La carte blanche de Urbain Ortmans |
Écrit par Urbain Ortmans | ||
Mercredi, 11 Février 2009 13:36 | ||
Ici , le mouvement est centripète : on part des forces locales qui montent leur projet et vont chercher un appui auprès des pouvoirs régionaux. Résultat : aujourd’hui, 12 télévisions locales , avec 12 visages et 12 cultures d’entreprises différents, pour établir un maillage sur tout le territoire. Les télévisions locales ont vu leur modèle évoluer constamment et s’adapter aux réalités du terrain.
Et à Verviers ?
En 1989, après trois ans de négociations entre les différentes forces politiques , la télévision locale voit le jour. Elle prend donc le relais de Vidéo 600 , défunte télévision du quartier « 600 » à Verviers. La nouvelle télévision a une zone de diffusion beaucoup plus importante, puisqu’elle couvre au départ 13 communes de la partie francophone de l’arrondissement. Dès l’origine, la télévision sollicite les communes pour son financement : Verviers, Dison et Pepinster sont les trois communes fondatrices et versent 10 francs par an et par habitant. Le reste du financement est apporté par la Communauté Française et la Région Wallonne.
Très vite , on va s’apercevoir que le socle financier est très faible : la télévision démarre sans capital. La régie publicitaire est confiée à une société extérieure , sans beaucoup de succès. En 1990, on prévoit des rentrées publicitaires annuelles de 1.200.000 francs belges : aujourd’hui, le chiffre monte à 400.000 euros par an.
Année après année, la télévision va étoffer sa grille de programmes. Elle va négocier avec les communes francophones de l’arrondissement pour obtenir leur affiliation : les dernières communes à s’affilier , Lierneux et Stoumont , l’ont été après les élections de 2004. Aujourd’hui, toutes les communes de la partie francophone de l’arrondissement paient 1 peu plus d’un euro par an et par habitant , dans le cadre de conventions de partenariat qui garantissent l’indépendance rédactionnelle. Pour arriver à ce que toutes les communes s’affilient, il a fallu étendre la zone de diffusion , par étapes successives : Aubel, puis Malmedy et Waimes, puis enfin Trois-Ponts, Stoumont et Lierneux.
En 1992, un accord est signé avec la Communauté Germanophone : Télévesdre peut y diffuser ses émissions. Deux ans plus tard, elle accueillera sur son canal « Maskerade », première émission de la télévision germanophone.
En 1997, des accords sont signés avec les câblo-distributeurs pour une perception de 75 francs par foyer câblé : c’est une nouvelle source de financement de la télévision.
Après 10 ans de fonctionnement et de développement par à –coups, la télévision locale est rattrapée par son manque de financement du départ : la dette n’a fait qu’augmenter au fil des années .Les nouvelles sources de financement n’ont pu compenser l’effet boule-de-neige de cette dette. C’est la crise et la situation financière conduit à une faillite inéluctable. La Province de Liège est sollicitée et intervient pour recapitaliser la télévision. Le résultat est sans appel : depuis 2001, la télévision n’a plus jamais été en déficit. Les années 2000 sont celles du renforcement du secteur : les missions sont précisées dans un décret de 2003 et le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel exerce un contrôle de plus en plus pointu.
La télévision s’équipe : bancs de montage, caméras, régie, serveur de diffusion. Même avec des moyens limités , Télévesdre peut se targuer d’avoir été parmi les premières télévisions à monter en digital .Elle était même la première , il y a deux ans , à passer au format 16/9. Aujourd’hui, elle prévoit de s’équiper d’un studio virtuel .
Les deux premières émissions de Télévesdre , diffusées en janvier 1989, montrent déjà les enjeux des premières années. Elles mêlent animation et information, impertinence et information classique…La télévision cherche un style . Pendant un an, on fonctionne avec une émission mensuelle, qui sera bientôt diffusée en boucle. On part d’abord vers des reportages avant-coureurs, bref, on craint les news, qui demandent une production à un rythme non soutenable.
