Guillaume Apollinaire à Stavelot en DVD |
Écrit par Albert Moxhet | ||
Samedi, 03 Juin 2017 01:58 | ||
On se souviendra que, bien que le souvenir de ce séjour ardennais se retrouve à diverses reprises dans l’œuvre d’Apollinaire (1880-1918), ce n’est que bien après sa mort que l’on se rendit compte que le "jeune baron russe" qui, avec son frère, avait logé durant trois mois à la Pension Constant, était un des plus grands poètes français du XXe siècle. Il faut dire que les Stavelotains avaient surtout retenu que les deux jeunes gens avaient subrepticement quitté la ville sans payer l’hôtelier, leur mère, sans le sou, leur ayant enjoint d’agir ainsi.
Avec intelligence et sensibilité, le film de Paolo Zagaglia revient sur ce séjour sous la forme d’un docu-fiction particulièrement bien conçu. Il permet de ressentir, en effet, que ces vacances stavelotaines et fagnardes du jeune Guillaume, allaient exercer une grande influence sur l’œuvre du poète. La découverte des paysages si différents de ceux du Midi où il avait vécu jusque-là, mais surtout l’attirance amoureuse qu’exerce sur lui la jolie Maria Dubois, pour laquelle il écrira même des poèmes en wallon, sont à placer au crédit de ce séjour.
Sur un scénario écrit par Paolo Zagaglia, Patrice Lefebvre et Michel Bedeur, le film fait alterner la vision du réalisateur sur le séjour d’Apollinaire à Stavelot et les interventions de connaisseurs de l’œuvre du poète ou de la vie régionale : Claude Debon, Fanchon Daemers, Patrice Lefebvre, Gérald Purnelle, Michel Vanderschaeghe. Avec une musique très appropriée de Stéphane Collin, le présent et le passé se combinent, s’interpénètrent en un langage audiovisuel où, non seulement la couleur du temps présent peut se fondre dans le noir et blanc de la fiction d’époque, mais aussi le narrateur actuel pénètre dans les images du passé qui peuvent se figer quand surgissent alors les mots d’aujourd’hui. La finesse et la subtilité du procédé autorisent une lecture intime des relations qui se tissent entre les personnages et dans la sensibilité du poète.
Voir ce film de 52 minutes couronné notamment à Vérone, à Syracuse (New York) et Sherbrooke (Québec) est un réel plaisir pour les sens et pour l’esprit, il fait participer le spectateur aux premiers pas du cheminement d’un poète dont certains textes sont parmi les plus beaux de la poésie française. À présent, Une saison de myrtilles et d’airelles – Apollinaire à Stavelot est disponible en DVD, plus précisément en deux DVD, l’un portant le film et l’autre, en bonus, constituant un recueil de témoignages et de documents relatifs à Maria Dubois, à la Pension Constant, à Stavelot en 1899, aux commémorations de 1935 à Stavelot et Bernister, mais aussi au vitrail Apollinaire placé au Ô Mal-Aimé, à la découverte, en 2006,de deux acrostiches de1899 et enfin au tournage de la fête populaire qui figure dans le film.
[Une saison de myrtilles et d’airelles (Apollinaire à Stavelot), docu-fiction de Paolo Zagaglia, Irezumi Films SPRL, 2017, ISBN 978-2-930289-44-9, contact : Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir. ]
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Mise à jour le Samedi, 03 Juin 2017 02:31 |