| Cette année, Eupen est en chantier : ici, on rénove, là, on édifie, là encore, on fortifie. Tous s’allient à la construction d’espaces scéniques éphémères. Le festival Danse en Ville propose, le temps d’une après-midi, une « visite de chantier », un parcours dans le centre-ville ponctué de découvertes chorégraphiques, des instants de danse façonnés par la palette de compagnies belges et étrangères. Rencontre avec Irène Kalbusch, chorégraphe de la Compagnie Irene K. et directrice artistique du festival.
Danse en Ville est un festival qui se produit dans le centre ville d’Eupen, sur des places, dans des parcs, dans la rue même (journée sans voiture).
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Bonjour Irène, y a-t-il une volonté derrière cette « invasion » de la ville ?Tout à fait. Danse en Ville est un festival de danse contemporaine en paysage urbain. Nous poursuivons un objectif depuis les premières éditions du festival, il est de réunir les gens autour de la danse, de consolider les liens, d’accentuer le rôle social d’un événement qui expose la danse et transforme les espaces urbains le temps d’une après-midi. En dehors de la consommation et du divertissement, nous sommes persuadé que le besoin de culture existe. Il faut essayer de le laisser s’épanouir, qui plus est, le stimuler et le rendre plus visible. L’espace urbain traduit une vision de vivre ensemble. Il est donc un partenaire avec lequel il faut débattre. Le travail de l’artiste peut donc avoir différentes spécificités et c’est cet aspect-là que nous essayons de développer de plus en plus lors de notre festival. Nous visons à créer un événement en fonction de ce que nous observons dans notre ville, dans certains quartiers et dans la manière de vivre des habitants. L’environnement ne peut se limiter à la simple architecture, les habitants en font également partie. C’est pourquoi, pour nous, l’implication de la population dans notre festival nous paraît indispensable. Comment faire justement pour impliquer les habitants dans le Festival ? C’est assez compliqué car s’appuyer sur la participation des habitants est un travail qui s’inscrit dans le long terme. C’est un processus lent qui prend du temps car beaucoup d’entre eux veulent participer mais ont peur de le faire ; peur d’ouvrir leur porte, leurs fenêtres, de s’ouvrir eux-mêmes. L’objectif que nous poursuivons depuis les premières éditions du festival est de créer des réseaux de solidarité et de permettre aux habitants de se confronter au processus de création. Pour parler concrètement, vous avez quelques exemples d’implication des habitants ? Dès les premières éditions, en 2005, nous avons invité les gens à ouvrir leur jardin, leur cour intérieure, leur fenêtre ou balcon à la danse. Nous ne voulions pas nous limiter aux espaces publics. Cela a bien fonctionné et il était très intéressant de voir les réactions des propriétaires qui découvrent leur propriété sous une autre forme, transformée pendant quelques minutes par l’art. En 2009, Danse en Ville était consacrée à la mise en vie par la danse de vitrines commerciales vides.
L’année dernière, nous avons proposé un thème autour des surprises culinaires. Nous avions donc invité des associations multiculturelles à partager leurs spécialités culinaires au public, une manière des les impliquer dans l’événement et, autour d’un repas, d’un échange de recettes, de créer des liens entre les habitants.
Cette année, nous réitérons l’idée des surprises culinaires, mais nous voudrions aussi que les gens dansent avec nous ! Depuis quelques semaines, une vidéo d’une chorégraphie signée Armel circule sur Internet. Chacun est invité à répéter ces pas de danse chez lui et à venir partager ce moment à 18h18, au parc « Stadtpark ». Une sorte de nouveau défi pour notre festival car je voudrais voir non pas seulement des jeunes mais aussi des grands-mères et des grands-pères partager ce moment avec nous !
L’année prochaine, nous voudrions mobiliser d’avantage les habitants en leur proposant une intervention le long de notre parcours. Il s’agirait très précisément d’inclure les habitants dans un processus de création…Mais cela reste une surprise. Cette fois, nous espérons réunir beaucoup de monde, les jeunes comme les moins jeunes, lors de notre FLASHMOB. Dans la ville en chantier, chacun pourra mettre sa pierre à l’édifice. La vidéo se trouve sur notre site Internet : www.irene-k.be
A qui s’adresse le festival ? Nous constatons que différents publics se côtoient lors du festival. Il y a tout d’abord les amateurs de danse qui viennent principalement pour les spectacles des compagnies internationales que nous programmons. Ensuite, il y a bien sûr les habitants d’Eupen, habitués ou non du festival, qui viennent intrigués par la transformation des lieux publics que nous proposons à travers la danse. En réalité, j’ai vraiment envie de dire que le festival s’adresse à tous : Pas de discrimination sociale, entre jeunes et vieux, bien-portants et handicapés, allochtones et autochtones. Nous voulons nous adresser à tout un chacun. Une manière pour nous de faire de l’art dans la vie et dans la ville. Le festival est d’ailleurs entièrement gratuit. | |
Pour conclure… ?
Je dirais que le festival « Danse en Ville » agit comme un ciment social. Mais, attention, car vous risquez de ne pas rester figé !
Danse en Ville : « Eupen en chantier »
Le dimanche 4 septembre – Journée sans voiture
Départ: 14h30 Weberbrunnen, Gospert 73, 4700 Eupen
Flashmob vers…18h18 !
Evénement gratuit ! Infos :
www.irene-k.be
087/55.55 .75
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