Que s'est-il passé après la révolution française ? |
C'est à partir de 1799, que la révolution industrielle a fait sentir ses effets, puis la mise en oeuvre de grandes innovations techniques chez les industriels et enfin la multiplication d'usines et leur mécanisation croissante |
Ces avancées techniques ont fait que le nombre d'ouvriers s'est lui aussi multiplié mais que, malheureusement, les infrastructures de logement n'ont pas suivi. Des problèmes de logement se font rapidement sentir En effet, à partir de 1810, les familles ouvrières vont s'entasser dans des logis exigus. A cette époque, on comptait 12 personnes par maison en moyenne. C'était souvent 2 familles qui cohabitaient tant bien que mal et qui se partageaient les pièces par un simple trait de craie ! Ce taux d'occupation est le plus élevé de la province de Liège et il est dû au rapide essor de l'industrie lainière qui fournissait du travail mais peu de logement. Les conditions d'hygiène étaient-elles respectées ? En 1843, les conditions d'insalubrité étaient catastrophiques. Les égouts inexistants, seul "le canal des usines", sorte d'égout à ciel ouvert, passait par la ville. Celui-ci conduisait les eaux usées, les immondices et les déjections naturelles mais aussi, par conséquent, les maladies et la pollution. Dans les années 1840, Verviers comptait 25.000 habitants et possédait 10 pompes publiques, souvent polluées par les eaux du canal. Quelle était la réalité quotidienne des ouvriers lainiers à Verviers en 1840 ? Les ouvriers des usines textiles travaillaient 12h/jour, 6 jours sur 7 et les enfants étaient les premières victimes des maladies (le travail de la laine est rude et malsain) mais aussi, victimes d'abus sexuels. L'illettrisme régnait en maître, l'alcoolisme était un fléau (1 café pour 7 maisons) et les ouvriers n'avaient aucun droit syndical. Les ouvriers vont alors se réunir au sein d'un mouvement ouvrier En 1844 c'est, étrangement, l'arrivée des Jésuites à Verviers qui va donner l'impulsion à la création d'un mouvement radical ouvrier, principalement dirigé contre deux grands patrons textiles : Biolley et Simonis. Ce mouvement est mené par un ouvrier : Pierre Fluche. C'est donc le point de départ du syndicalisme verviétois qui verra sa création en 1869. Il faudra attendre 1871 pour voir la première victoire (pacifique) des syndicats qui obtiennent la journée de travail de 10 heures. En 1902, le nombre d'ouvriers syndiqués est de 2.000 sur 20.000 et en 1906, il est de 16.275, c'est-à-dire 82%. Votre salaire vous permet-il de vivre dignement ? Le salaire moyen d'un ouvrier non-qualifié est de 1,20 francs par jour. En supposant qu'on travaille toute l'année sans un seul jour de repos (6 jours sur 7 - il n'est pas question de vacances , ni de longs week-ends-) sans absence pour maladie, sans chômage, on gagne péniblement quelques 430 francs l'an. Il est indispensable que mon épouse fournisse un revenu de complément (le salaire quotidien moyen d'une ouvrière est de 75 centimes) pour arriver aux quelques 700 francs de rentrées annuelles qui est le minimum indispensable pour équilibrer notre budget ouvrier (nourriture, loyer et habits exclusivement) sans se mettre à l'abri de la maladie, de l'accident de travail ou du chômage. Payés 50 centimes par jour et soumis aux mêmes conditions effarantes que nous, nos enfants de moins de 12 ans gagnent par leurs 12 heures de travail, de quoi acheter deux gros pains ou une dizaine de pommes de terre. Monsieur Appert, a visité en 1846, un logement construit par la famille Bioley pour les familles d'ouvriers "La famille Bioley, qui inventerait le bien si l'Evangile ne l'enseignait aux riches, a voulu mettre le comble à sa prévoyante sollicitude, en construisant deux vastes rangées de bâtiments divisés, et formant un grand nombre de petites maisons ayant chacune une chambre, une cuisine, un petit corridor au rez-de-chaussée, une chambre et un grenier au grenier et un joli jardin derrière la maison. J'ai visité un de ces logements où se trouve un ouvrier avec sa femme, ses enfants et sa mère, parfaitement à l'aise, et comme le loyer est de 100 francs par an et que trois personnes et l'aîné des enfants travaillent, on le retient facilement par petites parties