Le journal de bord de Loreta Mander, mai 2014
Écrit par Loreta Mander   
Dimanche, 01 Juin 2014 18:33

Loreta nous présente son journal de bord pour mai. Merci Loreta pour ce chemin que tu nous partages encore une fois.

"Réussir c'est sortir de son lit le matin et être heureux de ce qu'on va vivre durant la journée, si heureux qu'on a l'impression de s'envoler. C'est travailler avec des gens qu'on aime. Réussir, c'est être en contact avec le monde et communiquer sa passion. C'est trouver une façon de rassembler des gens qui n'ont peut-être rien d'autre en commun qu'un rêve. C'est se coucher le soir en se disant qu'on a fait du mieux qu'on a pu. Réussir c'est connaître la joie, la liberté et l'amitié. Réussir, c'est aimer."

Bonne lecture !


Jeudi 1er mai 2014
Et bien voilà un mois qui commence bien. Un jour férié. Personnellement, je ne suis pas impactée par cet événement, car c’est tous les jours férié pour cœur jumeau et moi, mais j’ai une pensée émue pour les travailleurs qui pourront se reposer et peut-être même faire le pont. Mai, le mois des ponts. Ca va nous en faire des jours de congé à somnoler sous la couette plutôt que de s’emmerder dans sa voiture sur le chemin du boulot. N’est-ce pas aussi le mois, où nous pouvons faire ce qu’il nous plaît ? Et bien, on ne va pas trahir l’adage. En route pour les folies. Merde, il pleut. Ca n’était pas prévu, pas de bol, donc suivez mon conseil, restez couchés.

 

Samedi 3 mai 2014
Journée hyper chargée. Pas uniquement en terme de planning, mais surtout en rencontres géniales. Une petite visite chez José, notre ami luthier. 3 heures qui ont filé comme une météore. Comme disait ma grand-mère, quand on s’amuse, on ne voit pas le temps passer. Juste que ce temps était fait de moments présents reliés avec une très belle personne. Un véritable artiste. Il sait ce que partager signifie et pour cela, je l’en remercie. De telles personnes deviennent si rares. On devient avare de temps, d’argent, de disponibilité, d’amour, d’amitié, de tendresse, de « hugs ». Et quand on tombe sur quelqu’un qui prend du temps pour partager sa passion, alors on s’arrête et on prête notre oreille, très attentivement. On devient des éponges et aucun mot ne se perd. Les regards non plus d’ailleurs. C’était un très beau moment. Mais il n’est de bonne compagnie qui ne se quitte, mais temporairement, j’en suis certaine.


En route pour aller caliner mes filles, Maud et Mila. J’aime les voir, les serrer contre moi. C’est étonnant d’être parent. Quelques jolis mots, des dessins de Mila, un bon bout de tarte et en route pour le troisième rendez-vous.
Encore une soirée parfaite, entre amis. On rigole, on est bien, on boit, on mange et j’ai même eu droit à un repas ultra-light pour ma diète. Merci Carine et Xavier. C’est bon de s’asseoir autour d’une table à parler de tout et de rien, à refaire le monde comme si on était persuadé que ça changerait quelque chose, à rigoler franchement, sans arrière-pensée et à savourer chaque instant.


Lundi 5 mai 2014
Le jour du dentiste. Ah que je n’aime pas ce garçon. Pourtant, il est très gentil et très prévenant. Mais je ne l’aime quand même pas. Il utilise des outils de torture qui font du bruit dans ma tête et dans ma bouche. J’ai l’impression d’être une vieille bagnole chez le carrossier. Mais quand il faut, il faut. Les traitements ont eu raison de ma dentition. Et si je ne veux pas me promener avec un Stenway dans la bouche, je dois lui rendre des visites régulières. En plus, avec des rendez-vous à midi, ça me fait une journée de jeûne.
Avec Cœur Jumeau, nous avons entrepris d’aménager une petite terrasse sympa sur le côté de la maison. Un peu de peinture, de la bonne volonté, quelques fleurs et le tour est joué. C’est sûr, qu’on s’y reposera très souvent. C’est zen et cosy en même temps. C’est gai de faire ces petites choses à deux. On échange nos idées, on essaye, on y va et puis on se repose. Je parle de la terrasse, ne vous méprenez pas. Nous passons 24 heures sur 24 ensemble et jamais nous ne nous ennuyons. Je trouve cela très beau.

