Rencontre et émotions avec Geneviève Voisin
Écrit par Best of Verviers   
Samedi, 24 Septembre 2011 07:06

Geneviève Voisin sera à Verviers à l'Espace Duesberg le 8 octobre prochain à 20H. Geneviève, bonjour !

"Amour et Grivoiseries" d'Avignon aux Francos et passant par une foule de salles, nous imaginons que ça vous laisse de très nombreux souvenirs ?

Il est vrai qu'avec le cabaret, nous aurons eu la chance découvrir du pays ! Plus d'une centaine de dates à présent avec l'équipe nous auront laissé une foule de souvenirs de toutes sortes. Les lieux que nous visitons nous marquent chacun pour des raisons différentes.

Le plus souvent, je suis touchée par la qualité de l'accueil des professionnels qui nous programment. Il faut dire que l'accueil des centres culturels belges est particulièrement convivial, simple et généreux.

 

Parfois, c'est le souvenir gourmand du repas préparé à notre attention que nous nous remémorons longtemps après. Je pense particulièrement au somptueux souper servi sous cloche au coin du feu, dans le restaurant du château du Pont d'Oye où nous avions joué pour le centre culturel d'Habay.
Un tout autre souvenir, à Rémicourt, nous avons eu la chance exceptionnelle d'avoir une spectatrice de 99 ans dans la salle!!! Elle est repartie ravie et en plein forme, avec son 3ème mari... un jeune homme de 80 ans ! ça rassure, n'est-ce pas ?


Du festival de théâtre de Spa, je retiens l'entente et l'humour des techniciens, ainsi que le charme voluptueux du Magic Mirror dans lequel nous avons joué.

Des francos de Spa, c'est le commentaire d'un trentenaire qui m'a confié : « Normalement, je n'écoute que du hard rock et du punk, mais ma femme voulait absolument que je l'accompagne. Je voulais vous dire que .... j'ai vraiment passé une très belle soirée ! ».


Avignon, été 2010, je repense surtout à la chaleur écrasante et aux rencontres éphémères mais très agréables et enrichissantes que l'on peut faire avec d'autres troupes de théâtre.... l'ambiance est très particulière en effet : on s'offre des places gratuites les uns les autres pour découvrir nos spectacles, ou bien on les échange, on y découvre en peu de temps beaucoup d'autres fonctionnements, d'autres goûts artistiques, de nouvelles manières d'organiser la diffusion ou la gestion d'une équipe. Professionnellement, cela m'a fait beaucoup avancer ! Cependant, jouer 23 jours sur 24 en distribuant des tracts le matin et le soir, le tout sous 40 degrés.... je ne le referai pas chaque année...
 
En fait, je pourrais parler des tournées pendant des heures !
Chaque nouvelle salle, chaque équipe, chaque public est une surprise en quelque sorte. Parfois merveilleuse, parfois un peu plus difficile. D'une manière générale, ce métier me fait côtoyer de très belles personnes, qui croient en la culture. Le tutoiement est de mise, tous âges et fonctions confondus, les repas se prennent souvent tous ensemble, pas de codes vestimentaires, .... ça me convient fort bien (sourire).

Je terminerai en parlant de mes coéquipiers de tournée... Philippe Libois, mon partenaire pianiste et Serge Bodart, notre régisseur ! Mon bonheur de ce métier repose aussi, en grande partie, sur notre complicité. Je suis consciente d'avoir beaucoup de chance !

 

- Un moment particulièrement fort ?
 
Au théâtre des 4 mains, chez Marie-Odile et Benoit. Le public était tellement proche et chaleureux ce soir là, que je me sentais littéralement portée par leur écoute et leur enthousiasme... je n'avais plus qu'à me laisser faire : le jeu théâtral, les mots, les humeurs coulaient au dehors de moi sans effort, comme sans volonté de ma part… avec une évidence et une fluidité légère, pleine et entière. Au théâtre, on appelle cela un « moment de grâce ». On pourrait le traduire par ces mots : « je ne joue plus la pièce, c'est elle qui me joue ». C'est rare et délicieux !

