Rétrospective Didier Comès. Liège. jusqu'au 16/09
Écrit par Albert Moxhet   
Mardi, 22 Mai 2012 12:56
  Samedi Coup de cœur d’Albert Moxhet

Orchestrée par Thierry Bellefroid, la Rétrospective Didier Comès qui se tient jusqu’au 16 septembre au Musée des Beaux-Arts de Liège est un prestigieux hommage justement rendu à un grand homme de la bande dessinée, Didier Comès, l’auteur de Silence.
Originaire de Sourbrodt, vivant à La Reid, Didier Comès entretient avec la nature un rapport très profond qui va au-delà de la beauté du paysage. Si l’on excepte peut-être – et encore – les albums du début – le ˝space opera˝ d’Ergün l’Errant – on se rend compte que, de L’ombre du corbeau à Dix de der, la nature et ses mystères jouent un rôle fondamental dans l’univers de Didier Comès.

 

Parfois sous-jacent, ce rôle s’identifie dans le paysage, les animaux, les arbres ou les pierres, de manière tantôt descriptive, tantôt psychique, fantastique ou chamanique (Les dents du tigre). C’est ce que n’ont pas toujours saisi des exégètes trop citadins qui, après Silence et La Belette, craignaient de voir l’auteur « n’être que » le chantre de traditions rurales enracinées. Au contraire, il atteint ainsi l’universalité des vrais grands penseurs contemporains.



Une autre constante chez Comès, en plus du fantastique et souvent mêlée à lui, c’est l’évocation de la guerre. Peu d’œuvres y échappent et c’est toujours un élément qui permet de réfléchir sur l’inanité de tels conflits, quelle qu’en soit l’époque.

On le sait, la grande majorité des albums de Didier Comès a été conçue pour le noir et blanc. La rétrospective À l’ombre du silence se situe donc dans les mêmes valeurs, et s’articule sur les divers thèmes qui sous-tendent l’ensemble de l’œuvre. On y retrouve évidemment de nombreuses planches originales, des objets de collection et des documents qui soutiennent ou accompagnent l’inspiration de l’auteur. Des sculptures également de Frank Pé, Claude Renard et Noël Bissot. Tout cela en une muséographie de toute grande envergure.



Mais il y a aussi de vastes panneaux qui, en des regroupements serrés, mettent en exergue des détails prélevés dans de nombreuses cases, par exemple des visages ou des mains. Didier Comès n’a jamais caché l’influence que le cinéma – en particulier dans le domaine du cadrage et du montage – avait sur sa façon de raconter une histoire, sans oublier l’expressionnisme puissant que permet le contraste du noir et du blanc. Ce sont autant d’éléments que la présentation originale de cette exposition fait ressortir, tout en accentuant l’intérêt que peut y prendre un public plus large que celui des bédéphiles acharnés.



[Á l’ombre du silence-Rétrospective Comès au BAL – Musée des Beaux-Arts de Liège, Féronstrée, 86, 4000 Liège, jusqu’au 16 septembre, ma-sa : 13-18h, di : 11-18h]
Mise à jour le Mardi, 22 Mai 2012 20:15