peu ! Rien que pour la rubrique "voyage"  en voici quelques unes : lire, peindre, sculpter, écrire, rêver, planter des fleurs et les regarder, observer les oiseaux, méditer, communiquer, rencontrer, visiter, se promener dans la neige, marcher au printemps sous le soleil dans une nature qui s'éveille, rouler en VTT le long de la Moselle, de la Meuse ou dans les bois, refaire un mini-trip à Anvers, Bruges, Paris, Rome, Florence, Grenade, ... se ressourcer à Bianzano qui est le village de mes grands-parents, passer une semaine en Sicile au soleil en famille, saluer Bernard à Kansas City, Willy me propose d'aller avec lui à Cuba, voler, voir la terre de l'espace,..... Je ne sais ce que je ferai tantôt ou demain ça n'a d'ailleurs aucune importance. Dans ma vie, j'ai toujours voulu faire,  encore faire, faire encore plus, toujours faire, avoir des nouvelles idées et les réaliser, des projets à concrétiser, ... 
Aujourd'hui, je vis hors du temps, le temps de prendre du recul, je vis dans l'instant. Tous mes projets se sont brutalement arrêtés, cela n'a pas été facile à admettre. Claudia Rainville nous dit que "Rien n'est le fruit du hasard. Tout à sa raison d'être. La situation créée, l'événement vécu était nécessaire sur la voie de notre évolution. Je découvris qu'une majorité des difficultés que nous rencontrons à l'âge adulte sont en résonance avec des situations émotionnelles non résolues de notre passé." En regardant par la fenêtre, au-dessus de mes pots de sables, je vois qu'il neige, tout est blanc. Assez d'ordinateur ! J'ai envie de lire... un peu de pédagogie "Donner du sens à l'école" et après ?     On verra !

Jeudi 17 février : "A nos femmes"

En général, nous n'avons pas de visiteurs à l'hôpital, ce qui est normal à cause des soins, de la fatigue,... Pas de visiteurs donc, sauf...  Nos épouses ou compagnes !  En 2 mois et 5 hospitalisations, j'ai "cohabité" avec autant de garçons différents, de milieux sociaux divers, d'âges variables. Chaque fois, à nos côtés, cette personne dont la présence est plus qu'un signe. Une présence inestimable. Dans ces moments difficiles, chacun des garçons que j'ai rencontré (puisque toutes les chambres sont doubles dans le service) peut lire au fond des yeux de sa moitié un message de vie. Paulo Coelho en parle dans  "Manuel du Guerrier de la Lumière". Voici ce qu'il écrit :  "Le guerrier sait que les mots les plus importants, dans toutes les langues, sont de petits mots. Oui. Amour. Dieu. Ce sont les mots qui vous viennent facilement et emplissent de gigantesques espaces vides."
Ce message de vie que je lis au fond des yeux de chaque épouse ou compagne, consiste bien en ces trois mots : OUI, je suis là, Oui, je t'aime encore plus et Oui, j'y crois. Tout simplement, merci !

Ma quatrième chimio a été la plus difficile sur le plan des effets secondaires. Maux de ventre durant la journée, température et vomissements à être plié en quatre dans les toilettes. Pas agréable ! De plus, durant la nuit, après une injection de cortisone pour faire retomber la fièvre, le bruit de l'air conditionné dans la chambre a perturbé mon sommeil. Aujourd'hui, cela va mieux ! J'ai encore reçu une injection pour les globules blancs. Je ne vous parle plus du prix!!! Une dernière citation de Xavier Chico. Elle dit ceci "Quand tu sors d'un long traitement pour recouvrer la santé, ne pense pas à la souffrance que tu as dû affronter, mais à la bénédiction de Dieu qui a permis la guérison. Emporte dans ta mémoire, pour le reste de ton existence, les choses positives qui ont surgi au milieu des difficultés" C'est mon état d'esprit actuel, même si je ne suis pas encore guéri. Bon courage à chacun face aux difficultés du quotidien.

