Le journal de bord de Loreta Mander, juillet 2014 |
Écrit par Loreta Mander | ||
Samedi, 02 Août 2014 18:37 | ||
Samedi 5 juillet 2014 Après plusieurs jours de chaleur, de soleil resplendissant, voici un peu de grisaille, de fine pluie qui mouille bien, mais la vie reste toujours aussi belle. Je me dis que la nature est heureuse d’une respiration humide. Entre ballon rond et pédalier, le mois sportif s’achève et recommence. Du Brésil à la France, la majorité est rivée sur la petite lucarne qui nous ouvre vers le monde. Entre rires et pleurs, le monde vit des émotions. Si le monde pouvait se réveiller pour des causes plus importantes, quel pied. Mais j’ai décidé qu’en cette trêve estivale, je vais me la jouer positive. A quoi bon se ronger les sangs avec les turbulences qui nous entourent, puisque, seul, on n’y peut rien changer. Commençons déjà par essayer de peaufiner notre petit monde à nous. Essayons d’être un minuscule exemple, afin que ça devienne contagieux. Et, peut-être, qu’un jour, abstraction faite de la folie de certains, nous arriverions à vivre dans un monde serein et sensé. Utopie quand tu nous tiens ! J’ai lu cette petite phrase qui m’a fait sourire : tout seul, on va plus vite mais ensemble on va plus loin. A méditer.
Dimanche 6 juillet 2014 Aujourd’hui, direction chez nos amis Christian et Joëlle. Ah ce qu’on se sent bien chez eux. Reposant, cool, entre rires et amitié. Que du bonheur. Pour faire taire la mauvaise langue de cœur jumeau, je me suis essayée à la batterie. C’est vrai que j’ai souvent un gros souci de coordination des mouvements. Je ne comprends pas. Je joue du piano. 7 ans de conservatoire dans ma jeunesse à me faire taper sur les doigts pour apprendre à positionner les mains, à décoder des partitions, à désolidariser la main gauche de la main droite…. Mais pour la batterie, c’est une autre paire de manche. Ca doit être parce que le pied intervient et qu’il y a trop de matériel à disposition. Et pourtant. Je ne m’en suis pas mal sortie. Avec un prof comme Christian, il y a de quoi attraper des complexes, mais ça, je ne connais plus. Je me suis bien amusée. Par contre, taper sur un tom, ça m’amuse beaucoup. Ce qui a fait faire ce vilain jeu de mot à cœur jumeau. Tu n’as qu’à t’acheter un tom d’occase. Il y a un chouette site : lacase.com. Ah bon ? t’es certain que tu ne te trompes pas avec occase.com ? Je suis assez naïve et n’avais pas vraiment compris la blague. Ben oui, la case de l’oncle Tom (pour les néophytes, le tom fait partie d’une batterie). Je sais, c’est vilain de se moquer de sa petite femme, mais ça m’a bien fait rire.
Jeudi 10 juillet 2014 Depuis hier, j’avais froid. Ca n’est pas bon signe. Pourtant je vaque à mes occupations sans souci. J’ai même fait une tarte aux cerises. Mais voilà, vers 18 heures, je suis prise de frissons. Je connais bien ça. C’est la fièvre qui s’annonce. Ca faisait bien longtemps que tu n’avais pas pointé le bout de ton nez à me foutre la paix. 3 pulls et 2 couvertures plus tard, je me résouds à prendre un Daffalgan. Mais je me sens si fatiguée. Ca ne peut pas être la grippe. Par mesure de précaution, je me suis fait vacciner. Je n’ai mal nulle part, donc ça ne peut pas être le pancréas. Alors ? J’ai mal à la peau et aux os, comme quand on a la grippe. Je frissonne, j’ai froid. Avant de me coucher, je prends ma température qui commence à monter jusqu’à presque 39, mais je m’endors comme une brute. Cœur jumeau veille sur moi. Ah lui, si je ne l’avais pas. Il paraît qu’il y a même eu un gros orage… aux abonnés absents, je n’ai absolument rien entendu.
