Février 2014, le 28ème journal de Loreta |
Écrit par Loreta Mander | ||
Dimanche, 02 Mars 2014 07:29 | ||
Février, le mois des anniversaires. Des bons et des moins bons. Mais des anniversaires quand même, avec lesquels il faut compter. Mon optimisme veut que je commencerai par celui qui me tient le plus à cœur : le 14 février, mon cœur jumeau et moi décidions de nous unir pour le meilleur et pour le pire. Un remariage qui suit son petit bonhomme de chemin, sans nuages, tranquille couronné d’un amour qui grandit à chaque minute. Entourés de notre famille et quelques amis triés sur le volet (certains nous ont lâchés depuis, mais ça n’est pas grave ils laissent les chouettes souvenirs. Ils continuent leurs routes. Ils ont pris ce qui leur faisait du bien à cette époque et j’espère juste qu’ils en auront cueilli les fruits.), au Château Malou de Woluwe-St-Lambert, nous avons dit un grand oui. Aujourd’hui, ce oui résonne encore en toile de fond. Le meilleur, on le cultive. Le pire, on s’en est accommodé, mais toujours main dans la main, cœur contre cœur. On ne regrette absolument rien.
Le mauvais souvenir : début février, je passais une mammographie mémorable qui a débouché sur le résultat que vous savez. La colère du début a fait place à une énorme envie de vivre tout, intensément, auprès des gens que j’aime. J’ai fait des tris, des choix, j’ai eu mal dans ma chair, dans ma tête, mais rien ne m’a empêché d’avancer. Sur les genoux ou debout, j’ai résisté aux mauvais vents. J’ai cultivé une philosophie de vie qui colle aujourd’hui à ma peau. J’ai fini de m’emmerder avec tous les problèmes futiles, je ne garde que l’essentiel. J’essaye de polluer au minimum mon esprit, je tente de trouver des solutions à mes bobos, j’avance sur ma route, bien entourée et heureuse. Car, aujourd’hui, heureuse je le suis pleinement. Bien sûr, que je n’envisageais pas ma retraite de cette façon, mais je fais avec. Je veux continuer à me regarder dans le miroir chaque matin, avec mes rides comme complices, et me dire que j’ai fait du mieux que j’ai pu et que je suis fière de moi. Prétentieux, me direz-vous ? Je ne pense pas, car la confiance et l’amour de soi sont les clés de la réussite au sens noble du mot. Ils permettent de mieux distribuer et d’être plus attentifs aux choses que nous ne voyions pas avant. Trop de fois, j’ai entendu certains me parler de leurs rêves, mais qu’ils réaliseront quand ils auront le temps. Les cimetières sont remplis de ces projets avortés parce qu’on n’a pas osé les concrétiser. ![]()
Tu poses un animal dans une caisse en fer, appelée bagnole, il s’assied, te regarde d’un air triste et attend que ça se passe. Tu mets un humain dans la même situation et là, tout à coup, il se transforme en une espèce de Hulk, de brute épaisse que plus rien n’effraye. C’est un peu sa cage de Faradey. Il devient tout puissant et, à partir du moment où il tourne la clé, il est le roi de la route. Le roi de rien du tout oui ! ![]()
Essayer de manger sain et régulièrement. Ingurgiter des aliments qui réchauffent le corps et pour ça, pas de miracle, il faut des calories. Ma situation médicale m’y a obligée. Aujourd’hui, fini les chocolats, les gâteaux, le gras et toutes ces choses qui sont si délicieuses pour le moral…. mais pas pour les hanches. Je me suis aperçue que supprimer certains aliments permet de garder une ligne, qui nous convient. Après tout, l’aspect extérieur, est-il si important ? Pourquoi on ne regarde que les personnes qui sont justement moulées dans leur pantalon ? Qui ont des formes harmonieuses, comme ils disent. La pire réflexion que j’ai entendu vient d’un couturier germano-français qui a été jusqu’à dire que les gros, c’est répugnant. Non mais, il est qui lui pour s’autoriser de telles conneries ? un ex-gros mais surtout un maigre con. Se rend-il compte dans la culpabilité qu’il inculque aux personnes en surpoids, qui se sentent tout à coup exclues de la société ? Et je passe sur le racisme anti-gros, comme certaines compagnies