Du bûcher à la tombe. Tremplin Dison. Jusqu'au 08/01/2017
Écrit par Albert Moxhet   
Vendredi, 02 Décembre 2016 00:29

Samedi Coup de cœur d’Albert Moxhet

Ce titre peut surprendre. C’est celui d’une exposition et de l’ouvrage qui l’accompagne sur le thème des nécropoles gallo-romaines à incinération en Wallonie. Cette exposition est présentée au Tremplin, à Dison, du 7 décembre au 8 janvier.

 
Somme des travaux réalisés sous l’égide de l’Institut du Patrimoine wallon par une nombreuse équipe placée sous la direction de Frédéric Hanut, Denis Henrotay et Gaëtane Warzée, cette exposition et le livre revêtent fatalement, au premier abord, un caractère spécialisé. Mais précisément, le travail de fourmis mené par les archéologues permet d’entrer dans la vie quotidienne et les habitudes – funéraires en l’occurrence – des habitants de nos régions il y a quelque vingt siècles. On y trouve d’étonnants détails, par exemple, la coutume d’offrir  "au défunt des monnaies anciennes, hors d’usage et dépréciées. Quelques tombes ont même livré des fausses monnaies."

Analysant d’abord les pratiques funéraires dans les nécropoles à incinération du Haut-Empire, les archéologues font la différence entre la conception romaine de la mort et des rites funéraires et celle des Gaulois. On remarque aussi que, contrairement à l’habitude égyptienne d’un viatique inhumé avec le défunt pour l’accompagner dans son voyage dans l’au-delà, les offrandes que l’on retrouve dans les tombes romaines (mobilier et vaisselle souvent brisés, nourriture) n’étaient là que pour évoquer le banquet des funérailles et les repas annuels que la famille prendra en l’honneur du défunt. On peut supposer qu’après la conquête, une certaine romanisation s’est opérée aussi dans les anciennes coutumes funéraires gauloises.

De nombreux cimetières à crémation de Wallonie sont passés en revue par les chercheurs de l’IPW. Pour la région verviétoise, c’est évidemment l’importante nécropole de Theux/Juslenville (122 sépultures connues) qui est évoquée par le texte et de nombreuses photos.

Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer au départ, le livre (216 p.) qui reprend l’ensemble de ces recherches est parfaitement abordable pour des non-spécialistes, ce qui est – soulignons-le au passage – une caractéristique des ouvrages publiés par l’IPW. À part quelques termes techniques obligés, les textes ne sont en rien hermétiques et se lisent comme des histoires, on sent que leurs auteurs, en fouillant le sol, vont à la rencontre d’autres êtres humains. Abondamment illustré, l’ouvrage comprend de riches bibliographies.

[L’exposition Du bûcher à la tombe est ouverte au Tremplin, rue du Moulin, 30A, 1er étage, à Dison, du 7 décembre au 8 janvier 2017, ma-ve : 8-17h, w-e : 11-17h. Le livre : Frédéric HANUT & Denis HENROTAY, Du Bûcher à la Tombe. Les nécropoles gallo-romaines à incinération en Wallonie.Namur, Institut du Patrimoine wallon, 2014, ISBN : 978-2-87522-143-8]       

Mise à jour le Vendredi, 02 Décembre 2016 00:54