Vendredi 11 juillet 2014 7 heures du mat’, j’ai des frissons, je claque des billes…… sauf qu’ici il ne s’agit pas de la chanson de Chagrin d’Amour, mais la réalité. Cœur jumeau ayant pris ma température, a décidé de m’emmener aux urgences. Il me donne un Daffalgan. Mais, moi je suis complètement dans les vapes. Je suis si faible, j’ai mal au dos, aux os. Moi qui ne me plains jamais, là, je déguste. Il me parle mais je l’entends loin, très loin, sans la moindre force pour sortir de mon lit. J’ai pris mon courage à deux mains, en pyjama, je monte dans l’auto direction hôpital. Je n’ai même pas eu le courage de m’habiller. Je somnole pendant tout le trajet et, en plus, il y a les embouteillages du matin. Je n’en peux plus. J’ai la nausée, j’ai mal partout …. Et meeeeerde. Jamais tranquille. J’arrive aux urgences, tension très basse, température qui ne baisse pas, échographie du ventre et du foie et radio des poumons. Et voilà le travail. Retour à la case départ. Et, bien entendu, nous sommes vendredi, donc tu te brosses et tu resteras jusqu’à lundi. Merci le week-end ! Visiblement les prises de sang ne disent pas grand chose si ce n’est que la chimie de mon foie est tellement dérangée, qu’elle a ses fantaisies et irrite le pancréas. Voilà, voilà…. Retour régime hyper strict. Je n’ai rien mangé et je n’ai pas faim. On me donne une chambre au département oncologie et ça sera mon bivouac jusqu’à lundi. En plus, on avait de chouettes projets pour le week-end. Tout tombe à l’eau comme la météo. Mais…. On est vivant, n’est-ce pas le principal ? Comme j’ai dormi toute la journée, t’imagines bien qu’à 22 heures, je suis fraîche comme un gardon. Je décide donc d’aller m’en griller une petite dehors, à l’air frais. Je sais, ça n’est pas bien, mais je n’arrive pas à me séparer de l’assuétude de la clope, c’est comme ça. Pourtant, j’aurais les meilleures raisons du monde à me raisonner. Et bien, non, pour cela, aucune volonté. Dans les chambres, il fait trop chaud, trop moite avec cette impression d’avaler une bactérie au cm2. On ne peut pas ouvrir les fenêtres. Notes bien que si j’avais été seule dans la chambre, je ne me serais pas gênée. Mais, j’ai une compagne de chambre qui doit être muette, figée sur la télé du matin au soir. Elle a l’air d’apprécier « Plus belle la vie ! », car j’ai eu droit à tous les épisodes possibles sur toutes les chaînes. L’avantage avec ce soap, c’est que, où que tu le regardes, tu ne perds jamais le fil. Elle a quand même, à un moment donné, regardé une émission sur Elie Kakou (elle doit être francophone). J’aimais bien cet humoriste. Surtout son sketch sur l’attachée de presse. J’admire ces gens qui arrivent à faire rire avec les déboires du quotidien. J’aurais, je pensé, beaucoup aimé, monter sur les planches. Je m’étais essayée, il y a quelques années, à la ligue d’impro. Mais je pense ne pas être douée pour ce genre d’exercice. Il faut avoir un certain ego pour se dire qu’on peut être dramatique, rigolo devant un public. Ca resterait peut-être encore « la chose à essayer ». Je n’ai jamais approfondi. Je reviens donc à ma balade vespérale. C’est qu’il y a une trotte entre ma chambre et l’entrée principale. Un dédale de couloirs que j’ai apprivoisé, depuis le temps que je les parcours. J’ai croisé un couple. Ben oui, quand tu n’as rien à faire, tu observes…. en tout cas moi, ça doit doit être mon côté concierge. Ils n’étaient pas du tout assortis. Lui : genre Castaldi père, avec une dent dans la bouche qui lui donnait un faciès de bulldog, un pantalon qui remontait sous les aisselles et maintenu d’une paire de bretelles. Elle : d’origine probablement indienne (à la couleur de ses cheveux noir jais et le rond rituel sur le front), qui court parmi les autres…. Ah non, là je vous arrête, elle avait quelque chose que beaucoup d’autres n’ont pas : un sourire serein qui ne la quittait pas. Elle parlait doucement. Comme quoi, ne jamais s’arrêter sur la première impression. Essayer de creuser et de trouver le petit plus qui fait toute la différence. Par contre, à côté de ma chambre, un jeune couple, dont la dame est en chimio. Ils sont beaux, mais ils se font la gueule et quand ils se parlent, ils se mordent le nez. Que ça fait mal de voir ça. Mais je ne vais pas refaire l’histoire de chacun. Tout cela ne nous regarde pas, comme disait un trio d’humoristes.