Chimio 3 :    Du 1 au 13 février 2005

Dimanche 13 février : "Nos peurs"

Demain, chimio 4  et le 25 février premier contrôle au CHU ! Je reste à la Citadelle jusque mardi 13 heures. J'ai encore eu des courbatures, un mal de tête, mal au ventre et divers petits désagréments qui fragilisent. Les peurs s'installent et menacent donc mon intégrité morale et physique. Ce mental et la puissance des pensées me font douter aussi. Hier après-midi, j'ai eu une longue discussion avec ma voisine Marie-Claire dont je vous ai déjà parlé. Si vous cherchez une excellente thérapeute pour vous suivre, vous aider,... Elle est spécialiste en métamédecine (émotions) (et/ou kinésiologie). Je vous la recommande vivement ! Elle quittera bientôt son travail pour s'installer comme thérapeute. Je trouve qu'il en faut du courage pour quitter son emploi, ses revenus fixes, ses habitudes ,...  Déjà 11 ans de formation, de recherches, d'aide, de travail sur elle-même. Nous avons eu tous les deux,au même âge c'est à dire à 40 ans un cancer. Elle a toujours été présente lors de décisions, d'orientations, de réflexions depuis 1997, date d'une approche différente dans et pour ma vie. J'en profite pour la remercier. (087/22.41.50) En conclusion, on est tous remplis de peurs. L'idéal, c'est de faire confiance à ce que l'on ressent "Comment te sens-tu ?" "Qu'est-ce que tu ressens ?" Mettre des mots sur ses sentiments, tout un apprentissage.
Que dire de ces émotions qui peuvent conditionner la vie ? C'est en regardant le film Aviateur et  la première scène du film que je fais un parallèle avec ce que je vis. On y voit un enfant  dans une bassine remplie d'eau chaude. La lumière de cet intérieur donne une ambiance très intimiste. Sa maman le lave et lui explique que dehors, dans la ville on trouve choléra, typhus,...  Durant toute sa vie, la peur de ces maladies va devenir une phobie au point qu'il en devienne fou. La peur des microbes, conditionnée par sa maman dans son enfance, alimentée par lui, aura eu des conséquences sur son existence. Moi, ce sont d'autres peurs !  J'essaye de les accueillir en écrivant et notamment sous forme de roman.

Enfin, je vous livre le petit mot que j'ai écrit pour les enfants et les parents de l'école SFX2. Ils recevront ainsi de mes nouvelles.

1. Monsieur Dechêne, vous êtes absent de votre classe depuis 2 mois. Pouvez-vous nous donner de vos nouvelles?

En décembre dernier, après 3 mois de recherches infructueuses, j'ai appris que je souffrais d'une maladie de Hodgkin qui pour l'expliquer simplement est un cancer des ganglions . Le cancérologue m'a signalé que dans mon malheur, c'était le cancer qui se soignait le mieux. Il me donne 7 chances sur 10. La maladie est bien implantée dans mon corps. On la retrouve jusque dans la moelle. Le traitement que je dois suivre dure 8 mois. En tout, seize séances de chimiothérapie. Ce sont des produits que l'on m'injecte sous forme de baxters. Tous les 15 jours, les lundis, je dois aller à la Citadelle afin d'y recevoir ma chimio. Ca ne fait pas mal. Mais dans les jours qui suivent, j'ai de nombreux effets secondaires et une très grande fatigue m'envahit. Je dors alors comme un bébé, le matin, l'après-midi et la nuit ! A l'hôpital, j'ai rencontré une équipe formidable: médecins, infirmières, aides-soignantes,.... Des gens attentifs, souriants, professionnels et très patients. Actuellement, j'ai eu droit à 4 séances sur les 16 prévues.
Comment, je me porte ? D'abord, à l'annonce de ma maladie,j'ai pleuré, prié,pus j'ai parlé et échangé avec des personnes que j'aimais, en qui j'avais une grande confiance. Je me suis également fait aider pour essayer de comprendre pourquoi cette épreuve se trouvait sur ma route. J'ai trouvé des réponses qui me donnent une grande force, de l'espoir et des pistes pour ma vie d'homme. Mon moral actuellement est donc de 10/10 comme on dit à l'école. Mais, bien sûr, rien n'est simple et j'ai toujours beaucoup de peurs. J'essaye de les accueillir, ce n'est pas facile. Ma famille m'aide, elle est formidable avec moi.
J'ai donc une confiance dans la vie et encore de nombreux projets si Dieu le veut.
 

2. Nos enseignants ont lu vos témoignages sur votre site Internet. La maladie vous interpelle, remet en question des "évidences": le travail, la course après le temps...
Souhaitez-vous nous dire quelque chose qui vous tient à coeur ?
Oui, j'ai deux messages à partager:

Le premier message c'est que dans ma vie, j'ai toujours été très actif et j'ai eu la chance de rencontrer de nombreuses personnes. J'ai pu dès lors comme le dit Albert Jacquart "tisser des liens". Vous savez lors d'un décès, on ose parfois dire discrètement à la famille du défunt des sentiments qu'en temps normal, on n'oserai pas exprimer. Et Bien actuellement, j'ai la chance inouïe de recevoir ce cadeau. Peu de personnes ont cette chance ! On pense à moi, on prie pour moi, des personnes font un pèlerinage, font dire une messe, me font des dessins, me téléphonent, m'écrivent, me visitent, utilisent internet,... Chacun à sa manière! Il y a des personnes que j'avais oubliées qui se manifestent. J'ai compris que dans nos relations, ce n'est pas la quantité qui prime mais la qualité. Tous ces témoignages, ces pensées m'ont donné une force incroyable. Dès lors osez dire à vos amis que vous les aimez, que vous êtes heureux d'être réunis, que vous avez passé une bonne journée avec eux, votre joie des petits bonheurs partagés,..
Enfin, ce second message est lié à la chance de vivre dans un pays riche, où l'on peut être soigné.
Voici un exemple : mon médecin a constaté que j'avais trop peu de globules blancs. Je ne pouvais donc plus suivre ma chimiothérapie normalement car mon système immunitaire était trop faible. Une infirmière est venue me faire une piqûre afin d'augmenter mon taux de globules blancs. La seringue ne contenait que 6mg. Par curiosité, nous avons soulevé l'autocollant pour connaître le prix de ce produit.
Frottez-vous les yeux.... 1350 euros, soit plus de 200 euros du gramme. Chaque vie a un prix, je m'en rends compte,  mais là !!!  Et pour que je puisse vivre, on me soigne avec les toutes dernières techniques, les produits les mieux adaptés, les meilleurs spécialistes, ...  C'est incroyable ! Mon oncle qui revient d'un voyage au Rwanda m'a dit que le salaire d'un ouvrier pour une journée était de 1,10 euros. Vous calculerez rapidement qu'avec le prix de cette piqûre, on pouvait donner du travail à quelqu'un pendant trois ans. Nous sommes aussi dans un pays pauvre parce qu'on n'oublie parfois de communiquer. Pourtant, nous vivons à l'ère de la communication avec internet, la télévision, le GSM,... Communiquer, c'est s'exprimer, dire quelque chose mais aussi être entendu, écouté. Dans nos vie trépidantes, on court tellement qu'on en oublie parfois de communiquer. Je constate que mes enfants ne souhaitent pas toujours une réponse à leurs interrogations mais une écoute à leurs questions. Salomé nous dit aussi que la question d'un enfant peut être l'amorce d'une tentative, d'un échange. Aujourd'hui, lorsque je pense à ma maladie, je repense à mes émotions d'enfance qui sont liées à des croyances, des peurs, de la culpabilité,...  Adulte, en regardant en arrière, je sais que la clé de ce que je vis aujourd'hui se trouve dans la compréhension de ces émotions passées.

Parents, enfants, collègues et amis, je vous remercie d'avoir pris le temps de lire ces quelques lignes. Portez-vous bien et profitez vraiment de tous les petits bonheur du quotidien. Soyez heureux !

Christophe Dechêne Instituteur 6A
 

Jeudi 10 février : "Le corps dicte sa loi à l'esprit"

Depuis samedi, de vilaines  courbatures qui me faisaient penser à la grippe  sont venues me clouer au lit. J'ai de nouveau eu des peurs. Peur d'avoir la grippe avec toutes les conséquences sur mon état actuel. Ah ! Les peurs ! Je dois avoir plus confiance.  Ces sortes courbatures ont augmenté en intensité partout dans mon corps jusque mardi. C'était inquiétant ! J'ai compris mercredi qu'il s'agissait des effets secondaires de la piqûre pour augmenter mes globules blancs car j'avais de terribles maux de dos et principalement au niveau de la colonne vertébrale. Ce produit va dans la moelle et provoque donc des tiraillements dans les os.

je retrouve des petits cheveux qui sont tombés sur mon oreiller chaque jour. Un signe pour me préparer ...

Cette semaine Jean, un voisin cinéphile, est venu me livrer une cargaison de DVD. Je n'arrive pas encore à en regarder un jusqu'au bout. Fatigue quand tu nous tiens ! Georges est venu chercher mon VTT pour l'emmener à l'entretien. Ceci laisse augurer de projets futurs. Mardi soir, ma filleule Maud est venue souper avec sa famille. 16 ans ! Je les ai lâchement abandonnés après la fondue vigneronne et le tiramisu. Au dodo!  Mercredi midi, nous avions la visite de deux motards très sympas de Charleroi avec qui on a  cassé la croûte et comparé nos expériences professionnelles. Lorsque 4 instits se rencontrent, vous savez de quoi ils parlent... 