aériennes qui leur font payer deux sièges. Moi, qui fréquente régulièrement les couloirs de l’hôpital, je vois ces personnes malades qui ressemblent à des squelettes et qui feraient n’importe quoi pour reprendre quelques kilos. Pas parce que c’est plus beau, mais tout simplement parce qu’ils puiseraient plus de force dans des calories soi-disant superflues pour le commun des mortels. Ou les malades qui, tout à coup, comme moi, prennent 20 kilos en 2 semaines parce que leur corps ne s’accorde pas avec la cortisone et autres produits chimiques et toxiques. Sont-ils juste bons à aller se pendre ? Non, parce qu’ils ont compris que l’essentiel n’est surtout pas l’aspect physique, mais le moral. Puiser la force dans ce qu’il nous reste. Oui, je suis une ex-grosse. Oui, je le revendique. Oui, j’étais souriante et heureuse. Oui, je suis une mince maintenant mais je souris toujours autant et mon moral n’a jamais joué au yoyo. Gros ou mince, peu importe, pourvu qu’on se sente bien dans sa peau. Ne dit-on pas une bonne grosse ? Je n’ai jamais entendu l’expression « une bonne mince ». Souvent même, les minces, tirent plus souvent la gueule que les gros. Notre société nous oblige vraiment à correspondre à des critères conformes. Conformes à quoi ? A ce que certains ont décidé ? Donc, on ne peut plus disposer de notre corps comme nous l’entendons ? Même là, on nous dicte ce qui est bon et pas bon ? Arrêtons de nous arrêter à toutes ces fredaines. Vivons, rions, bougeons, mordons la vie à pleines dents. Quand l’épée de Damoclès sera au-dessus de votre tête et que votre vie en dépendra, vous verrez qu’il est plus facile de trimbaler ces kilos, qui deviennent tout à coup une réserve au lieu d’un superflus. Alors, madame, qui avez eu cette bonne idée de décider pour nous qu’être gros ne rend pas heureux, revoyez votre copie. Occupez-vous de votre c… et ne nous obligez pas à avoir honte de notre corps parce que vous ne vous sentez pas bien dans le vôtre.
Demain, nous allons fêter les 5 ans de Mila chez ma fille. J’avais promis de faire un gâteau d’anniversaire princesse. Tu vois ces gros gâteaux boule avec une barbie plantée dedans. Je l’ai construit dans ma tête depuis des semaines. J’ai tous les ustensiles et ingrédients qui sont prêts. Première étape, faire la pâte. Moi qui te fais des gâteaux à tour de bras, jamais ratés et toujours de belle forme. Ici, à travers la vitre du four, je vois la pâte qui commence à déborder du moule, mais quand je te dis couler, c’est à l’image de la météo de ce jour…. à flots. J’enlève les excédents mais ça coule toujours. Le dessus brûle et l’intérieur est liquide. Ca n’est vraiment pas bon signe. Mais, je persiste. A force de se vider, il finit par ressortir cuit (très cuit même), mais plat comme une crêpe. Nondidju, quand ça ne veut pas, ça ne veut pas. Pas grave, je refais une pâte (mais moins car j’avais peut-être trop rempli le moule). Mais elle ressemble plutôt aux godasses du clown qu’à une demi-bombe où je devais emboîter mon amie Barbie. Qu’à cela ne tienne, je ne perds pas mon calme et j’envisage autre chose que la princesse. Je fais la crème pâtissière pour fourrer la chose, mais elle ressemble à de la colle à tapis qui aurait durci. Par blocs, je l’insère entre les tranches. C’est pas une spatule qu’il me faut, mais une truelle et une betonière. Vu la hauteur de la pâte, on se contentera d’un parterre recouvert de pâte à sucre. Tu parles, la pâte à sucre. Elle craque de tous côtés, mais je couvre l’horreur pâtissière que je viens de confectionner. C’est déjà plus beau, mais certainement immangeable. J’en parsème des fleurs 3 couleurs en pâte à sucre et j’entoure le tout d’un ruban. C’est joli. Mais comme la tarte au concombre, c’est pas bon hein ? Pour couronner le tout, je prends la bougie en forme de 5 et je la casse en deux. Je veux écrire le prénom sur le gâteau et ça coule de partout. Et merde, elle commence à me gaver cette pâtisserie. Je préviendrai demain que c’est juste pour décorer et souffler les bougies, mais certainement pas pour manger. Je n’aime pas jeter de la si bonne marchandise, mais là, même en étant la reine de l’utilisation des restes, je ne vois vraiment pas ce que je peux en tirer. Heureusement que j’avais prévu le coup et dit à Maud de prévoir un second gâteau. Je comprends pleinement la signification de l’expression que c’est l’intention qui compte. Ben voilà, l’histoire du gâteau. Aux dires de Maud, même les oiseaux n’en ont pas voulu. C’est tout dire. Chapitre clos ! ![]()