 

 

- Le spectacle est-il resté le même depuis les débuts ?
 

Photo Pivi

Heureusement pour nous, il évolue ! Il faut pour cela ne pas s'installer dans l'acquis et rester sur le qui-vive en jouant. Parfois de nouvelles idées nous viennent d'improvisations ,ou de discussions informelles, mais aussi souvent de contraintes ou d'imprévus qu'il faut gérer !

Par exemple, lors de notre dernière représentation, nous avons trouvé une nouvelle idée de mise en scène . Bien sûr, il s'agit d'un détail, mais une mise en scène n’est finalement qu'une somme de détails. Je garderai précieusement cette trouvaille pour les prochaines représentations.


Pour les curieux ou ceux qui connaissent le cabaret, je m'explique : ce sera Philippe qui répondra dorénavant : « Qu'est-ce que ça peut faire ? » lorsque, au dernier couplet de « la scarlatine » je l'accule en chef d'orchestre furieux, de « jouer Sambre-et-Meuse (musique militaire ) alors que nous jouons Tannhäuser (l'opéra de Wagner) ». Or l'idée est née grâce à la contrainte posée par le remplacement de mon micro sans fil par un micro à fil.

Mon micro s'est décroché et j'ai poursuivi le spectacle avec le micro du pianiste. Je me suis donc retrouvée près de lui au moment de cette chanson et je lui ai tendu le micro pour le faire chanter lui -même cette réplique. Heureusement qu'il a le sens de l'improvisation et à compris mon geste, lorsque je lui ai tendu alors que rien n'avait été décidé auparavant. Jusqu'ici, je faisais la question et la réponse, alors que je montrais Philippe du doigt.

En fait, c'est bien plus drôle maintenant quand c'est lui qui répond, avec un accent liégeois en prime. À ce propos,  il faut dire que son personnage « impassible », comme l'annonce la présentation du spectacle, est irrésistible dans son genre.
Ainsi, même si la mise en scène était déjà précisément tracée dans ses grandes lignes à sa création, le spectacle s'est enrichi d'une foule de ces petits détails glanés au fil du temps.

 

 

- Et vous, avez-vous changé ?

Je peux garder la même réponse que plus haut, en changeant juste le sujet : Heureusement pour moi, j'évolue !
Plus précisément, mes centres d'intérêt évoluent.


À l'époque où j'ai conçu le cabaret « Amour et Grivoiseries », j'étais préoccupée  par la question de l'Erotisme dans son sens noble et la libre circulation – ou non - de cette énergie fondamentale. Le théâtre n'étant qu'un prétexte, un outil pour traiter un sujet, j'ai voulu créer alors une forme de micro-résistance face aux tabous, à la gêne ou la culpabilité que nous trainons encore, 2000 ans après la naissance du christianisme.

Je n'ai rien contre le Christ, au contraire. Mais je pense que la religion catholique s'est érigée sur de mauvaises valeurs, haïssant la chair et la femme et allant jusqu'à juger la luxure comme un pêché, une offense ultime faite au Dieu tout-puissant (avec, en guise de punition, de se voir griller les fesses en enfer jusqu'à la nuit des temps, horrible perspective s'il en est !). Que de temps perdu (sourire).

Plus sérieusement, je suis convaincue que l'accès au bonheur, au bien-être de l'individu et de la société, ne passe pas uniquement par la satisfaction de nos besoins fondamentaux (sécurité matérielle et affective). L'acceptation, l'accueil respectueux et entier de notre besoin de plaisir et de désir sont tout autant constitutifs du bonheur.

