Best Of Verviers

Thomas Lejeune Debarre, vous avez 24 ans et vous êtes membre du comité du Royal Hockey Club Verviers.  Pour débuter cette interview, dites-nous tout d'abord si le Royal Hockey Club est toujours une institution à Verviers ? - Malheureusement, le hockey n’est une institution que pour une partie de la population, concentrée sur Heusy. J’ai l’impression que la plus grande partie des Verviétois ne connaît même pas l’existence de notre club, quand ils connaissent le hockey sur gazon. Nous avons pourtant la volonté de toucher plus de monde, au-delà de Verviers par ailleurs. Mais ce n’est pas une tâche aisée.

Depuis quand le club existe-t-il ?
Nous sommes installés à Maison-Bois depuis les années ’80. Mais le club est bien plus vieux que cela, puisque nous sommes formellement nés en 1924. L’existence du hockey à Verviers est pourtant encore plus ancienne : les hockeyeurs verviétois ont joué leur premier match contre Liège le 26 janvier 1912. Dans l’équipe d’alors, il y avait des noms connus des Verviétois : Peltzer, Hauzeur, Simonis, Zurstrassen, ...

L'équipe nationale belge se défend rudement bien ces derniers temps, ressentez-vous un effet positif de leurs différents succès ?
Les équipes nationales Messieurs et Dames font de très bons résultats, et après la présence des premiers aux JO de Pékin, nous espérons que les deux équipes seront qualifiées pour Londres en 2012. Certains médias ont parlé d’un «effet JO», mais cet effet a surtout eu lieu à Bruxelles et Anvers, deux régions où le hockey est déjà bien implanté. Chez nous, certes, nous avons constaté des inscriptions supplémentaires, mais je ne pense pas que ce soit lié aux performances des équipes nationales, qui ne sont encore que trop peu médiatisées, à l’exception de la rubrique Hockey de La Libre Belgique.

Le hockey est un sport olympique. Une sacré référence.
Oui, et je rajouterai que c’est le seul sport olympique collectif dans lequel la Belgique s’est qualifiée en 2008, tout en précisant que les hockeyeurs sont tous amateurs ! C’est donc d’autant plus dommage que nous ne bénéficions pas de plus de reconnaissance à Verviers. Ceci dit, le fait que le hockey soit un sport olympique, qui n’est pas gangréné par l’argent, et qui véhicule un grand nombre de valeurs trop souvent disparues dans le sport, commence à attirer les médias. J’ai vu récemment des reportages sur la RTBF. Et deux journaux nationaux lui consacrent de la place chaque semaine.

Comment le matériel évolue-t-il ces dernières années ?
Le seul élément qui fait du hockey un sport particulier est le stick : j’en profite pour faire de la pédagogie : ce n’est ni une «canne», ni un «club», ni une «crosse», ou que sais-je, mais bien un «stick» ! ;-)  Certes, le stick évolue puisqu’il n’est plus fait de bois et que ses formes se trouvent légèrement modifiées à chaque nouvelle saison, mais on ne peut pas parler d’évolutions majeures. Selon moi, le plus grand changement vient des masques que portent les joueurs sur «penalty corner» (une phase de jeu qui peut s’avérer dangereuse pour les défenseurs), existants auparavant.  Pour le reste, l’équipement est assez banal : des chaussures ad hoc, des protège-tibias, un protège-dents.

Qu'est-ce qui fait la spécificité de votre club aujourd'hui ?
D’abord, du point de vue du petit monde du hockey belge (puisque nous ne sommes que 72 clubs pour tout le Royaume), nous sommes le club le plus méridional et le plus en altitude, ce qui nous vaut souvent des remarques de nos visiteurs. Ensuite, nous sommes seulement un peu plus de 200 membres mais nous employons un des personnages les plus en vue du hockey en Belgique : Bob Maroye, 110 fois international, a participé aux JO en 1976, a été 45 fois capitaine de l’équipe nationale, a été Stick d’Or en 1979, a remporté 11 fois le championnat de Belgique en tant que joueur, 2 fois en tant qu’entraîneur... et il travaille 2 jours par semaine à Verviers ! Enfin, pour parler de sport, malgré nos structures d’encadrement relativement modestes, nous avons quelques équipes de notre école de jeunes qui engrangent d’excellents résultats, notamment en participant aux tours finaux pour accéder à l’élite nationale. Mais ils sont encore trop courts malheureusement pour y parvenir. J’espère que dans un futur proche, Verviers pourra enfin qualifier une équipe en Division 1 !