Je suis, je pense, une personne généreuse. J’aime faire des cadeaux juste pour le plaisir. Par contre, en recevoir me fait très plaisir mais ça me gêne énormément. Je ne sais pas pourquoi. Mais hier, je n’ai pas été déçue. Mon cœur jumeau a voulu marquer le coup pour nos 10 ans de mariage qui tombent le jour de la Saint-Valentin. Il est revenu avec un superbe collier qui se ferme, devinez….. avec des petites menottes. A lui les grosses menottes de Keith Richards, à moi les petites menottes élégantes. On ne se refait pas. Je ne savais que dire. Est-ce que je mérite un si beau cadeau ? Il dit que oui et, après tout, il est le meilleur juge. Merci mon amour ! Hier soir, je regardais les infos à la télé. Hum hum hum, que dire ? A part la rubrique des chiens écrasés teintée de voyeurisme, les JO teintés de toutes sortes de magouille pour construire des stades pharaoniques, un encart de quelques secondes sur l’actualité internationale (comme si on se repliait sur nos nombrils nationalistes), voici nos politiciens qui réapparaissent. Je ne fais pas de politique et ne veux en aucun cas soulever la polémique, mais quand même, nous prendre pour des nigauds… ça commence à saturer. Attendez, vous les verrez sur tous les marchés de toutes les villes à nous promettre monts et merveilles, dans les maisons de repos comme on dit pudiquement, alors que certaines ressemblent plus à des mouroirs qu’à un endroit paisible pour terminer sa vie, dans les quartiers populaires, qu’ils évitent soigneusement en temps normal et j’en passe. J’ai imaginé une affiche : une marionnette au long nez, une sorte de parti Pinocchio, dont les ficelles seraient tirées par tous les responsables des partis et autres lobbyistes avec le slogan « vous pouvez nous faire confiance !». Sommes-nous suffisamment stupides que pour ne pas comprendre ce jeu ? On promet, ça ne coûte rien. Un ministre wallon disait qu’il venait d’avoir plein d’idées pour booster la Wallonie. Ah bon ? Pourquoi tu ne les as pas eu avant, tes idées ? Ca fait des années que tu es assis sur ton siège et tout à coup, la lumière divine, des idées. C’est bien ça. Il y aurait donc de l’espoir. Oui mais les idées c’est un peu comme le footballeur qui dit qu’il aurait dû marquer mais que malheureusement, le ballon n’était pas au bon moment au bon endroit. Ont-ils compris que ce sont les résultats tangibles qui comptent. Parce que des idées, j’en ai aussi si tu veux, on partage. On est élu parce que le bon peuple a cru en ces utopies, puis on oublie les promesses. Il y a ceux qui voteront pour un parti par conviction, d’autres voudront s’abstenir, mais ça ne servira à rien parce qu’on versera leur choix vers d’autres et, au final, ils arriveront à nous concocter des alliances contre nature pour garder leurs sièges bien au chaud. Ils continueront à nous ponctionner jusqu’à la moëlle. Relancer l’économie ? Nous, on veut bien mais il faut qu’on nous en donne les moyens. Pourquoi ne pas instaurer des médiateurs populaires, un peu comme un jury populaire dans une cour d’assises ? Ils seraient là pour écouter ce qui se dit dans les différentes chambres et commissions, apporter leur vue de citoyen lambda et les décisions seraient pesées en présence du peuple. Mais il paraît que ça ne fonctionne pas ainsi. Quand des partis trop extrêmes (à gauche ou à droite) surgissent, on les targue de « dangereux » et on s’allie coûte que coûte pour les contrer. C’est une bonne chose en soi pour éviter les extrémismes, car on sait où ça