Je pense que le bonheur est un droit fondamental, qu'il est même la finalité de l'existence. Dans un monde idéal, nous devrions tous œuvrer au « plus grand bonheur du plus grand nombre » (formule de Joseph Priestley, théologien et philosophe anglais du 18ème siècle). Bien sûr, je n'ai pas inventé ou découvert l'importance de la sphère sexuelle dans son sens large. On peut citer Wilhelm Reich pour qui la révolution sociale passe aussi par une révolution de la sphère de l'intime, de notre rapport au corps et au plaisir, en bref, par une révolution sexuelle. Plus connu est l'exemple de Freud pour qui le terme Libido  ne recouvre pas uniquement le désir sexuel, génital. Ce mot embrasse également le Désir en général, au sens large de pulsion de vie. Au niveau des avancées scientifiques sur le rôle des hormones, on constate que la même hormone est responsable du désir sexuel et du désir... d'aller au cinéma, de réaliser des projets, des voyages... Les notions de désir et de plaisir sont intimement liées. Je suis soulagée de voir qu'à l’heure actuelle on remet en question le PBI comme unité de mesure du bonheur d'un peuple et  que refassent surface des notions de droit au plaisir et à l'épanouissement dans toutes les sphères de la vie intime et professionnelle.
Mais je m'égare. (sourire)

 

Pour en revenir à la question initiale ; oui, mes chevaux de bataille changent. Sans rien renier des précédents sujets traités dans mes pièces, je constate qu'une fois la parole délivrée, un apaisement s'opère et que l'on peut passer à autre chose.
Actuellement, mes préoccupations sont plus la ré-appropriation de la question politique et de notre pouvoir d'action pour changer le monde tel que nous le rêverions. Il y a peu, j'ai découvert « La désobéissance civile », le petit livre d'Henri Thoreau, écrit en 1845 en Amérique en pleine période de lutte pour l'abolition de l'esclavage et de la guerre au Mexique. Ce bouquin a agi comme un électro-choc, un réveil puissant. La prise de position radicale que prend Thoreau dans ce bouquin, La Boétie la résume ainsi : « Soyez résolus de ne plus servir et vous voilà libres » (Discours de la servitude volontaire – écrit alors qu'il avait à peine 18 ans !).


Nous sommes nombreux à critiquer les systèmes politique et économique qui régissent notre vie ainsi que celle d'une écrasante majorité d'individus exploités, dominés, affamés partout dans le monde. Nous, pays riches, sommes en grande partie responsables des guerres et famines du Sud, de la menace écologique. Je ne vais pas m'étendre sur les multiples sujets d'indignation que chacun peut ressentir, à juste titre, au fond de lui. Face aux injustices et aux barbaries commises dans le monde, force est de constater qu'on est souvent atrocement loin, dans la réalité, du souci du plus grand bonheur pour le plus grand nombre. Ce livre m'a redonné les clés pour passer de la plainte à l'action. Il m'a  permis de retisser le lien perdu avec la question politique ... perdu car notre système politique, économique et social me semblait tellement complexe dans son organisation et ses enjeux et la question de la démocratie mondiale tellement gigantesque en terme de chemin à parcourir, que je me sentais découragée avant même d'avoir essayé de changer quoi que ce soit.

La pensée d'H. Thoreau nous rappelle simplement que si nous ne sommes pas d'accord avec le système en place (censé nous représenter), il est normal et sain de le contester activement. Dans le cas inverse, Thoreau considère que nous participons à ce que nous critiquons, que notre silence est adhésion et que c'est notre soumission passive qui permet la toute-puissance de ce que nous critiquons. Il invite le lecteur à mettre un terme radical à cette adhésion. Le gouvernement (ou un autre individu) n'a de pouvoir sur nous que ce que nous lui permettons d'avoir : pas d'oppresseur sans opprimé.

 

Au vu de tout cela, vous aurez bien compris le sujet des prochaines créations (sourire). Bien sûr, ces beaux idéaux doivent s'incarner avant tout dans le réel (le mien en tout cas) et le théâtre n'a jamais changé le monde à lui tout seul. Du moins participe-t-il à changer les mentalités des hommes et des femmes qui changeront, peut-être, le monde !

