Le cœur grenadine
Samedi, 14 Février 2009 01:00

Grenade,
♫♥ J’ai laissé dans une mandarine une coquille de noix bleu marine,
un morceau de mon cœur et un voile dans un pays sucré doucement.
Je suis née dans le gris par accident. J’ai le cœur grenadine…♥♫

Ces quelques mots chantants, empruntés au poète Voulzy et légèrement adaptés à mes circonstances, sont l’introduction parfaite à mon histoire. Car j’entends verser ici quelques gouttes de l’élixir d’amour qui a empli mon cœur de douceur grenadine.Et ce faisant, je dévoilerai aussi en partie les secrets du nom de plume choisi pour répandre en ma ville d’origine quelques perles de rubis dérobées à ma ville de cœur.

Cette histoire commence au marché de Lahore, ancienne cité indienne appartenant aujourd’hui à la province pakistanaise du Pendjab, face au Rajasthan indien. Je me trouve dans l’un des plus vieux bazars de la ville, construit par l’empereur Jehangir au XVIème siècle, époque où Lahore était capitale de l’empire moghol. Pénétrer dans les ruelles étroites de ce bazar bondé d’échoppes regorgeant de mille produits équivaut à déambuler dans les souks marocains, mais en plus lointain ! Les charrettes à bras sont là, les bicyclettes et les vélomoteurs aussi, mais les pousse-pousse, les chars à bœufs et même les chameaux ajoutent une touche « exotique » à l’ensemble. Par contre, comme aussi dans toute médina marocaine, les couleurs chatoyantes et les senteurs contrastées donnent pour moi un cachet familier à ce vieux marché.

J’aime m’y perdre parmi les gens, emboiter leur pas au détour d’un chemin, me laisser bercer par les conversations fusant en des sons si différents de mon quotidien ! L’ourdou, auparavant siamois de l’hindi, ressemble à un savant mélange d’arabe, de persan et d’une foule de sons gutturaux et agglutinants mais délicieux à la fois. Son nom viendrait du turc et signifierait « armée », ce qui aurait donné « horde » en français. Les relations si tendues existant actuellement entre l’Inde et le Pakistan, les deux frères ennemis qui formaient un vaste pays avant la partition des Indes britanniques en 1947, semblent aujourd’hui étayer cette étymologie belliqueuse. Or ici, comme j’allais l’apprendre, des guerres tout aussi sanguinaires que légendaires ont parfois été livrées par amour…

Fascinée par l’univers qui m’entoure, je déambule dans les allées, charmée par les odeurs d’épices et d’encens, les colliers de fleurs, les bracelets étincelants, les soieries et tissus brodés de pierreries, les saris ou les shalwar-kamiz -ces habits traditionnels alliant pantalons amples et chemises-. Mais plus que tout autre chose, le magnétisme de ce quartier émane des fronts ornés de bindis ou points en forme de larme ; des duppata chatoyants que les dames ramènent prestement sur leur nez percé d’un bijou doré pour ne laisser apparaître qu’un doux regard rehaussé de khôl ; des cliquetis des bijoux s’entrechoquant sur les avant-bras ou des grelots suspendus aux bracelets de cheville ; des mains tatouées au henné, ornées de perles et brillants, qui portent sur un plateau bougies, pétales de fleurs et encens en un rituel d’offrande à Ganesh ou Lakshmi… J’étais en Belgique quand les pratiques hindoues m’avaient, pour la première fois, totalement envoûtée. C’était lors d’une célébration en compagnie de mon amie Marie-Véronique, Verviétoise d’adoption native de Bombay, dont le prénom indien Anandi signifie « femme heureuse ». Où qu’elle soit, j’espère de tout cœur qu’elle aura fait honneur à ce premier prénom. J’en suis sûre d’ailleurs, car je crois entendre au loin son rire de petit diable résonner depuis le passé pour se rappeler à mon bon souvenir.

