Sur les traces de la Wallonie française
Écrit par Albert Moxhet   
Vendredi, 09 Janvier 2015 22:20

Samedi Coup de cœur d’Albert Moxhet

Durant vingt ans, à une époque où l’Europe a connu des changements fondamentaux, la Wallonie a fait partie de la France. Après un prologue en 1792-1793, la période 1794-2014 a laissé dans nos provinces de nombreuses traces – positives ou destructrices – que Frédéric Marchesani étudie dans un nouvel ouvrage édité par l’Institut du Patrimoine wallon.

 
Historien formé à l’ULg, l’auteur est un collaborateur actif du service des publications de l’IPW. On lui doit notamment un excellent ouvrage sur les anciens « pays » de Wallonie dont nous avons rendu compte ici-même il y a un an. Il dresse cette fois un inventaire large et fouillé de ce que la période française a laissé dans nos paysages et institutions. Si, évidemment, le personnage de Napoléon, dont le buste orna longtemps encore une fontaine verviétoise, est la figure dominante de ces années-là, les éléments envisagés par Frédéric Marchesani englobent nécessairement un champ beaucoup plus large.

Des premiers jaillissements révolutionnaires représentés par la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen pour le Franchimont proclamée en septembre 1789 au Congrès de Polleur jusqu’à la sculpture qui en commémorera le deuxième centenaire, la moisson est vaste : sites de batailles, institutions, ruines, monuments, repères géodésiques, œuvres d’art, bâtiments témoins de la vie quotidienne et des activités de ce tournant de siècle où l’industrie commençait elle aussi sa révolution, patrimoine funéraire mais aussi naturel, tout se retrouve dans ces pages bien organisées et abondamment illustrées.

Les très nombreux monuments commémoratifs et dalles funéraires évoqués dans l’ouvrage sont l’occasion d’autant de notices biographiques joliment enlevées et qui, à côté des formules lapidaires gravées, apportent une connaissance plus humaine des personnages en question, quel que soit leur camp. Le lecteur d’aujourd’hui pourrait d’ailleurs s’étonner de voir souvent qu’un même homme s’engageait successivement, sans états d’âme, dans des armées opposées. Dans la relativité des choses qui marque les différences entre les époques, cette pratique remontant loin dans le temps serait aujourd’hui taxée de trahison ; elle rappelle incidemment combien l’état militaire, privilège de la noblesse, était proche du mercenariat auquel recouraient les sergents-recruteurs.

Comme il se doit, ce volume, qui constitue une somme dans son domaine, est doté d’index des noms de personnes et des noms de lieux ainsi que d’une imposante bibliographie. Il se lit donc aussi aisément en continu qu’en consultation spécifique. [Frédéric MARCHESANI, Sur les traces de la Wallonie française, Namur, Institut du Patrimoine wallon, 2014, ISBN : 978-2-87522-151-3]

(Photos de ce texte : J. Spitz, G. Focant, IPW, B.Stassen)  

   

 

Mise à jour le Vendredi, 09 Janvier 2015 22:55