| Tous au "Café du commerce" ? Non, pas cette fois ! Mais où donc alors ? Rendez-vous ce 18 mai à Verviers au café citoyen. Michèle Corin, il y a quelques semaines, la commune vous a déléguée au Centre culturel régional verviétois (CCRV) pour une période de deux ans, afin d’aider son directeur à assurer le déroulement du programme culturel communal et de l’arrondissement de Verviers. Alors, dites-nous, qu’est-ce qu’un café citoyen ? Y discute-t-on autour d’un verre ? - Oui. Le style se veut plus décontracté et, surtout, plus participatif...... |
que dans les conférences-débat. Il s’agit d’échanger ses idées sur un thème de société. Le groupe bénéficie d’une très courte introduction au sujet par un spécialiste, afin de partir d’une base commune ; mais, passée l’intro, tous sont égaux en termes d’accès à la parole. C’est cette formule qui respecte le plus l’expression individuelle de chacun et le dialogue.
Pourquoi vouloir favoriser l'art public et la citoyenneté ? De quoi s’agit-il ?
C’est la Province de Liège qui a lancé le programme « aux arts, etc. » et a proposé aux communes d’y prendre part, en leur offrant la présence d’un artiste qui puisse s’exprimer aux abords de l’hôtel de ville sur le thème de la citoyenneté. L’hôtel de ville est considéré comme le symbole communal par excellence. La commune est le premier lien entre le citoyen et les institutions publiques. Idéalement, le citoyen devrait se considérer ‘chez lui’ dans les services communaux. Ce lien de proximité est cependant parfois distendu, surtout dans des communes d’importance, comme Verviers qui compte quelque 55.000 habitants. Favoriser la citoyenneté consiste donc pour nous à rendre aux administrés un sentiment de familiarité avec les services communaux, et, un cran plus loin encore, à leur faire (re)prendre conscience qu’ils peuvent jouer un rôle actif dans la gestion des affaires communales. Quant à l’art public, il est le support choisi pour véhiculer le sentiment de citoyenneté. L’art public est également méconnu : bien souvent, l’on ne prête pas attention consciente aux espaces publics et à la façon dont ils sont conçus, ni à leurs ornements. 16 communes travaillent avec la province, soit 16 artistes. Verviers reçoit Alain De Clerck, celui-là même qui a installé l’éléphant sur la Place Verte, début mars dernier. Il placera une structure interactive en faveur de la paix au Proche-Orient, visible dès le 8 octobre 2010 aux abords de l’Hôtel de Ville, dans un lieu encore à déterminer vu les travaux en cours !
Quel a été le succès et l’impact de votre premier café citoyen sur la démocratie ? C’est le genre d’activité qui attire un public en nombre modeste. Nous étions une trentaine à réfléchir sur la démocratie, un groupe idéal pour que chacun puisse s’exprimer et que le débat soit réel. Les participants ont vraiment apporté des réflexions intéressantes sur le sujet : la légitimité des partis, les relations des dirigeants avec les médias, les outils de la démocratie participative, l’exercice réel de la démocratie ailleurs que dans la gestion publique (une intervention remarquée portait sur le caractère antidémocratique de la SA, système de gestion de 99% de notre économie), on été discutés, avec le constat que la pauvreté et ses conséquences en terme de formation et d’’information est une entrave à l’exercice démocratique. On transmettra les remarques formulées lors des cafés citoyens aux différents niveaux de pouvoir, on suivra les réactions et il sera rendu compte aux participants et à la population. Personnellement, je conçois les cafés citoyens comme un ferment des choix politique. En l’occurrence, le groupe a posé des diagnostics et donné des pistes d’action, ce qui doit permettre aux élus de mieux travailler.
Voici qu’un deuxième café citoyen s’annonce. Il aura lieu le mardi 18 mai 2010 à 18 heures à l'Espace Blavier, place du marché 9 à Verviers. La séance sera consacrée aux conflits d'idées. Pouvez-vous nous présenter ce sujet, et pourquoi ce choix ? Il y a en tout trois cafés citoyens programmés. Les thèmes ont été choisis au cours d’une discussion préparatoire avec l’invité, Jérôme Jamin. Les cafés citoyens et toutes les activités qui se déroulent dans le cadre du programme provincial « Aux Arts, etc. » sont centrés sur la citoyenneté et l’art public. Ici, nous développons surtout l’aspect citoyen, encore qu’un participant au premier café ait lié les deux thèmes, en posant la question de savoir si une société démocratique pouvait ne pas donner de statut à ses artistes. Les trois cafés provoquent la réflexion autour de la thématique de l’artiste Alain De Clerck avec sa « Porte de la Paix ». Nous généraliserons le propos de la paix entre Israël et la Palestine, en abordant les conflits entre les individus et les peuples.