Samedi 12 juillet 2014 J’ai passé une bonne nuit, malgré la fièvre qui a repris. Je reçois des antibiotiques en sacs de perfusion et on m’hydrate. Thermomètre à 2 heures, puis à 4 heures, puis à 5.30 heures, ça c’est fait. George (prononcer djordje), que les choses soient claires entre nous. Tu n’es pas du tout mon type de mec (et ce qui me rassure, je ne suis probablement pas ton type de nana non plus !). Trop aseptisé dans ton costume Smalto, je te préfère les hommes plus bruts, plus rock ‘n roll. Mais, comme sur l’île déserte, il y a des moments où il faut savoir prendre sur soi Thérèse ! Si, à l’instant, tu entrais dans ma chambre, et me dirait de ta voix mi US, mi sexy « Voluto ? », je te répondrais certainement « Yes, George, what else ? ». Le café servi par la responsable chariot a un goût indéfinissable. Un peu comme les fricadelles, on sait que ça se mange, mais on ne sait pas trop bien ce qu’il y a dedans. En un mot, il est imbuvable. Il a juste le mérite de ne pas irriter tes nerfs, mais il n’irrite pas tes papilles gustatives non plus. Je me jette donc sur le distributeur de café. Et là, c’est pire encore. On a dû ajouter au café de chariot, du colorant qui le rend plus noir, plus indigeste, mais certainement pas meilleur. Bref, tu te brosses pour un bon expresso à l’italienne. Mais, après tout, on n’est pas au Club non plus. Je fais l’impasse sur le plateau petit-déjeûner. Du pain blanc, je n’aime pas ça, légèrement caoutchouteux qui fond dans la main et dans la bouche (le contraire des M&M’s). Moi, qui ne mange que de la confiture le matin avec un fromage blanc…. Ici, c’est filet de saxe bien gras. Beurk…. Je remballe le tout et puis je n’ai pas trop faim. Ah oui, un petit berlingot de confiture. Tu ouvres et tu poses cette question fondamentale : a-t’elle jamais vu un vrai fruit ? c’est de la gélatine. Ceci dit, je suis très ingrate de me plaindre, car il y a des gens qui meurent de faim sur cette planète et qui trouverait ce plateau tout à fait à leur goût. J’ai probablement été très mal éduquée. Ma grand-mère me disait toujours que s’asseoir à une table pour manger devait être une fête. Je lui réponds : oui, ici c’est la Toussaint. C’est pour cela que tu ne grossis jamais à l’hôpital. Je ne comprends pas, alors qu’on nous casse les oreilles à longueur d’année, avec la bonne bouffe, la bouffe saine et j’en passe, ici, tout est gras. Il n’y a pas de fruits, pas de bons légumes (juste un rata fondu dans la sauce). Et, comme on nous le dit, la bonne bouffe ne coûte pas plus cher que le rata. Ca reste encore un point d’interrogation. En passant, je confirme que ma compagne de chambre n’est pas muette. Dès qu’elle s’est mise sur « on », tu ne l’arrêtes plus et parfois, ça me fatigue. J’ai croisé une patiente du département. J’ai vu beaucoup de choses dans ma vie, mais là, je ferais probablement partie des gens qui diraient que pour vivre ainsi, autant aller voir de l’autre côté du miroir. Parce que de miroir, il en est plutôt question. La quarantaine bien faite, grande et élancée, droite comme un « i », elle souffre d’un cancer de l’œil. Ca lui donne un visage de zombie, plutôt bleu et juste horrible. Walking Dead, à côté, c’est un défilé de top modèles. Quand j’entends des gens se plaindre pour un bouton sur le nez, je suppose que cette dame préfèrerait avoir le visage parsemé d’acné. Ce qui m’a frappé, c’est qu’elle fonctionne comme si de rien n’était. On voit que la maladie ne l’a pas voûtée. Elle est entrée dans une certaine acceptation. J’admire