Best Of Verviers

Samedi Coup de cœur d’Albert Moxhet Trois artistes belges et un coréen : le quatuor s’accorde pour exécuter, sur les cimaises du Triangle Bleu, une étrange partition dans laquelle une discrète simplicité s’inscrit en contrepoint d’un chaos expérimental orchestré de bric et de broc.

Sous le titre global Peinture # 2, le grand vaisseau blanc, dépouillé à l’extrême, de la galerie stavelotaine ponctue ses murs d’œuvres récentes de Bernard Gilbert, Mil Ceulemans et Sen Chung tandis qu’une installation de Tinka Pittoors prend place au cœur d’un des deux grands espaces. Cet empilement de pots de couleurs et d’accessoires incongrus acquiert ainsi une dimension symbolique parmi des tableaux où, pour la plupart, s’affrontent agressivement formes et couleurs.

Les œuvres de Mil Ceulemans se fondent en effet sur des tensions conflictuelles entre des techniques, des textures, des couleurs qui se répondent violemment d’un tableau à l’autre, voguant « indéfiniment entre le chaos parfait et la perfection chaotique », pour reprendre les mots de présentation de Thibaut Verhoeven. Restons dans cette rhétorique riche en oxymores pour en conclure qu’un tableau de Mil Ceulemans ne peut donc être que parfaitement imparfait, terminé que s’il ne l’est pas complètement.

Peinture matériellement expérimentale chez Bernard Gilbert, puisque l’artiste cherche avant tout à faire réagir entre elles les nombreuses techniques, anciennes comme récentes, dont notre époque offre la disponibilité. Faut-il dire que les effets obtenus sont eux-mêmes très variés ?  La chimie impromptue qui s’élabore entre les matériaux produisant des impressions de fonds marins aussi bien que des aurores boréales que le peintre truffe parfois d’éléments allusifs à des objets, à moins qu’il n’organise ses espaces en jeux de perspectives construits sur des poutres 3D aux couleurs alternées.

Et puis, passant sereinement au milieu de l’agitation graphique qui secoue la vue des visiteurs, les œuvres toutes de simplicité de Sen Chung. Comme s’il avait gardé la poésie spontanée de l’enfance au travers de ses études en Corée, en Allemagne et à Londres, cet artiste dessine la silhouette d’un cheval, crayonne des personnages dans une brume de couleurs, suggère la femme derrière le bouquet  qu’elle tient à la main. L’esprit se prend à rêver et, à la suite du peintre qui parcourt le monde,  vagabonde paisiblement dans un imaginaire né de la réalité quotidienne.

[Peinture # 2 : Mil Ceulemans, Sen Chung, Bernard Gilbert, Tinka Pittoors à la Galerie Triangle Bleu, Cour de l’Abbaye, 5, 4970 Stavelot. Jusqu’au 7 octobre je-di : 14-14h30 ou RV 080/86 42 94. Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir. , www.trianglebleu.be]