Johannes Weber à La Calamine. Jusqu'au 18/11 |
Écrit par Albert Moxhet | ||
Jeudi, 25 Octobre 2012 21:22 | ||
Huit noms sont évoqués dans cet ensemble : Guillaume Apollinaire, César Franck, August Macke, René Magritte, Georges Simenon, Émile Verhaeren, Henri Vieuxtemps et Stefan Zweig. Le choix du photographe eupenois est fondé sur ses goûts personnels et sur une certaine proximité des sujets avec la région – au sens large – où il vit, mais l’écheveau des fils qui les relient est d’une étonnante densité dans le mesure, précisément, où littérature, musique, peinture, correspondance s’y rencontrent au travers de la vision personnelle du photographe. On connaît celui-ci pour un travail constamment axé sur les traces qui conjuguent l’activité de l’homme et l’usure du temps. Avec discrétion et sobriété, Johannes choisit souvent de montrer des détails qui témoignent du passage du temps sur des œuvres humaines, seraient-elles même d’une apparente banalité. D’éloquentes réussites comme ses travaux précédents sur les granges et abris agricoles ou sur les portes de fermes ont montré la justesse et la sensibilité de ce regard qui rend leur noblesse aux choses du quotidien.
La démarche de cette exposition s’organise en séquences. C’est ainsi, par exemple, que pour le musicien verviétois Henri Vieuxtemps, quatre photographies montrent un coin de la cour du Conservatoire, un détail révélateur – le violon – du monument à Vieuxtemps, la statue de celui-ci, un plan rapproché des plantes fleuries poussant dans la Vesdre, symbole de la prospérité internationale de Verviers à l’époque où le violoniste-compositeur était lui-même fêté en Europe et en Amérique. Et puis, aussi, un extrait de lettre relatant l’émotion provoquée chez l’adolescent qu’il était à l’audition de Fidelio. Fidèle à lui-même par la mise en page rigoureuse mais vibrante d’objets devant lesquels on passerait sans en saisir la beauté intrinsèque, Johannes Weber sait aussi élargir ses angles pour montrer la tombe d’Émile Verhaeren au bord de l’Escaut ou la perspective d’un bâtiment. Il expérimente aussi des montages de cartes postales anciennes sur lesquelles s’insinue l’actualité du même endroit, comme l’a inspiré au photographe une lettre du peintre August Macke caserné au camp d’Elsenborn. D’autre part, n’est-il pas surréaliste d’évoquer René Magritte en montrant l’intérieur très sage et très bourgeois de sa maison, tandis qu’une lanterne allumée est un clin d’œil à L’Empire des lumières, sans doute un des tableaux les plus classiques du peintre.
Le rapport au temps prend des chemins multiples dans l’œuvre de Johannes Weber. Cela peut se concrétiser, au Caillou-qui-bique cher à Verhaeren, par la masse ferme et cependant craquelée de ce rocher qui s’impose entre les arbres et qu’habite une jeune verdure, mais c’est aussi le bref instant où l’enseigne du Commissaire Maigret surgit entre les vitres d’un autobus traversant le quartier où Georges Simenon passa son enfance. C’est encore la conjonction d’un reflet dans une vitre avec quelques mots : l’ancienne Pension Constant, où séjourna Apollinaire, à Stavelot, aperçue sur la vitrine d’une boutique voisine que signe un vers du poète : En moi-même je vois tout le passé grandir.
[Des hommes et des lieux, une exploration, Photographies de Johannes Weber, Musée de la Vallée de la Gueule, rue Max, 9, B-4720 La Calamine, jusqu’au 18 novembre, ma, ve : 8-12h, me : 8-12h et 14-16h30, sa, di : 14-18h. J. Weber sera présent le dimanche 18 novembre] |
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Mise à jour le Jeudi, 25 Octobre 2012 21:52 |