| À l’occasion d’une exposition des œuvres de François-Auguste Ortmans au Musée départemental de l’École de Barbizon (Seine-et-Marne), l’historien d’art Étienne Bertrand a publié un très beau livre de 80 pages, dont 42 illustrations en couleur de tableaux : François-Auguste Ortmans (1826-1884) Un maillon entre les Écoles du Nord et Barbizon, Montreuil-sous-Bois (Lienart éditions), 2009, ISBN 978-2-35906-012-6, (10,00 €). Qui, à Verviers, ne connaît pas le monument Ortmans. Élevé à la mémoire du bourgmestre Jean-François Ortmans-Hauzeur (5 août 1806 – 2 février 1885), le concepteur du barrage de la Gileppe, amenant à la ville lainière une eau pure et potable pour les habitants et l’industrie. Il était un fils de Jean-Joseph Ortmans et d’Anne-Élisabeth Hayeman. |
Ce dernier avait un frère Jean-Henri-Modeste qui fut le père de François-Auguste. Le bourgmestre et le peintre étaient donc cousins germains. François-Auguste Ortmans naquit à Paris le 2 février 1826. Il était le fils aîné de Modeste (Verviers, 1796 - ?) et d’Armande Charles de Sénéchal (Le Quesnoy, vers 1795 – Paris, 10 mai 1858), qui s’étaient mariés à l’église anglicane Saint Pancras à Londres le 20 janvier 1824. Un an plus tard la famille s’était installée à Bordeaux, où naquirent cinq autres enfants, puis à Bruxelles vers 1840. De 1843 à 1846, François-Auguste résida à Anvers, où il suivit les cours de paysage de Jacques Jacobs à l’Académie royale des beaux-arts, et reçut des leçons de Jean- Michel Ruyten. Il s’installa ensuite à Bruxelles, où il collabora avec le peintre animalier Eugène Verboeckhoven et l’aquarelliste Willem Roelofs, puis il effectua son service militaire au 8e régiment de chasseurs à pied en 1848 avant de voyager en France et en Allemagne, où il fréquenta le peintre Adolf Vollmer. À Aumühle, près de Hambourg, il fit la connaissance d’Amélie-Espérance Borckenstein et l’épousa le 4 mai 1852. Elle était d’origine huguenote et membre de l’Église réformée française de Hambourg. Elle était musicienne et, selon une tradition familiale, aurait été élève de Félix Mendelssohn. De cette union naquirent neuf enfants, dont trois moururent en bas âge.
Avant la fin de l’année, le jeune couple emménage à Paris, puis deux ans plus tard définitivement à Fontainebleau, où il fréquente le temple de l’Église réformée et la chapelle de l’Église Évangélique Libre de la ville. Ils y font baptiser leurs enfants, et leurs services funèbres furent célébrés par le pasteur A. Racine-Braud. Ils se lièrent également avec quelques familles britanniques, dont certains membres furent parrains et marraines de deux de leurs enfants. Habitant en bordure de la magnifique forêt, François-Auguste Ortmans y admira ses splendides futaies et ses pièces d’eau aux reflets irisés, qui lui fournirent des sources d’inspiration qu’il rendit dans plus de deux cents œuvres picturales. En 1864, Napoléon III acheta un de ses tableaux, Vue prise dans le Mont-Ussy, forêt de Fontainebleau et quatre ans plus tard lui confia la décoration d’une salle du palais de Compiègne. Afin de réaliser cet ouvrage, l’empereur lui permit d’installer son atelier au château de Fontainebleau et lorsque les peintures furent terminées, François-Auguste Ortmans dirigea leur mise en place au palais de Compiègne.
La chute du Second Empire et l’instauration de la Troisième République fut une période difficile financièrement pour le couple Ortmans, et le peintre fit de nombreux séjours en Belgique, en Grande-Bretagne et en Suisse, où il était bien accueilli. Ses œuvres étaient exposées lors d’expositions et de salons dans de nombreuses villes de France, Belgique, Grande-Bretagne, Pays-Bas et Etats-Unis.
Depuis des années, il fréquentait aussi l’École de Barbizon, fondée par Théodore Rousseau, où il rencontrait entre autres Camille Corot, Jean-François Millet, Narcisse Diaz de la Peña et Alexandre-Gabriel Decamps. À Paris, François-Auguste Ortmans avait pris en location un atelier depuis 1882. Il mourut subitement dans la rue devant la porte du concierge d’une personne à qui il allait rendre visite le 24 novembre 1884. La vente aux enchères du contenu de son atelier eut lieu à l’hôtel Drouot le 13 avril 1885.
Une partie de la collection de quelque quatre cents tableaux de l’artiste sont exposés dans des musées à Barbizon, Bordeaux, Compiègne, Lille, Paris et Verdun, ainsi qu’à Hambourg.
E.M. Braekman
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