pourrait nous mener. On nous balance que ce sont des votes de contestation. Ben oui…. Et alors ? Ca prouve peut-être que le peuple en a marre d’être la vache à lait qui comble les trous d’une mauvaise gestion de l’argent public et qu’il ne trouve pas l’homme ou la femme qui représenterait vraiment la nation. Que savent-ils du quotidien d’un sans-abri, d’une famille qui vit sous le seuil de pauvreté et qui ne sait pas comment boucler les fins de mois ? Non mais, pensez-vous qu’il soit utile de construire des gares mégalomaniaques, alors qu’aucun train n’est capable d’arriver et de partir à l’heure ? Mais, en Belgique, on a trouvé la solution. On change les horaires et on allonge les trajets. Ben tiens. L’emplâtre sur la jambe de bois, on connait. Ca me soulage juste de le dire, parce qu’au fond, je sais que rien ne changera et on repartira sur les mêmes rails (si je peux me permettre). Ceci n’est pas le reflet de mes appartenances, car je n’en ai aucune si ce n’est la foi en moi et moi seule. Je fais ce que je peux avec ce que j’ai, et c’est déjà bien. Certains diront que ce discours est juste simpliste parce qu’il pose des problèmes, mais n’apporte pas de solution. Oui, c’est vrai. Il fallait y penser avant. Aujourd’hui, nous sommes tous au bord du gouffre parce qu’on n’a pas prévu l’avenir. L’inévitable pas en avant nous mènera au fond du trou. Les générations futures devront faire preuve d’une créativité extraordinaire pour trouver la solution qui nous en sortira. Bonne chance ! J’aurais préféré partir sereine en me disant que tout a été mis en œuvre pour leur laisser un terrain lisse sur lequel il est facile d’avancer. Mais je n’ai pas été la seule à participer à cette situation. Nous n’avons pas réfléchi aux alternatives parce que nous avions tout à profusion. Avec le recul, je me dis qu’une situation, aussi confortable soit-elle, n’est jamais acquise ad vitam eternam. Il faut chaque jour réfléchir, prévoir et entreprendre. Mais pour cela, il faudrait des hommes et des femmes aux épaules suffisamment solides pour partager des idées et je n’en vois pas. Il suffit de regarder une séance dans les amphithéâtres politiques, où on se croit plutôt à la maternelle qu’entre adultes responsables. Sommes-nous prêts à vivre dans un monde totalement différent ? Pas encore, je pense. On veut bien le changement mais chez les autres.
Vendredi 14 février 2014 Un samedi matin, dans des grands fou-rires on a crié le ouiiiii. Entourés par ceux que nous aimons. Puis, nous nous sommes envolés pour Venise, ville que je connais bien et que je voulais te faire découvrir. C’est un peu cliché, mais la lumière de cette ville est unique. Nous avons plongé dans le carnaval de Venise, sans le savoir. Quel plus beau cadeau que cette force qui nous anime, qui nous pousse vers l’avant et qui nous soutient. Il faudra quand même qu’un jour, on arrive à se disputer, parce qu’en 10 ans, nous n’y sommes jamais parvenus. Bien souvent, je me suis dit que la vie est comme quelqu’un qui s’en va : c’est quand il nous quitte qu’on mesure à quel point il est précieux. Nous ne sommes jamais resté assis à attendre la réponse d’un quelconque oracle. Je pense que jamais tu ne m’as entendu dire « J’ai mal ». Nous avons plutôt cherché à comprendre pourquoi nous. Nous avons laissé parlé nos cœurs, nos corps. Moi, pour me relever rapidement. Toi pour y puiser le courage nécessaire à trouver les mots qui soignent. Nos silences en disaient très long. Trop long parfois, parce que je comprenais ta détresse à ne pas pouvoir partager le pire avec moi. Nous n’avons pas attendu une guérison pour vivre intensément. La vie, c’est maintenant. Le précieux moment présent. Une chose inexplicable et difficile à commenter tellement c’est intense. Les cellules cancéreuses se multiplient, voyagent et reculent les limites. Elles aussi, elles démontrent un réel désir de vivre. Pour mieux les combattre, il faut y aller à armes égales. Commencer par dompter notre monde intérieur, le purifier des poisons