Racontez-nous un événement dont vous êtes particulièrement fier depuis que vous êtes parmi les gestionnaires dans votre club ?
Il y a deux événements qui m’ont marqué. D’abord notre équipe Juniors Boys (-18) qui s’est qualifiée l’année passée pour le play-off pour accéder à la D1. Verviers était, dans cette catégorie, ni plus ni moins la 3ème meilleure équipe de Wallonie ! Ces jeunes sont aujourd’hui pour la plupart en équipe première, et sont donc autant de promesses pour l’avenir. Ma deuxième source de fierté, c’est notre équipe Scolaires Girls (-16), qui n’affiche pas un aussi beau palmarès, certes, mais qui est une équipe sympathique et que beaucoup de monde vient supporter. Il y a une tradition à Verviers qui veut que les garçons jouent au hockey, mais leurs soeurs font de l’équitation. C’est dommage car le hockey est un sport collectif formidable pour les filles !
Ces jeunes filles qui portent la chemise verte tous les samedis, elles sont là pour s’amuser, et je peux vous garantir qu’au Royal Hockey Club Verviers, elles y parviennent !


Les valeurs qui sont porteuses au Royal Hockey Club de Verviers ?
Le Royal Hockey Club Verviers se retrouve totalement dans la formule des 3 F : «Fun, Famille et Fair-Play». Elle décrit à 200% notre club. Ceux qui connaissent le RHCV savent que du «fun», nous en avons à revendre ! Ce n’est pas pour rien qu’ils sont nombreux à «aller boire un verre au hockey» : c’est parce que le club est un endroit chaleureux et agréable, où plusieurs générations se côtoient et font la fête ensemble.
La famille, par ailleurs, est un élément primordial de la vie du club : ici, les enfants, frères et soeurs, et les parents, sont associés à toutes les activités du club. Le samedi matin, ça grouille de gamins, mais aussi de parents, qui mettent la main à la pâte. C’est formidable de venir ici les jours de match, car vous avez l’impression d’être à une gigantesque fête de famille !
Et puis le fair-play est resté une valeur centrale du hockey, par ailleurs, trop souvent oubliée dans d’autres sports. Mais j’y reviendrai.

Là-haut sur les hauteurs heusytoises, vous avez des installations qui sont assez exceptionnelles à plus d'un titre.
Cela dépend de quoi on parle. Si on parle de l’emplacement et de la vue, en effet, nos installations sont exceptionnelles : de notre clubhouse, on peut surveiller tout ce qui se passe à Verviers, et on voit jusqu’à Battice. Nos visiteurs s’en émeuvent souvent, et vantent la chance que nous avons d’évoluer dans un tel environnement. Et puis, en étant à côté de deux clubs de tennis et d’un club de golf, on forme un véritable ensemble sportif, c’est assez chouette. Nos infrastructures sportives sont elles aussi exceptionnelles, mais dans le mauvais sens : la Fédération belge les a déclarées «inaptes à la pratique du hockey». Elle nous a laissé jusqu’à septembre 2010 pour les mettre en conformité, ce qui veut dire clairement «renouveler la surface de jeu». En effet, notre terrain aura cette année 18 ans, et il est donc normal qu’il soit usé à ce point. Nous attendons la réponse des autorités régionales et communales, mais si en septembre nous n’avons pas de nouveau terrain, le Royal Hockey Club Verviers devra jouer... à Liège !

Parlez-nous de votre équipe première ?
L’équipe première a une moyenne d’âge extrêmement basse : ils sont deux à avoir la trentaine (30 et 32 ans), six la vingtaine (26, 25, 24, 23 et 22 ans), et tout le reste (soit l’autre moitié de l’équipe) a 18 ans ou moins, issu de l’équipe Juniors dont je parlais plus haut ! Après plusieurs années de vache maigre, l’équipe première évolue cette année en D3. Et si le comité n’a pas fixé un objectif de montée pour cette saison (les jeunes sont arrivés cette année), il m’est d’avis que la saison prochaine doit être celle-là ! Sur un nouveau terrain, avec une équipe qui aura pris du poids et de l’expérience, elle ne peut traîner en D3. Au vu des résultats de notre école de jeunes, un club comme Verviers doit, à moyen terme, se situer dans les 6 premières équipes de D2. C’est ce pour quoi nous travaillons, mais ce n’est pas facile tous les jours.

