Unesaison de myrtilles et d'airelles. Dison, le 11/03
Écrit par Albert Moxhet   
Mercredi, 24 Février 2016 19:01

Samedi Coup de cœur d’Albert Moxhet

Une saison de myrtilles et d’airelles, ce joli titre évoque les trois mois que le jeune Guillaume Apollinaire passa en 1899 à Stavelot. Une saison que retrace avec intelligence et sensibilité le film de Paolo Zagaglia qui sera projeté le vendredi 11 mars à 20h au Centre culturel de Dison.

 
Bien que le souvenir de ce séjour ardennais se retrouve à diverses reprises dans l’œuvre d’Apollinaire (1880-1918), ce n’est que bien après sa mort que l’on se rendit compte que le "jeune baron russe" qui, avec son frère, avait logé de juillet à octobre à la pension Constant, était un des plus grands poètes français du XXe siècle. Il faut dire que les Stavelotains avaient surtout retenu que les deux jeunes gens avaient subrepticement quitté la ville sans payer l’hôtelier, leur mère, sans le sou, leur ayant enjoint d’agir ainsi.

 


 

Le film de Paolo Zagaglia revient sur ce séjour sous la forme d’un docu-fiction particulièrement bien conçu. Il permet de ressentir, en effet, que ces vacances stavelotaines et fagnardes du jeune Wilhelm Apollinaris de Kostrowitzky, allaient exercer une grande influence sur l’œuvre du poète. La découverte des paysages si différents de ceux du Midi où il avait vécu jusque-là, mais surtout l’attirance amoureuse qu’exerce sur lui la jolie Maria Dubois, pour laquelle il écrira même des poèmes en wallon, sont à placer au crédit de ce séjour.

 


 

Sur un scénario de Patrice Lefebvre et Michel Bedeur, le film fait alterner la vision du réalisateur sur le séjour d’Apollinaire à Stavelot et les interventions de connaisseurs de l’œuvre du poète ou de la vie régionale : Claude Debon, Fanchon Daemers, Patrice Lefebvre, Gérald Purnelle, Michel Vanderschaeghe. Avec une musique très appropriée de Stéphane Collin, le présent et le passé se combinent, s’interpénètrent en un langage audiovisuel où, non seulement la couleur du temps présent peut se fondre dans le noir et blanc de la fiction d’époque, mais aussi le narrateur actuel pénètre dans les images du passé qui peuvent se figer quand surgissent alors les mots d’aujourd’hui. La finesse et la subtilité du procédé autorisent une lecture intime des relations qui se tissent entre les personnages et dans la sensibilité du poète.

 


 

Voir ce film de 52 minutes est un réel plaisir pour les sens et pour l’esprit, il fait participer le spectateur aux premiers pas du cheminement d’un poète dont certains textes sont parmi les plus beaux de la poésie française. Après Stavelot et Liège, Une saison de myrtilles et d’airelles – Apollinaire à Stavelot sera présenté le vendredi 11 mars à 20h au Centre culturel de Dison, rue des Écoles, 2, 4820 Dison. Réservations au 087/33 41 81087/33 41 81.      

Note : Le fait est peu connu, mais est important pour l’honneur de Guillaume Apollinaire. J’en fus témoin, le 12 août 1981, à l’Hôtel du Mal-Aimé (ex-Pension Constant), le peintre néerlandais Abraham Lüttger, son confrère stavelotain Gérard Denis et l’homme de lettres Bruno Drouguet ont symboliquement remboursé la dette d’Apollinaire en payant à Jean-Marie Henrard, dit Calas, propriétaire de l’hôtel, la somme de 700 FB, montant de la dette laissée par les deux jeunes gens le 5 octobre 1899.

 


 

Illustrations :    -     Affiche du film

-          La pension Constant, peinture d’Armand Huysmans

-          Recouvrement de la dette, photo Albert Moxhet

Mise à jour le Mercredi, 24 Février 2016 19:20