| Œcuménisme carnavalesque à Jalhay Douze Lanciers et deux tambours égalent quatorze frères ennemis ! À ne pas manquer le grand feu de Jalhay qui annonce, le soir du Mardi Gras, les deux cortèges carnavalesques des boûs et des singlés du dimanche. Les boûs, ce sont les Jalhaytois. Les bœufs qui, historiquement, s’opposent aux singlés, lesquels illustrent les Sangliers de Herbiester. Ce sont deux communes d’une même entité, séparées de deux kilomètres à tout casser mais génétiquement et culturellement opposées depuis la nuit des temps.
Dans cette rivalité bon enfant (quand même, et de plus en plus…), les joutes carnavalesques épinglent divergences et rapprochements. |
Et, avant les deux cortèges séparés du dimanche 21 février (départs des bandes aux Quatre Chemins de la route de la Fagne, à 14 heures), les ennemis jurés se retrouvent ensemble, mais avec les distances d’usage, pour le Grand Feu du Mardi Gras. C’est à sympathies variables une forme empirique d’œcuménisme carnavalesque dont sociétal… Jadis, et Guy Vitrier en parle dans « Jalhay au passé et au présent », le Grand Feu est bouté le dimanche des sorties par les derniers mariés de l’année et chaque famille a l’habitude d’enflammer un bûcher dans le courtil de la ferme. « Selon une vieille et superstitieuse croyance, écrit la mémoire de l’entité et, de surcroît, ancien bourgmestre, celui qui négligeait cette coutume risquait un incendie dans sa demeure au cours de l’an ». Mais la manifestation nocturne du dimanche perd des plumes. Contrée par les généreux pékèts servis dans les deux salles des Jeunesses et, bien sûr, dans les estaminets de Jalhay, elle s’enfonce dans l’oubli. Le Syndicat d’initiative, dopé par les fusions, la relance en 1978 en décalant le Grand Feu au Mardi Gras avec, toujours, le briquet incendiaire des derniers mariés de l’année, un terrain neutre à mi-chemin entre les deux bourgades (une prairie à l’entrée de Herbiester), un public déchaîné et les Lanciers en tenue d’apparat. Ici, déjà en ribote l’après-midi lors des sorties des enfants à Herbiester comme à Jalhay, les six Lanciers de Jalhay encadrés par leur tambour-major affrontent les six Lanciers de Herbiester et leur tambour-major. Ils se défient, jouent du sabre (de bois, seul le major à sa lame mais cadenassée dans son étui), passent et repassent devant le brasier pour faire éclater force virile et uniformes chatoyants avec du rouge pour Herbiester et du vert dominant, mais pas exclusif, à Jalhay.
Ajoutez des majorettes, des flonflons dans chaque camp et le tour est joué : dès 19 heures, dans un décor (enneigé ?) où dolmans, brandebourgs et schapskas évoquent un amusant passé guerrier, c’est toute l’entité qui fait la fête. Les boûs iront après chez les singlés. Et vice versa. Je t’aime, moi non plus. Mais alors c’est fou comme on s’amuse à Herbiester dans Jalhay. Et vice versa.
- Un article et photos de Jean Brasseur 08/02/2010 avec l'aimable autorisation de son auteur et du rédacteur en chef C. Gillet - Les deux premières photos sont publiées avec l'aimable autorisation de Pivi Molinghen. |