émotionnels et de ses conflits. Le monde extérieur n’est qu’un reflet de ce que nous sommes. C’est avec nous-mêmes et avec nos blessures que nous devons faire la paix. Une fois qu’on arrive à identifier la source de nos conflits intérieurs, alors on trouve les armes pour se battre. Dommage que la réalité nous y aura obligés. Mais peut-être est-ce une chance de se reconnaître et de se reconstruire. Pour fêter tout ça, nous avons été chez Ikea car nous avions besoin d’étagères. Pfff…. Dire que certains y vont par plaisir. On se demande bien pourquoi. Tu entres et passes inévitablement devant le resto, où on te sert des boulettes de renne au nom impossible à prononcer. Aujourd’hui, c’était fête, pour 5 euros, tu recevais 3 huitres et un verre de champ suédois. Si je voulais fêter, je pense que je choisirais un autre endroit. Un arrière-goût de luxe. Tu passes devant les inévitables bulles où les parents abandonnent un instant leurs enfants, qui eux, s’épanchent en hurlant. Puis tu dois te farcir toutes les allées du magasin au milieu des caddies qui traînent lamentablement derrière des acheteurs potentiels qui ressortiront toujours avec ce qu’ils n’étaient pas venu acheter. Un vendredi matin, tu le crois ça ? Un monde fou. Je n’ose même pas imaginer le week-end. T’arrives au rayon des étagères. Pourtant, on avait bien fixé notre choix sur internet. Le vendeur, qui n’en avait rien à foutre de nos questions me répond qu’il est désolé mais que ce modèle n’existe plus. Et merde. Quand je lui explique que sur internet, ils nous disent que ça existe et que c’est de stock, il nous répond qu’il ne faut pas se fier au site parce que les modèles changent trop souvent. Tout ça pour ça. Il faut trouver une solution de repli. On choisit, on embarque et retour casa. Moins j’y vais, mieux je me porte.
Vendredi 21 février 2014 Nous avons quand même piqué notre curiosité avec quelques beaux livres et des rencontres assez sympas. Il y avait des émissions en direct radio. Pour tuer le temps, je m’y suis arrêtée et il y avait un grand débat sur le bonheur. Mon dieu, mon dieu…. Qu’est-ce que j’y ai entendu comme banalités et autres clichés. Dont une dame, écrivaine de son état, je présume, qui faisait de très longues tirades sur les méthodes pour être ou devenir heureux. Mais, chère Madame, le bonheur se construit à chaque instant et non en suivant la méthode du docteur Trucmuche qui, lui, va, d’un discours, vous rendre le bonheur qui était jusque là à jamais perdu. Non, non. Ca ne marche pas ainsi. Il faut commencer par savoir ce qu’on veut faire de sa vie. Et ce n’est ni l’écrivaine bourgeoise, ni le docteur Trucmuche qui va nous donner LA recette magique. Ensuite, il faut être prêt à recevoir le bonheur. Il faut faire la paix avec soi-même. Parfois, des éléments perturbateurs comme une maladie, un décès, une situation inattendue nous obligent à tout stopper net et à réfléchir. Ce n’est qu’après beaucoup de souffrance morale et physique, qu’on commence à fixer ses priorités et à faire en sorte que notre mode de vie se transforme. Ca a l’air tout simple, mais non. Acheter un bouquin, le lire et se dire qu’on va s’y mettre, ne fait du bien qu’au portefeuille de celui qui l’a écrit. Sauf si ce livre est juste un témoignage, mais non la panacée. Il y a plusieurs types de bonheurs qui dépendent de notre mode de vie, notre éducation ou notre profonde envie de tout refondre pour repartir ailleurs, autrement. Aujourd’hui, être heureux à tout prix est devenu très tendance. Revenir aux valeurs essentielles. Oui, mais. Sommes-nous certains que tout le monde sait reconnaître une valeur essentielle ? C’est ce qu’on apprend de moins en moins à nos enfants, alors qu’ils sont en train de se construire. Nous pouvons juste transmettre des outils, à eux de savoir comment les utiliser. Nous pouvons montrer des portes fermées, à eux de les ouvrir, une à une, pour voir ce qu’il y a de l’autre côté. C’est pourquoi, la curiosité n’est vraiment pas un vilain défaut. Oser affronter