 

 
- Qu'est-ce qui vous frappe le plus, vous qui avez côtoyé tant de publics différents ?

La relation avec le public est un peu comme une rencontre amoureuse.

Je ne m'étonne pas que Barbara puisse déclarer aux spectateurs : « Ma plus belle histoire d'amour, c'est vous ! »

 

Une représentation, c'est avant tout une rencontre, un échange, une symbiose avec le public. 


Et cette symbiose n'est jamais acquise, elle doit toujours se re-créer. Je ne joue pas seule face au public. Je joue pour et avec le public. Nous échangeons des émotions, des humeurs, de la sympathie. Je donne par les chansons et l'énergie que je mets dans l'interprétation, le public me donne par son rire ou tout simplement son écoute. Lorsque le spectateur est réceptif et concentré, il porte véritablement le comédien. Comme mon personnage de clown dit à un spectateur dans le premier spectacle de la Cie (« Contre-naissance d'un clown ») : « l'impact de votre pensée est aussi réel qu'un poing dans la gueule ou qu'un bisou dans le cou ». Et ça marche dans les deux sens, bien sûr !

Comme je disais il y a un moment, chaque représentation est une nouvelle rencontre, ce n'est jamais « gagné » comme on dit, le lien avec le public doit être tissé pour que la magie du théâtre puisse opérer. Même si parfois je suis moins en forme, je pense que je ne pourrai jamais me lasser de jouer. Ou peut-être si je jouais la même pièce devant le même public une centaine de fois... mais ça arrive rarement !

À ce sujet, j'aime particulièrement jouer en Belgique et tout spécialement en province ! Le public y semble plus curieux et partant pour l'aventure. Il est aussi amusant de constater, à travers le cabaret « Amour et Grivoiseries » par exemple, les différences entre les manières de réagir du public, d'un lieu à l'autre. La Belgique francophone est constituée d'une foule de cultures singulières et spécifiques... elle n'est pas une mais multiple. Les carolos, les gaumais, les ardennais, les liégeois, les namurois, les bruxellois ne réagissent pas nécessairement de la même manière. Il existe de nombreux dialectes et des mentalités typées par région. J'ai découvert plus intimement notre Belgique francophone grâce au cabaret et je l'adore plus encore. J'aimerais rencontrer également des publics néerlandophones ou anglophones, mais ce sera pour un prochain spectacle plus facile à traduire !


Et puis, bien sûr, jouer à Verviers est très particulier pour moi ! C'est comme être en famille, à la maison. J'aime beaucoup cette sensation. De manière plus générale, je trouve que le public de la province de Liège est vraiment le plus chaleureux (mais suis-je vraiment objective?).



 
- Pour votre prochain spectacle à Verviers, qu'allez-vous nous partager ?
 
« Le monde de Luce et ses Extases » a été créé en février dernier à Bruxelles. C'est donc un tout jeune spectacle. Il ne s'agit pas d'un cabaret chanté, même si ceux qui connaissent mon univers à travers « Amour et Grivoiseries » y retrouvent des influences, la patte  de la Cie Ah mon Amour. Cette création fut pour moi une somme importante d'expériences, nouvelles pour la plupart. Pour la première fois, j'ai fait appel à un auteur, un compositeur et des danseuses. C'est aussi ma première mise en scène !
Cette pièce traite de l'extase, des différents chemins pour y parvenir et de l'état d'abandon de soi nécessaire à l'expérience extatique.
Le mot Extase  peut sembler pompeux ou obscur ou simplement être relié uniquement à la sphère mystique ou sexuelle. En voici une définition, tirée du dictionnaire :

Extase (du latin ex- = en dehors, et stare = se tenir : être en dehors de soi-même) est un état assez rare où l'individu, tout en étant conscient et capable de mémorisation, n'a plus aucune perception de lui-même, tout entier absorbé par un ailleurs (autre, image, fantasme, divinité, etc.).