Le site Best of Verviers multiplie ses visiteurs.  Il est vrai qu'il est composé de deux sites maintenant. Au fond de moi-même, j'avais un petit projet au départ pour me faire plaisir, faire de belles photos et mieux faire connaître Verviers.  Maintenant, les sollicitations deviennent plus importantes, le site prend de l'ampleur. Par exemple, hier soir, la responsable de Sudradio m'a demandé d'être son invité dans l'émission de midi "Rencontre". A un moment de ma vie où je vis au ralenti, où c'est mon corps qui dicte sa loi et non l'esprit, je me pose des questions : Internet, le site, le temps consacré à celui-ci, la notion de plaisir et de dépendance, quelle utilité...   J'ai résilié mon abonnement Tiscali adsl pour le 20 février. Christophe et ses enfants sans internet, on verra pour combien de temps.

Ma famille : Lola 13 ans, Christophe 40 ans, Evelyne et Jonas 15 ans

Dimanche 6 février : "Un pays riche"

A plus de septante ans, mon oncle Angelo est parti la semaine dernière faire un voyage de "consultance" pour son ancien patron, la firme J. , entreprise de travaux publics, principalement construction des routes. Son patron tient en haute estime mon oncle et ne laisse pas passer l'occasion de lui demander son avis. Il fallait voir si l'on pouvait ouvrir une carrière et  mettre en marche des chantiers. A l'analyse des photos sur ordinateur, Zio (oncle en italien) confirma que le site semblait propice à une activité d'extraction des roches. Il ne restait plus qu'à se rendre sur place. Ce qui fut fait quelques semaines plus tard.

A cet endroit les gens se déplacent énormément à pied le long des routes principales. On en croise sans arrêt lorsque l'on roule en jeep . Personne ne fait du stop, pourtant, tous ces marcheurs transportent des sacs, des paquets,...  Beaucoup d'entre eux courent, le matin, car le sport est important. Les petits enfants, font la course avec la jeep, même sur les cailloux, pour voir combien de temps ils vont suivre le véhicule. Mais la caractéristique qui a le plus frappé mon oncle Angelo, c'est le sourire partout. Un matin, levé de très bonne heure, il part se promener. Un homme en voiture et ses trois filles lui font bonjour de la main. Il leur répond par un geste et un sourire amusé. La voiture freine, fait demi tour et chacun descend pour lui serrer la main afin de lui dire bonjour. La pays est vert. C'est le pays des collines. La terre est rouge. Il fait chaud. Mon oncle, le visage rond comme un soleil, d'allure costaude et au regard bon comme le miel est rapidement bronzé pourtant il est resté à l'ombre. C'est vrai qu'il est né en Italie et n'est venu en Belgique que pour trouver du travail il y a plus de 50 ans. Le lieu qu'il visite, le pays où il se trouve, c'est le Rwanda.

Vous vous souvenez du prix de ma piqûre globules blancs de mercredi ? 1350 euros... Ici, le salaire journalier d'un ouvrier est de 1,10 euros. De quoi engager quelqu'un durant plus de trois ans. Pour moi tous ces sourires ont changé mon oncle. Sa femme dit de lui qu'il a rajeuni de 20 ou 30 ans. Comme quoi, la recette pour rester jeune se trouve dans le coeur, sur le visage, dans les relations sociales, les échanges, les choses simples.

J'y pense beaucoup car depuis lundi, je dors, je dors, je dors. J'ai l'impression de ne rien faire de ma semaine. Enfin, après 5 jours, , Je me suis levé samedi matin en meilleure forme. Le soleil montrait le bout de son nez. Le soir, je me suis couché en croyant que j'avais la grippe. Une balade de 30 minutes m'avait suffit et épuisé.  En me relevant du lit,  j'ai eu des légères pertes d'équilibre, un peu de courbatures. J'ai donc pris un Dafalgan et accueilli mes peurs de poursuivre le reste de la semaine à la Citadelle pour soin de grippe. La nuit a été bonne. Il faut dire que je dors sous Loramet. Ce n'est pas ma maîtresse, mais un inducteur de sommeil. Ce dimanche matin, après l'écriture et le déjeuner, je me remets au lit. L'après-midi, c'est le sommeil qui m'emporte encore pourtant, le soleil m'invite à prendre l'ai. Les symptômes ne sont pas plus forts.

Je retourne à mes pensées, aux sourires de tous ces gens en rêvant de l'Afrique. C'est la première fois !

