Le diable des sept mers: Tomes 1 et 2
Écrit par Jean Wiertz   
Mardi, 20 Janvier 2009 01:00

Récit d’aventures fantastiques en 2 albums, de Hermann et Yves H

Caroline du Sud, début du 18ème siècle. Dans une région marécageuse, un révérend procède au mariage secret de Harriet et Conrad. Harriet est la fille d’un riche propriétaire de plantations, Conrad est un pirate en cavale avec quelques compagnons.

Un jeune homme surprend la scène et la rapporte au père de Harriet ; ce dernier envoie alors ses hommes récupérer la jeune fille à Charles Town, mais Conrad parvient à s’échapper

La jeune femme boute le feu à la demeure paternelle et s’enfuit, pendant que les compagnons de Conrad profitent de la pagaille pour dérober les objets précieux. Harriet retrouve Conrad dans les bois et le jeune couple décide de quitter la Caroline, pour New Providence, où Conrad a caché un parchemin révélant l’emplacement du trésor de Robert Murdoch, le diable des sept mers. Mais le vaisseau qui les emmène sombre dans une tempête, et seul Conrad échappe à la mort…

 

Au fur et à mesure de la disparition des personnages principaux de ce récit se développe un inquiétant monde souterrain.

La brusque irruption du fantastique, assez inhabituelle chez Hermann, se traduit en quelques images anodines, qui suggèrent plutôt que de montrer, à l’instar du cinéma de Polanski.

Et justement, dans la passionnante note d’intention qui accompagne la publication du premier tome, le scénariste Yves H (fils de Hermann) explique que l’origine du projet se trouve dans les 4 premières planches d’un storyboard que Hermann avait dessiné à la demande de Roman Polanski en 1980, pour son film « Pirates ». La collaboration avait ensuite été interrompue, Polanski étant confronté à des problèmes de production(1).

Aux affrontements dans le monde réel vont se substituer graduellement, dans le second tome, des affrontements entre le monde réel, et un autre monde dont le vecteur principal est le vaisseau de Murdoch, le « Skull & Bones », du nom de cette confrérie secrète aux Etats-Unis, dont sont sortis les 2 présidents Bush, ainsi que James Angleton, co-fondateur de la CIA (2), ce qui confère une étrange résonnance aux actes des créatures qui habitent le vaisseau.

Les auteurs orchestrent ici minutieusement une mécanique implacable, animée par la volonté de puissance et l’appât du gain, où chaque image nous renvoie à une autre, avec une rigueur pas très fréquente dans ce type de récits.

D’admirables tableaux d’air et d’eau, tour à tour lumineux, sombres, menaçants ou déchainés ponctuent ce récit, qui se clôture sur un final hallucinant.

Publié chez Aire Libre

(1)     Ces 4 planches sont reproduites dans l’édition spéciale du 1er tome.

(2)     Les agissements, rites et abus de cette confrérie sont décrits dans l’excellent « The Good Shepherd » de Robert de Niro (avec Matt Damon)

 

Chronique lors de la sortie du premier tome : Octobre 2008

Lorsque Herman débarque à Verviers pour le 3ième BD-Vesdre festival le 14 septembre dernier, peu de personnes savent que le bougre nous réserve une sortie imminente chez Dupuis  « Le diable des sept mers ».

Quoi ? Un album de pirates ? On a bien en tête la trilogie « Pirates des Caraïbes » mais encore ?

Il nous faut remonter bien loin, soit en 1980, lorsqu’un certain Roman Polansky propose par téléphone à Herman de réaliser le story board et la bd de son prochain film « Pirates ». Il croit à la blague puis comprend vite qui est à l’autre bout du fil.

 

Malheureusement pour Herman, le film ne sortira jamais. Pourtant, Herman avait rapidement esquissé les premières pages du story-board, des croquis qui depuis, ont plus à tous ceux qui les ont vus.

En 2007, son fils Yves, scénariste, arrive à infléchir son père. Et voilà notre grand dessinateur belge embarqué pour l’aventure. Eux qui ne connaissent rien « au monde de la mer, à l’histoire de la flibuste et pour qui un bateau est juste une coque avec un ou plusieurs mats. »

Le défi est lancé ! Ils vont nous compter l’histoire du plus terrible des pirates que la terre et la mer aient porté. Le point de départ de cette histoire se situe au cœur d’une plantation en Caroline du Sud, début du XVIII siècle. Tous les ingrédients sont là : Une jeunes fille de famille bourgeoise qui a conclu un mariage secret au cœur de la forêt avec un jeune aventurier. Cette même fille qui  boute le feu à la propriété de son père et qui s’enfuit. Un père au cœur dur comme la pierre, des trésors cachés, un équipage de mauvais garçons assoiffés comme tout pirate qui se respecte de rhum et de sang, des plages de sable fin, des requins, des tempêtes, des pendus, de la violence. Enfin, un pirate clairement inspiré de Barbe Noire dénommé Murdoch qui est plus que terrifant : Le diable des sept mers.

Si j’ai le souvenir d’un très grand album avec Sarajevo-Tango chez Aire Libre, Herman est aussi l’auteur à succès de Jeremiah (28 tomes) de Lune de guerre avec Van Hamme, des tours de Bois-Maury (13 tomes),…

Un album en deux tomes pour un scénario extrêmement dynamique. Du sombre, des gueules à faire frémir, une grande place laissée aux dialogues qui permettent à Herman de démontrer tout son art avec une maîtrise sans faille des personnages qui ont tant des choses à exprimer. Tout se lit déjà sur les visages. Le futur président des 4ièmes rencontres internationales de la BD à Verviers nous offre un grand cru 2008! Prix 14 euros pour une sortie le 19 septembre 2008

Le diable des sept mers   Aire Libre chez Dupuis par Herman et Yves H.

Mise à jour le Mercredi, 21 Janvier 2009 07:20