 

 

Mercredi 7 mai 2014
Joyeux anniversaire mammina. Elle aurait eu 94 ans aujourd’hui. Elle qui était si fière d’être née le même jour que le pape Jean-Paul je ne sais plus combien. Je ne sais pas pourquoi elle y tenait tant, mais c’est ainsi. Tu as laissé une empreinte indélébile dans tout mon être. Tu m’as façonné, sans jamais m’obliger. Tu m’as aimé, sans jamais rien attendre en retour, que le plaisir de me voir grandir. Tu as tout sacrifié pour moi. Quand on est enfant et ado, on ne se rend vraiment pas compte à quel point élever un enfant est une tâche difficile. En plus, aucun bouquin, même le plus gros Dolto ne nous donne la recette. On fait avec ce qu’on sait, avec ce qu’on a et surtout avec le caractère de chaque enfant. Je ne sais pas comment font les parents qui ont une marmaille de plus de 3 enfants. Ca doit être difficile à gérer. Mais on y arrive quand même.

Mal ? Bien ? on ne sait jamais. Il n’est pas une seconde où je pense à toi, je te parle, je te sens derrière moi. Qui va me donner le bon conseil maintenant ? Il y a presque 17 ans qu’elle est partie, mais elle est toujours là. C’est peut-être elle qui me guide vers la sérénité, qui sait ? Moi, j’y crois.
Parmi les pages Facebook, j’ai trouvé le texte suivant auquel j’adhère complètement : « Réussir ce n'est pas toujours ce qu'on croit. Ce n'est pas devenir célèbre, ni riche ou encore puissant. Réussir c'est sortir de son lit le matin et être heureux de ce qu'on va vivre durant la journée, si heureux qu'on a l'impression de s'envoler. C'est travailler avec des gens qu'on aime. Réussir, c'est être en contact avec le monde et communiquer sa passion. C'est trouver une façon de rassembler des gens qui n'ont peut-être rien d'autre en commun qu'un rêve. C'est se coucher le soir en se disant qu'on a fait du mieux qu'on a pu. Réussir c'est connaître la joie, la liberté et l'amitié. Réussir, c'est aimer. »
J’ai également suivi une polémique concernant un concours, je suis premier, j’étais premier, je deviens premier, mais il y a certainement de la tricherie. Mais où va-t’on ? Réussir et se débrouiller, c’est tricher alors ? Mon dieu que certains sentiments rendent con.
Une des premières règles à s’appliquer est de ne jamais rien prendre personnellement. Chaque être humain est une entité particulière, qui fait les choses instinctivement. Normalement. Parfois, pour séduire ou recevoir de la reconnaissance, on pense que les événements négatifs découlent des erreurs des autres. Non.



Mardi 13 mai 2014

Je suis contente. Les jours qui viennent de passer m’ont fait oublier que je suis sous une épée. Que des belles personnes, des nouvelles rencontres, des rires et des fou-rires.
Vendredi dernier, mon ancien collègue m’a rendu une petite visite. Une papote devant une tasse de café. Pourtant, lui aussi, a vécu des moments difficiles. Cancer de la langue. Lui, l’homme, s’est retrouvé à genoux sans comprendre pourquoi. Il en ressort grandi et plus fort. Il est toujours en rééducation pour réapprendre à parler. Il est passé par des phases qui laisseraient à terre le plus commun des mortels : opérations, chimios, radiothérapie et coma. Comme moi, il se serait bien passé de toutes ces joyeusetés, mais elles l’ont poussé à s’arrêter et à faire la part des choses. On ne s’était plus vu depuis près de 4 ans. Des petits messages de temps à autre, un petit coup de pouce au moral épistolaire, mais le revoir m’a vraiment fait très plaisir. Il n’avait oublié qu’un jour je lui avais dit que je collectionnais les pierres de chemin du monde entier. Je m’explique.

Quand des amis ou des connaissances s’en vont en vacances, je leur demande toujours de me ramener un petit caillou ramassé au détour d’un sentier. Pas trop gros, sinon je vais installer une carrière au fond du jardin. Juste un peu d’énergie de partout. J’en ai déjà une belle petite collection et chacune a une histoire. De l’améthyste qui rappelle le travail du grand-père de l’un au gravier de chantier du bout du monde illustrant le voyage initiatique de l’autre, en passant par le petit gravier volé devant un temple en Thaïlande. J’ai l’impression d’avoir un pot rempli d’énergie. Ils se mélangent aux coquillages chargés d’iode et d’énergie maritime. Un petit bout de chacun. C’est bizarre parfois les collections. Les objets sans valeur apparente prennent tout à coup une autre dimension.