son courage, la détermination de son demi-regard, son port fier et altier…. Respect Madame. Je ne vous connais pas, mais au nom de toutes mes compagnes d’infortune, je vous dis un immense merci. Merci de nous montrer que rien n’est impossible. Merci de nous montrer l’amour de la vie. Merci de nous renvoyer votre image. Arrêtez de nous bassiner avec des Madame Pitt, qui ont eu du courage, mais qui n’ont jamais connu la maladie. De quoi parlez-vous là ? De promotion, de publicité, de prévention ? Mais surtout pas de courage. D’ailleurs, à te voir dans le poste ma chère Angelina, ce qu’ils t’ont mis à la place n’a pas été fait par un stagiaire…. Vous n’êtes rien à côté de ces quelques femmes qui sont obligées de braver les regards pour exister. Quelle force faut-il pour oublier le regard des autres ? pour exister tout simplement ? pour traverser une rue sans se sentir laid, ni gêné ? Qu’a-t’il dû se passer dans ta tête, avant d’en arriver là ? Mais tu ne passeras jamais à la télé, toi. Et d’ailleurs, tu t’en contrefous. Ton objectif à toi c’est la vie et probablement tes rêves, ce qui est vachement plus noble.
Dimanche 13 juillet 2014 Alors que j’ai super bien dormi, je me suis réveillée d’une humeur de chien. Ce qui, je précise, ne m’arrive pas souvent. Je pense que ce sont les premières paroles que j’ai adressé à ma compagne de chambre : « je suis de très mauvaise humeur », ce qui aura eu l’avantage qu’elle arrête de me parler pendant une petite heure. Je pense que, quelque part dans mon rêve, j’étais chez moi, dans ma maison, et me retrouver sur un lit au matelas emballé dans du latex où tu transpires comme un bœuf, à la lueur d’un néon jaunasse, ça a dû ne pas me ravir. Après le plateau petit-déj pain cramique raisins-chocolat avec du pain de viande, ça n’a pas arrangé les choses. Pas de chocolat, pas de cramique et surtout pas de pain de viande industriel. Bon, il reste la tisane au tilleul que j’avais précautionneusement mis de côté hier soir. Une chance d’être économe. Mais le sourire de cœur jumeau dès 9 heures du mat, la visite de mes princesses avec Greg, m’ont remis la pendule à l’heure (pas celle du mur, ma balance interne). J’ai terminé la journée de belle humeur. Le médecin est passé. On a identifié la bactérie. Une bactérie qui vit dans le foie, qui s’est échappée et à contaminé le sang et provoqué une grosse infection. Mais, je n’ai plus de fièvre, je me sens bien. Ils cherchent l’antibio ad hoc pour en venir à bout. Mais, pas le dimanche. Car le dimanche, on ne cherche rien, on attend …. Bon, donc, peut-être demain, après avoir cherché (et trouvé j’espère), on m’administrera LA potion magique pendant 24 heures et si c’est OK, prescription de pilules et retour casa. Donc, certainement pas avant mardi après-midi au plus tard. C’est très long quand même. Les journées sont longues et surtout une grosse envie de ne pas faire grand chose. J’ai de la lecture, mais ça me donne la migraine. Juste envie d’attendre. Après tout, c’est un luxe énorme. Je pense à tous ceux qui, demain matin, prendront la route du boulot. Pauvres vieux ! Je vous plains. Ce qui m’a fait un plaisir énorme, ce sont tous les petits messages d’encouragement, les bisous, les attentions, reçus via facebook, via Alain, chanteur de Goldmen, qui m’a adressé un petit message avant la chanson que j’adore « On Ira ». Merci les facebookers. Et pour ceux qui n’ont pas trouvé la seconde pour un « j’aime », un petit mot ou un coup de fil, merci aussi. Au moins, ça a le mérite d’être clair.
