Mr Nobody |
Écrit par Jean Wiertz | ||
Lundi, 25 Janvier 2010 18:39 | ||
La narration démarre en effet à partir d’une situation vécue par un enfant de 9 ans, confronté à un choix impossible devant le divorce de ses parents : soit accompagner sa mère, qui part rejoindre son amant à New-York, ou rester avec son père malade. Pour nous conter le triple destin de son héros, le cinéaste a choisi de supprimer la seule barrière infranchissable de la nature, celle de l’irréversibilité du temps : le temps, dans l’univers de Nobody, est réversible : il peut revenir sur certaines décisions ou paroles, et va dès lors acquérir 3 personnalités, à travers les différentes logiques sociales auxquelles il va se confronter. 3 femmes à aimer, 3 parcours professionnels, vécus par la même individualité, 3 rêves de bonheur, confrontés à l’altérité, et aux aléas de la vie, 3 parcours de vie qu’un accident peut briser à tout moment… 3 choix possibles, qui mènent tous à des moments d’extase et de souffrances ; paradoxalement, c’est le parcours qu’il aura le mieux maîtrisé qui le laissera avec les plus grandes frustrations. Le cinéaste mêle ces trois histoires, qui pourraient être l’ébauche de 3 films différents, avec beaucoup d’habileté. Les images qu’il crée sont de toute beauté (Ah, ces vélos en orbite autour de la planète mars !). Et l’intense interprétation de Jared Leto donne cohérence à tous ces éléments disparates. La réversibilité du temps est évidemment un artifice artistique, qui permet au cinéaste de nous montrer des choses importantes sur la construction de la personnalité socio-biographique. L’auteur exploite d’ailleurs à fond toutes les possibilités de cette hypothèse, et nous réserve une jolie et amusante séquence finale. Ce film très innovant et inclassable nous laisse un peu perplexe en cours de projection, et ne révèle ses multiples richesses que plus tard, de sorte qu’on a déjà envie de le revoir. Un spectacle donc à ne pas bouder.Une réfutation des déterminismes à la mode, un original et poétique hymne à la vie, qui nous rappelle les mots d’André Gide : « Si tu savais le goût amer et doux, le goût délicieux qu’a la vie si brève de l’homme. Si tu savais ce que la proche attente de la mort donne de valeur à l’instant. »
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Mise à jour le Lundi, 25 Janvier 2010 23:09 |