De mon côté, ici et maintenant, c’est la musique indienne qui me rend heureuse ; ses échos m’entraînent comme un aimant vers le quartier du bazar occupé par les disquaires et libraires. Là, je tombe en arrêt face à d’anciennes affiches et photos témoins de l’immense industrie du cinéma indien.

 

 

 

 

-Anarkali…

Je lève les yeux de ces reliques de Bollywood pour rencontrer ceux d’un très vieil homme souriant.

Il lisse sa barbe blanche puis retire de son turban une jolie fleur de grenade qu’il me tend.

 

 

 

 

-Anarkali… C’est elle, celle qui a donné son nom à ce bazar, mais c’est aussi cette fleur. Tu veux savoir pourquoi on la vénère ici ?

Sans trop comprendre ce qui m’arrive, je pénètre dans l’arrière-boutique de ce monsieur parlant miraculeusement ma langue -d’ailleurs, laquelle est-ce, français ou espagnol ?-. Il m’invite à m’asseoir sur un superbe tapis pour savourer son histoire tout en sirotant un thé au lait rehaussé de cannelle et cardamome.

 

-C’était au temps de Mughal e Azam, le grand Moghol, j’ai nommé l’empereur Akbar. Après bien des prières, son épouse et lui avaient enfin vu leurs vœux exaucés en la personne de Salim, leur descendant appelé un jour à régner sur le grand empire sous le nom de Jehangir. Mais le petit était turbulent, insolent et désobéissant, ainsi son père décida-t-il de l’envoyer pendant 14 longues années apprendre la discipline sur les champs de bataille de l’empire. Après maintes victoires de son héritier, Akbar résolut enfin de le rappeler au palais de Lahore. L’impératrice comptait les heures la séparant de la chair de sa chair en égrenant les perles du temps qui passe, qui seraient ensuite dispersées dans les salons du palais pour récompenser les danseuses virevoltant pour le grand guerrier. La pauvre femme était si heureuse de revoir son fils après tant d’années qu’en le regardant avancer dans la haie d’honneur formée par des jeunes femmes jetant des pétales de roses au passage du prince, elle eut peur de trop le contempler et ainsi attirer sur lui le mauvais œil. Peut-être que cette croyance n’était pas dénuée de fondement, car le destin de Salim s’assortirait effectivement de teintes tragiques. Mais le mauvais œil n’est pas de qui l’on croit, car ce qui suivrait était peut-être dû aux yeux de jade froid qui épiaient les moindres mouvements du prince. Ce regard calculateur était celui de la servante trop empressée : Bahar, plus éprise de la gloire que du guerrier, car désireuse de ramasser les étoiles tombées du ciel en coiffant la couronne de l’empire… Elle entraîna Salim vers une tentation qu’il aurait bien du mal à repousser.

-Des yeux se languissent de vous admirer, des sentiers attendent que vous les fouliez.

Intrigué, le prince suivit Bahar qui lui montra une statue couverte d’un voile de cordons perlés. Elle parla de la statue en ces termes :

-Le sculpteur dit que tout qui verra son œuvre en sera transformé : au pied de la statue, le guerrier déposera son épée, le roi sa couronne, et l’homme son cœur.

Le prince Salim fit mine de soulever les lanières de perles quand intervint son fidèle serviteur Durjan qui le mit en garde :

-Sa Majesté votre père Akbar veut attendre à demain pour dévoiler la statue, car l’astrologue l’a averti : si elle est découverte avant la nouvelle lune, ce sera mauvais présage.

Mais le prince ne put s’empêcher d’accomplir son destin et souleva les perles pour épier l’objet de tant de soins. Comme pétrifié lui-même face à cette vision, il put juste murmurer :

-Seule la pierre peut endurer le pouvoir de l’infinie beauté.