Lundi 14 juillet 2014 Allons enfants de la patriiiii-ie, le jour de gloire …. Oups, je me lâche, là ! En principe aujourd’hui, on trouve la bactérie et on lui trouve un chef. Ca, c’est fait. En principe, je sors demain. Ouf. Et le soleil est de la partie. En 3 jours d'hospitalisation, j'en vois des personnages. Autre chose que des vedettes ou des starlettes. La vie, ici est un enjeu, long et lent, qui détruit le corps et parfois l'esprit. Cette merde de morphine circule en poches liquides pour calmer des douleurs. Juste pour avoir droit à un peu de sérénité. Je leur voue mon plus profond respect ! Je me dis que finalement j'ai de la chance. Alors, café mauvais ou super, quelle importance? Mais, je suis morose. De tous les séjours à l’hôpital, celui-ci aura été le plus difficile pour le moral. Je ne sais pas trop pourquoi. Peut-être uniquement me rendre compte que je suis vraiment une malade chronique et ce, à vie. Tu penses que tout va bien, que le plus difficile est derrière toi, et hop…. re-belote. Je suis si fatiguée de tout cela. Ne sachant pas m’endormir, j’ai emmené mon téléphone (qui fait aussi des photos) et j’ai arpenté les couloirs du silence, comme je les ai nommés. Comme ça, juste pour ne pas passer le temps. Ou pas ? Les couloirs vides qui mènent partout et nulle part en même temps, lugubres et longs, dans la pénombre. J’étais inspirée par mon état un peu down du moment. Alors, j’ai photographié des détails, qui auraient pu être pris ici ou ailleurs. Je les ai noircis pour les rendre plus mystérieux. J’aime bien travailler avec un téléphone. C’est intuitif et ça reflète bien le moment présent. Je me rends compte que j’ai vu des choses, jusque là ignorée, alors que j’y suis passée des milliers de fois (ben oui, en 10 ans, ça en fait des balades à travers les couloirs). Mon état d’esprit du moment, l’évacuation des pierres de mon sac, ont donné un shooting improvisé mais rempli de moi, de tout ce que je voudrais faire photographiquement. Je comprends mieux les artistes. Il faut être dans un certain mood pour arriver à sortir ses tripes. Il est presque temps que je comprenne cet élément quasi essentiel à la pratique d’un art. Je sais ce qu’il me reste à faire. Comme quoi, on apprend tous les jours. Mais, après une bonne nuit de sommeil (enfin j’espère), ça ira mieux.
Mardi 15 juillet 2014 Ca y est …. Je sors ! Il était temps, parce que ma patience a atteint ses limites. Mais j’ai eu le temps de penser à beaucoup de choses. Ces derniers temps, je me suis fait un sang d’encre (ou de la mauvaise bile) avec des problèmes qui, au fond, n’étaient ni importants, ni les miens. Je suis une grande sensible. Un ami, à mes yeux, est quelqu’un qui est franc, sincère et attentionné. Il ne me ment pas, il n’essaye pas de m’impressionner, il s’intéresse à mes projets, il sait me dire quand je déconne, il sait me remettre à ma place, c’est juste un ami, quoi. On s’apprécie pour ce que nous sommes. Quelqu’un qui fait partie de la famille que j’ai choisie. C’est aussi une personne pour laquelle je m’inquiète, quand elle ne va pas bien physiquement ou moralement. Une personne qui peut me trouver n’importe quand si elle en a besoin. Une personne à qui je suis prête à donner et partager beaucoup si elle me le demande. Sans rien attendre en retour. Enfin, quand je dis rien, je module. Si je suis dans le besoin, que mon