| J’avoue que je me sens un peu « a stok » comme on dit en wallon de chez nous. Mais j’ai quand même envie de vous entretenir, sans tambour ni trompette, d’une évidence trop peu reconnue : notre ville, notre région, est riche en bâtiments intéressants, anciens, majestueux ou modestes, civils ou religieux, privés ou publics. Certes, Verviers est un trou, comme l’a proclamé Corneil Gomzé dans notre chant emblématique, mais quel trou! |
D’abord, pas un trou tout rond, qui donnerait à certains des pensées scatologiques : Anus mundi ? Non, un sillon étroit, d’est en ouest, entre les collines abruptes du nord (Andrimont) et les dénivelés moins prononcés du sud (Stembert, Heusy)… Et à l’intérieur de ce sillon, comme sur les hauteurs, que de richesses ! Mais il faut regarder, lever les yeux, dépasser les rez-de-chaussée massacrés, ou au moins chercher à retrouver ce qui se cache derrières des façades modernes, souvent laides, plastifiées, estropiées. Rue de la Cité, avez-vous deviné l’hôtel de maître de la famille Mali, cette famille qui amena Cockerill à Verviers, qui fournit pendant un siècle des consuls généraux de Belgique à New-York, dont une descendante épousa Trimborn, co-fondateur du parti catholique allemand Zentrum (1918). Madame Trimborn lança à Verviers, comme elle l’avait fait à Cologne, l’œuvre des Gares et la Protection de la Jeune Fille, et sa sœur Thérèse mit en œuvre ces organisations, en même temps que la maison familiale, dotée d’une chapelle, abritait une école ménagère et d’autres initiatives. Et rue de Limbourg, vous êtes-vous déjà attardé ?
Quant à la rue des Raines, elle est incontournable. Levez les yeux et vous admirerez toutes les richesses d’une décoration 18e siècle. Sur les quais, à l’ouest de la ville, contemplez le bloc de maisons d’un peu plus loin, par exemple en partant de l’autre côté de la Vesdre. Quel ensemble ! La rue du Brou, quel banal me direz-vous ! Et non ! Levez les yeux au-dessus des rez-de-chaussée. Voici des aspects inattendus, dont une tour, à la maison Ymart. Avez-vous goûté aux charmes de la place de Petit-Rechain, de celle de Lambermont, de celle d’Andrimont ?
Avez-vous apprécié les rénovations qui ont permis de sauver tant de témoins du passé, rue de Limbourg, à Hodimont, à Dison ? Et la toute récente réhabilitation de l’extérieur de notre hôtel de ville ? Magnifique ! Vraiment, nous avons de quoi être fiers, mais nous l’ignorons et donc le faisons trop savoir.
Quand vous serez en vacances au bout du monde, en extase devant tel monument, ou le nombril au soleil des tropiques, SVP, n’oubliez pas tout ce que nous avons chez nous. Jacques Wynants, 2011 |
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