| Il fut un temps où les villes d’Europe occidentale se jumelaient à tour de bras. Verviers, forte alors de son présent lainier n’y manqua pas et se trouva des âmes soeurs à son niveau. Exception à la règle : Arles qui fut comme un coup de coeur pour les Verviétois. Un étonnement pour les Arlésiens plutôt portés vers les mêmes habitudes et climats que les leurs. |
Jusqu’à la fin des années septante, un jumelage s’apparentait davantage à un tourisme à bon marché qu’à une véritable expérience culturelle et humaine. L’on voyageait peu et Arles, tout comme Verviers, apparaissait aux yeux des uns et des autres un comble d’exotisme et de dépaysement en échangeant la cuisine au beurre contre celle à l’huile d’olive et vice et versa. On descendait donc une fois par an en Arles par cars ( Léonard ) entiers et eux remontaient en convoi avec parfois taureaux et chevaux. Aujourd’hui, le déplacement revêt un caractère plus intime. Il est un contact très personnel avec l’autochtone, une intégration individuelle à l’autre communauté en vivant pour elle et avec elle. On montre comment préparer la tarte au riz et les frites en échange de navettes et de brandade. À vider sa chope ou son pastaga d’un même geste et surtout comme ils se doivent de l’être. C’est cela qui fit entrer Viviane Bourdon après un voyage en Arles avec le Comité de Jumelage de Verviers, dans le dit Comité.
Mais ce jumelage, est-ce une longue histoire ?
Tout dépend comme on l’entend. Aux yeux de l’Histoire, non ! Aux yeux des hommes, oui ! Le jumelage a été vécu par deux, trois générations qui s’en souviennent et peuvent en parler, en galéjer car il y eut de forts bons moments. Depuis 1967, c’est qu’on en a fêté des millésimes. Il faut ici rappeler qu’à l’origine, le jumelage fut l’oeuvre de Réné Faniel qui en tant que peintre était tombé amoureux de la lumière et du ciel de Provence. Il avait même ouvert sa propre galerie à Verviers pour y exposer ses toiles, paysages jaune genêt et bleu lavande. Jaune et bleu sont les couleurs d’Arles et tant qu’à faire, le vert de nos frondaisons copieusement arrosées et le blanc de nos ciels de pluie ne sont-elles pas à l’image de celles de Verviers ? À vos yeux de Verviétoise, Arles c’est quoi ?
Un patrimoine de l’Humanité. Et je pense pas ici à ses grands monuments mais à un ensemble urbain qui s’il n’existait pas, devrait être inventé. Arles est l’une de ses villes où l’on oublie le temps en flânant dans ses rues en quête de volets bleus ou de belles Arlésiennes bien que dans leur genre, les gardians ne soient pas mal non plus. Le costume donne à toutes les femmes des airs de reine et je m étonne toujours de les voir circuler sous leur harnachement de soie et de dentelles sans transpirer le moins du monde. Il faut encore se lever tôt, ce que je déteste, pour être Arlésienne. La coiffure et la prise d’habit peuvent demander deux ou trois heures de préparatifs. La robe n’est pas cousue mais ajustée en l’épinglant sur celle qui va la porter.
Et Verviers aux yeux des Arlésiens ?