Samedi avait lieu un événement kitch de chez kitch : l’eurovision. Nous n’avons bien entendu pas regardé, mais juste les résultats finaux pour voir si le monde est aussi tolérant qu’il veut bien le dire. Que dire de la dame à barbe ? Rien. Si ce n’est que, même si le concept a été bien étudié, une victoire de la différence. Je ne m’attarderai pas sur la qualité de la personne et de son opus vocal, ça je m’en fiche. Je suis juste sidérée des commentaires post cathodiques qui vont, en grande partie, vers une intolérance juste insoutenable. Ne pas être comme les autres, ça n’est pas être pas bien, mais juste différents. Vous pouvez comprendre cela, vous les bien-pensants ? Sortez de vos grottes, vivez, regardez le monde autour de vous au lieu de vous lisser le nombril. Je plains vos enfants si un jour ils sont confrontés à l’annonce de leur  coming out. Qu’importe ce qu’ils aiment, pourvu qu’ils soient heureux en suivant leurs propres choix et aspirations. Qui est-on pour juger les choix des autres ? Quelle idée nous faisons-nous de ce qu’on appelle la normalité ?

Après tout, c’est quoi exactement être normal ? Rentrer dans les rails dans un beau costume 3 pièces ? Ou faire la manche déguisé en hippie ? Ou, mieux, être célèbre et bien sapé. Comment peut-on éviter les conflits dans un monde aussi intolérant. Que ça soit au niveau des religions, des idéaux ou de la façon de vivre. Chacun doit pouvoir vivre sa vie telle qu’il la voit, sans avoir peur, sans craindre des représailles ou des insultes. Mais non, au lieu de cela, alors qu’on nous rebat les oreilles avec les rubans rouges, roses ou jaunes, au fond de nous, nous restons des intolérants. Pourvu qu’un jour la conscience se réveille pour moins s’occuper des mœurs des voisins et mieux vivre nos vies.
Dimanche, direction Ramelot, un charmant petit village près de Huy. Nous voici devant quatre valeureux gaillards pleins de belle humeur et prêts à tout pour illustrer leur projet musical. On a rit de bon cœur, on a mangé autour d’une table amicale et tellement énergisante. Les petits moments uniques qui arrivent par hasard, où tout le monde s’ouvre et raconte. Les enfants, les chiens, les chats, la nature, la vie tout simplement.
La météo devrait revenir au calme d’ici demain. Croisons les doigts pour que le soleil ne nous oublie pas trop.


Vendredi 16 mai 2014
Pressée d’avoir les résultats de mes contrôles, en route, très tôt, pour Leuven. Longue journée en perspective, mais quand il faut y aller, on y va. Se faire étaler du gel glacé sur le bidou à 9 heures du matin…. Normalement, ça me fâche. Sans compter sur le sourire de porte de prison du médecin qui pratique l’examen. Un jeune barbu (pour peu j’aurais cru qu’il s’agissait de Conchita Wurst, mais non c’est bien un mec pas très souriant qui est assis près de moi), qui a dû passer une courte nuit pour avoir la g…. des grands matins. Mais bon, ça n’est pas pour l’épouser non plus. Mais, quand même. Moi, j’ai l’habitude des examens de toute sorte et je ne vois presque plus le praticien près de moi. Je me mets juste à la place d’un patient qui est en proie aux angoisses et qui ne trouve même pas un réconfort humain auprès de lui. C’est moche.

D’un autre côté, je me dis que ce type a peut-être été de garde toute la nuit et qu’il ne rêve qu’à une chose…. Son lit ! Il est des professions, desquelles on a du mal à accepter qu’elle ne nous soient pas agréables, comme le boulanger, le marchand de gazette, le médecin, l’infirmière. Alors, qu’on accepte l’air hautain de la vendeuse de chaussures. En 5 minutes, l’examen est dans la boîte, sans un mot, sans un regard. M’sieur le doc ne se prêtait pas trop à la conversation, donc je l’ai laissé macérer dans son jus. Tant pis pour lui, je lui aurais bien raconté une petite blague, moi. Après, coller son buste sur la plaque froide de la radiographie, étape n° 2. Beaux poumons me dit l’infirmière avec le sourire. Ouf, il y a quelqu’un qui a une âme dans cette maison. Comme j’étais à jeun pour mon rendez-vous chez Docjetirelagueule, je file à la cafet pour me prendre un bon gros croissant.