Les premières années vont permettre à l’équipe de s’affranchir du comité de rédaction et de commencer à construire une grille : quand on passe à l’hebdomadaire en 1991, on propose un jt de la semaine et un magazine culturel : les deux émissions vont commencer à prendre leur autonomie petit à petit. En 1990, les émissions sont enregistrées au studio de l’Ale-Télédis, à Ans ; on revient au château Borman en 1991 : ce sont toujours nos studios actuels, installés dans l’ancien salon et l’ancienne salle à manger de la maison de maître.
Durant dix ans , la grille va s’enrichir : émissions venant du réseau des télés locales, émissions portraits (Point Central) et , en 1995, première émission sportive. En 1993, Télévesdre co-produit avec Radiolène un débat politique, « Sous La Loupe ».
En 2000, on passe à trois jts par semaine et l’année suivante, c’est le quotidien, en pleine débâcle financière. Le jt quotidien va sauver la télévision.
Entretemps , on a fait aussi des captations de spectacles ( dont le premier spectacle des Taloches au Grand-Théâtre ou encore les Carrefours de l’Audio- Visuel ). Fin des années 90, nous lançons le Francotidien, bel exemple de collaboration avec la RTBF.
A noter aussi le projet des «émissions citoyennes », avec le concours de la Fondation Roi Baudouin ou encore « Un certain Regard », émission qui a permis à l’Ardenne Prévoyante , notre sponsor , de recevoir un Gaïus. Par ces projets, Télévesdre a pu montrer sa capacité d’innovation et sa volonté de mener une politique de partenariats.
Il y a cinq ans , « Temps –Sports » devient « Vision-Sports » et est diffusé le dimanche. Il y a quatre ans, nous lançons « Ciné-Zap », l’émission cinéma de Télévesdre : une émission d’animation culturelle, deuxième mission des télés locales, après l’information et avant l’éducation permanente. Il y a trois ans , nous créons une émission économique « C’est déjà demain » ( elle succède à « Performances » et à « Perspectives ») et , l’an passé, une émission sur la mobilité , « Mobil’Idées ».
Outre étoffer notre grille, notre volonté a été de nous donner les moyens d’investir : durant les dix premières années, nous avons investi 25.000 euros par an, en 2008, nous avons investi sur un an 60.000 euros. La diffusion fut aussi un enjeu : au départ, un de nos techniciens devait aller porter une cassette sur trois sites de diffusion : Petit-Rechain, Jalhay et Saint-Vith : aujourd’hui, nous diffusons par fibre optique.
Un nouvel enjeu est aujourd’hui la multiplication des canaux de diffusion.
1989-2009 : Télévesdre, qui fût longtemps la petite dernière des 12 télévisions locales, fête ses 20 ans.
En plus de l’événement festif qui se déroulera le 13 février, la télévision locale, depuis ce début d’année , a concocté une série d’émissions rétrospectives
- de janvier à fin février, 40 émissions quotidiennes présentent des portraits, des dossiers ,des extraits de captations ou encore d’émissions sportives. Cela a été rendu possible par la numérisation d’une partie des archives de Télévesdre, archives auxquelles on a pu ainsi redonner vie et qui sont livrées dans leur facture initiale, en permettant au téléspectateur de mesurer le chemin parcouru. Cette émission prendra ensuite un rythme hebdomadaire jusqu’à la fin 2009.
- le 15 février, diffusion d’une émission spéciale « Télévesdre a 20 ans : 20 témoignages » Cette émission part d’un point de vue : Manu Lebrun et Jessy Rahier, arrivés à Télévesdre dans les années 2000, partent à la rencontre de ceux qui ont lancé la télévision et ont porté le projet depuis le début : il s’agit d’une compilation d’interviews des responsables politiques à l’origine du projet et de membres de l’équipe présents depuis 1989.
Urbain Ortmans
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