Le Blaireau (Meles meles)
Écrit par Christian Desart Guide nature   
Samedi, 05 Juin 2010 20:23
 

 Ce mois-ci  je vous propose un animal discret qui enrichit par sa présence la faune de nos sous-bois. 

Avec son maquillage noir et blanc sur sa tête, cela fait  de lui un des mammifères les plus identifiables d’Europe mais ses mœurs restent méconnues de l’homme.

Son activité nocturne et son mode de vie souterrain ont contribué au fait que  des opinions erronées ont été émises et ce n’est que récemment que les zoologistes ont réussi à compléter ou corriger ces données.

Même si l’augmentation des effectifs semble encourageante, la plupart des populations sont presque exclusivement dans le sud-est du pays. Le blaireau a disparu de la région Bruxelloise et sa présence en Flandre est limitée au centre et au sud de la province du Limbourg (300 à 400 animaux). En 1974 on ne comptait plus qu’une dizaine de blaireaux dans la région de la Voer, et actuellement grâce aux mesures de protection, on compte à nouveau 200 blaireaux sur le territoire des Fourons. En Wallonie, où l’on dénombre au moins 3000 individus, l’espèce est en fait en régression sur plus de la moitié de son  aire de distribution  (en particulier au nord et à l’ouest) mais la croissance de la population, principalement en Ardenne, masque ce déclin. La situation du Blaireau en Belgique nécessite donc toujours une  extrême vigilance de la part des autorités et des associations de protection de la nature.

Le Blaireau est un animal court sur patte, au corps massif et ramassé, à l’allure pataude. La tête est effilée, blanche avec deux raies longitudinales noires, s’élargissant vers l’arrière. Les oreilles noires sont ornées d’un fin liseré blanc. Le dos, les flancs et l’arrière-train sont recouverts de longues soies raides (poils de jarre) blanches à la racine, noires dans le milieu et claires au bout, donnant un aspect grisâtre à l’animal. La queue est courte et touffue. Les pattes courtes et puissantes sont pourvues chacune de cinq doigts munis de griffes  longues et robustes. Le poids en moyenne varie autour de 12kg mais en automne, il peut atteindre plus de vingt kilos. Sa vision est faible mais son ouïe est fine et c’est son sens de l’odorat qui est le plus développé  (supposé 700 à 800 fois plus fin que celui de l’homme).

 

                                                                                     

Les Blaireaux peuvent se reproduire dès l’âge de deux ans. Les femelles auront une portée par an de 1 à 5 jeunes, le plus souvent de 2 à 3. Les naissances ont lieu vers fin février et en mars et les jeunes seront allaités pendant 12 semaines. La durée de vie d’un blaireau, en milieu naturel, ne dépasse pas l’âge de 4 ou 5 ans car même s’il n’a que peu de prédateurs naturels comme le renard, le grand-duc, le lynx ou encore le loup ou l’aigle, c’est le trafic routier qui constitue la principale cause de mortalité.

 

             

Le Blaireau est réputé pour creuser des terriers profonds et complexes  Le nombre d’entrées appelées aussi gueules du terrier principal varie de 6 à 15 et parfois plus. Les galeries peuvent descendre jusqu’à 3 mètres de profondeur et former de véritables labyrinthes sur 2 ou 3 niveaux. La chambre principale ( d’une taille moyenne de 1m sur 0,50m) est tapissée d’une litière d’herbes sèches, feuilles mortes, fougères ou de mousse qui est changée plusieurs fois par an. Dans les grands réseaux de galeries, le Blaireau tolère parfois des colocataires comme le Renard roux ( Vulpes vulpes) et le Lapin de garenne ( Oryctolagus cuniculus).

Son régime alimentaire nécessite peu d’exigences. Il  est plutôt opportuniste et s’adapte aux ressources alimentaires locales et saisonnières  (rongeurs, vers de terre, escargots, limaces, insectes (guêpes, coléoptères, grillons chenilles...) batraciens. Classé pourtant dans l’ordre des mammifères, il peut se nourrir, ponctuellement ou localement, presque exclusivement de végétaux (racines, bulbes, tubercules, baies, champignons, glands, pommes, poires, faines, châtaignes, noix etc…).

Comment reconnaitre un terrier de Blaireaux occupé ? Il suffit d’observer les nombreux indices de présence que laissent les Blaireaux :

-         Des déblais important de terre fraiche présentant une gouttière en forme de toboggan : lorsqu’ils creusent de nouvelles galeries, ils évacuent la terre à reculons. Ces va et vient créent une gouttière caractéristique.

-         Des coulées (sentiers)  bien marquées : les Blaireaux se déplacent en empruntant toujours les même parcours, créant ainsi un réseau de coulées autour du terrier.

-         Tas  de feuilles, herbes sèches ou petit tas de foin  ( restes de litière évacuée).

-         Présence de poils devant les entrées.

-         Traces de griffes sur les arbres.

-         Traces des latrines : le Blaireau étant propre, il fait toujours ses « besoins » hors du terrier dans une petite dépression d’une dizaine de centimètres de diamètre appelée latrine ou encore cabinet situé à proximité du terriers

En région wallonne, la chasse aux Blaireaux est fermée depuis 1973 et l’espèce est protégée depuis août 1992. L’usage de collets ainsi que le  dérangement et la destruction des terriers sont interdits.

 

Christian Desart  Guide Nature

Mise à jour le Mercredi, 14 Juillet 2010 19:55