ami le sait, j’espère parfois qu’il puisse prendre quelques secondes de son temps pour m’envoyer un SMS d’encouragement ou me passer un petit coup de fil. Si ce n’est pas à moi, ça pourrait être à cœur jumeau. Ca fait tellement plaisir. C’est parfois juste un « merci ». Quand il ou elle a eu besoin, tu as été là, tu as écouté, tu as pris du temps (d’accord j’en ai plus qu’eux), tu as été là tout simplement. Comme disait un de mes anciens collègues, si les choses vont bien sans le dire, elles vont encore mieux en les disant. Dire aux gens qu’on aime, qu’on les aime, n’est jamais superflu. Après coup, parce qu’il a entendu dire que…, il pense à t’envoyer un message (même pas téléphoner) pour dire combien tu as été important. Mon œil, oui, pour te donner bonne conscience. Le pire est quand tu te rends compte que l’ami t’a menti. Ca veut dire qu’il n’a pas pensé que tu sois suffisamment digne de confiance pour écouter ? Ou quand l’ami te raconte des bobards à tout-va juste parce qu’il pense qu’il faut avoir et être pour représenter quelque chose aux yeux des autres. Et bien non. Je t’aimais tel que tu étais et je vois que tu n’es jamais toi-même, tu es toujours en représentation, tu sais tout sur tout, tu as tout vécu, donc les remarques des autres ne te concernent pas. Alors là, je tourne tout en boule dans ma tête, cette boule descend sur l’estomac et puis se fixe sur la partie sensible du foie. J’ai donc pris la grande décision de quitter le bal des faux-culs. Je suis peut-être trop exigeante. Non, je sais ce que je ne veux plus. Allez trimbaler vos valises remplies d’armures pour chaque occasion, de colifichets de toutes sortes pour paraître, vos maquillages, vos mensonges, votre mythomanie. Moi, j’ai besoin de gens juste simples, vrais et sincères, que j’aime pour ce qu’ils sont et pas pour ce qu’ils représentent et qui m’aiment pour les mêmes raisons. Les autres, bonjour-salut ! J’en ai parfois plein le dos de ma balader avec un bandeau en travers du front, sur lequel il est écrit bonasse en lettres d’or. Je serai bonne avec qui je veux et je me protègerai des autres avec beaucoup de détermination. Par contre, heureuse d’avoir reçu des messages de personnes que je connais à peine et qui ont su trouver les mots justes. « Comment apprendre à dire non pour les nuls » - chapitre 1 !
Mercredi 16 juillet 2014 Bien dormi et levée de très bonne humeur. J’ai évacué beaucoup de choses ces derniers jours. Est-ce des prémices d’un renouveau ? Je n’en sais rien. Je dois bien avouer que ce séjour hospitalesque m’a gonflé un max. J’ai eu beaucoup la rage, l’envie de tout déballer, en tout cas tout ce qui me pesait et je me sens légère et soulagée..
Jeudi 17 juillet 2014 Se lever à 6h30, ouvrir les volets et se retrouver nez à nez avec le cheval et l'âne du voisin qui broutent tranquillement la pelouse, c'était le job de coeur jumeau ce matin. Appeler le voisin, qui réveille la voisine pendant qu'il essaye de maintenir la horde sauvage afin qu'elle ne parte pas galoper sur la route et bouffer le potager du voisin d'en face qui est parti, serein, en vacances.... ça c'est fait aussi. Rabattre les mustangs vers le ranch et se rendre compte qu'un âne, aussi sympa soit-il, reste un entêté qui s'amusait plutôt bien hors de sa prairie... OK. C’est pour commencer la journée en rigolant bien. Il n’y a pas de mal à se faire du bien.
