Le silence de Lorna |
Écrit par Jean Wiertz | ||
Mardi, 09 Septembre 2008 06:16 | ||
Techniquement, les cadrages sont serrés, sans perspectives ouvertes, et sans effets esthétisants. Le rendu des situations est celui du reportage, ce qui implique un énorme travail sur les dialogues et le jeu des acteurs, pour qu'ils soient le plus naturels possible. Lorna est de tous les plans, le spectateur ne peut donc percevoir que ce qu'elle perçoit. Mais tout effet de caméra subjective est banni, de sorte qu'il ne peut s'identifier à elle. Sur ce dispositif très contraignant, et à partir d'une histoire passionnante, les réalisateurs ont construit un film d'une lisibilité parfaite, et d'une très grande intensité dramatique. L'autre grande caractéristique de leurs films est la foi qu'ils ont dans l'être humain, dans la capacité qu'il a de s'ouvrir à la souffrance des autres. La séquence où Claudy est sur le point de replonger dans la drogue et où Lorna lui vient en aide, à sa manière, est l'une des plus belles séquences que j'aie vu au cinéma. La deuxième partie du film autorise diverses interprétations. Mais on se souviendra longtemps des dernières scènes, la fuite éperdue de la jeune femme dans les bois, contrainte de reproduire les gestes primaires (trouver un abri, faire du feu...) pour sauvegarder l'humanité en elle. Tout simplement superbe. Jean Wiertz, chroniqueur Cinéma su Best of Verviers |