Mais cette infinie beauté était bien de chair, car le sculpteur avait usé d’un subterfuge. N’ayant pas encore terminé son œuvre de pierre, il avait enduit Nadira, sa jeune modèle, d’une teinture grise lui donnant l’aspect pétré. Lors de l’inauguration officielle de la statue, il devrait faire de même car plusieurs jours étaient encore nécessaires à l’achèvement de son œuvre. Le lendemain, quand Salim et son père s’apprêtaient à découvrir la jeune fille en gris, Bahar, qui avait surpris la conversation entre Nadira et le sculpteur, fit une suggestion à l’empereur. La jalousie qu’elle commençait à ressentir pour la femme-statue lui dicta ces mots :

-Dans les légendes, les statues étaient dévoilées d’un coup de flèche, dit-elle en montrant un arc à Salim.

-Les légendes peuvent aussi devenir réalité, sourit Akbar qui invita son fils à bander l’arc.

Le coup fut d’une précision infaillible qui fit s’effondrer le voile de perles, découvrant une rare beauté.

-Qu’Allah soit loué ! S’exclama Akbar. Un ange est descendu du ciel pour se figer dans la pierre.

À ces mots, Nadira releva la tête et salua ses souverains :

-Je ne suis pas un ange mais une mortelle tout comme vous…

-Qui t’a muée en statue ? Pourquoi t’être tue quand la flèche fondait sur toi ?, demanda Akbar interloqué.

-Je voulais voir une légende devenir réalité… répondit simplement la jeune fille.

-J’admire ton courage, dit l’empereur. Tu seras dorénavant une des servantes de mon épouse.

Nous t’appellerons Anarkali, fleur de grenade.

C’est ainsi que Salim et Anarkali vécurent sous le même toit et apprirent à se connaître peu à peu, s’échangeant des billets doux placés au cœur de fleurs de lotus qu’ils faisaient flotter sur les bassins du palais, ou se lançant des regards langoureux sous les grenadiers, tout en écoutant les tristes râgas des joueurs de sitar. La jeune esclave avait bien tenté de résister à cette passion défiant normes et frontières, mais seul un cœur de pierre peut vivre dénué d’amour, comme le chanterait plus tard le sculpteur face au pilori où Salim braverait les canons de son père. Car cet amour illicite amena père et fils à se faire la guerre ; le père emprisonna Anarkali, le fils la délivra du cachot, et faillit ainsi encourir lui-même la peine de mort dictée par l’empereur à l’encontre d’Anarkali. Ce fut encore Bahar qui avait trahi le couple d’amoureux auprès d’Akbar, en s’exprimant par énigmes cousues de fil blanc qu’elle présenta sur un coussin d’argent :

-Pour Votre Majesté, ces quelques fleurs de grenade ; elles sont partout écloses dans les jardins du palais, et pourtant l’empereur est aveugle à leur arrogante beauté…

La plus grande fureur d’Akbar fut causée par ce qui jadis le ravissait et l’apaisait tant : la danse et le chant d’Anarkali.

Après l’avoir envoyée au cachot, l’empereur scella un pacte avec celle-ci. Croyant avoir acheté la trahison de la belle et son mensonge au prince pour quelques lopins de terre, il lui permit de regagner le palais pour quelques jours. Une dernière danse serait son adieu définitif aux fastes royaux et à l’idylle de cour. Au Sheesh Mahal, le palais des miroirs où murs et plafonds sont constellés de milliers de bris de verres colorés formant des motifs végétaux, la famille impériale s’installa pour assister à ce dernier spectacle de l’esclave-danseuse amoureuse. Un voile de tulle s’ouvrit face aux illustres personnages et Anarkali fit son apparition au centre de la pièce dont le sol était décoré de fleurs de lotus stylisées. La jeune fille entama alors une danse captivante au son entêtant des litanies des chanteurs de râga s’accompagnant de leurs tablas et sitars. La jupe virevoltant à chaque tour de la danseuse sur elle-même donnait l’impression d'une fleur déployant sa corolle. Elle semblait ainsi donner vie aux lotus ornant le sol de cette salle féerique, comme pour rappeler à Salim que ces fleurs avaient été les messagères de leurs  premiers mots d’amour. Le tout se reflétait dans chacun des miroirs de la salle, en une spirale enivrante projetant Anarkali à l’infini. Ce kaléidoscope magique donna définitivement le tournis à l’empereur quand celle qu’il avait affectueusement surnommée Fleur de grenade entonna son chant…

