London River |
Écrit par Jean Wiertz | ||
Mercredi, 10 Juin 2009 11:40 | ||
Entre quêtes dans les rues de la ville, visites d’hôpitaux, nuits d’angoisse, moments de prière (Ousmane est musulman, Elisabeth est chrétienne), ces deux-la finissent par se croiser, puis se rejeter.Rachid Bouchareb laisse de coté la grande reconstitution historique (très réussie) de son précédent film (Indigènes) pour une approche très intimiste de son sujet, sans la moindre scène d’action. L’attention du spectateur est d’abord soutenue par l’intrigue (Où sont les enfants ? Le fils d’Ousmane participait-il aux attentats ?), et par des plans qui ne révèlent que progressivement leur objet.Graduellement cependant, l’humanité de ces personnages, submergés par des évènements qui les dépassent, qui révèlent doucement leur austère vérité, confère à cette œuvre des accents de plus en plus bouleversants, tout en ne versant jamais dans le pathos et le mélodrame.
Le film est porté par l’interprétation admirable de Brenda Blethyn et Sotigui Kouyaté, deux acteurs moins connus chez nous, et dont le jeu rappelle Yolande Moreau pour l’une, et Morgan Freeman pour l’autre. La réalisation de Rachid Bouchareb est à l’image des protagonistes et des quartiers modestes mis en scène : sobre, proche de l’austérité, tout en nous gratifiant de quelques traits plus symboliques, tels par exemple la présence d’un kora (sorte de harpe africaine) dans l’appartement de la jeune fille, la musique comme lien entre les générations et les cultures différentes ; ou encore, le thème récurrent de l’orme, menacé d’extinction, comme notre humanité, gangrénée par des représentations à la mode. Du grand cinéma, qui pacifie le cœur.
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Mise à jour le Jeudi, 11 Juin 2009 13:36 |