| Mathieu Simons est enseignant. Passionné par l’histoire des années trente et de la Collaboration il vient de signer aux éditions Vieux Temps un remarquable ouvrage sur le rexisme dans notre région. Un travail d'orfèvre car il a rassemblé et analysé d’innombrables documents, pour la plupart inédits, et en donnant la parole aux acteurs de cette période encore sensible. L'historien retrace l’histoire du rexisme verviétois, des prémices jusqu’à la disparition finale. Rencontre avec un auteur passionnant |
Mathieu Simons qu'est ce qui vous pousse a poursuivre le sujet de votre mémoire sur le Rexisme? Mon mémoire s'arrêtant en 1940, j'éprouvais le désir de comprendre comment un mouvement politique d'avant-guerre qui n'était jamais au départ qu'une dissidence du parti catholique se lance dans la voie de la collaboration suite à l'occupation allemande. Je désirais avoir une vue d'ensemble sur le sujet en tâchant d'étudier le rexisme verviétois de sa naissance à son extinction. Mais, plus encore, je désirais comprendre, comment et par quels moyens, les rexistes s'étaient très concrètement implantés sur un plan local. Quelles étaient les activités concrètes qu'ils menaient, quels locaux occupaient-ils, quelles étaient les motivations des membres et quels étaient leurs rapports avec le reste de la population ? Toutes ces questions restaient sans réponses en ce qui concerne Verviers et je souhaitais pouvoir m'y pencher plus en détail. Qu'est ce qui vous a le plus étonné ou surpris dans vos recherches? Que le rexisme est encore un sujet fort mal compris une majorité de la population. De nombreux raccourcis sont faits, des incompréhensions existent toujours. Une forme de tristesse ou de rancœur existe toujours chez les anciens rexistes qui estiment avoir été mal jugés par l'opinion publique après la guerre. A l'opposé, chez les opposants au mouvement, il existe une vision assez monolithique de cette histoire qui a tendance à amalgamer tous les rexistes, qu'ils soient d'avant ou de pendant la guerre, et de les associer complètement au régime nazi. L'histoire est plus compliquée que cela. | |
Quel serait votre message pour nos jeunes, après ce travail très intéressant ? Tout simplement qu'il faut s'intéresser à cette facette de notre histoire. En 2013, combien de jeunes savent qui était Léon Degrelle et comment il a animé la vie politique belge durant près de dix ans ? Cette histoire peut être source d'enseignements, d'interrogations et surtout de débats. Le goût de l'Histoire et la question de la transmission de celle-ci sont des choses d'essentielles qu'il faut veiller à enseigner à nos jeunes.
Présentation de l'ouvrage :
| À partir du milieu des années 30, Verviers découvre Léon Degrelle et le rexisme. Le chef de Rex et ses partisans vont agiter la vie de l’arrondissement durant plus de dix années. À Verviers, Spa, Herve, Theux ou ailleurs, des dizaines de meetings ont lieu. Enthousiastes, des centaines d’habitants rejoignent Rex et adhèrent aux théories défendues avec fougue par Léon Degrelle. En 1936, près d’un électeur sur quatre vote Rex dans l’arrondissement de Verviers ! En 1939, ils ne sont plus que 7 %. Durant l’Occupation, le rexisme prend un autre visage. Il se lance sur la voie de la Collaboration, entouré par d’autres groupuscules d’Ordre nouveau. Comment le rexisme et ces autres organismes vont-ils s’implanter dans nos régions ? Comment sont-ils perçus et comment ont-ils à lutter contre la Résistance ? Quelles formes prenaient leurs actions ? Et, surtout, qui étaient ces hommes qui s’engagèrent politiquement ou militairement au nom de ces organisations ? Autant de questions auxquelles l’auteur tente de répondre à travers cette première contribution sur le sujet. Pour la première fois, la lumière est faite sur cette face méconnue de l’histoire de notre arrondissement. |
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