 

À ce moment précis, le conteur marque une pause pour observer ma réaction. Je suis totalement médusée et mon regard implore au vieil homme la suite de l’histoire. Il sourit d’un air malicieux, me ressert un verre de thé et se lève pour aller chercher un tourne-disque d’un autre âge. Il le pose entre nous à-même le sol sur ce tapis évocateur d’un luxuriant jardin d’orient où il s’installe à nouveau dans la position du lotus. Lentement, il sort un vieux disque de sa pochette écornée et met le tourne-disque en marche pour me faire entendre le chant le plus célèbre d’Anarkali, tel que le cinéma indien l’a à jamais immortalisé. C'est le chant de sa rébellion où elle affiche et réaffirme au grand jour son amour pour Salim.

 

-♫♥ Je n’ai fait qu’aimer, je n’ai rien volé / Pourquoi pleurer en secret ? / Quand on aime, pourquoi avoir peur ? / Je révèlerai les secrets de mon cœur / Même si cela doit me coûter la vie …♥♫

Le message était ainsi livré, dans son éclatante limpidité, de la voix cristalline de la fleur de grenade la plus défiante qu’on ait jamais imaginée… Alors qu’advint-il d’elle ? Son amour lui coûta-t-il vraiment la vie ? Beaucoup affirment avoir vu l’empereur ordonner que l’on emmure la jeune fille vivante… Ainsi, les rubis de sa voix et de son cœur brilleraient à jamais dans l’obscurité de cette forteresse minuscule et imprenable, comme les grains de grenade prisonniers du fruit solidifié. Akbar scellait ainsi la destinée du prénom donné à la jeune fille qui avait eu l’apparence pétrée lors de son premier face à face avec ses souverains. Son tombeau est ici, à l’entrée de ce bazar que construisit l’empereur Jehangir en son honneur, ce pauvre Salim désespéré par la mort de sa bien-aimée… Ne ressens-tu pas le souffle du prince brisé de chagrin et la voix de sa bien-aimée l’appelant de ses ténèbres ?

 

Je fixe désespérément la fleur de grenade entre mes mains en l’attente d’un signe, mais le cosmos reste obstinément muet et moi tristement pensive. Face à mon doute et ma peine, le vieux conteur hésite à son tour, respire profondément, et reprend son récit :

 

-Mais d’autres prétendent aussi que la terrible cérémonie ne fut qu’un leurre de la part d’Akbar. Il aurait fait descendre la chape enfermant Anarkali au fond d’une galerie souterraine où il délivra la jeune fille pour la rendre à sa mère éplorée. Le tunnel guida les pas de la mère et sa fille au-delà du royaume de l’empire moghol, où elles résidèrent sans jamais pouvoir révéler le secret de la survie d’Anarkali, car Salim devait croire en la mort de sa belle pour la survie de l’empire. L’on disait l’empereur d’une justice sans faille, et je voudrais croire en cette fin. D’ailleurs, les soirs où je veille en ce bazar sondant la destinée d’Anarkali, je crois entendre une voix au loin. C’est celle d’Akbar, qui implore le pardon de la danseuse :

-Anarkali, tant que le monde sera monde, tu resteras le symbole éternel de l’amour. L’empire moghol se souviendra  toujours de toi, mais je ne puis te donner qu’une vie sans éclat. Je jure devant Dieu ne pas être ennemi de l’amour, mais esclave de mes principes. Si tu comprends l’impuissance du pauvre esclave que je suis, peut-être un jour pourras-tu me pardonner…

 

Et le regard du vieux sage de s’illuminer, et ses mots mystérieux de m’assurer que seule la voix de mon cœur livrerait  tous les secrets du destin d’Anarkali… J’ai les larmes aux yeux, je ne sais comment le remercier. Je lui tends la main qu’il serre fort dans la sienne avant d’y glisser un objet sorti du tiroir d’un ancien meuble en marqueterie.