Petite entorse à ma diète, mais je pense l’avoir bien mérité. Puis, attendre, attendre et encore attendre le prochain examen. Re-gel sur le buste pour une autre échographie et la boucle est bouclée. Tu colles de partout, mais t’es content quand même. C’est bizarre comme certaines situations vous laissent indifférent, alors, qu’en temps normal, ça mériterait juste une bonne baffe, parce que ça n’est pas gai de se laisser engluer, tripoter et regarder sous toutes les coutures. 13 heures, direction hôpital de jour d’oncologie. Je retrouve les sourires des infirmières que je connais et ça me rassure. Et puis, encore attendre, toujours attendre.

La patience est une vertu que j’aurais bien apprise tout au long de ces dix dernières années.  Mevrouw Mander ? Kom mee. Le petit toubib habituel me regarde et je cherche, comme à chaque fois, l’approbation dans son regard. Je ne cherche qu’un sourire dans ce qu’il va me dire. Et là, je reste ébahie. A ses dires, si les miracles existent, je dois y croire. Alors j'adhère vu les résultats surprenants des contrôles. Plus aucune trace de métastases, bilan sanguin super amélioré. Vous avez dit malade ? Ah non, pas moi, pas pour l'instant. Mon cœur chante et, comme d’hab, une grosse tape dans la main de cœur jumeau en signe de bonheur. Et bien voilà une bonne chose de faite. On peut partir en vacances le cœur léger et, à nouveau, profiter des moments présents qui nous attendent. Etre heureux ne tient qu’à un mot parfois. Oui ou non. Bien ou mal. Noir ou blanc. Couleur ou monochrome. Quand je pense qu’il y a des gens qui se font du mouron parce qu’ils ne pourront pas se payer le dernier modèle de chez XYZ 4/4 toutes options. Moi, tout ça, je m’en fous. Je peux rouler en cariole pourvu que je sois derrière le volant. C’est ça la différence. Se contenter de petites choses toutes simples, qu’on peut savourer avec une certaine délectation.

 


 

Samedi 17 mai 2014
En route pour le Relais pour la Vie à Braine-l’Alleud. Il s’agit d’un événement annuel. Une course relais par équipes qui dure 24 heures. La particularité est que les participants sont des « battants », ceux et celles qui sont ou ont été touchés par le cancer. Des bénévoles assurent l’animation, cuisinent, préparent des boissons, vendent des tas d’objets au profit de la fondation belge contre le cancer. Le tout, entrecoupé de concerts, de cours de zumba et j’en passe. C’était ma première participation en tant que battante, mais pas pour la course-relais, car le sport et moi nous faisons au moins quatre ! A la tombée de la nuit, le stade est encerclé par des centaines de bougies placées tous les 5 cm. Les bougies sont posées dans des sachets blancs, que chacun dédicace ou décore à son goût.

J’ai fait le tour du stade et ai lu la plupart des messages. Les enfants des écoles locales en avaient déjà décoré une bonne partie. « Mon papa, n’attrape jamais le cancer, je t’aime trop ». Cette petite phrase m’a vraiment émue. J’y étais conviée en tant que battante d’honneur, qui pouvait parler au nom de tous les battants. C’était très prenant, mais je suis parvenue à lire tout mon texte sans que l’émotion ne me dévore. Ensuite, nous avons rejoins le lieu de la minute de silence où le mot « VIE » était écrit avec des bougies. Nous portions un flambeau et ce moment était vraiment exceptionnel. Toute cette organisation a rapporté 105.000 euros, qui seront intégralement reversés à la recherche. Quelques gouttes d’eau pour faire qu’un jour, on trouve des remèdes appropriés, qui permettront d’arrêter l’hémorragie de gens qui partent bouffés par cette saloperie de crabe. Ah, on peut dire que toute cette solidarité a fichu un sacré uppercut à la bête. Crève, sale crabe !

Lundi 19 mai 2014
Et voici le moment tant attendu. Les valises sont bouclées, tout est fin prêt. Bretagne, nous voici. Tu devras nous supporter pendant une dizaine de jours. Je vous raconterai les détails dès mon retour.

