Le Grand-Théâtre de Verviers
Écrit par Best of Verviers   
Vendredi, 24 Octobre 2008 20:59
Le théâtre fait son cirque ! Pourquoi ce titre ? Parce qu’au début, le théâtre et le cirque étaient très proches. Comme les Baladins du Miroir de nos jours, les comédiens allaient de ville en ville avec les musiciens, les magiciens, les acrobates et autres cracheurs de feu ; un peu comme dans le théâtre de rue ou la zieneke-parade aujourd’hui.

Un peu d'histoire 

Entre 1789 et 1800, Verviers est devenue la deuxième ville de la principauté de Liège. Velbrück, l’avant dernier prince-évêque, autorise la construction d’une salle de spectacle sur la rive gauche de la Vesdre en aval du pont des Récollets  (à l’endroit actuel du Printemps). Ce sera la salle Dutz : premier théâtre de Verviers. Le grand Talma, tragédien français incomparable, vint y jouer (on éclairait alors à la chandelle…).

 

            Vingt ans plus tard, cet édifice n’est plus digne de Verviers dont l’industrie textile s’est développée grâce aux machines à carder et à filer la laine ; on exporte alors en France, en Angleterre, en Allemagne, en Pologne, en Russie, en Espagne, en Italie et même aux Etats-Unis. Et les Pays-Bas ? Et bien ! On en fait partie des Pays-Bas. C’est d’ailleurs avec l’aide de Guillaume d’Orange qu’une « vraie salle de théâtre » sera construite à Verviers.

 

 Les bourgeois de Verviers avaient lancé une souscription donnant droit à une loge héréditaire attribuée à chaque acquéreur. Restait à déterminer l’emplacement. Après maintes discussions, on décide d’ériger le théâtre sur la partie ouest de la Place Verte qui appartient à la ville et c’est le roi Guillaume qui autorise celle-ci à céder gratuitement l’emplacement. Une seule condition : le théâtre deviendra propriété de la ville trente ans plus tard.

 

 

           

On pose la première pierre le 16 juillet 1820, c’est la même année qu’est né un certain Henri Vieuxtemps qui s’y produira 7 ans plus tard.

 

            La « Bonbonnière » (car c’est bien elle à cause de l’ornementation de la salle : sièges en velours bleu, décors bleu, blanc et or) : le bâtiment était de style empire et sa façade Est, tournée vers Crapaurue, présentait 4 colonnes ioniques surmontées d’un fronton triangulaire. Cela lui donnait une allure de temple grec ; on peut admirer sa reproduction en peinture en haut du grand escalier.

 

            Après l’indépendance, le théâtre est doté d’une troupe permanente, les acteurs sont jugés par le public ; gare à ceux qui ne plaisaient pas…

 

            Les spectacles commençaient à 17h30 pour se terminer 4 heures plus tard ; on y représentait fréquemment deux opéras successifs. On mangeait sur place ou dans les cafés environnants. Il y avait parfois des animations extérieures «  tout un cirque » et on y passait toute la journée. Certaines places étaient offertes par le patron en récompense aux ouvriers.

 

            En 1841, le théâtre est doté d’un éclairage de 118 becs de gaz. Comme prévu, le théâtre devient propriété de la ville en 1853. La salle qui pouvait recevoir jusqu’alors 700 spectateurs est agrandie pour pouvoir en accueillir 1.000. Mais les transformations n’étaient pas satisfaisantes et le théâtre n’était plus digne du nouveau statut de Verviers.

 

 

            En 1874, le conseil communal met à l’étude la construction d’un nouveau théâtre. Comme pour la bonbonnière, il y a désaccord sur l’emplacement. Après de longues discussions et l’étude de 31 projets commandés en 1888, Charles Thirion décroche la timbale ; son projet sera retenu. Ce même Charles Thirion construira son jumeau au Costa Rica.

 

            Le nouveau théâtre est donc une initiative publique. Tout comme l’hôtel de ville, il est surmonté de la devise : « Publicité sauvegarde du peuple ».  La scène du Grand-Théâtre sera honorée des initiales S.P.Q.V. ( le sénat et le peuple de Verviers) évoquant l’arc de triomphe de Trajan à Rome (senatus populus que romanus).

 

 C’est sur le terrain vague appelé « Chic-Chac » appartenant à la ville que commencent les travaux en 1891. Ils dureront jusqu’en 1895. L’édifice est érigé sur une surface de 1650 mètres carrés. Puisque l’endroit est non bâti, la nouvelle construction est particulièrement bien dégagée. On pouvait alors y accueillir 1.300 spectateurs ; aujourd’hui, il reste 800 places disponibles.

 

L’intérieur est disposé à la manière des théâtres à l’italienne de style Louis XIV. Draperies et guirlandes blanc et or, balcons, loges et plafond ornés de scènes mythologiques, fauteuils et chaises de velours rouge resplendissent sous les feux de 300 lampes électriques.

 

 

Toute cette splendeur avait un but : on allait au théâtre pour voir et surtout être vu. Cela explique le luxe du péristyle. Ce vaste escalier d’honneur (il porte bien son nom) en marbre, les deux escaliers latéraux en fer à cheval et les colonnes néo-corinthiennes n’étaient visibles que par « les gens de la haute ». En effet, les merveilleuses portes en verre actuelles étaient alors en bois tout comme celles qui persistent sur les côtés extérieurs du théâtre et c’est par ces portes que le peuple accédait par des escaliers aveugles au « paradis ».

De même, le foyer de 152 mètres carrés en style Louis XVI était strictement réservé aux bourgeois.

La soirée inaugurale organisée par la Société de Chant qui organise toujours le Concours International de Chant actuel, eut lieu le 29 septembre 1892.  La vedette de cette soirée était le grand violoniste Eugène Ysaye.

Mise à jour le Dimanche, 07 Décembre 2008 14:48