À travers cette pièce, j'ai voulu remettre en cause notre manière de voir, de juger et de cloisonner certaines expériences et leurs contextes associés. J'ai voulu décloisonner un instant ce qui touche à la Nature, à l'Erotisme, à la Mystique et à la Vieillesse. On  place rarement sur un pied d'égalité le bordel et le carmel par exemple, la chair et l'esprit. Pour illustrer ce propos, j'ai choisi le prétexte d'une fable ingénue qui déroule, en 4 tableaux, la vie de Luce. Luce a ceci de particulier qu'elle ne possède aucune notion de Bien ou de Mal. Elle est, non pas immorale, mais a-morale. La morale étant une des racines du jugement, son absence de morale lui permet de s'ouvrir pleinement aux expériences que la vie lui propose et ainsi découvre partout le plaisir. Bien sûr, Luce est un personnage allégorique. Elle représente notre capacité d'ouverture et d'abandon. Elle permet de questionner : comment la notion de Bien et Mal influe-t-elle sur ma manière de vivre ? De quoi me préserve-t-elle ou au contraire, de quoi me prive-t-elle ?

Dans cette pièce, Luce atteint donc le même état d'extase dans ces quatre contextes à priori opposés (face à la nature, dans l'enfance, puis face à Dieu, au carmel, puis face à un homme, au bordel et enfin face à la mort, dans la vieillesse). Ces contextes ne sont pas des finalités à mes yeux mais des moyens possibles vers une forme de bonheur..... enfin, peut-être en dis-je déjà trop. Il vaut mieux ne pas trop livrer des intentions de l'auteur, afin que le spectateur puisse se faire sa propre idée et tirer ses propres conclusions. Quand une pièce est créée, de toute façon, elle nous échappe. Le spectateur en fera ce qu'il veut et c'est très bien ainsi. Sinon, ce serait de la dictature intellectuelle (sourire). Pour en revenir au « Monde de Luce et ses extases », je peux quand même ajouter qu'il y a d'autres personnages qui habitent cette fable ; Une accordéoniste ayant le rôle d'une narratrice enjouée et malicieuse, déroule l'histoire en la ponctuant des superbes compositions de Pirly Zustrassen. Trois danseuses-comédiennes participent à donner le contre-point de l'attitude d'abandon et d'ouverture de Luce. Elles représentent ce qui nous empêche de nous abandonner pleinement (le jugement, l'égo, la peur, la volonté, l'avidité, ...). Elles donnent aussi  corps aux différents tableaux. À souligner également, le très beau décor de Sarah de Battice qui participe énormément à la magie. Mais, chûûût, venez donc voir !

Au niveau pratique, nous jouons à l'Espace Duesberg le 8 octobre prochain à 20H. Toutes les informations se trouvent sur le site du centre culturel de Verviers : www.ccrv.be  ou sur le nôtre
 : www.cie-ahmonamour.com
 

Lors de Verviers ville des mots 

- Vos coups de coeur dans spectacle « Le Monde de Luce et ses Extases » ?

La mise en scène  et la direction d'acteur!
Puisqu'il s'agit là d'une première expérience, j'ai, en quelques sortes, découvert ma personnalité de metteur en scène au fur et à mesure de l'élaboration de la pièce. Mes impressions et intuitions ont pris vie, se sont transformées en images réelles, en rythmes concrets. Et le réel est finalement plus riche que l'imaginaire. Chaque interprète participe, par sa personnalité et ses propositions, au rêve initial du metteur en scène. Le résultat final n'est jamais celui qu'on attendait ! Et c'est tant mieux  ! J'ai adoré également ce qu'on appelle la direction d'acteur  et qui concerne plus précisément le travail d'interprétation, réalisé avec les danseuses et la comédienne musicienne! J'ai eu l'impression d'être sculpteuse (« celle qui travaille la matière pour créer une œuvre d'art à trois dimensions »), de voir naître cette pièce sur le plateau à force d'un travail lent, patient, fouillé et attentif. Toujours surprenant.