sur le gain des journées" Quelles sont vos conditions de travail ? Le conseil central de salubrité publique considère que "les fabriques dans lesquelles on a donné quelque attention aux conditions de salubrité, sont extrêmement rares : presque toutes sont établies dans d'anciens bâtiments qu'on a arrangés tant bien que mal et accommodés comme on a pu à leur nouvelle destination, en tenant compte seulement des besoins de l'industrie et en oubliant complètement qu'il y avait aussi quelque chose à faire dans l'intérêt de la santé des ouvriers". "L'ouvrier est un véritable outil qui s'use ou se rompt, et qu'on remplace par un autre dès qu'il est usé ou rompu. Son sort est subordonné à la prospérité du maître. Qu'importe au maître que l'ouvrier soit propre ou non, qu'il se nourrisse mal ou bien, que son habitation soit saine ou insalubre, qu'il meure un peu plus vite ou un peu plus tard ? Que lui importe tout cela ? Pourvu que l'ouvrier ait les bras forts, les mains agiles, qu'il travaille et qu'il produise beaucoup, y a-t-il d'autres choses qui puisse l'intéresser ?". Transposition pour le Web du travail de Séverine Thonnard La fresque située en bord de Vesdre et longue de 15 mètres, est l'oeuvre de Roland MATERNE 1. Personnages symbolisant les drapiers. 2. Personnages symbolisant la récolte d'urine (nettoyage et trempage), généralement ce personnage passait en ville avec sa petite charrette (souvent tirée par un chien) et récoltant les urines. Celles-ci étaient utilisées pour le trempage de certaines pièces (bâche). 3. Filature de la laine. 4. Opération qui consistait à égaliser la texture de certains draps à l'aide de grands ciseaux. 5. 7. Triage de la laine selon sa qualité et sa propreté. 6. Symbole, tonte de la laine. 8. Machine pour le cardage. 9. Moutons. 10. Navettes. 11. Bobines de tissu. 12. Outils. 13. Globe terrestre, l'activité textile verviétoise était connue dans le monde entier. La laine venait lavée et ensuite elle repartait vers divers pays. 14. Habitations sociales destinées aux ouvriers. 15. Microscope, vérification de la fibre. 16. 17. Machines, cardages. 18. Chardons, servaient à nettoyer la laine de ses impuretés. 19. Ouvrières chargées d'enlever les pailles de chardons restées dans la laine (travail très pénible pour les yeux). 20. Personnage très important, le marchand de ploquettes (négociant qui se promenait avec des échantillons de laine, ceux-ci étaient emballés dans du papier 21.Afin de compenser le travail pénible (19) la tradition voulait que le patron offre une paire de lunettes aux ouvrières d'où la tradition d'offrir des lunettes (gâteau) le jeudi saint. 22. Bobine de laine, couleur différente. 23. Groupe de personnes symbolisant la vérification de la qualité. 24. Les différentes générations sont de près ou de loin concernées par le travail textile à Verviers. 25. La qualité acide de l'eau de la Vesdre a permis l'expansion textile à Verviers (cette eau avait des qualités bien particulières pour le travail de la laine à Verviers). 26. Personnages symbolisant la Bourgeoisie Verviétoise (richesse de la cité lainière). Bibliographie Remarque préliminaire : Les différents livres utilisés se servent de l'enquête de 1843. Les données statistiques de mon travail sont donc tirées essentiellement de ces chiffres. Livres -P.Gazon, Ce qu'il faut savoir de l'histoire de Verviers, Essai de synthèses et textes choisis, Verviers, 1951. -J.Neuville, Histoire du mouvement ouvrier en Belgique ,La condition ouvrière au XIXème siècle, Tome 1 : L'ouvrier objet, Bruxelles, 1976. -J.Neuville, Histoire du mouvement ouvrier en Belgique ,La condition ouvrière au XIXème siècle, Tome 2 : L'ouvrier suspect, Bruxelles, 1977. -F.Joris, Pierre Fluche et le mouvement ouvrier verviétois sous Léopold II, Tubize, 1997. Internet -http://www.bmlisieux.com/litterature/gambier/gambie09.htm -http://www.ornitho.org/lmsi/lmsi34.html Autres sources -Conférence de Mr Freddy Joris le mardi 11 décembre 2001 qui retraça les grandes lignes du mouvements ouvrier verviétois au XIXème siècle. -Visite de l'exposition : "Enfants au travail" à Soumagne le dimanche 25 novembre 2001. -Film "Australia" qui retrace la vie d'un patron lainier à Verviers dans la 2ème moitié du XXème siècle. |