Dimanche 20 juillet 2014 Depuis quelques jours, la canicule est au rendez-vous. Pour ne pas faire mentir l’adage qui prétend qu’on n’est jamais content de ce qu’on a, je confirme que c’est beaucoup trop chaud pour moi. Je me demande comment on peut vivre sous les tropiques à moins d’y être né. Pour moi, la température idéale serait 24 à 25 degrés, une bonne petite pluie la nuit pour bien rafraîchir. Ca ne se commande pas. Je viens de terminer la prise des antibiotiques. Ouf. Avaler 4 cachets format obus tous les jours, c’est difficile à digérer. La chaleur aidant, la tête qui tourne, je me traine d’un carrelage à l’autre. Il a plu pendant la nuit et il fait respirable ce matin. Maintenant, ça va beaucoup mieux. On est bien vivant et, après tout, c’est ce qui compte réellement. Pour la première fois depuis 12 ans, nous ne serons pas aux Francofolies de Spa qui nous ont fait vibrer pendant ces années. J’avoue que ça aurait été trop difficile pour moi de courir d’une scène à l’autre avec le matériel sur le dos et par cette chaleur. Je dois me rendre à l’évidence, quand on dit qu’après la maladie, beaucoup de choses ne seront plus jamais comme avant…. Je confirme ! Moralement, certainement avec une envie d’aller au plus proche des vraies valeurs, mais aussi physiquement. Vous ajoutez l’âge qui ne recule pas, vous avez la recette du sénior. Ha ha ha. Est-ce bien grave ? On fait d’autres choses autrement, ça n’est pas plus mal de découvrir d’autres horizons. Le contact avec nos amis photographes, les rencontres d’ »unefoisparan » de personnes de tous horizons, le service presse, la réception de l’hôtel, les concerts, les bénévoles, l’ambiance des backstages, les médias, les artistes (pas tous…), des tas de moments uniques. Au niveau musical, il est vrai que, pour le moment, même si certains médias se gaussent de la qualité musicale de certains artistes, je trouve, et ça n’est que mon avis tout à fait personnel, qu’il n’y a rien de très original. Voir des jeunes qui se déguisent en musiciens, qui chantent parfois faux en se trémoussant et qui se la pètent lors des interviews, c’est juste devenu insupportable. Alors qu’il y a tant de musiciens talentueux qui donneraient beaucoup pour faire de la vraie scène. Est-ce parce que nous entrons dans une ère du vite fait, pas trop bien fait, du jetable, du provisoire ? Ca frôle parfois le foutage de gueule, tant c’est mauvais. Et, parfois, ça passe même à la radio. N’en déplaise à certains, mais n’est pas Léonard Cohen ou les Beatles qui veut. Je suis certainement ringarde à dire ce genre de chose. A la lecture des quotidiens, je ne serais pas la seule à penser cela. J’ai également regardé un reportage sur un grand festival français. Le constat est le même. A part quelques valeurs sûres et quelques vieux briscards, pas grand chose de neuf sous le soleil. En tant que photographe de scène, je me demande même parfois ce qu’on peut bien shooter lors de certains concerts, tellement les artistes n’y mettent pas beaucoup du leur. C’est triste, c’est lent. Oui, c’est vrai beaucoup de jeunes artistes ont l’air si tristes et jouent de la musique si triste. Ils sont jeunes, beaux et pleins d’avenir et ils sont tristes. Ben dis donc….. alors que tout le monde traite de ce sujet tellement à la mode, je veux parler du bonheur, des méthodes pour l’atteindre, je n’entends que des lamentations. Je ne généralise pas, entendons-nous bien, mais je constate. Alleluiah, alleluiah, …… Et pour ne pas perdre la main, ce soir, petit concert du groupe Goldmen, nos amis français à Nivelles. Et nous n’avons pas été déçus. Une belle ambiance, des musiciens au top et de la bonne humeur (par rapport à ce que j’ai dit plus haut, eux ils sourient), malgré l’orage qui a provoqué une coupure de courant quelques minutes avant le début du concert. Qu’à cela ne tienne, tout le monde s’y est mis et le public n’y a vu que du feu.
