De la flèche au pinceau
Écrit par Edmée De Xhavée   
Dimanche, 30 Mai 2010 14:13

New York:

Il fut le premier Apache Chiricahua de Warm Spring né libre après la « reddition » de Geronimo.

Allan Haozous, né en 1914 près de Fort Sill, le camp militaire où la tribu était détenue depuis 1886 et où son arrière grand oncle Géronimo était mort  5 ans plus tôt.

Son père, Sam Haozous avait été le traducteur du vieux grand chef à Fort Sill. On n’était pas loin des dernières batailles, on les racontait encore dans la nostalgie qu’engendrent la captivité et l’alcool. Le grand-père de Sam Haozous n’était autre que le valeureux Mangas Coloradas. Et lui, Sam, emprisonné comme les autres à Fort Hill, y devint un fermier. Il y épousa Blossom, une jeune et jolie métisse avec laquelle il eut quatre enfants, dont Allan. Ils cultivaient du coton et élevaient des chevaux. Blossom jouait de la flûte, et transporta tous ses enfants dans le porte-bébé de peau et bois sur le dos, travaillant avec énergie dans cette nouvelle ère de liberté.

Et Allan, né libre, avait un esprit libre aussi. Et peut-être sentait-il l’esprit apache s’enfuir de leurs vies. De guerriers on en avait fait des fermiers, des chrétiens, des monogames, des alcooliques. Des indiens déguisés en blancs. Un peuple dont on démonisait le passé.

 

Il s’enfuyait dans les livres et les bandes dessinées, absolument captivé par les images. Créer, libérer ce grand cri de joie d’être indien, d’être Apache … cette urgence vibrait en lui avec une joie tranquille. Blossom ne savait trop comment faire de cet enfant un futur fermier. Il rêvassait, dessinait, et elle avait dû sévir le jour où il avait pris une précieuse barre de savon pour y sculpter un animal endormi.

 

À l’école, on lui changea son nom: Haouzous devint Houser. Pour, comme toujours, aider l’occupant dans sa prononciation et orthographe.

 

En 1934 il partit à Santa Fe vers son avenir : une école de peinture. Où il fut le meilleur élève. Puis la guerre l’emmena en Europe, où il en profita pour visiter des musées et expositions. Allan Houser est un tout grand artiste apache, la fierté de son peuple et des Américains. Il a des œuvres un peu partout, dont un splendide mural à la National Portrait Galery de Washington, le centre Pompidou, le United States Building de New York City. Et cette merveilleuse statue au Musée de Montclair, New Jersey, que je montre à tous mes visiteurs.

 

 

 

 

 

 

Allan Houser s’en est allé revoir Mangas Coloradas et Geronimo dans un pays de paix en août 1994. Son fils est aussi un sculpteur de renom, et a repris son nom de Haozous.

 

 

Ceci est la tombe de Geronimo, où pourtant on n’est pas certains qu’il soit en entier : la stupide société secrète Skulls and Bones, dont faisait partie George Bush père, en aurait volé le crâne et s’en serait vantée. Le scandale est encore vif et le mystère complet.

 

 

 

Voici le cimetière des prisonnier apaches à Fort Sill, Oklahoma.

Mise à jour le Jeudi, 03 Juin 2010 11:38