Geron Francis, Spirit of 66
Écrit par Best of Verviers   
Vendredi, 20 Avril 2007 07:32

Francis Geron vous êtes le patron du  Spirit of 66 et de la programmation de Fiestacity.

Qu'est-ce qui vous décide en 1995 à ouvrir le Spirit of 66 à Verviers, Place des Martyr ?

Le Spirit of 66 n'a jamais été mon idée au départ, mais l'idée de mon fils Ronald qui voulait simplement ouvrir un "café" à Verviers où il se passerait plein de choses : un petit concert le vendredi; soirée dansante le samedi, billard pendant la semaine, etc....

 

D'où vient l'idée du nom :"Spirit of 66" ?

l'idée était de faire une déco qui rappelait à la fois les années 60 et la célèbre Route 66

 


 

Verviers est connu dans le monde entier grâce au Spirit. Racontez nous un ou deux exemples extraordinaires.

 

On a déjà vu débarquer rien que pour un concert au Spirit des gens venant de : Amérique du Sud, USA, Québec, Japon, Ukraine, Norvège, Finlande, etc... et tous les mois nous recevons régulièrement des gens de toute la France,l'Allemagne, la Hollande, l'Angleterre, l'Italie, l'Ecosse, (...vive Ryan Air ! )

 


 

Les groupes musicaux les plus renommés se bousculent actuellement pour venir se produire à Verviers. Comment se passe en général leur venue?

Probablement très bien, puisqu'ils reviennent tous, un jour ou l'autre

 

Restent-ils loger ?

Presque tous, oui, mais certains qui doivent faire des déplacements énormes entre chaque date de concert voyagent en bus-couchettes et dorment pendant que le bus roule

 

Demande-t-il pour visiter la ville ?

ils n'ont pas souvent le temps pour ça

 

Un lieu verviétois qui vous tient à coeur et que vous proposez à vos amis visiteurs et pourquoi ?

Pour ce qui concerne les groupes ce n'est pas d'actualité par manque de temps... pour mes amis personnels, c'est une visite globale de la Ville mais surtout une évocation de son glorieux passé "textile" et l'histoire du "Martyr" Chapuis... ça les impressionne toujours...

Par contre pour que les groupes gardent quand même un petit souvenir particulier de Verviers, chaque groupe reçoit un plantureuse Tarte au Riz.... qui est maintenant célèbre dans tout le circuit musical mondial....

il est même déjà arrivé qu'un Bluesman terminant sa tournée chez nous, m'en commande une seconde pour pouvoir l'offrir à son épouse en rentrant aux States

 

Jacques Stotzem pense qu'il serait intéressant et possible de mettre sur pied un festival de guitare à Verviers. Votre avis ?

C'est quand on veut... je suis toujours partant pour ce genre de plan

 

Un souvenir d'enfance lié à un fait, un lieu verviétois ?

Plutôt une ambiance du dimanche soir en Centre-Ville à l'époque de ses 7 cinémas et du CS Verviers en Division I, du journal défilant sur la façade du Printemps, de mon père se faufilant au comptoir du "Bon Faro" pour "son"Scotch avec fromage et céléri"... malheureusement toutes ces choses ont disparu

 

L'événement, le spectacle,... que vous souhaiteriez voir (se produire) à Verviers ?

Faudrait d'abord qu'il y ait un endroit "pour"

 

L'ambiance extraordinaire du Spirit of 66 est connue de tous (Eh què !). Le verviétois est-il chaleureux, un brin latin, fou de musique,... ?

Euuuuh.... les Verviétois sont malheusement très rares au Spirit of 66 !

Cette ambiance spéciale vient peut-être justement de cette diversité du public, de cette convivialité de plusieurs langues qui se cotoient en même temps... parce que finalement le but et la motivation de chaque visiteur du Spirit c'est : LA MUSIQUE .... et tant qu'à faire, que ça se passe le mieux

possible, non ?

Peut-être est ce aussi le résultat d'un esprit que j'ai essayé de créer en intervenant souvent moi-même au micro, en essayant de briser la glace, de rendre les choses sympa, de ne pas se prendre la tête, ...

 

Le groupe qui vous laisse le meilleur souvenir et pourquoi ?

Le meilleur souvenir restera toujours les premier "Sold-Out" de l'histoire du Spirit of 66 : le concert de Paul RODGERS en 1997.... nous avions vendus 350 tickets sans être sûr de pouvoir caser tout le monde... tout c'est très bien passé et ça reste la seule prestation de cette artiste en Belgique à ce jour

 

Vous êtes actuellement l'un de nos meilleurs ambassadeurs pour Verviers. Quel est votre souhait pour notre ville ?

Que le Verviétois soit un peu plus fier de sa Ville

 

Dans l'absolu, quel groupe rêvez-vous de voir un jour au Spirit ?

