| William Cockerill naît en 1759. On le retrouve mécanicien à Haslingden, dans le Lancashire. Il a quatre enfants. N’oublions pas que le XVIIIe siècle est une époque extraordinaire de progrès techniques, habituellement initiés en Grande-Bretagne. Ainsi de la navette volante et des machines à filer, dont la Mule Jenny.
|
Cockerill quitte son pays en 1797 avec ses deux fils aînés, William et James, passe par la Russie, la Suède puis échoue à Hambourg où il fait le commerce du bois.Ici se situe, en 1797, une rencontre historique, une rencontre extraordinaire qui aura des conséquences énormes. On peut toujours inventer au départ d’un »si » mais , en l’occurence, l’événement fut fondateur. Mali, chef de bureau de Simonis, vient à Hambourg pour y acheter de la laine et y rencontre William Cockerill. Proposition est faite à celui-ci de gagner Verviers. Pourtant, en 1798, il n’y est toujours pas arrivé quand Mali retourne à Hambourg : Les Cockerill n’avaient pas eu de quoi se payer le voyage. Ils arrivent finalement en 1799. On leur installe un atelier à l’endroit dit « Au Chat », rue de Limbourg. Ils seront domiciliés au 1302, quartier de l’Est.
Cockerill fabrique, au seul bénéfice des Simonis/Biolley auxquels le lie un contrat d’exclusivité, des moulins à filer, de véritables assortiments même, avec une droussette, une carde, un moulin à filer en gros et quatre moulins à filer en fin. Voici de quoi filer 400 écheveaux par jour avec quatre personnes seulement. Progrès incroyable ! Les Simonis/Biolley peuvent se frotter les mains mais Cockerill regrette le contrat d’exclusivité.
Coïncidence ou manœuvre de William : Un jeune mécanicien de Nottingham, James Hodson, demande la main de Nancy, fille restée en Grande-Bretagne avec le cadet des garçons, John, et la maman. Nous sommes en 1802. Le mariage a lieu, les jeunes époux s’installent à Verviers et Hodson, lui, travaille sans contrat d’exclusivité, fournit tous les drapiers qui le veulent. Les Simonis se sentent floués.
En 1803, William retourne un certain temps en Angleterre.
Même durant les hostilités entre la France et la Grande-Bretagne, alors qu’ils sont citoyens d’un pays ennemi, on les laisse relativement tranquilles.
En 1807, l’entreprenant mécanicien quitte Verviers pour Liège où il installe un atelier de construction de machines à filer employant 150 ouvriers. Il vend aux Simonis, à Liège, Louvain, Montjoie, Aix-la-Chapelle, Sedan ou Reims. Ses mérites d’industriel lui valent la grande naturalisation en 1810 : il devient citoyen français.
Hodson est resté à Verviers avec Nancy, les autres sont à Liège.
En 1813, James et John s’associent à leur père, installés qu’ils sont dans une région riche en charbon et non loin des mines de fer. C’est le moment où la machine à vapeur se répand.
Arrive le régime hollandais. John est recommandé au roi Guillaume et en obtient une aide qui lui permet, en 1817, de racheter le château de Seraing et ses dépendances. Il y développe des ateliers qui produisent des machines à vapeur pour les usines textiles, pour l’exhaure dans les mines… On y construit aussi des bateaux…Les Cockerill deviennent le fer de lance de la politique industrielle des Orange-Nassau James s’est retiré des affaires en 1823 et John devient le seul chef. Il n’a pas d’enfant. Au moment de l’indépendance belge, c’est un fervent orangiste, on peut le comprendre : il ne sera pas ingrat.. En 1838, c’est un véritable complexe industriel intégré qu’il met sur pied. Une autre histoire commence, dont nous vivons les cruels sursauts aujourd’hui.
Jacques WYNANTS et SVAH, 2011
|