A l'Origine
Écrit par Jean Wiertz   
Mercredi, 18 Novembre 2009 20:31

De Xavier Giannoli (France 2009), avec Emmanuelle Devos, Stéphanie Sokolinski, François Cluzet.

Un homme solitaire gagne sa vie avec de petites escroqueries, telles que la vente de matériel de bricolage loué. Il dresse sur une carte les endroits déjà visités, et veille à maintenir une distance géographique suffisante entre les différentes zones de ses délits. Il aboutit ainsi dans un bourg, près duquel on devait construire une autoroute. 

 A l’origine (Ah ! Ce titre… !), il y avait une espèce rare de scarabées, dont l’existence était menacée par les travaux, de sorte que le chantier n’a jamais pu commencer, laissant une sorte de no man’s land avec des bicoques et des engins abandonnés. Décision catastrophique pour le bourg, où plusieurs PME avaient déjà réalisés d’importants investissements dans les véhicules de chantier, et où le taux de chômage atteint les 20%.

 

Se faisant passer pour un représentant d’une importante entreprise de travaux publics, il est rapidement approché par les habitants, qui pensent que le chantier va démarrer, et il monte une gigantesque escroquerie : le petit matériel de bricolage est ici remplacé par des engins de génie civil.L’escroc va donc devoir se sédentariser.Peu à peu, il se fait happer par la communauté, qui l’accueille en sauveur, ce qui va l’amener à devoir reconsidérer la supercherie qu’il a montée…

Le film tire son suspense du parcours de l’imposteur, inspiré de faits réels survenus en 1997 à Saint-Marceau : quel stratagème va-t-il employer, comment va-t-il faire face aux accidents, combien de temps va-t-il tenir face à la méfiance grandissante du bourg, comment va-t-il s’en sortir ?

Mais le personnage principal –et c’est de là que le film tire sa grande force- est une entité organique : la communauté du bourg.Celle-ci apparaît très soudée, très homogène, suite aux difficultés économiques dans lesquelles elle est plongée : mais ici, pas de sinistrose, pas de visages fermés ; au marasme qui l’accable, les habitants répondent par de petites fêtes, des fancy-fair, des animations sportives : la politesse de ceux qui veulent affronter les difficultés dans la dignité et continuer à croire en leur chance.Et ils sont prêts à vénérer le premier charlatan qui se présente, question de nourrir l’espoir sans lequel ils ne peuvent exister.La communauté saura alors mobiliser toutes les ressources dont elle dispose pour construire le tronçon d’autoroute qui lui assurera un avenir. Elle réussira même à intégrer dans son élan la jeunesse désœuvrée.

Et devant tant d’énergie, tant d’enthousiasme, l’escroc va s’humaniser, acceptera finalement de partager les repas et de faire la fête avec les habitants; il imaginera un ultime stratagème… et c’est dans un couloir de lumière dressé sur un ruban noir de bitume que se produira la rencontre avec les forces de l’ordre.

A l’origine, il y avait les habitants du bourg…

Un hommage à ces communautés humaines en difficulté, portées par l’espoir, les projets dérisoires, et les liens d’amitié qui tissent la vie de tous les jours.

 

Mise à jour le Jeudi, 19 Novembre 2009 20:36