Les "rêves qui se réalisent" c'est tous les jours au Spirit et depuis

longtemps... jamais je n'aurais imaginé en arriver là

 

Merci beaucoup

c'est un réel plaisir

Merci à vous d'y avoir pensé et de nous soutenir comme vous le faites

Best of Verviers       Mai 2004

 

Voici un second article repris en intégralité et signé Jean-François Hannotte pour le magazine La Quinzaine et Privilège. Il est daté d'avril 2007.

Best of Verviers remercie Jean-François Hannotte et la Quinzaine Magazine de nous faire profiter de cet article.

"Régulièrement dans le Privilège, nous vous présentons un passionné, une personne qui a consacré sa vie en tout ou en partie pour faire vivre une envie, concrétiser un rêve. Ce numéro de printemps 2007 consacre ses lignes à Francis Geron l’homme du « 66 »


Après sa nomination au titre de Verviétois de l’année, après avoir reçu le très convoité « Paris Country Music Bravo 2006» dans la catégorie « Meilleur club européen » (devant le Nashville Club de Barcelone et le Bonanza de Lausanne) et avant l’organisation du festival de guitare dont il est un des organisateurs, il nous a paru intéressant de nous intéresser à Francis Geron.

Si nul n’est prophète en son pays, il est pourtant un gars de chez nous qui est connu de tous les citoyens du bord de Vesdre. Que l’on soit musicien, simplement intéressé à la musique ou peu habitué à fréquenter le « 66 », on ne peut nier que le nom de Geron est connu de tous.

En septembre dernier, Francis Geron était reçu à l’hôtel de ville où les autorités communales le mettaient à l’honneur avec son ami Jacques Stotzem.

Mais qui est donc ce bonhomme dont la stature imposante hante depuis plusieurs années les soirées du centre ville.

The Spirit of Francis Geron

On a l’impression que l’on ne peut écrire sur le Spirit of 66 sans envisager la carrure de Francis Geron. Comme si le lieu et l’homme étaient une seule et même entité. A la réflexion, est-il possible de parler de la Chapelle Sixtine sans évoquer Michel Ange et le Crazy Horse Saloon peut-il être dissocié de Alain Bernardin. (ndlr : remarquez la comparaison osée entre la Sixtine, le Crazy et le Sixty)

C’est un fait, l’ombre et la volonté du patron ont façonné le lieu et aujourd’hui la notoriété de l’un met l’autre sous les feux de la rampe.

 

Mais au fait, Francis, êtes-vous le patron du « Spirit of 66 » ?

Strictement non. Il y a un peu plus  de dix ans, un de mes fils voulait ouvrir un café à Verviers avec une salle de billard, des concerts certains soirs et un dancing.

Il a loué le lieu et c’est lui qui a décoré. Il appréciait à l’époque la déco « années 60 » et collectionnait les plaques émaillées. Son appartement ressemblait d’ailleurs au 66.

J’ai été plus particulièrement chargé d’organiser les concerts. J’ai donc créé une asbl pour s’occuper de cette partie. Pour le reste c’est toujours mon fils qui est responsable de la location du bar et des frais.

 

Comment cela a-t-il débuté ?

Difficilement. Les premières années, j’ai perdu de l’argent. Je pensais et je pense toujours que lorsqu’ une personne a une passion, elle doit accepter de payer pour la faire vivre. Si je pratiquais un  sport automobile, je trouverais normal que cela me coûte de l’argent, donc j’ai accepté d’en mettre de ma poche. Heureusement, je suis un homme d’affaire, je gagne ma vie par ailleurs, cela m’a permis de financer mon rêve.

Je suis un indépendant dans l’âme, je sais comment faire tourner une affaire, j’ai donc réussi petit à petit à équilibrer les comptes.

 

Vos envies musicales ont-elles modelé le programme du 66 ?

Au départ, je n’ai pas de goût particulier pour la musique. J’aime tout avec c’est vrai des coups de cœur. Je voulais proposer des concerts de jazz régulièrement. Hélas, le public de ce type de musique semble attaché à ses habitudes. Après de nombreux concerts qui ont été déficitaires malgré des groupes intéressants, j’ai dû me résoudre à ne plus programmer de jazz.

J’aime aussi beaucoup la salsa. J’imaginais des concerts avec des professeurs de danse qui viendraient apprendre aux spectateurs les pas. Cette formule est aussi difficile à mettre en route.

Perdre de l’argent, je peux l’accepter. Un concert avec peu de public, c’est possible cela arrive encore. Je peux programmer un concert et en assumer les pertes, je ne peux pas programmer un événement que je sais être déficitaire à coup sûr.

 

Pour revenir sur l’aspect financier, vous ne vous enrichissez pas avec votre club ?

