D’une Rive à l’Autre: Chroniques du Nouveau-Mexique
Écrit par Nathalya Anarkali   
Mardi, 20 Mars 2012 00:21

Il y a un tout petit peu plus d’un an, je terminais le premier volet de mes chroniques du Nouveau-Mexique par ces mots : « Emplie de toute la justesse de cette incantation envers une terre enchanteresse, je trinque à nos retrouvailles dans un prochain billet de Tchèt-Volant-Grenadine. Je tenterai alors d’ajouter à cette ébauche de fresque néo-mexicaine les tons les plus chauds des expériences humaines, les touches les plus ocres des rencontres qui comptent. » Le temps est venu pour moi de vous convier à ces retrouvailles annoncées, mais depuis la « maison-mère » du chat volant grenadin que je suis, et pour vous parler d’expériences humaines grenadines, quoique grandement teintées de l’exotisme New Mex. 

En avril prochain vont débuter dans mon université les cinquièmes journées de dialogue interculturel « d’une rive à l’autre », qui seront consacrées cette année au Nouveau-Mexique, cette « troisième terre mienne » qui a inspiré ce titre pour cette année : « D’une Santa Fe à l’autre », car la Santa Fe de Grenade a donné son nom à la capitale du Nouveau-Mexique étasunien. Comme le lapin d’Alice qui court sans arrêt et est constamment en retaaaaaard, j’aurais dû poster ce billet plus tôt déjà, mais les mille et une tâches inhérentes à l’organisation colossale de cet événement ne me laissent pas beaucoup de temps pour tremper ma plume indienne de conteuse virtuelle et tenir les « Bestofiens » verviétois au courant de l’actualité grenadine. Mais je m’octroie de force un tout petit moment de répit pour vous livrer ici le programme que mes étudiants et moi-même sommes en train d’élaborer.

Toutefois, ce n’est pas facile de vous parler de ce sujet après l’avalanche de tristes nouvelles qui se sont accumulées ces derniers jours. Mon dernier billet date du début d’année, où je parlais du triste attentat liégeois de décembre.  À l’instant où j’écris ces lignes, bien des familles sont éplorées : les familles des petits enfants de l’école Ozar Ha Torah de Toulouse qui viennent d’être victimes d’une fusillade, les familles des enfants de Gaza ou de Syrie qui sont victimes de l’indicible folie destructrice de certains adultes, les familles des enfants des écoles d’Heverlee et de Lommel dont le voyage de retour au bercail a été brutalement tronqué dans un tunnel suisse dont beaucoup ne sont plus jamais sortis, la famille de Bruno Clérin qui s’en est allé contre toute attente, laissant ses êtres chers effondrés. Personnellement, je n’ai pas d’enfant, je ne suis pas mère, mais je suis la fille de parents plus qu’aimants et je n’ose imaginer la douleur d’autres parents qui perdent leur enfant. Mais malgré mon choix de vie, je me considère un peu quelque part l’autre maman de centaines et de centaines de jeunes qui défilent dans ma vie : mes étudiants. Ils sont ma force, ma foi, ma voie et ma voix, et sans eux, je ne serais pas qui je suis.

 Ils sont bien plus que des élèves. J’apprends à les connaître un peu plus chaque jour : leur talent, leurs insécurités, leurs joies ou leurs peines, et leurs drames aussi, que je fais miens et qui m’attristent. Malgré la maladie ou les souffrances que certains et certaines d’entre eux traversent, ils sont là à m’épauler et à s’enthousiasmer à mes côtés. Et dans ces moments-là, je vous assure que les rôles sont inversés et que ce sont eux qui ont bien des leçons de vie à me donner. Pas plus tard que cet après-midi, ils m’ont fait pleurer de gratitude pour leurs mots sincères et emplis de bonté. Que ferais-je sans eux, je ne sais trop…

 

 

Et ce que nous faisons ces derniers temps est tout bonnement immense. Ils ont accepté de se lancer dans la grande aventure qui entend présenter à notre ville toutes les facettes de ce Nouveau-Mexique cher à mon cœur, et maintenant un peu, je crois, au leur. Depuis le cours de langue française, nous nous sommes plongés dans la rédaction de textes qui ont imaginé un voyage au Nouveau-Mexique grâce au matériel apporté pendant le premier semestre. À ces magnifiques textes se sont ajoutés des récits en anglais de camarades ayant lu un ouvrage de l’auteure amérindienne du Nouveau-Mexique Leslie Marmon Silko. Les petits bijoux nés de leurs jeunes plumes seront publiés lors de l’inauguration des journées qui offriront également : des conférences sur plusieurs facettes du Nouveau-Mexique comme par exemple les premiers contacts entre Amérindiens pueblos et un esclave marocain représentant les conquistadors, des extraits du film documentaire que le cinéaste Max Dourrachad tourne en ce moment sur ce fascinant personnage, un jeu de pistes historiques dont mes étudiants seront les protagonistes et proposeront de découvrir leur ville à de jeunes lycéens de France et de Norvège, des ateliers créatifs d’objets artistiques du Nouveau-Mexique, une pièce de théâtre jouée par la compagnie de mon élève José Pablo Rodríguez Gobiet pour la première européenne de Bless Me Última de l’écrivain chicano du Nouveau-Mexique Rudolfo Anaya, une exposition de photos et d’objets du Nouveau-Mexique, et un spectacle d’une star amérindienne du Nouveau-Mexique : Robert Mirabal, ayant deux Grammys à son actif et bien plus d’une corde à son arc artistique… Les détails de ces activités sont présentés sur le blog de l’événement 
 

 

Et tout cela, évidemment, demande du temps, de la passion… et de l’argent. Cette année est la plus chère, et la pire au niveau financement, étant donné la crise que l’on sait qui voit de très nombreuses familles espagnoles se débattre dans un contexte extrêmement morose, mais qui voit aussi beaucoup d’institutions nous fermer les portes au nez avant même qu’on ait eu le temps de terminer la présentation de notre projet, ou gentiment nous ignorer tout simplement, crise… ou désintérêt oblige. C’est pourquoi, convaincue de l’intérêt de ce projet, je l’ai lancé sur un site de « crowd-fundind », c’est-à-dire de financement collectif ou, en contrepartie d’une aide même minime, les généreux contributeurs se voient octroyer des choses très sympas. Or il ne reste plus que quelques jours pour voir le montant atteint, et si nous n’atteignons pas notre but, nous recevrons 0 euros après tous ces efforts. Je me suis dès lors dit que vous, lecteurs du Best of Verviers, qui connaissez mieux que quiconque (en Belgique) le vécu grenadin de votre dévouée chroniqueuse expatriée, pourriez éventuellement vous intéresser à ce projet que je voulais aussi faire vôtre. Alors il ne me reste plus qu’à vous inviter à en découvrir un peu plus sur la plateforme de KissKissBankBank et de vous lancer le célèbre « À vot’ bon cœur, M’sieurs, Dames ! » Et… à très bientôt pour le récit de nos journées New Mex à la saveur grenadine…

 


 

 

Mise à jour le Mardi, 20 Mars 2012 01:16