Monde Premier. Malmundarium. Jusqu'au 28/10
Écrit par Albert Moxhet   
Jeudi, 03 Mai 2012 03:00

 Samedi Coup de cœur d’Albert Moxhet

Beaucoup de personnes, dans notre région, connaissent Raoni, le chef des Indiens Kayapo de la forêt brésilienne. Celles qui sont bien au courant savent que si Raoni est venu à Malmedy, c’est parce que son ami Jean-Pierre Dutilleux, qui appuie l’action de sauvegarde de son peuple, est malmédien. Et tout le monde ne sait pas que Jean-Pierre Dutilleux est un ethnographe qui travaille sur une quinzaine de Peuples premiers en divers lieux de la planète. Une exposition en témoigne au Malmundarium.

Des photos et un grand nombre d’objets élaborés par ces populations sont réunis sous les combles de l’ancien monastère et permettent d’approcher des modes de vie extrêmement différents du nôtre. Dans une conférence donnée au lendemain du vernissage, Jean-Pierre Dutilleux a passé en revue quelque quatorze peuplades d’Amérique du Sud, d’Afrique, d’Asie et des Îles avec lesquelles il entretient des contacts scientifiques et humains.



Il ne suffit pas, en effet, de débarquer, comme on le voit souvent à la télé, avec de gros moyens auprès d’un peuple vivant selon ses traditions ancestrales, de s’y faire filmer, même de façon touchante, puis de s’en aller en y laissant frustrations et promesses non tenues. Loin du show médiatique et avec seulement deux ou trois compagnons, Jean-Pierre Dutilleux aborde délicatement les populations en question – parfois dangereuses parce que méfiantes – et y noue des contacts. Il y observe le mode de vie, les traditions, les croyances. Il y revient par la suite, montre les films réalisés, constate la continuité ou les changements intervenus. C’est ainsi que, dans certains cas, il peut mélanger sans heurts des photos prises à des années d’intervalle, alors que parfois, il ne retrouve presque plus rien de ses premières observations.

C’est d’ailleurs la taraudante question qui se pose actuellement au sujet des Kayapo si le Brésil ne renonce pas en dernière minute à la construction du barrage de Belo Monte, qui va noyer toutes leurs terres, ruinant tout le travail réalisé depuis des dizaines d’années par Raoni (dont on voit ici une splendide parure de plumes offerte à Jean-Pierre Dutilleux).



L’exposition Monde Premier ne doit surtout pas être visitée comme on le ferait d’un cabinet de curiosités. Il s’agit de se rendre compte – et on ne le fera jamais assez – qu’il existe encore des populations qui peuvent vivre sans les critères que l’Occidental a imposés comme normes, et que l’on n’est pas moins humain pour autant. Loin de se considérer comme les maîtres d’une nature qu’il faut dominer, les Peuples premiers y recherchent les conditions mêmes de leur survie dans un équilibre qui est aussi précaire qu’indispensable. Quand on se rend compte de l’effroyable gâchis que notre mode de vie a généré sur la planète, on se rend compte qu’il y a vraiment des leçons à recevoir de ces Peuples qui s’en tiennent à l’essentiel. Ce qui ne veut pas dire, évidemment, que nous devons vivre comme eux. C’est une question de sagesse.



[Monde Premier au Malmundarium, place du Châtelet, 9, 4960 Malmedy, jusqu’au 28 octobre, de 10 à 18h, fermé le lundi, excepté vacances scolaires. Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir. , www.malmundarium.be , 080/799 668]       
Mise à jour le Jeudi, 03 Mai 2012 03:28