Pas du tout. Aujourd’hui, l’association ne perd plus d’argent. Mais pour cela, je suis présent à tous les concerts, ma femme m’aide aux entrées, nous n’engageons pas de personnel.

Croire que le Spirit me rapporte de l’argent est faux, il ne m’en coûte plus.

Pour des raisons d’organisation, il arrive que je doive louer d’autres lieux, (ndlr : Grand Théâtre, salle de Dolhain, salle de l’Ancienne Belgique). Cela n’est pas plus facile car les frais de location augmentent d’autant. Au Spirit, je n’ai pas de location de salle et les frais, je les maîtrise. Louer ailleurs ne me permet pas de proposer le même cachet aux artistes que si c’était chez moi.

 

A propos d’artistes, qui fait la programmation ?

C’est moi. Je reçois tous les jours entre 10 et 20 demandes de concerts. Par courrier par téléphone, mais aussi par l’intermédiaire d’agents. Certaines propositions sont farfelues, d’autres méritent une attention et je négocie alors.

Depuis plusieurs années, je n’ai plus à chercher. On me demande pour organiser un concert. Les artistes viennent à moi et je programme selon mon goût, et les possibilités.

Nous avons beaucoup de chance à Verviers car nous sommes proches de tout. Un groupe peut quitter Londres le matin et jouer le soir chez moi. S’il doit jouer à Dusseldorf ou plus loin, c’est difficile sur un jour,  Verviers peut constituer une étape sur le trajet.

Les agents constituent les tournées de leur artiste en remplissant d’abord des grosses salles mais lorsque des jours sont libres, on produit les artistes dans des salles plus petites, c’est là que l’on me contacte.

D’autres spectacles demandent des petites salles, plus « club ».

Pour le concert d’Arno, les producteurs cherchaient des petites salles pour rôder la tournée qui irait ensuite à Forest puis en France. La taille du Spirit était parfaite. Pour des raisons techniques, la production a souhaité un espace plus grand pour le chanteur mais a limité le nombre de spectateurs. Voilà pourquoi le concert a lieu à Dolhain.

Un autre exemple est celui de « Hooverphonic ». Le groupe souhaite refaire des concerts dans des clubs comme à l’époque de ses débuts quand il s’appelait encore « Hoover ». Là, le Spirit est l’endroit idéal, c’est ainsi que le groupe se produira prochainement à Verviers.

Parfois, la demande est encore différente. Pour Fiesta Cité, je dois m’occuper de la programmation en restant dans une enveloppe fermée. C’est comme si on me confiait les clés d’une Ferrari à la seule condition de ne rien casser. C’est vraiment un bonheur.

 

Votre notoriété actuelle, c’est un plus ou difficile à porter ?

Un plus, c’est évident. Mais les gens oublient que ce n’est pas la fête tous les jours. Il y a encore des concerts qui ne connaissent pas le succès, des groupes qui n’attirent que trop peu de public.

C’est dans ma nature mais je n’aime pas demander de l’aide. Je pense que pour réussir, il faut se retrousser les manches. D’ailleurs, tout le monde peut faire ce que je fais.

D’autres clubs tiennent la distance, certains ferment, je n’ai aucune certitude sur l’avenir, je n’ai aucun plan de carrière.

Je connais la programmation des prochains mois mais cela est limité, je ne sais pas de quoi sera fait le mois de septembre.

Pour le prix du meilleur club européen, je n’ai rien demandé. Des organisateurs de festival à Paris m’ont contacté pour me dire que j’étais sélectionné avec trois autres. Ils me demandaient de passer à Paris, ce que j’ai fait. J’y ai reçu le prix de meilleur club européen. Les autres clubs lauréats sont situés en Espagne et en Suisse.

Pour le festival de guitare, j’ai eu la chance de collaborer avec Jacques Stotzem. A la suite d’une interview, celui-ci avait émis le désir de créer un  festival de guitare à Verviers. C’est vrai que grâce à ses contacts, le festival s’est organisé. Il a connu un beau succès et continue  cette année.

Je pense avoir une bonne part de chance dans les rencontres que je fais.

 

Le public du Spirit, est constitué d’un joli mélange de population. Pourquoi ?

Verviers est au centre de plusieurs pays. La moitié des spectateurs du Spirit ne sont pas francophones. Seule une petite partie vient de Verviers. Pour certains concerts, des gens se déplacent de très loin. J’ai eu des personnes du Japon, des Etats-Unis, régulièrement des pays scandinaves. Certains sont prêts à venir de loin pour voir un artiste qui ne fera que quelques apparitions. Grâce à internet, les infos circulent et comme le « Spirit » a une bonne réputation, des spectateurs viennent de loin.

On dit qu’il y a peu de Verviétois, c’est vrai mais si on compte le pourcentage de la population qui aime tel ou tel type de musique et que l’on applique ce pourcentage à Verviers, le nombre de spectateurs est en proportion.