Est-ce que vous brassez une grande tranche d'âges dans vos équipes ?
Le hockey commence à 6 ans, mais je vois souvent des petits bouts courir derrière une balle un stick en mains alors qu’ils n’ont que 4 ans. Nous avons une équipe dans chaque catégorie, ce qui fait que nous éduquons des enfants de 6 à 18 ans. Notre équipe première aligne des joueurs entre 17 et 32 ans, notre deuxième équipe Messieurs, entre 17 et 43 ans, et notre équipe Dames est plus homogène. Nous n’avons plus d’équipe Vétérans, le golf les a enlevés à nous !

Le hockey, est un sport qui demande quelles qualités particulières ? Lesquelles sont importantes ?
C’est un jeu qui ne cesse de s’accélérer : il n’y a quasiment plus d’arrêts de jeu, de telle sorte que c’est 70 minutes à fond. Ceux qui aiment la vitesse se régalent au hockey ! L’agilité technique est évidemment la qualité la plus importante, et celle qui fait que les filles ont plus que leur mot à dire dans ce sport. Je dois également ajouter que les contacts directs sont en principe interdits.
Enfin, il ne s’agit pas de se ruer bêtement vers le but adverse : la tactique prend de plus en plus de place, et en cela, avoir quelqu’un comme Bob Maroye à Verviers, est une chance extraordinaire pour nos jeunes !

Que diriez vous à un parent qui se poserait la question d'inscrire son enfant dans votre club ou dans un autre sport ?
D’abord que l’enfant et ses parents qui intègrent le RHCV intègrent une grande famille. Ici, tout le monde s’implique, de près ou de loin, selon ses possibilités, mais tout le monde s’implique; comme dans une famille. Ensuite, son enfant évoluera et grandira dans un environnement sain, où les parents sur le bord du terrain sont tenus de respecter certains comportements : ici, on encourage son équipe, on n’insulte pas les joueurs ou parents adverses, on respecte la décision de l’arbitre. Le hockey, c’est une école de vie et de valeurs. Et puis, le hockey est un parfait complément au tennis, pour ceux qui le pratiquent déjà : 80% des joueurs de hockey frappent dans la balle jaune en été.
Mais avant toute chose, au parent qui hésite, je lui donnerai un conseil : venez un samedi matin. Juste voir. Voir comment ça se passe. Voir l’ambiance. Voir le niveau prodigué par notre encadrement. Vous repartirez comblé.

Le hockey, est-ce à Verviers un sport encore pour étiqueté "bon chic bon genre" ?
Il est difficile de combattre les préjugés, voir les fantasmes : un jour, ma maman, qui travaille à Heusy, a dit à une cliente «mon mari et mes deux enfants jouent au hockey». Cette dame lui a répondu : «ah ben vous avez les moyens, vous !» Les gens s’imaginent que le hockey est un «sport de riches», or une cotisation de hockey ne coûte pas plus cher qu’une cotisation de football ou de basket-ball !
On doit donc se battre contre ce genre d’âneries. Chez nous, tout le monde est le bienvenu, pour autant qu’il respecte les règles. C’est la définition même d’un club, et c’est pareil partout ailleurs.
Et si ne pas injurier l’arbitre, l’adversaire, ou le spectateur de l’autre camp, c’est être BCBG, alors oui, nous sommes BCBG !

Un nouveau site internet va être créé. Quelles sont ses forces et atouts ?
Nous avons voulu un site Internet qui ne soit pas dédié aux membres, mais bien au visiteur étranger. Sur ce site, le surfeur trouvera une présentation globale du club. Un site sans chichi, pour donner aux gens l’envie d’en savoir plus sur le hockey et sur le hockey à Verviers !
Il n’est pas encore opérationnel, mais j’informerai Best of Verviers de sa mise en ligne dès qu’il sera prêt !

Merci Thomas d'avoir fait un tour d'horizon complet avec nous. Nous l'avons bien compris : le hockey, reste une passion  !

A bientôt sur Best of !