Le travail, c'est la santé
Écrit par Edmée De Xhavée   
Mardi, 12 Mai 2009 20:31

 

New York :

C’est doublement vrai ici, où le système d’assurance médicale est aussi rassurant que ne devait l’être la guillotine pour celui qui la nettoyait. Le bon employeur allèche les candidats en mentionnant dans son annonce qu’il offre des « benefits ». Il faut comprendre : droit aux congés payés (simple pécule) et à des jours de maladie qui seront payés également. Et, la cerise sur le gâteau, ce qui rend l’employé soumis et reconnaissant, une contribution à un plan d’assurance médicale – souvent divisé en deux : médecins et soins dentaires.

Aucune loi n’oblige l’employeur à « offrir » ces merveilles si banales chez nous.

Il y a de bons plans, de moins bons, et de très mauvais, et l’employé n’a pas son mot à dire. Il peut y participer seul ou y inclure – pour un supplément de prime naturellement – sa famille proche. Chaque mois il paye sa cotisation, et aura la plupart de ses soins médicaux à un prix fixe ($25 ou $30 en moyenne) pour toute la durée de son plan. S’il perd son emploi, il a la possibilité de continuer à couvrir sa santé et celle de sa petite tribu par une assurance personnelle, avec l’aide – non obligatoire ! – de son ancien employeur, grâce à un plan nommé avec justesse : COBRA (Consolidated Omnibus Budget Reconciliation Act). Boa constrictor conviendrait très bien aussi, car le prix en est si exorbitant qu’il faut littéralement se serrer la ceinture jusqu’à l’apoplexie pour y arriver. Il varie en fonction de plusieurs choses, mais se situe aux environs de $800/mois minimum, et ce pendant 18 mois, après quoi le prix redevient « normal » et la pendaison semble un moyen plus rapide d’arriver au résultat final.

Car, en étant au chômage, comment peut-on trouver cette somme ? On pourrait se dire que, si on est jeune et/ou en bonne santé, on peut prendre le risque et ne pas être assuré pendant ce temps. On pourra, finalement, repousser les visites et interventions médicales jusqu’à des jours meilleurs, n’est-ce pas ? Mais cette solution tient de la roulette russe : si, par comble de malchance, une sale maladie se déclare alors, de celles qui ne s’en vont pas, demandent des soins à vie… aucune assurance médicale ne voudra plus vous prendre, ou alors le prix tiendra du cauchemar. Tandis que si on est assuré sans interruption, on ne peut pas se débarrasser de vous le jour où on réalise que vous allez, oh horreur, coûter de l’argent !

On comprend donc que le désespoir le plus noir s’empare de tout qui perd sa place. Il perd son revenu et son docteur. Et en général, ces benefits si prisés ne se méritent qu’au bout de six mois de bons et loyaux services. Et chaque compagnie a une assurance et un plan différents, avec souvent des médecins participants différents.

Et si des opérations comme le rétrécissement de l’estomac ne sont pas couvertes par les assurances alors qu’ici l’obésité tue par milliers chaque année, c’est simplement parce que les compagnies d’assurances ne veulent pas en absorber le prix : en effet, l’Américain moyen change de travail tous les 3 ans, et donc d’assurance. Aucune ne veut payer pour que ce soit une autre qui reçoive un patient qui n’aura plus d’ennuis de santé…

Dans un pays où on vend des armes comme des hamburgers au coin des rues, et où on peut vous annoncer le vendredi qu’on ne veut plus voir votre tête le lundi, bon week-end quand même et bonne chance … il y a des plombs qui pètent. Et que ferait-on sans le crédit ?

Et donc, la belle insouciance qui règne dans les films, où on ne se soucie que de l’amour et du beaujolais nouveau qui est en rayon, c’est du cinéma ! La peur au ventre, on rebondit d’emploi en emploi, repartant sans cesse à zéro. Sauf si on fait partie des quelques veinards qui se partagent la crème et la cerise au sommet du gâteau.

C’est ce qu’Obama voudrait changer. C’est ce que Clinton n’a pas pu changer : les lobbies des compagnies d’assurance médicales ont levé les boucliers bien haut !

 

 

 

 

 

 

Mise à jour le Mercredi, 13 Mai 2009 05:31