Art différencié. La Villa Sauvage. Jusqu'au 10/01/16
Écrit par Albert Moxhet   
Vendredi, 27 Novembre 2015 14:12
14.00

Samedi Coup de cœur d’Albert Moxhet

La spontanéité, en art, est l’apanage de ceux qui ont conservé l’esprit de l’enfance. C’est dans cette ligne qu’il faut considérer l’art différencié tel qu’on peut l’apprécier actuellement à la Villa Sauvage dans une exposition proposée par trois asbl organisant des ateliers créatifs pour personnes handicapées.

 
Il y a un certain temps déjà qu’une telle exposition n’avait plus été organisée à Verviers. C’est donc l’occasion pour le public mais aussi pour  les écoles de (re)prendre contact avec cette réalité artistique qu’on peut situer dans la mouvance de l’Art brut.

 


 

« Nous voulons être reconnus comme des personnes en parlant en notre propre nom, briser notre isolement, nous rencontrer, parler ensemble de ce que l'on vit, de nos besoins, de nos difficultés, trouver des solutions, défendre nos droits… comme tout citoyen dans la société », disent les artistes émanant du Mouvement Personne d’abord , des Ateliers créatifs de l’APEM  T-21 et des Alizés, de Membach. Et les organisateurs enchaînent : « Faire passer l’artiste avant le handicap, c’est aussi réfléchir sérieusement à la qualité de vie d'une personne étiquetée. » Et c’est sans doute cela le plus important dans le contexte d’une exposition.

 

Personnellement, j’estime qu’en l’occurrence, il n’est pas du tout nécessaire d’indiquer que l’artiste souffre d’un handicap, parce que cela risque d’influer – dans un sens comme dans l’autre – sur l’appréciation qu’on va en donner, alors que l’essentiel est dans le ressenti, dans la perception que l’on peut avoir de l’émotion de l’artiste.

 

Et dans des cas comme ceux-ci, tout comme chez l’enfant avant qu’il ne soit déformé par des directives trop scolaires, la valeur fondamentale des œuvres provient de leur statut d’expression immédiate. Le rôle des moniteurs doit ici se limiter à la technique : comment utiliser le matériel, aider à oser se projeter sur le papier ou la toile, mais certainement pas indiquer ce qu’il faut faire pour être dans tel ou tel courant. L’atelier, dans cette optique, sert essentiellement à donner à l’artiste handicapé les moyens techniques pour s’exprimer dans un contexte psychologique adéquat.

 

Si on peut considérer que, à la limite, chaque artiste invente son propre langage, celui ou celle que son handicap isole découvre ici un moyen de communiquer d’abord et enfin avec lui- ou elle-même. La joie qui anime ces artistes différents quand on les rencontre près de leurs œuvres, au hasard d’une visite en atelier ou en galerie, témoigne de la profondeur de cette découverte. Mais il n’est pas nécessaire que l’attention du public soit attirée sur autre chose que l’œuvre elle-même.    

 

[L’exposition Art différencié est ouverte à La Villa Sauvage, rue Francomont, 2, à 4800 Ensival- Verviers, jusqu’au 10 janvier, ve-di :13-18h ou RV au 0478/233 522 ] 

Mise à jour le Vendredi, 27 Novembre 2015 14:36