Parmentier et l’arrivée de la pomme de terre dans nos régions
Écrit par Pierre Israel   
Lundi, 03 Août 2009 07:18

Parmentier et l’arrivée de la pomme de terre dans nos régions et plus spécialement dans la principauté de Stavelot-Malmedy

Avant la guerre, on parlait beaucoup plus qu’aujourd’hui d’un Français du nom de PARMENTIER. Même à l’école primaire où le maître nous le présentait comme le probable introducteur de la pomme de terre en France, mais sûrement comme la personne qui s’est démenée pour la faire connaître. De là à penser que la pomme de terre est parvenue en Belgique via la France, il y a un pas qu’il ne faudrait pas franchir.

Mais qui donc est ce Parmentier (1787-1813) ?

Après ses études, il entre à l’armée où il assume la charge d’apothicaire. C’est à ce titre qu’il participe à la Guerre des Sept Ans (1756-1763).

Blessé et fait prisonnier, il est détenu dans la région de Hanovre où il constate que les habitants consomment, pour leur alimentation de base, un tubercule de la famille des solanacées qui s’appelle aujourd’hui pomme de terre.

A sa libération, on peut supposer , en ayant peu de chance de se tromper, qu’il rentre au pays avec un petit chargement de ces tubercules, sans pouvoir pour autant prétendre qu’il est le premier à les introduire dans son pays. Il est toutefois fort peu probable qu’il n’ait pas eu vent d’une introduction avant son départ pour la guerre en 1756.

De retour dans les armées, il est, en 1772, promu au grade d’apothicaire-major. L’année suivante, il propose, comme végétaux de remplacement pour l’alimentation humaine, plusieurs plantes riches en amidon, dont la pomme de terre.

Après la famine de 1785, il tente, avec l’appui de Louis XVI, une expérience publicitaire de culture de la pomme de terre, à la plaine des Sablons à Neuilly, dans un terrain rigoureusement clôturé dans le but d’attirer l’intérêt et peut-être la convoitise du peuple pour ce nouvel aliment.

Qui qu’il en soit, Parmentier est totalement étranger à l’introduction de la pomme de terre dans nos régions.


En 1695, 42 ans avant la naissance de Parmentier, Pierre de Bosson, un habitant de Hockay qui travaille dans les environs de Hambourg apporte des « poires de terre » à sa mère au hameau de Neuville, près de Francorchamps. L’appellation wallonne « crompîre » qui n’est que la déformation de l’allemand « grundpîre » atteste son cheminement germanique.

L’arrivée de la pomme de terre, dans les dernières années du XVIIIe siècle, provoque dans la principauté de Stavelot-Malmedy une véritable révolutiion de l’alimentation humaine. Elle est riche en protéine, en oligo-éléments, en vitamines E et surtout B. Elle est par contre dépourvue de vitamine C.

D’autres avantages sont les volumes des récoltes et le décalage des périodes culturales par rapport aux céréales. Ainsi, une saison peut être désastreuse pour les céréales semées à l’automne ou aux premiers jours du printemps et récolté »es en août, ma       is pas nécessairement pour la pomme de terre, plantée fin mai et récoltée seulement en octobre.

A l’avenir, une abondance de l’une pourra compenser une pénurie de l’autre.

Le succès de l’implantation de cette solanacée va rapidement opposer la population de la principauté au prince-abbé. Ce dernier, constatant la baisse du montant de la dîme, sur les céréales, cherche à l’imposer sur ce nouveau produit.

Mais il va se heurter à l’opiniâtreté des cultivateurs et des chefs de familles qui en cultivent pour les besoins de leurs familles.

 

Originaires des contreforts des Andes où ils constituent l’essentiel de l’alimentation des peuples incas depuis des siècles, ce tubercules parviennent en Espagne dès 1534. Ils se retrouvent rapidement sur la table des rois et des princes, non comme nourriture de base, mais comme gourmandise.

Entrée en Allemagne du nord par les ports hanséatiques,, la pomme de terre se répand progressivement à travers les différents états de ce pays dès la fin du XVIe siècle jusqu’au milieu du siècle suivant.

Chez nous, la pomme de terre est d’abord plantée dans les potagers, le temps d’éprouver ses qualités gustatives et de récolter assez de tubercules pour entreprendre la culture en grand.

C’est ainsi que les manants de Chevron la cultivent en plein champ dès 1705. En 1754, dans ce même village, Hubert le Masson, un des nombreux ancêtres que je possède dans ces villages de la basse Lienne, en cultive 2.500 m2 (15 verges) alors que la moyenne est de 56 verges (1.220 m2) par ménage.

 

Par Pierre ISRAEL, commissaire et trésorier de la SVAH 2009

Mise à jour le Jeudi, 30 Juillet 2009 08:59