Le curé Debouche |
Lundi, 02 Mars 2009 18:02 | ||||
Le samedi saint de 1757, il est admis comme novice à l’abbaye d’Orval, à 19 ans. Mais comme il veut d’abord poursuivre des études, il se rend en octobre 1758 à Douai y étudier la philosophie, enseignée par les jésuites.
DEBOUCHE accepte de devenir desservant de Cornesse, chapellenie dépendant de Soiron.
Grâce à ses biens personnels, il achète des vases sacrés, fait placer une cloche, érige le presbytère et établit une école. Son action ne se limite pas à ces acquisitions, son rayonnement est grand. Par exemple, en 1780, il est choisi comme négociateur dans une affaire matrimoniale princière. Il traduit l’Iliade et l’Odyssée, puis un livre d’optique. Il termine la relation de ses voyages et dresse une carte chorographique des pays de Liège et de Stavelot. Une petite parenthèse financière : A la suppression des jésuites en France, il avait pu bénéficier d’une pension pour le paiement de laquelle il a dû faire pas mal de démarches et cette affaire va le tourmenter : il a les moyens jusqu’en 1790 puis, avec les événements en France, la source se tarit. Sous la Révolution puis le régime français, il se démèrera encore mais en vain : la pension ne lui sera pas restituée. Est-ce à dire qu’il aime l’argent ? Ce qu’on sait de lui nous fait penser que non. Durant la tourmente révolutionnaire, il reste en place, ce qui est loin d’être le cas de tous les prêtres. Il donne l’hospitalité à des proscrits de tous bords, dans ce village limitrophe entre les états d’alors. Le 5 août 1791, il se rend à Tirlemont et y prend en charge un enfant de 7 ans, Jean-Guillaume-César-Alexandre-Hippolyte COLINS de HAM, fils (naturel ?) d’un officier de carrière, chambellan à la cour impériale de Bruxelles puis grand bailli du « roman païs », bref du Brabant wallon. Dans une prochaine chronique nous reviendrons largement sur cet élève de DEBOUCHE, au destin étonnant lui aussi. Notre desservant de Cornesse est décrit comme suit sur une pièce officielle : 1, 693 mètre, cheveux et sourcils noirs, yeux noirs, nez gros, bouche moyenne, menton large, front ouvert, visage plein. Mais voyez plutôt son portrait ci-joint ! En 1793, sa maison est pillée. Deux ans plus tard, le 22 juin 1795, il quitte Cornesse pour la chapelle de Dison, qui dépend de la paroisse de Petit-Rechain. Il est bien regretté à Cornesse où il soignait gratuitement les malades, mettait des talents de géomètre à la disposition de tous (et l’on imagine ce que cela peut être dans une zone rurale) et servait souvent d’arbitre dans les conflits. Il vient habiter à Dison au-dessus de la sacristie. Malade la même année, il revoit son testament et y inclut des dispositions pour l’entretien de son pensionnaire. Consulté à propos de la situation générale, il considère que le clergé doit accepter les conditions imposées par la République. C’est un prêtre, mais un prêtre de l’époque des Lumières, donc favorable à la Révolution française et à ses idéaux. Ce sera un prêtre « jureur ». En 1800, son protégé a 16 ans et se propose de faire en voyage en Allemagne. DEBOUCHE l’y aide financièrement et écrit à des personnalités des lettres de recommandation. Pourtant, depuis 11 ans, il n’a reçu aucun dédommagement de la famille COLIN de HAM ! Ceci plaide en faveur de son désintéressement, même s’il reste tracassé par la question de sa pension. DEBOUCHE a été consulté plusieurs fois par l’évêque ZAEPFFEL, mis en place par le pouvoir français. Des personnes en difficulté lui demandent aussi conseil et il est engagé dans des fonctions officielles comme la réorganisation des écoles primaires du département de l’Ourthe, la régularisation de la position des établissements des Sépulchrines et des Récollectines et leur transformation en écoles pour l’étude du français et de l’allemand. En schématisant très fort, et même exagérément, on dirait que c’est un collaborateur de l’occupant français, mais ce n’était certes pas sa façon de voir les choses, lui qui était partisan des idées nouvelles. Même s’il reste à Dison, il devient aussi directeur des religieuses de Dolhain, en octobre 1802. Il s’y rend à pied chaque semaine. Il adhère au Concordat en 1802, quoi de plus normal pour lui. Cette même année, Dison est érigé en paroisse et le voici devenu le premier curé. Mais sa santé décline, surtout en 1805. Il consulte par écrit un médecin réputé, Robert de Limbourg, de Theux. Rien n’y fait, il meurt le 5 août 1805. Etrange destinée d’une personnalité hors-format.
Les illustrations : - portrait du curé DEBOUCHE - la première page du traité de mathématiques qu’il a écrit à la main, en latin, et fait relier (c’est le livre n° 1208 de sa bibliothèque qui en comptait 1230 recensés) - une page concernant les multiplications
Ouvrages consultés :
- Jean-Simon RENIER, Biographie. Verviers et son arrondissement. Henri-Joseph DEBOUCHE, Verviers, 1858 - Ivo RENS et William OSSIPOW, Histoire d’un autre socialisme. L’école colinsienne 1840-1940, Neuchâtel, 1979, p. 9-10. - Jacques WYNANTS (Père), Ainsi naquit une industrie, Verviers, 1984, p. 116. - Traité de mathématique écrit de la main de DEBOUCHE |
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Mise à jour le Lundi, 02 Mars 2009 20:09 |