Best Of Verviers

« Ce que je fais, tout le monde peut le faire. Tout est dans la tête ! ». Charly est à l’autre bout du fil, sa voix rayonne ! On sent une réelle sérénité émaner de lui, c’est avec son cœur qu’il nous parle à quelques jours de Noël. Facile ? Pas tous les jours ! Depuis son départ, ils en ont surmonté des embûches lui et son fidèle compagnon de route, son chien Skoffiels qui l’accompagne pas à pas. Les voici déjà au pied des Pyrénées, non loin de Perpignan en ce mardi  15 décembre 2009 au matin. Lundi soir, Charly dégustait dans un lieu paisible, un petit muscat Noël 2009 à Rivesaltes Château-Rombeau, en guise d’apéro. « Super bon ! ». Le moral est excellent, le physique aussi !

Chacun sa route, chacun son destin disait la chanson mais celui vers lequel Charly tend au quotidien en mettant simplement un pied devant l’autre reste extraordinaire car ce qu’il réalise impressionne comme tous ces marcheurs, ces pèlerins qui vont au devant de l’inconnu et des autres.

Actuellement, un choix doit se faire quant à la suite du parcours. Entre deux routes, Charly s’est décidé hier soir. Il est  prêt à gravir la montagne, les magnifiques mais difficiles Pyrénées, pour se rendre en Espagne via Bouleternere, Mont Louis, La Seu D’Urgelle, Lleida.

- Mais mon bon Monsieur, vous aurez de la neige, là-haut, lui dit cette aimable personne qui le conseille sur la meilleure route à suivre. Pas de souci !

Charly marche sans trop se retourner, il avance tant et plus mais surtout, nous sentons qu’il est heureux. Heureux aussi avec son fidèle Skoffiels. Cette aventure de vie qu’ils réalisent ensemble, en cette saison de froid ou de grands vents car ces jours-ci la Tramontane souffle entre 80 et 100 km/h, rien ni personne ne peut les décourager.

- J’ai perdu 6 kilos depuis le départ, surtout dans les bras, les épaules et les cuisses, nous confie-t-il.

Charly nous parle avec douceur.

« Sur mes 46 nuits, j’ai dormi 12 fois sur un lit ! Mais le plus souvent, j’ai dormi à l’extérieur : 2x dans un cimetière, dans des cabines de bus assez souvent, dans des hangar,…. Vous savez, mon sac de couchage résiste jusqu’à -23 degrés.

En ce qui concerne mes chaussures, elles sont aux ¾ usées, je devrai bientôt les changer. J’enverrai ces chaussures par la poste et à mon retour, je les vendrai aux enchères au profit de mon oeuvre.

J’avance environ à la moyenne de 30 km par jour. Comme pour l’instant je traverse des régions moins peuplées, je dois disposer de 3 ou 4 jours de nourriture pour mon chien dans mon sac à dos. Si j’y ajoute les deux litres d’eau et mes habits, mon sac pèse 22 kilos. C’est énorme ! Je compte bien être plus léger au Maroc et  espère réaliser des étapes de 45 km/jour. Je pense que je ne vais pas prendre le risque d’arriver au Maroc avec mon chien. On me l’a déconseillé pour plusieurs raisons. J’y réfléchis.

Pour trouver mon chemin, mon GPS ne me sert plus depuis mon passage en France. Je me sers sans arrêt de ma boussole. Même si je dispose souvent de cartes qui me guident bien, je n’hésite jamais à demander un conseil à des chasseurs, des agriculteurs,…. Ils m’indiquent souvent de bons chemins.

Actuellement il fait noir vers 17h30, je dois en tenir compte lorsque je marche.

Cela faisait neuf jours que je n’avais pas lavé mes habits et 8 jours que je n’avais pu me laver ou me raser. Je reçois dès lors parfois un mauvais accueil, comme lorsque je demande à cette employée de la commune pour disposer d’un endroit public pour me laver, me raser. Même si je reçois un refus, je remercie toujours très poliment. Mais un peu plus loin, je suis accueilli très cordialement et chaleureusement par le patron d’une auberge qui me permet de me laver, de me chauffer, nourrir. Je fais mon linge, le bonheur !

J’ai vécu une autre expérience extraordinaire lorsque j’ai été invité par une jeune dame qui vivait dans un petit château qu’elle restaure avec 5 garçons et une autre fille. Une petite communauté accueillante qui m’a offert un réel accueil. J’ai promis que j’irai les aider, une fois de retour à la maison.

Autre exemple, il y a quatre jours, sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle, ces marcheurs pensionnés qui ont fait des photos, m’ont donné à manger ainsi que de l’argent pour les enfants pour lesquels je marche. Formidable !

Durant mes journées, je pense beaucoup. Principalement à ma vie. A ce que j’aurais pu faire ou ne pas faire… Je parle à mon chien, très régulièrement même si on risque de me prendre pour un fou : « Est-ce qu’on va réussir ? ». Ca m'encourage.

Sur le chemin, je suis continuellement en pensées avec ma famille. Je suis encouragé par tant de personnes : mes parents, ma sœurs, mon beau-frère, mes amis, mon ancien colonel, tous ces gens qui suivent mon périple sur le net ou dans les articles de Jean Brasseur dans le Jour. Toutes ces personnes qui sont en pensées derrière moi, ça me rend heureux et plus fort. Savez-vous que 50%, de la réussite est dans la tête, 10% dans les jambes et 10% dans l’équipement mais 30 % est dans le soutien que je reçois. »

Quel message se fait le plus fort en vous depuis votre départ Charly ?

"Je me dis que si j’avais fait ce périple plus tôt dans ma vie, j’aurai certainement fait ma vie autrement. A mon retour, j’aurai un autre caractère, c’est une certitude.

De très bonnes fêtes de fin d’année à vous tous."

Merci Charly et à bientôt

Infos :

- Il ne s’agit pas d’une marche parrainée. Charly, qui a beaucoup d’amis, a réuni un groupe d’une vingtaine de volontaires. Une association de fait est née qui vient d’ouvrir un compte dans la banque de Jalhay (363-4 593 004-94 de MLC (Mehdi-Logan-Charly), à 4845 Jalhay qui ne demande qu’à gonfler au gré des virements sympathisants.

Il a aussi des cartes de soutien à 5 € que l’on trouve dans les commerces de Jalhay, d’Andrimont et d’ailleurs."

- La page Facebook sur le périple de Charly