Hôtel de ville de Verviers restauré ! Les récits de Francis Bonjean et Charlotte Polis
Écrit par Best of Verviers   
Lundi, 19 Septembre 2011 16:30
Best of Verviers a proposé à plusieurs écrivains régionaux d'écrire un récit, une nouvelle, un conte, un souvenir,…  dans le cadre de l'inauguration de "l'Hôtel de ville de Verviers restauré".

Si la ville a proposé de faire la fête place du Marché à l'occasion de cette inauguration le vendredi 23 septembre 2011 avec un spectacle son et lumières,  notre site a proposé à des écrivains régionaux de se joindre à la fête par le texte.
Charlotte Polis, auteure  du livre "Un amour absolu" et François Vincennes, auteur de "Mourir à Tourneville", nous font l'honneur et le plaisir de partager leur récit.  Bonne lecture !

 

La mariée était en tailleur noir.
Cher Hôtel de ville, témoin muet  d’un mariage dont tu ne souviens sans doute pas.   Mais moi,  si !   Ce jour-là,  tout était sombre, le ciel, les voitures, le cortège et  la mariée  était  en tailleur noir ! Ton carillon aux résonances feutrées, ton campanile surmonté d’un soleil qui ne brillait plus, ta façade ternie,  était le décor parfait pour ce mariage qui s’annonçait lugubre.

Belle-maman avait le cœur fragile.  Et belle-maman  avait souhaité que le mariage se fît à Verviers et non dans la commune de sa future belle-fille. Un mariage sans faste, sans toilettes longues, sans photographe.   Elle obtint tout ce qu’elle désirait. Personne ne pouvait résister à sa voix si douce, à ses mains discrètement tremblantes, à son sourire implorant.


Donc le mariage eut lieu à Verviers, en l’an de grâce 1952. La partie officielle s’était terminée sans incident.  Belle-maman avait stoïquement supporté l’échange rituel des oui.

Tout allait bien . Soulagés,  nous amorcions la descente des escaliers,  lorsque soudain, belle-maman s’immobilisa Des sanglots secouaient son corps menu , une rafale d’émotion s’abattait sur ses frêles épaules. 

Pendant un bref instant, je me crus transportée dans une tragédie grecque. Ici sur les gradins de ton majestueux édifice,  transformé pour la circonstance en amphithéâtre, une mère douloureuse offrait, les bras tendus,  son fils unique à sa  rivale.
 Et puis, tout aussi soudainement, la vision s’effaça.  Belle-maman s’était  ressaisie,  un sourire radieux illuminait son visage. « Excusez-moi,  dit-elle, pleurer m’a fait du bien. Je suis si  heureuse. C’ est le plus beau jour de ma vie.


Et aujourd’hui, cher Hôtel de ville, soixante ans plus tard,  devant ta splendeur retrouvée, ton architecture royale au fronton plébéien, ton campanile  surmonté d’un soleil étincelant, ton carillon allègre, ta façade aux fenêtres en trompe-l’œil, la symétrie de tes garde-chute piquetées de boutons dorés,  je me sens, à mon tour, pénétrée d’une joie profonde.  Ce soir, noble édifice, je voudrais te remercier d’avoir été le témoin prestigieux du plus beau jour de ma vie.  

Charlotte Polis

Charlotte Polis, auteure du livre "Un amour absolu", Editions Noctambules 2010

 

 

 
Hôtel de ville new : Photo Jacques Clérin

 


L’Esprit de l’Escalier

Si l’extérieur de l’Hôtel de Ville de Verviers impressionne et intéresse par son volume et sa Devise « Publicité  sauvegarde du peuple », qui ne concerne pas le matraquage publicitaire que nous subissons à la télévision mais rappelle que les débats en conseil communal doivent être accessibles au public (qui ne profite guère de ce droit), sa décoration intérieure est tout aussi intéressante.

Par exemple ce groupe stuqué dans l’escalier principal et qui peut intriguer.

 

Ces deux « putti », gros bébés joufflus bien de chez nous, chevauchent et taquinent un oiseau de proie, est-ce un aigle, peut-être  pour évoquer la fin de l’oppression d’un prince étranger.

 

Et le caducée doré  semble expliquer que par la mise au pas de cet aigle, peut-être impérial, le commerce, sous entendu de la laine et des draps verviétois,  est enfin devenu libre.


François Vincennes



 

- La vie à rebours, Editions Transax 2007

 

- La peinture m'a sauvé, Editions Transax 2009

 

- Mourir à Tourneville,  Editions Transax 2010

 

Mise à jour le Lundi, 19 Septembre 2011 17:07