La deuxième chose qui m'a marquée, c'est l'expérience humaine. Tout d'abord, au théâtre, l'interprète est son propre outil, ce qui est spécifique à notre profession. L'artiste interprète offre son corps, sa voix, son cœur au rôle qu'il joue.
Il est par nature généreux et expose, avec ses limites, ses zones de fragilité et ses envies aussi. Il se met au service d'un texte et du fantasme d'un metteur en scène sur ce texte. Ça ne paraît peut-être rien, mais c'est courageux et difficile parfois.
Travailler une pièce de théâtre avec des interprètes demande dès lors de grandes qualités d'écoute, un discours et des idées claires sur le propos et les directions de mise en scène. J'ai beaucoup appris à ce sujet...  en faisant beaucoup d'erreurs, comme c'est souvent le cas
Ensuite le théâtre est un véritable travail d'équipe ; il y a l'assistante à la mise en scène, le compositeur (Pirly Zurstrassen, enfant de la région), le créateur-lumière, la scénographe, l'écrivain, le comptable, .... le théâtre est en fait une somme incroyable de métiers différents.

Je suis extrêmement reconnaissante vis-à-vis de toutes les belles énergies qui se sont réunies pour permettre l’aboutissement de ce projet ambitieux (pour notre petite compagnie). Il faut savoir que les conditions financières sont la plupart du temps médiocres et que les artistes, malgré tout, donnent beaucoup d'eux-mêmes. Heureusement que la passion et la  conviction par rapport à l'importance de l'art et de la culture dans une société démocratique nous animent profondément (sourire).


 
 Des  projets ?
Les artistes traitent souvent d'un sujet au moment où ils sont eux-mêmes le plus touchés, bouleversés et mus par lui.
Je l'ai déjà évoqué, mon moyen d'action pour une transformation sociale étant le Théâtre, le prochain cabaret traitera du sujet qui me préoccupe aujourd'hui. Il s'agit donc d' « Amour et Mutineries »... même si le titre reste provisoire, le spectacle prend forme doucement... Comme le désir d'un enfant prend forme dans nos imaginaires bien avant de le « porter »  (sourire), puis de le regarder naître.

Avec l'écrivain du monde de Luce, Fransua de Brussel, nous avons un deuxième projet. Nous nous sommes rencontrés au conservatoire de Verviers lorsque nous avons commencé l'art dramatique à 14 ans. Il est avant tout un grand ami. Ce projet-ci est beaucoup plus festif. Nous sommes en répétition pour former un groupe de musique : Venusberg. Pour se définir, les mots clés sont world – cabaret et électro.  En fait, je suis excitée comme une gosse par cette toute nouvelle expérience. J'ai envie de chanter plus encore que dans le cabaret et j'adore les nouveaux défis, les découvertes et les explorations, si elles mènent au plaisir et à l'épanouissement, bien sûr !

Fransua y écrit les textes (principalement en anglais) et j'y chante. C'est également pour moi une première expérience de composition dans un cadre professionnel. Heureusement, je suis accompagnée et guidée par Brian Flynn, co-compositeur et arrangeur des morceaux de notre collection de joyeux fous ! Les musiciens et toute l'équipe ont tous une personnalité forte et contribuent à la singularité du groupe qui se forme... mais nous viendrons – je l'espère - d'ici le printemps, voire l'été, dans la région vous faire découvrir tout cela !


Je vous remercie pour vos questions et longue vie à votre site ! Qu'il permette longtemps, à Verviers, de dévoiler un peu les cœurs et âmes de ses habitants et de partager leurs passions.

 

Merci à vous Geneviève pour cet échange passionnant et succès.

 

 

Mise à jour le Samedi, 24 Septembre 2011 08:03