Le 18 mai, nous aurons de quoi parler : les conflits pour des idées foisonnent. J’en ai inscrit quelques uns pour stimuler le débat sur le blog consacré au programme « Aux Arts, etc. » : conflit droite / gauche, communisme / libéralisme, révolution / réforme, écologisme / productivisme, technophobie / technophilie, ‘religionnisme’ / laïcité, etc. Vu l’actualité, on parlera aussi sans doute du conflit entre régionalisme et nationalisme… Derrière ce deuxième café citoyen se trouve un retour aux fondements de nos divergences, ou peut-être même au fondement (au singulier) de nos divergences.
Les débats s’adressent-ils particulièrement à une tranche d’âge, à des politiques ou à monsieur et madame « Tout le monde » ? Tous sont les bienvenus. Idéalement, le groupe serait composé de personnes représentatives de toutes les composantes sociales, de tous âges, de tous les quartiers de Verviers (puisque l’activité est organisée au niveau local, bien que l’on exclue aucunement les visiteurs). J’ai noté qu’au premier café, nous ne devions guère avoir de moins de vingt-cinq ans. Si je me souviens bien, il y avait six ‘professionnels’ de la politique, ce qui est assez compréhensible, vu le sujet. C’était aussi une bonne chose que les politiciens puissent entendre les remarques des autres participants et dialoguer. L’intérêt dans ces réunions est de permettre une discussion entre des gens qui ne forment pas déjà un groupe ailleurs. En cela, j’espère vivement que la séance du 18 mai 2010 accueillera à nouveau une population complètement hétérogène.
| Ce café citoyen sera animé par Jérôme Jamin, politologue à l'Université de Liège et Aurélie Michel, journaliste à Télévesdre, assurera la modération des débats avec une entrée libre. Il s’agit là d’excellent guide pour ces discussions que vous espérez de haut niveau ? Oui, nous reconduisons le tandem qui s’est formé pour le premier café. Jérôme Jamin est licencié en philosophie, détenteur d’un diplôme d’études approfondies en relations internationales et politique européenne, et docteur en sciences politiques et sociales. Il est l’un des concepteurs de la foire du livre politique de Liège. J’avais rencontré Aurélie Michel lors d’un ‘speed dating’ au musée des beaux-arts de Verviers, qu’elle couvrait pour feu Radiolène ; son professionnalisme et sa perspicacité m’avaient séduite. Elle s’intéresse particulièrement à la culture et a mené nos débats avec une main de fer dans un gant de velours ! Les interventions des participants ont été précieuses, la dernière fois ; le climat était sympathique et l’on avait des choses à dire. J’espère qu’il en sera de même le 18 mai, sachant que de surcroît nous sommes en période électorale |
Tous pourront s'exprimer le plus librement pour autant que l'on soit dans le thème. Vous devez parfois faire face à des débordements ? Justement, quand je parle de la façon de modérer les débats avec une main de fer dans un gant de velours, c’est à cet équilibre subtil entre liberté de parole et respect du groupe et du thème que je fais allusion : le principe du café citoyen est de permettre à tous de donner leur avis sur le sujet du jour ; certains pourraient se trouver en marge du débat ; il importe alors que quelqu’un puisse recentrer la discussion. Il arrive aussi que l’on doive demander à chacun de réduire son intervention afin de donner l’occasion à tous de s’exprimer dans le délai fixé. Enfin, il peut y avoir des réactions très vives aux interventions et il revient là encore au modérateur de gérer ces passages houleux. Nous avons eu lors du premier café un léger désaccord entre intervenants, mais somme toute la salle fut courtoise et constructive. Mon seul regret est de n’avoir pu entendre notre modératrice sur les liens entre pouvoir et presse car elle a respecté son rôle et s’est donc abstenue de faire part de ses opinions personnelles.
Il est très probable que les cafés citoyens auront une suite. Des projets ? L’apport des cafés doit être diffusé, notamment aux autorités locales, régionales, communautaires, voire fédérales et même européennes. Il faudra solliciter activement des réponses aux remarques formulées. C’est tout un travail administratif ingrat mais indispensable. On fera aussi usage des réflexions des cafés citoyens lors d’ateliers d’écriture pour adultes, centrés sur les pistes de solutions aux conflits, ateliers intitulés « tisser des liens », qui auront lieu de juin à août 2010. Une version destinée aux enfants est également insérée dans les stages d’arts scéniques et plastiques de l’académie des beaux-arts et du conservatoire de Verviers du 23 au 27 août 2010. Les résultats des cafés citoyens seront réintroduits dans d’autres actions du programme « Aux Arts, etc. », notamment la journée d’études sur la situation au Proche-Orient. Enfin, une information détaillée va être adressée à la dizaine de partenaires institutionnels du programme « Aux Arts, etc. », dont certains sont encore sur le point de s’impliquer, notamment suite au premier café citoyen.
Merci Michèle Corin pour cet échange très intéressant à poursuivre autour d'un verre lors des cafés citoyens. |