-Garde cet objet que l’on dit avoir appartenu à Anarkali, ne le regarde pas tout de suite, rentre dans ton monde et emporte avec toi le souffle de cette histoire.

Je sors de la boutique sans regarder derrière moi, et serre fort dans ma paume ce présent si précieux.

À l'orée du bazar, j’ose enfin ouvrir ma main pour observer le curieux objet : c’est un coffre à bijoux sphérique; ses multiples facettes brillent de tons gris et grenat dans la nuit tombante. Je suis très émue. Une larme tombe sur le coffret, faisant loupe sur les brillants qui miroitent en un kaléidoscope magique… C’est un signe… Cet objet appartint bien à Anarkali !

Je ferme les yeux dans l’espoir d’entendre sa voix.

 

-Miaou… Miaaoouu !

Anarkali se serait-elle réincarnée en chat ?

J’ouvre les yeux, et je rencontre ceux de mes félins grenadins qui trouvent que j’ai le sommeil bien lourd ce matin …

-Mais ? J’étais à Lahore ! Qu’est devenu le vieux conteur ? Et son cadeau ?

J’ouvre la main et y trouve une grenade solidifiée, fruit dérobé un jour pour moi par un autre conteur qui le cueillit à l’arbre veillant sur la statue du dernier sultan de Grenade: Boabdil, le prince déchu qui n’ose contempler son palais de l'Alhambra qui se languit de lui au loin.

 

 

 

 

Ce lieu précis fut témoin de son funeste destin : renoncer à Grenade et quitter cette terre où repose sa douce Morayma…

C’est là une autre histoire, mais tout aussi belle et déchirante que celle de Salim et Anarkali.

Je trouve d’ailleurs que le sultan statufié ressemble étrangement à mon conteur pakistanais…

Mais je reprends peu à peu mes esprits pour retrouver mon univers grenadin : les bougies placées au cœur des coupes en fleurs de lotus qui ont longtemps brûlé hier soir à mon chevet, et la déesse Lakshmi qui, face à mon lit, déverse inlassablement ses grains de grenade dans les eaux d’un grand bassin. Elle est assise sur une autre fleur de lotus qui recueille les pépites d’or rose s’accumulant patiemment pour graver en mon inconscient les mots de ce poème onirique :

 

Comme ma fleur éclose en eaux troubles ou dans la fange,

Tous tes tourments prendront bientôt la face d'un ange,

Visible pour qui sait regarder avec le cœur,

Car la richesse est à l’intérieur.

Ta ville au nom de fruit

Est le plus précieux des écrins,

Enserrant en sa muraille des perles serties

Dans la couronne des pétales anciens.

Ces perles t’offriront leur sagesse

Pour déchiffrer bien des promesses

Dans le sillage d'une nuée opaline.

Mais aussi elles t’apprendront

Comment vibrer à l’unisson

Des battements d’un cœur grenadine.

 

Alors, comme s’élevant du cœur du lotus, la douce voix d’Anarkali parvint enfin à moi :

-Ouvre grand ton cœur, Nathalya, car j’ai encore bien des secrets pour toi… 

Mais sache aussi qu’on ne donne rien à personne qu’il ne porte déjà en soi…

 

 

Nathalya Anarkali

http://www.myspace.com/eilathan

Mise à jour le Samedi, 14 Février 2009 08:39