Antichrist |
Écrit par Jean Wiertz | ||
Jeudi, 24 Septembre 2009 18:55 | ||
On remarquera que le jardin d’Eden du récit de la genèse est devenu la forêt d’Eden : à la vision bucolique d’une nature paisible et reposante, le cinéaste à substitué une vision plus réaliste, telle que la ressent son héroïne : un lieu qui est le théâtre d’affrontements mortels entre les êtres qui la peuplent, pour assurer leur survie, et dont le rationnel est exclu. Le sujet central de ce film est la peur du néant.La peur, émotion première et essentielle, qui à la fois assure un comportement de survie et provoque des réactions mortifères.A ce titre, l’une des scènes clef du film est celle où l’homme aperçoit une biche, qui ne semble pas trop effarouchée. S’approchant de plus en plus près de l’animal, il finit par la faire fuir, et se rend compte qu’elle était en train de mettre bas, condamnant ainsi le jeune faon à une mort certaine.Multipliant les erreurs, incapable de comprendre la symbiose entre la femme et la nature, enfermé dans son discours rationnel, l’homme sera finalement confronté à la terreur qu’éprouve son épouse. Celle-ci se défendra en lui imposant de sanglants sévices physiques et psychiques dans l’éprouvant dernier chapitre du film. La confrontation entre l’homme et la femme, le raisonnement et l’émotion, la technologie et la nature, est traitée par le cinéaste comme un récit mythique, mêlant une histoire humaine à des symboles, des rêves, des cruautés, avec une intelligence et une force rarement atteintes au cinéma. Lars Von Trier dédie son chef-d’œuvre à Andreï Tarkovski, cinéaste russe d’une très grande lucidité, qui tentait de conjurer l’angoisse que lui inspirait l’état du monde à travers un engagement mystique. Formellement aussi, la forêt d’Eden n’est pas sans rappeler « la Zone » du film « Stalker », où un éveilleur guidait un scientifique et un écrivain vers une " chambre des vœux". |
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Mise à jour le Dimanche, 04 Octobre 2009 14:41 |