Heureux qui comme...
Écrit par Viviane Bourdon   
Lundi, 22 Novembre 2010 16:45

En fin d’année académique, soixante-huit latinistes de l’Athénée royal Thil Lorrain sont allés voir de plus près à quoi ressemblait l’Antiquité romaine. En Arles, le Comité de Jumelage leur a ouvert les portes des musées et des sites pour qu’ils n’aient bourse à délier. Impressions, souvenirs et, les vacances passées, rencontre dans leur classe.

Voyage de nuit en car pour les 3e et 4e années sous la houlette de deux de leurs professeurs connaissant bien le terrain. Leur accompagnatrice avait au préalable établi le contact avec le Comité de Jumelage verviétois.

Premier arrêt : Vasio Vocontiorum, Vaison-la-Romaine où ils découvriront le quartier de la Villasse avec sa rue des boutiques, son ensemble thermal, ses maisons du Dauphin et au Buste d’argent.
Le savon de Marseille étant suffisamment mou pour être sculpté sans effort, certains s’exercèrent à en tirer un chapiteau corinthien, une lampe à l’huile tandis que d’autres s’essayaient au théâtre antique. L’après-midi, celui d’Arausio, Orange, les confirmera dans leur perception toute neuve de la scène des anciens. Fin de journée, ils arrivent à Nîmes. Ils plantent leurs pénates au centre d’hébergement l’Agora où ils reprendront des forces.

Le lendemain, ils seront en Arles et salueront l’autre présidente, Anne Rabet du Comité Arles-Verviers.
Pour visiter Arelate,copieux morceau, ils se diviseront en quatre groupes et parcourront la ville sur les traces des vestiges romains : les thermes de Constantin, le Théâtre antique, l’amphithéâtre, ainsi que les cryptoportiques. Bien entendu, l’exposition “César, le Rhône pour mémoire” au Musée bleu était incontournable. Ils y verront le fameux buste de César, remonté du fleuve, une pièce maîtresse. Leur journée est loin d’être terminée car les voilà repartis pour la Camargue avec le tour d’une manade et une démonstration par les gardians, de leur travail. Ouf ! Ils peuvent souffler un peu sur la plage des Saintes-Marie-de-la-Mer. Retour au bercail pour une veillée qui leur sera contée.

Le lendemain, tous enfilent leurs chaussures de marche et suivent un parcours très aquatique depuis Uzès où des ingénieurs leur expliquent le B.A.B.A. de la canalisation de l’eau, le tout pour se retrouver face au Pont du Gard, franchi au niveau de son troisième étage. Vue imprenable et site grandiose. Le soir, nos jeunes Verviétois s’initient aux danses provençales dans la joie, la bonne humeur et la convivialité.
Le dernier jour les trouvera dans les rues inondées de soleil de Nemausus, balayées par le mistral qui se lève. Les arènes et la Maison Carrée sont bien sûr inévitables. L’après-midi se passe au Ludus de Beaucaire où un gladiateur les entraînera aux jeux du cirque.

Enfin, ils dînent à Avignon et iront danser sous le pont, rendre une visite “aux papes en leur palais”. Voilà, c’est fini. On rentre.
Ils auront fait un beau voyage et pourront évoquer leurs souvenirs à la rentrée.
Bustes antiques dans les embrasures des fenêtres, au mur un SPQR, le Sénat et le Peuple romain.

Aucun doute : Yvonnne Giet-Lebeau, la Présidente et moi, plumitif de service, sommes arrivées à bon port. Une classe calme, ici on écoute, des élèves sages comme nous l’étions autrefois. Ils étaient douze à avoir répondu à l’appel lors, de la pause de midi.

Yvonne explique à un auditoire attentif les pourquoi et comment d’un jumelage et posera quelques questions concernant Arles et ses traditions que les jeunes ont approchées non sans un certain étonnement.

 


 

Ils en témoigneront lors de l’interview en répondant l’un après l’autre à une seule question : que gardez-vous en mémoire de votre voyage ?
Mélanie ouvre le ban :
“J’ai découvert beaucoup de choses que j’ignorais avant cela. Les sites, les monuments et les danses  que l’on peut certes entr’apercevoir à la télé. Mais de visu et surtout en y participant, c’est bien différent et c’est appréhender par sa propre expérience, une autre culture. Et ce costume ! Pour moi vraiment, ce n’est pas ce que je porterais”.
Lorsque Mélanie et ses copains apprennent que la robe de l’Arlésienne n’est pas cousue mais épinglée sur le corps et que via Yvonne, le“piquant” est destiné à décourager les ardeurs masculines...alors là, c’est franchement marrant !

