Le martinet noir |
Écrit par Christian Desart Guide nature | ||
Jeudi, 01 Mai 2008 06:05 | ||
Son plumage est brun très foncé presque noir avec la gorge plus claire. Ses ailes sont effilées ce qui lui permet d’atteindre des vitesses pouvant aller jusqu’à plus de 100km/heure. C’est d’ailleurs ainsi qu’on le voit le plus souvent. Il se lance dans des courses poursuites effrénées avec ses congénères se faufilant entre les maisons en lançant des cris stridents (sriiii, sriiii) jusque tard le soir. C’est de cette manière que se reforment les colonies et les couples. Il nous revient de loin, + de 7000km, du sud de l’équateur ( Congo, sud est du Kenya jusqu’au Cap). Il vient chez nous pour y nicher dans les corniches de nos maisons. Fidèle à ses sites, il va construire un nid sommaire fait de débris divers attrapés en vol qu’il va mélanger à de la salive afin de former une petite coupelle dans laquelle la femelle y déposera 3 à 4 œufs. Celle-ci va couver pendant 18 à 21 jours. Il en sortira des jeunes oisillons nus et aveugles qui seront nourris par les deux parents avant de quitter le nid après 5 à 6 semaines. A partir de ce moment, les jeunes vont s’élancer dans les airs pour toute une vie sans pratiquement se poser (le seul moment où l’oiseau est vraiment posé est la période où l’oiseau couve ses œufs). Vers la fin du mois de juillet l’instinct de migration va déjà arriver à son comble et les jeunes, à peine exercés au vol, vont devoir s’engager dans un long voyage qui va les mener vers les lieux d’hivernage à des milliers de kilomètre d’ici. Ils sont d’ailleurs appelés des visiteurs d’été.
Le martinet est fascinant à plus d’un titre. Cet oiseau passe la majeure partie de sa vie en vol. L’accouplement des martinets s’effectue en vol à haute altitude pendant un vol plané d’une vingtaine de secondes. Fin de journée, les oiseaux se regroupent et prennent des courants d’air chaud ascendants pour aller à 1500 à 2000 m d’altitude afin de prendre un repos de courte durée et ainsi de suite de courants en courants . Pour ses repas, pas le temps de se poser non plus, il chasse les insectes en vol. En cas de mauvaises conditions météo, le manque d’insectes pour le nourrissage des jeunes se faisant sentir, il n’hésitera pas à laisser sa progéniture en semi léthargie (ralentissant ainsi le métabolisme pour palier au froid et au manque de nourriture) pendant une dizaine de jours maximum pour aller chasser à plusieurs centaines de kilomètres. Il emmagasinera ainsi des insectes dans sa gorge pour venir régurgiter de la nourriture pour ses jeunes. Après examen de ces « boulettes de viande », des chercheurs ont pu constater qu’une d’entre elle contenait 63 diptères (mouches), 53 éphémères, 30 cicadelles, 25 pucerons, 10 coléoptères, 7 fourmis et une araignée. Mis à part les problèmes rencontrés en migration (mauvaises conditions météo, pénurie de proies lors du survol du Sahara,…), les martinets sont menacés par les avions de ligne lors des vols nocturnes (dortoirs en haute altitude). Une autre menace inquiétante est la disparition progressive des possibilités de nidification. Les vieilles corniches sont de plus en plus rénovées en condamnant tous les accès. Il existe pourtant des solutions, par exemple de placer un nichoir lors de rénovation de toiture mais cela n’est pas encore bien entré dans les mœurs. Maintenant que nous en savons un peu plus sur la vie intime du martinet, nous pourrons peut-être le protéger un peu plus en sachant que sa vie n’est pas de tout repos.
Desart Christian Guide Nature pour Best of Verviers mai 2008
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Mise à jour le Vendredi, 29 Août 2008 08:52 |