« ACQUA ALTA », roman de Philippe Groulard, Editions Noctambules, 2010
Écrit par Best of Verviers   
Samedi, 13 Novembre 2010 18:30

Philippe Groulard, verviétois, a publié aux éditions Irezumi une saga dans la collection jeunesse intitulée « Les aventuriers du Trou de Sottais », et en 2009, déjà aux Editions Noctambules, son premier roman de littérature générale, « Ylang-Ylang », qui avait pour cadre notre belle région.

Dans ce nouvel opus « ACQUA ALTA », il s’affranchit de ses racines et nous emmène principalement à Venise.

L’auteur a conservé son écriture caractéristique, directe et imagée, parfois crue, pour nous convier à une balade romantique depuis la Guidecca jusqu’au Castello et San Michele, parsemée de rencontres, d’art moderne, de Spumante et de Champagne, d’un soupçon de SM et d’une passion dévorante.

Petit résumé avant l'interview :

Un homme est chaviré par un nouvel amour à Venise. Est-ce l’amour d’une femme, celui des itinéraires secrets de la cité des Doges, celui des délices de la lagune ou est-ce celui du sang ?Confronté au meurtre, comme se comportera-t-il dans les brumes hivernales des canaux ?
Il l’ignore, mais il a quelques âmes à sauver de la marée montante…



Nous avons rencontré Philippe Groulard juste avant la sortie de « Acqua Alta » en librairie

Et de deux ! Comme pour les écrivains les plus prolixes, Philippe Groulard, notre écrivain régional nous propose ce qui pourrait devenir un rendez-vous annuel. Après Ylang Yllang en 2009, voici Aqua Alta qui sort aux Editions Noctambules. Philippe Groulard, bonjour, travaillez-vous la nuit ou sont-ce les elfes, lutins, gnomes,... de votre livre "Le Trou des Sottais" qui vous aident à la tâche ?

Philippe Groulard : Non, il n’y a ni Monsieur Sottais enchaîné à mon clavier, ni Madame Sottais dans ma machine à pain. Le temps est malheureusement l’une des denrées que j’ai le plus de mal à trouver, et je ne peux donc pas vous promettre un rendez-vous annuel…



Cette fois, vous vous émancipez, vous quittez votre région préférée pour nous emmener à Venise. Pour un flirt, une romance, un voyage amoureux ?


PG : Pour un crime avant tout. Pour un flirt, certainement pas, mais une romance, oui, absolument. Pour un imbroglio en fait.
Mon personnage va subir une situation dramatique dont il ignore être responsable et cela ne va pas éclabousser que lui. C’est difficile à raconter sans trop en dévoiler. Pour faire simple, disons que trois femmes gravitent autour de lui. Il s’agit de trois nouvelles rencontres intimement liées, l’une ne s’en relèvera pas, l’autre glissera vers les enfers et la dernière récupèrera son âme. Mais rien de mystique dans tout cela, c’est un roman qui parle d’humanité, de respect, d’intégrité et d’amour. Seulement il faut parfois savoir lire entre les lignes ou ne pas s’arrêter au premier degré de lecture, car j’ai souvent mis en exergue leurs contraires. Le mal est sans doute plus jouissif à écrire…


On sait que vous aimez les grandes métropoles comme Barcelone, Paris, New-York. Il y a l'aspect découverte et culturel sans doute. Et pour Venise, qu'est-ce qui vous attire ?

PG : J’ai deux ados à la maison et depuis quelques années, nous profitons qu’ils soient encore attentifs à nos propositions pour dépenser les économies annuelles en vacances didactiques. Une semaine dans une ville. Le grand est intéressé par les ambiances, l’architecture et les découvertes culinaires, le plus jeune est friand d’art moderne et de musées en général. A Londres c’étaient la Tate Modern et le British Museum ; à Paris le Quai Branly et le Louvres ; à Barcelone le MacBa et Gaudi ; à New-York le MoMa et la buse Pale Male à Central Park ; et à Venise, nous y sommes allés principalement pour la fondation Pinault et bien sûr, l’ambiance de la ville en général.
Et à peine étais-je installé dans l’avion du retour, que l’inspiration arrivait !

 

Acqua Alta, le titre du roman signifie marée haute. Pourquoi ?

PG : Je vous ai ramené une photo prise à peine quelques minutes après que l’Acqua Alta se soit retirée du parvis du Palais des Doges. Vous ne trouvez pas cette ambiance extraordinaire ? Les pavés sont lavés et ils brillent. Mes personnages ont besoin de se laver intérieurement. Et certains arriveront alors à briller.

Quelle est la trame de ce début d'histoire ?