Jeudi 3 février : "Le prix d'une vie"

Hier soir, Nathalie ma voisine est venue me faire la piqûre, amenée de la Citadelle par Mary,  pour augmenter mes globules blancs. La seringue ne contenait que 6mg. (C'est ce qui est indiqué sur la boîte, moi en tant que prof j'aurai pensé à des ml !) Par curiosité, nous avons soulevé l'autocollant pour connaître le prix de ce produit.

Frottez-vous les yeux.... 1350 euros, soit plus de 200 euros du gramme. Chaque vie a un prix, je m'en rends compte,  mais là !!!  Et pour que je puisse vivre, on me soigne avec les toutes dernières techniques, les produits les mieux adaptés, les meilleurs spécialistes, ...  C'est incroyable !

Mardi 1 février : "D'abord, vivre !"

De retour à la maison, je suis de nouveau très content. Autant que la fois dernière. Retrouver son chez soi, son confort, l'espace, les couleurs qui manquent à l'hôpital. Tous ces petits bonheurs comme redécouvrir sa chambre à coucher, la belle housse d'édredon, se faire un thé exotique avec de la cannelle et du miel liquide, manger un morceau de gâteau au chocolat,... Puis, lire son courrier, répondre à l'ordinateur, recevoir quelques coups de téléphone, c'est un secrétariat de bienheureux. Enfin, déguster le bon repas d'Evelyne, c'est pas la bouffe de la Citadelle ! Pour finir par tomber dans les bras de Morphée.

La pose sous la peau d'un petit boîtier était à l'ordre du jour hier lundi. Son but est de permettre de piquer dans cette boîte plutôt que dans les veines avec tous les désagréments qui s'en suivent. Pour cela, je devais envisager une anesthésie locale ou totale. Les infirmières, amis me proposaient une locale dans leurs réflexions. En pensant à la locale, j'avais peur du bruit : de la peau que l'on coupe sous le scalpel. Ce même bruit que j'avais entendu il y a un mois lors du prélèvement biopsie du foie. Brrr... ! J'avais peur de voir ce qu'on me faisait, les yeux ouverts et trop conscient. Voici les peurs qui me reviennent alors que je ne veux plus en être trop dépendant. J'ai essayé de les accepter. j'ai pensé à deux de mes amis Jean-Pierre et toutes nos randonnées qui a toujours le moral  et Michel, un grand fort gars fidèle en amitié qui m' a envoyé par SMS un message qui arrivait à point "Ma force sera avec toi." Ca fait très  "Guerre des étoiles" mais j'ai eu du courage en plus. Le lundi matin, je n'ai rencontré ni anesthésiste, ni chirurgien pour choisir le type d'opération. J'ai appris en salle d'opération que je n'avais pas le choix avec l'anesthésiste: c'était une totale. Trois jours de peurs pour rien, ça m'apprendra à avoir plus confiance dans la vie. Je suis resté à jeun depuis le soir et après l'anesthésie de quinze heures à dix-huit heures. J'avais une envie terrible de manger. J'ai énuméré à Evelyne tous les plats que j'aimais. Il y en a : raclette, fondue vigneronne, pizzas, moules, forêt noire, ... Je ne pourrai manger que les deux derniers après la chimio. Bactéries obligent !

La troisième chimio est passée comme une lettre à la poste. Je vais dormir plus cette semaine et affronter de nouveau les effets secondaires. C'est ma vie maintenant. J'ai des médicaments pour m'aider à franchir ces difficultés.

Le chirurgien m'a dit que le fait de la disparition presque totale de mes démangeaisons, que j'ai depuis 3 ans et demi, était un bon signe. Acceptons-en l'augure. Côté technique, la maladie est bien implantée, dans les ganglions et dans la moelle également. La chimio, elle, attaque mon système immunitaire. J'ai donc trop peu de globules blancs. Demain, on me fera une piqûre d'un produit faisant augmenter le taux de ceux-ci. Je risque également des effets secondaires comme des tiraillements dans les os. C'est un passage nécessaire pour affronter la suite du traitement chimiothérapie dans la durée.

J'ai eu la chance d'avoir Manu comme partenaire de chambrée ce mardi. A la fois médecin et enseignant, très sympa mais en rechute d'un cancer. Très réaliste, courageux, qui sait de quoi il parle, il affronte ses peurs, les statistiques moins positives de survie. Lorsque je lui ai demandé s'il n'avait pas envisagé de changer de métier, de vie, il a eu cette phrase qui m'a fait réfléchir : "Je pense d'abord à vivre". Elle m'a fait prendre conscience que je suis déjà dans un processus de réflexion sur ma vie, sur la suite de celle-ci,... J'ai de la chance.



Mise à jour le Mercredi, 23 Février 2011 19:40