| Jean-Claude Servais est un monument de la bande-dessinée et pourtant, bien peu connaissent cet homme de grand talent. Lors de notre première rencontre au BD-Vesdre festival en 2007 nous l’avions d’abord cerné de par son aspect physique : un homme décidé, de taille moyenne, solide comme un roc, à la barbe et aux cheveux grisonnants, le front large, l’œil vif, le regard profond. Tel nous était apparu cet homme que nous avons découvert ensuite franc et fier à la fois, sans fioritures comme peuvent l’être les Ardennais. L’homme est discret ! Il vit retiré, loin des paillettes et des bruits trépidants de la ville, là, dans son antre secret au cœur des forêts de l’Ardenne en compagnie des elfes, des lutins et bonnes fées qui lui donnent inspirations, créations, amour de la nature avec une écoute particulière pour tout ce qui touche aux mystères et aux traditions de sa région. |
Orval, est le titre de sa nouvelle BD. Un nom qui résonne aux oreilles des amateurs de bières, mais encore… Si son histoire débute sur les terres que Servais connaît le mieux, les siennes, ce sont aussi celles d’une abbaye qui se niche au cœur du Val d’Or à l’extrême sud de la Belgique non loin de la frontière française dans cette région qu’on appelle la Gaume.
C’est Marc Heyde, le président de l’association « Aurea Vallis et Villare qui lui a lancé ce terrible défi. Jean-Claude Servais : « Il ne s’agit ni d’un récit religieux, ni d’un récit historique à proprement parler. Les personnages que j’ai créés gravitent autour et dans l’abbaye au moment le plus crucial de son histoire : la Révolution française… Je me suis tenu aux faits authentiques qui pouvaient servir mon récit… en respectant l’essentiel : l’âme et l’esprit d’Orval. » Le Val d'Or, c'est ce lieu merveilleux de beauté et de richesses naturelles que des moines bénédictins découvrent en l'an 1070, au cours de leur périple à la recherche de l'endroit idéal pour édifier leur abbaye. Nous avons découvert, parcouru, lu avec passion ce récit qui reste une interprétation de l’histoire de l’abbaye d’Orval depuis l’origine des monastères fondés par des moines italiens selon la règle de Saint Benoît jusqu’à nos jours.
Servais place dans ses dessins, ce qu’il ressent de la beauté de la nature. Ses dessins sont empreints de poésie qu’il aime nous faire partager. Loups, papillons, rapaces, colombes, martinets, fourmis, arbres en fleurs, fleurs des champs, … viennent colorer par touches discrètes cette histoire d’une vie d’abbaye, mais aussi de vies d’hommes.
L’artiste dépeint avec justesse et force la sagesse, l’amour, la spiritualité ou la folie des hommes. Nous avons été touchés par la beauté et la force qui se dégage des pages 8 et 9, celles d’une nature préservée, là où un jeune ermite méditant est dépeint en 4 tableaux. Tableaux qui nous évoquent les saisons et le temps qui passe. Ou bien ce laboureur des champs à la page 40. Image belle et froide comme peuvent l’être ces journées d’hiver. On sent dans ces dessins, tout au long des pages, l’âme du dessinateur.
Cette première partie est à suivre d’un tome 2. Ce Servais-là est au sommet de son art. Coup de cœur Best of Verviers ! Orval de Jean-Claude Servais aux éditions Dupuis Sortie : 6/11/2009 64 pages Prix 18 euros
Notre autre coup de coeur :
| La Femme accident : Tome 2 Dessins de Grenson Scénario de Lapière Collection : Aire Libre chez Dupuis |
"La femme accident" marque la rencontre de deux auteurs majeurs de la bande dessinée belge. Olivier Grenson, le dessinateur de la série à succès Niklos Koda, s'offre un voyage artistique en Aire Libre. Pour sa première oeuvre en couleurs directes, Grenson retrouve les atmosphères flamboyantes des hauts fourneaux de sa ville natale. Le scénariste Denis Lapière est l'une des plumes les plus subtiles et les plus émouvantes de la bande dessinée romanesque contemporaine. Pilier d'Aire Libre, il offre à Grenson un scénario sur mesure où peut s'exprimer toute l'humanité des deux auteurs.
Suite et fin du diptyque signé Denis Lapière et Olivier Grenson.
De la prison au box des accusés, Julie poursuit le récit de sa vie. Elle a tenu la promesse qu'elle s'était faite : lancée à Paris par un riche protecteur, elle rentre la tête haute à Charleroi, parée de sa réussite. Théo n'y résiste pas, et elle savoure sa victoire. Jusqu'au drame. Inculpée de meurtre, Julie va tout perdre si elle ne convainc pas le jury et les siens de son innocence.
Coupable ou innocente ? L'heure du verdict a sonné pour Julie. Seule devant les jurés, elle fait face à son destin. Au bout du tunnel, la liberté et l'espoir d'une vie meilleure... peut-être.
Notre avis : Une BD digne des meilleures histoires de la collection Aire Libre. Un récit tout en émotions. Superbe !
Lire également notre chronique du tome 1 |