PG : Mon personnage (il n’a pas de nom, si vous voulez, vous pouvez vous y identifier, mais ce serait faire montre de fantasmes assez particuliers !), est à Venise pour y livrer un courrier pour le compte d’un mystérieux commanditaire. Il pense n’y faire qu’un aller-retour mais va être contraint d’y séjourner plusieurs jours et cette perspective ne lui plaît pas du tout car il est persuadé qu’il va s’y emmerder comme un rat mort. C’est novembre, il pleut tout le temps et il a bousillé ses nouvelles Geox dans l’Acqua Alta.
Et les bêtises vont commencer.
Et l’amour va débarquer.
Et deux mondes vont s’affronter tant introspectivement que dans la réalité palpable des êtres qui l’entourent.

Vos personnages sont inspirés de modèles de la littérature, de people, de personnes connues ou uniquement de votre imaginaire ?

PG : Ils sont issus d’un peu de tout ça. Pour ancrer le récit dans une certaine réalité je n’hésite pas citer des personnages publics, magnats de l’industrie, artistes, écrivains. La plupart de mes personnages féminins sont inspirés physiquement de personnes existantes, cela m’aide à définir les traits et les personnalités, à les décrire sommairement mais correctement. Et puis mon imaginaire vient modifier tout cela et mes personnages deviennent de nouveaux individus à part entière. Enfin, j’espère.

Une histoire dont nous avons déjà pu nous approprier la première partie. Passion, émotions, découvertes, intrigues, mystère, ... Lequel de ces mots vous parle ?

PG :Tous bien sûr. Vous retrouverez tout cela au fil des pages, mais bien d’autres aussi. Dépendance, déchirure, tristesse, détresse, pour les négatifs. Humour, amour, sexe, pour les positifs.


Votre style assez direct, croustillant, et même parfois assez cru, accroche le lecteur. Quelle a été votre recette pour pimenter ce récit ?

PG :Il n’y a pas réellement de recette. L’histoire évolue au gré de mes humeurs, sans jamais perdre de vue le phare qu’est la fin, fin que je rédige définitivement lorsque j’ai atteint à peu près la moitié de l’histoire.
J’essaie d’être authentique dans l’acte d’écrire, cela rend mon récit parfois « parlé », je trouve que cela dynamise le texte, mais sans doute que cela le raccourci également. Je plante les descriptions rapidement et je laisse le soin au lecteur de s’imaginer les décors plus à fond s’il s’y laisse prendre.
Et puis, je vois bien où vous voulez en venir : j’appelle un chat un chat et par conséquent une chatte une chatte, pas besoin de faire trois pages remplies de tergiversations et d’évitements pour faire comprendre de quoi on parle, ce n’est pas mon genre.


Qu'est-ce qui vous plaît dans l'acte d'écrire ?

PG :Etre ailleurs. Etre avec moi-même.
Avoir le frisson de créer et l’excitation de faire exister des idées.


Vous sentez une évolution dans votre écriture depuis vos premiers écrits ?

PG :Oui, je quitte de plus en plus la retranscription d’événements vécus pour aller de plus en plus dans l’imaginaire. Cela demande une part de documentation, mais cela m’éloigne du risque d’identification de l’auteur à son personnage.
Même si certaines pages ne sont encore qu’une suite de courts dialogues, il m’arrive de plus en plus d’écrire en mode narratif.
Et non, car je tiens à conserver mon style direct, l’histoire courte qui va capter le lecteur pendant quelques heures et puis le laisser aller vers autre chose. J’aime aussi circonscrire certains chapitres en un ou deux paragraphes forts où les sous-entendus sont lourds.


Les retours de votre roman Ylang-Ylang ont-ils été intéressants ?

PG : Les réactions ont été très positives, à de très rares exceptions près généralement à cause de la manière « crue » d’écrire que vous évoquiez plus haut et qui ne convient pas à toutes les âmes sensibles.
C’est un roman que je continue à beaucoup aimer, pour lequel j’ai pas mal de tendresse, peut-être parce qu’il décrit un écueil que j’ai réussi à éviter. Mais Acqua Alta ajoute une dimension vaguement policière et intensément sulfureuse. J’y mets beaucoup d’espoir.



Qu'est-ce qui est le plus important dans votre vie aujourd'hui ?

PG : Ma femme vous répondrait « écrire » (parce que le lave-vaisselle a rendu son dernier jet et qu’elle voudrait que je l’aide un peu).
Ma réponse est la « quête d’authenticité ».


Merci ! Bon et maintenant, Mojito ou Champagne ?

PG : Spumante !


Infos pratiques :
ACQUA ALTA, roman de Philippe Groulard, Editions Noctambules 2010
ISBN 978-2-930616-00-1
15,00 € dans les librairies verviétoises ou sur le site web de l’éditeur.
http://users.mobistar.be/polygraphos/philippe_groulard.html
L’auteur dédicacera son livre lors de la réunion annuelle « Au rendez-vous des écrivains » qui se tiendra le dimanche 12 décembre 2010 dès 14h00 au Paradise Café à Verviers, rue du Manège n°14.

 

Mise à jour le Samedi, 20 Août 2011 07:23