ce qu’on trouvera derrière la porte sans en avoir peur, mais en l’accommodant à notre sauce. C’est un peu comme la cuisine. On part d’une recette, puis on y ajoute nos touches personnelles, qui feront de ce plat, un plat unique et dont, souvent, on ne veut pas dévoiler la recette parce qu’elle est à nous. Cette forme d’égoïsme est humaine. On aime garder ses petits secrets pour soi. Bien sûr, sinon ça ne serait plus des secrets. Chaque pas en avant dans sa propre découverte nous guide vers une nouvelle question, qu’il faut déchiffrer, comprendre et assimiler. C’est pourquoi, je trouve qu’une vie est trop courte, même en bonne santé. On ne sait jamais tout, tellement il y a de portes à ouvrir. Donc, il faut s’attacher à essayer de trouver les bonnes portes, celles qui seront les plus faciles à ouvrir. Ainsi, nous construisons nos expériences, qui sont souvent des leçons à retenir. Et on se rend compte que, malgré tout, on ne retient pas tout. Je m’arrête ici, sinon je vous dévoile mes secrets et je ne suis qu’un être humain. J’apprends chaque jour, j’essaye de faire de mon mieux, mais plus j’avance et plus je me rends compte que la vie n’est pas un long fleuve tranquille (même si ce film m’a fait beaucoup rire). C’était la minute philosophique de Pepette. Un autre débat fait fureur pour le moment. Il est suffisamment important pour que je m’y attarde un peu. L’euthanasie des mineurs. On entend de tout. Mais ceux qui critiquent ou qui ont peur de se mouiller par conviction (ou par bêtise) pèsent-ils bien leurs mots ? Nous avons eu l’occasion de faire un shooting (en vue de l’édition d’un livre sur la musicothérapie. Il se passait à l’hôpital où je suis soignée. Nous avons passé des semaines à immortaliser le quotidien d’enfants malades face à la musique. Leurs âges ? De 2 à 18 ans ! Nous y avons retrouvé une maturité et une logique hors du commun, comme si la maladie avait zappé leur enfance et leur adolescence pour les faire passer directement du bébé à l’adulte. Oui, on peut le dire. La réalité de la maladie et ses conséquences leur a légué une lucidité que peu d’adultes ont. Ils connaissent les risques, ils connaissent les souffrances et les efforts quotidiens. Ce sont des enfants soldats, mais leur fusil ne tire que des balles d’espoir et de volonté. Certains de ces enfants sont aujourd’hui décédés ou en rémission ou guéris, mais ce passage de leur vie leur laissera des séquelles à tout jamais. Leurs regards en disent long. Mais leurs espoirs aussi. Tout ça pour imaginer qu’ils ont tous les atouts pour décider de leur passage vers l’au-delà. Il en va de même pour un adulte malade et condamné. Si ces messieurs dames qui édictent des lois, ces prélats pelotonnés dans leurs fauteuils de velours ou la couche bien-pensante de la société avaient la moindre idée de la somme des souffrances pour affronter cet ennemi, ils reverraient peut-être leur copie. Décider de sa propre mort est un acte courageux et ultime, qui arrive quand on atteint les limites du supportable, de la dignité en voyant sa vie qui s’échappe. Je pense que certains membres du corps médical, habitués pourtant à côtoyer la maladie, seront d’accord avec moi. L’impuissance des remèdes, l’impossibilité de soulager la souffrance sans mettre le malade dans un état d’inconscience, ils connaissent très bien. Et ça leur est insupportable. La bienséance veut qu’on ne peut pas toujours dire tout haut ce que l’on pense tout bas, mais ils agissent en conséquence. Qui sont tous ces gens qui se permettent, sans être passés par là, de juger, de conseiller ou simplement de dire non ? Pour moi, c’est décidé et mes proches le savent. Si ce moment devait arriver, je ne veux pas d’acharnement. J’ai essayé de vivre dignement, je décide aussi de rejoindre les étoiles dignement.
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Dimanche 23 février 2014
Mardi 25 février 2014
Jeudi 27 février 2014
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Mise à jour le Dimanche, 02 Mars 2014 08:02 |