Mardi 22 juillet 2014 Le soleil pointe à nouveau son nez après une journée chaude mais maussade hier. Il faut remplir le frigo, afin de combler nos estomacs et pour ce faire, direction le super marché. Il y avait foule. A croire que l’activité principale du jour férié est de vider les frigos. La saison estivale est, en principe, synonyme de beaux fruits d’été, juteux et appétissants. Je dis bien en principe. J’ai d’ailleurs fait remarquer au responsable fruits-légumes que les pêches, abricots et autres nectarines n’étaient pas à leur place dans le rayon en question. En voyant son air étonné qui fixait les cageots pleins à ras bord, je lui ai précisé qu’ils devraient plutôt être au rayon sport près des boules de pétanque. Depuis quand ces fruits d’été ont-ils la consistance d’une pomme Granny Smith (le goût également d’ailleurs). Bien sûr que je sais pourquoi. Cueillis pas mûrs, parcouru des centaines de kilomètres dans un camion réfrigéré, passé du temps dans les frigos et voilà le résultat. Avec notre nouveau voisin, on a décidé de faire du troc. Il m’amène des fruits du jardin, je fais les confitures, je lui en donne un pot. En échange des gaufres liégeoises que j’ai faites hier, j’ai reçu des belles grosses tomates goûteuses. Je pense que je vais m’acheter une belle peau de bête synthétique et sauter à pieds joints dans la pelouse, telle la femme des cavernes. Le troc, ça a du bon quand même. Ca me fait penser que j’ai vu un type dont le tee-shirt arborait la phrase « Demain, c’est loin ». C’est tellement vrai.
Jeudi 24 juillet 2014 C’est le jour hôpital, mais vite fait, très vite fait. Etant donné que les contrôles sont prévus dans 2 semaines, pas de prise de sang, pas de visite médicale, uniquement l’injection. Entrée à 8h15, je ressors soulagée vers 10h30. Belle journée en perspective. J’ai tondu la pelouse, j’adore ça. Vous me prendrez pour une débile, mais j’aime cette heure à arpenter la pelouse en suivant le rasoir, ça me calme. Je regarde la nature, les oiseaux, Nina le poney du voisin, les poules et ça me détend.
Samedi 26 juillet 2014 Hier, j’ai fait très fort. Depuis le temps que Cœur Jumeau me signale que Gaston Lagaffe doit certainement être mon cousin germain, vu le nombre d’étourderies, il avait raison. Prête à enfourner le pain, d’une main décidée et franche, j’empoigne la plaque du four, en oubliant bien sûr qu’elle était dans un four à 240° quelques secondes auparavant. Score : Four 1 – Pepette 0. Didju que ça fait mal. En fait, ça brûle. Le bout de chaque doigt + la paume de la main droite se gonflent de jolies cloques. Et bien voilà, c’est fait. Me remémorant les trucs de grand-mère, je prends une tomate dans le frigo que je broie entre mes mains, ça calme un peu. Puis, je plonge mes mains dans de l’eau froide, ça soulage. Un vieux truc qui marche : je badigeonne mes doigts de blanc d’œuf cru, je laisse sécher et je recommence. J’envoie Jean-Marie chez le pharmacien pour acheter du tulle gras et me voici avec des poupées au bout des doigts. Ca m’apprendra à faire dix choses en même temps sans délicatesse. Mais ce matin, à ma grande surprise, je n’ai plus mal, les cloques ne se formeront pas. Ouf. Mais le pain était bon ! Nous avons décidé, parce qu’on en a besoin après l’hospitalisation, de partir quelques jours à Wissant, notre hâvre de paix. Ca faisait longtemps qu’on n’avait plus pris de vacances en pleine période estivale. Peut-être qu’il fera beau, on verra. Mais l’iode va me faire le plus grand bien. Corvée valise, ça je n’aime pas. Je n’arrive jamais à me décider sur le type de vêtements et, chaque fois, j’emmène beaucoup trop. C’est la voiture qui les porte, alors pas de souci.
Dimanche 27 juillet 2014 Tout est prêt. Cap sur la Côte d’Opale, cette mer que j’aime tant. Je revis dès que je touche le sol de Wissant et ses environs. Je ne me lasse pas de regarder la lumière. Tous mes petits soucis s’envolent. Le parfum d’iode me rend légère. Après l’hospitalisation qui est parvenue à me saper le moral, j’en ai vraiment besoin. Quelques jours à ne rien faire, ne penser à rien, capter quelques photos, c’est aussi simple que cela ! J’ai quand même réussi à me coincer le petit doigt de la main gauche dans la portière de la voiture. Résultat : un joli doigt bleuté. Je ne m’arrête jamais quand je m’y mets avec de la bonne volonté. J’emmène mon slogan, que vous commencez à connaître : take the best, fuck the rest !
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Mise à jour le Samedi, 02 Août 2014 19:00 |