La mentalité verviétoise est d’ailleurs assez particulière. J’ai mis pas mal de temps à me sentir verviétois. Belge, oui, européen, citoyen du monde mais verviétois …

Verviers a une longue tradition internationale par son passé lainier. C’est peut-être cela qui fait qu’on n’a pas l’impression que à Verviers on a un sentiment d’appartenance comme on le rencontre dans d’autres villes.

 

Et l’avenir ?

Il y a ce projet de salle en Gérardchamps. L’idée est de créer deux salles. Une petite, de la taille du Spirit actuel, à l’identique pour des concerts habituels et une plus grande, mille places, pour des événements qui le demandent. La première salle serait le passage vers la seconde salle ainsi elle servirait pour un petit groupe en première partie ou pour des festivals avec plusieurs artistes en même temps.

Le projet attend le feu vert de la ville. Je ne peux rien dire de plus.

Quitter le centre de la ville se justifie aussi par des projets de piétonnier sur la place du martyr. Si c’était vrai où iraient les camions de matériel et les bus des artistes ?

 

Et comment va la musique ?

Je ne savais pas il y a dix ans qu’il y avait autant de groupes qui faisaient la route en vivant plus ou moins de leur musique. C’est étonnant. Chez les jeunes, il y a des talents, il y en a toujours eu. Ce qui est un peu dommage, c’est qu’il est difficile de percer aussi rapidement. La musique est très segmentée. Elle s’inscrit dans un genre, où les consommateurs ont leurs radios, leurs magazines, leurs festivals. Il y a moins de brassage.

Merci

 

L’heure d’interview est passée, Francis Geron doit nous quitter, un autre journaliste  l’attend et puis ce soir il y a un concert. Madame Geron est passée plus tôt pour réserver quelques places avec des cônes sur la place du martyr.

Francis va aller accueillir les artistes, régler le son pour le soir, assister à la répétition et vérifier que tout est en place. C’est encore lui qui fera la fermeture et demain une autre rencontre avec des artistes, un autre public et une autre soirée. Il en est ainsi 24 fois par mois.

Il lui reste encore à aller chercher la tarte au riz qu’il offre aux musiciens qui passent par le Spirit. Tradition oblige celui qui vient chez Geron se doit de la découvrir.

Comme disait Philippe Chatel à la fin de sa comédie musicale « Emilie Jolie » : « Laisse le rêve dévorer ta vie avant que la vie ne dévore ton rêve ». Espérons que Francis Geron continue à vivre le sien des années encore pour notre plus grand bonheur.

 

 

                                                                 « Road 66 »

Le club de Francis Geron et de son fils fait clairement référence à la mythique Road 66. Cette route déroule son bitume aux Etats-Unis. Elle est mondialement connue.

A l’origine, cette route rejoint Chicago à Los Angeles. Longue de 2448 miles (environ 4400 km), elle traverse 8 états (Illinois, Missouri, Kansas, Oklahoma, Texas, Nouveau-Mexique, Arizona et Californie). Cette voie de jonction intercontinentale fut la première route goudronnée de cette importance (goudronnée sur sa totalité en 1937).

Les Américains l’appellent d’ailleurs « Mother Road » ou « Main street USA ».

Son itinéraire original a été fixé en 1926. Durant l’après-guerre, cette route est un itinéraire majeur pour le développement de certaines villes ou régions.

Des motels, cafés ou stations-services se développent par centaines.

Par la suite, avec le développement des autoroutes, la route perd son attrait. D’ailleurs des tronçons de route sont utilisés dans le tracé de la « highway ». Les parties ainsi déconnectées sont abandonnées et on voit apparaître des villes fantômes, des établissements oubliés, figés dans leur inutilité.

Cette conséquence augmente l’attrait de la route 66 pour les nostalgiques et ancre le mythe dans le cœur de nombreux utilisateurs.

Localement, la route existe encore, sert à relier des villages ou de petites villes mais la densité du  trafic est fondamentalement différente.

Depuis 1985, elle n’existe officiellement plus.

Des mouvements de préservation existent pour lui donner un caractère touristique et ainsi la maintenir du moins partiellement effective. Des panneaux la nomment d’ailleurs comme « Historic Route 66 ». Elle reste présente dans l’imaginaire et acquiert une existence historique.

La « Route 66 » a été une source d’inspiration pour le cinéma. Récemment, le film « Cars » de John Lasseter, produit par les studios Disney Pixar place l’aventure sur une portion perdue de cette route.

La chanson aussi utilisera les images des lieux traversés. Le titre « Route 66 » est une chanson célèbre, interprétée d'abord par Bobby Troup puis repris par plusieurs groupes dont les Rolling Stones, Chuck Berry ou Depeche Mode. "

JF Hannotte

Mise à jour le Mardi, 25 Août 2009 22:25