Une ville où mieux vaut ne pas oublier son parapluie et sa petite laine même en plein été. Une ville où le monde est pour eux à l’envers. On leur dit que vu la saison, il va faire froid et pleuvoir. Il fait sec et le soleil brille. Ils se disent l’été venu, qu’ils n’ont rien à craindre et c’est la douche nationale. Notre passé textile les surprend, les collections de nos musées également et suscitent leur admiration. De plus, comme nous le leur, ils adorent notre marché, faire des emplettes. Nous avons toujours l’impression qu’ils rentrent avec une tonne de chocolat et des hectolitres de bière dans la valise. Cela s’est vu particulièrement lors de la commémoration de nos quarantièmes anniversaires respectifs, en 1997 pour Verviers, 1998 en Arles. Il y eut pèquet et lefgot à gogo chez nous. Intronisation d’une reine au Théâtre antique, pégoulade ( fête du Costume ) sur les Lices et Cocarde d’or aux arènes, pour nous. Il est question, mais ce n’est pas si simple, de faire descendre le Bethléem pour Noël comme il est question, mais c’est tout aussi compliqué, de permettre à Verviers de s’exposer en Arles. Ce sont là de grands projets qu’on ne peut réaliser qu’en collaboration avec les institutions publiques. Les réalisations citoyennes sont certes plus modestes mais tout aussi valables. C’est ainsi que chaque année au mois de septembre, Verviers joue des coudes sur le boulevard des Lices lors du Corso et des Prémices du riz et de la Journée des Associations arlésiennes, toujours très fréquentée et où tout le monde rencontre tout le monde. Les Verviétois tiennent également boutique au Club des Jumelages. La semaine durant, ils présentent Verviers aux Arlésiens et leur font goûter nos différentes spécialités. En mai, des cyclistes verviétois pédaleront avec énergie vers Arles où ils seront reçus à la mairie avant de prendre quelque repos et d’inviter les amis arlésiens à disputer une partie de boules que l’on espère épique Quant aux projets futurs, il y aura bien sûr le quarante-cinquième anniversaire du jumelage chez nous car Arles ne célèbre que les dizaines. De tout cela, on parlera lors de la visite annuelle du Comité jumeau. Et de tout cela, j’en écrirai dans notre prochain magazine fort apprécié ici comme en Arles.
Justement que pouvez-vous nous dire de ce trimestriel ?
Qu’il m’occupe la plupart du temps et qu’il m’a permis de rester dans le mouvement lorsque j’ai quitté Télépromagazine après vingt-huit ans de journalisme. En 2005 lorsque le comité actuel a été mis sur pied, il a semblé tout à fait naturel à ses membres de me confier la rédaction du magazine déjà existant. Tâche que j’ai voulu assumer en tant que pro. Au départ, il ne s’agissait que de papiers. Ayant sévi à la rédaction de la Meuse-Verviers pendant huit ans comme reporter-photographe et jugeant que le cordonnier est toujours le mieux chaussé, je me suis convertie au numérique pour illustrer d’une façon adéquate mes articles. J’avais retrouvé grâce à l’ordinateur servant de chambre noire, le goût un peu perdu de la photo dont à trop en faire, je m’étais lassée. Les premiers numéros qui j’eus à rédiger, furent mis en page, avec la bénédiction de M Gélis, son directeur, par Mme Chantal Paulus qui éditait les Annales de la Fondation Hardy. Ce n’est que beaucoup plus tard que le petit génie informatique que j’étais, suis et resterai, osa se risquer dans la mise en page, la confection de maquettes etc. Ce qui n’alla pas sans crises de nerfs et d’arrachage de tifs vu que l’ordinateur et moi, ne parlons pas le même français. Notre Comité actuel se veut partie intégrante de la vie culturelle - et sportive quand il joue à la pétanque- de Verviers. C’est ainsi que j’ai créé différentes rubriques en dehors de celle du ”Comité s’active”. De nombreux artistes faisant partie de notre association, il était normal d’assister aux vernissages du Cercle des Beaux-Arts et du Musée Renier et d’en traiter dans “Amon nos arts”, de proposer ensuite un dossier “Vu de près” suivi par le “Petit coin des Arlésiens”. Ici la plume est donnée à notre correspondant en Arles, Jean-Claude Dufau, journaliste taurin. Et le magazine de se terminer par un “Ici Verviers” où se commentent les événements importants dans lesquels le comité a été représenté. Le magazine est illustré de nombreuses photos, malheureusement faute de moyens, en noir et blanc. Il comporte habituellement vingt-quatre pages et est reçu gratuitement par les membres effectifs et adhérents de l’ASBL Jumelage en ordre de cotisation. Une page Web se trouve également sur le site de la ville. Rêve de moins en moins secret de sa rédac’chef : le lire en couleurs sur le net.
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