Lydia s’aventure:
“Les sites, les monuments sans que vraiment l’un ou l’autre, m’ait davantage impressionné. Bien que ...les arènes avec tous leurs gradins “.
J’apprends à ma classe que dans cette enceinte, fortification prête à l’emploi, on édifia en utilisant une partie des pierres, une véritable ville au Moyen-Âge.

Mais que nous dit Anaïs ?
“J’ai beaucoup apprécié tout au long du voyage, les ruines. Tous ces bâtiments qui après deux mille ans sont toujours debout. Ils ont été construits à la force des bras et nous pouvons les admirer, là, encore plus ou moins entiers”.

Mady se montre, elle, plus romantique voire artiste.
“Les paysages si beaux et dans les musées, des statues qu’on ne voit pas chez nous. Et puis, les vaches !”
Des vaches !


Enfer et damnation ! Yvonne la reprend : “la Camargue, les taureaux, les chevaux, les gardians, la manade, quoi !”
Et les moustiques ? Quoi, comment ? Pas de moustiques. ! Heu-reux !

Place à Joachim qui lui aussi, a retenu la manade.
“Et surtout les théâtres antiques avec, à Orange, le mur de scène et toute cette machinerie permettant au rideau de s’abaisser. Au Musée de l’Arles antique, j’ai bien aimé encore la maquette du cirque”.

Raphaël prend le relais.Et pour lui aussi :
“ces monuments parvenus jusqu’à nous et qui, au Moyen-Âge par dieu sait quelle aberration, ont été bêtement récupérés pour servir à la construction d’autres édifices, ont laissé leur empreinte”.

Émilie lui emboîte le pas.
“Tous ces bâtiments et les thermes en particulier. Tout le système qui nous été détaillé, m’a semblé extrêmement bien conçu. Mais comme Raphaël, j’estime que la démolition de l’Arles romain et la récupération qui s’en suivit, choque”.

Laura renchérit.
“La bonne conservation des monuments romains en Arles dont les arènes que je compare au Colisée à Rome et au désavantage de ce dernier, m’a permis de mieux cerner, dans ce cas-ci, un élément clef dans la vie des Romains et des Gallo-romains : les jeux. En Arles, les gradins existent toujours ainsi que tous les dégagements. Ici, on circule alors qu’à Rome, je me suis trouvée face un mur, une carcasse somme toute, vide. Ensuite, les thermes, les Thermes de Constantin où le degré de conservation permettait de comprendre facilement comment tout s’y déroulait. Et enfin, Arles, Arles elle-même, son calme et son petit marché.”

Nous arrivons à Virgile, le bien nommé.
Lui goûte fort “le beau temps et une ville extrêmement chargée d’histoire, et pas seulement romaine. “Les thermes de Constantin montrent qu’Arles a eu une grande influence sur la période romaine tardive où deux pouvoirs, celui de Rome et de l’Église primitive soutenue par les Gallo-romains se sont contrebalancés. On voit les tours carolingiennes destinées à protéger la ville des Arabes. À l’Hôtel de ville, ce sont les armoiries  martelées par les révolutionnaires etc. etc.”.

Qu’en pense Arnaud ?
“Moi, c’était les cryptoportiques. Les tambours des colonnes et imaginer que voici deux mille ans des personnes allaient, venaient, marchandaient dans ces trois galeries creusées sous le forum pour stabiliser son esplanade, est saisissant”.

Florian ? “La grandeur des monuments, leur gigantisme même, par rapport aux moyens techniques de l’époque et à la ville actuelle. Les Romains bâtissaient pour les siècles à venir et on peut toujours visiter aujourd’hui ce qu’ils ont édifié hier”.

À Dylan de conclure :
“le Colisée, c’est bien mais les arènes d’Arles, c’est encore mieux” !

Que nous voilà, l’une et l’autre, satisfaites. Et de sortir en nous frottant les mains et en posant la question : y a-t-il des amateurs pour l’an prochain ?


VIVIANE Bourdon

Mise à jour le Jeudi, 09 Décembre 2010 16:54