Mercredi  21 mai 2014

Bretagne… nous arrivons pleins de rêves et d’attentes, d’énergies iodées et de belles images.
Avant d’entamer le périple, j’ai quand même un coup de gueule à lancer à mon Gros Piège à Sous-doués alias mon GPS. Tu programmes le trajet. Tu veux aller au plus vite et éviter les départementales. Jusque là, il peut le faire. Tu entres la destination, un écran te demande si tu choisis le trajet le plus court ou le plus rapide. Dans ma petite-tête, je me dis qu’en choisissant le plus rapide, elle évitera les départementales et autres routes qui traversent les villages, souvent derrière un camion ou un tracteur. Nous faisons une étape à Caen et voulons aller près de Perros-Guirrec. Après vérification sur une carte traditionnelle en papier, nous visionnons plus ou moins le parcours. Par acquis de conscience, et pour être certains qu’entre plus rapide et plus court, nous choisirons la bonne option, je vérifie le fucking manual (ce que je fais rarement, je précise). Et là, tu crois rêver.

Ca doit être un manuel traduit du mandarin du nord-ouest, car la définition est réduite à sa plus simple expression : 1) le plus rapide : trajet le plus rapide d’un point à un autre – 2) le plus court : trajet le plus court d’un point à un autre. Et bien, tu es bien avancé avec ce genre d’explication. Bon, je décide de suivre ma première idée et j’opte pour le plus rapide. Et bien, tu le crois ou non, au lieu de prendre le chemin le plus direct, elle nous conduit vers le Pont de Normandie, dont le péage coûte plus cher que tout le trajet et nous fait monter vers Le Havre, puis redescendre vers notre destination. Ca ne me paraît pas plus rapide, ni plus court, mais il n’y avait pas d’option entre les deux.

Finalement, nous arrivons. Dieu que c’est loin la Bretagne. La météo n’est pas trop mauvaise. 16°, un voile nuageux entrecoupé de rayons de soleil.  La maison que nous avons louée est vraiment superbe et la propriétaire est une femme hyper sympa, qui nous explique tout ce qu’il faut savoir quand on arrive dans un endroit inconnu. Pour nous éviter les courses du début de séjour, elle a mis à notre disposition des fruits, légumes, café, confiture, beurre bio.

 

Jeudi  22 mai 2014
C’est la journée du chaos. Non, non pas de catastrophe mais nous voulons voir le Chaos de Plouman’ach qui se trouve à une vingtaine de kilomètres d’où nous sommes. On décide également de faire un peu de repérage photo pour les jours suivants. Nous suivons la côte de crique en crique et là…. Petite déception. Je ne pensais pas que la Bretagne était aussi touristique. A part des crèperies (même tenues par des chinois), des pizzerias, des bar-tabacs et des bars tout court, j’ai l’impression de visiter n’importe quelle cité balnéaire.

Même les pulls Bretons certifiés véritables sont fabriqués en Asie. Comme nous avions faim, nous avons opté pour un resto qui semblait moins piège à touristes que les autres. Tu parles. J’ai cherché le poisson sous le riz chaud, le tout surmonté d’aubergines froides. Mais, ça nourrit. En cherchant le site de Ploumana’ch, le chaos de granit rose, la maison du littoral et son phare, nous arrivons au centre-ville. Et là, stupéfaction. Un bar lounge très Paris Prout prout avec un grand bouddha en plastique à l’entrée, des fauteuils très design et des plaisanciers vissés à leurs jolies chaussures bateau, qui goûtent aux cocktails. C’est pas très Breton tout cela. Knokke-le-Zoute, en somme.
Enfin, après moultes recherches, nous trouvons le site de Plouman’ach.

Et là, nous ne l’imaginions pas ainsi. Peut-être est-ce ce que nous avons vu avant qui nous laisse perplexe, mais on a un peu l’impression d’être dans la grotte du Capitaine Crochet à Disneyland. Nous ne sommes vraiment pas inspirés pour des photos. En plus, il y a du monde …. partout, partout, partout. Nous sommes ici depuis 2 jours et nous avons déjà roulé environ 200 kms, ce qui ne nous ressemble pas vraiment. De plus, la météo laisse à désirer, mais ça, on s’y attendait et ça ne nous dérange pas trop. On ne vient pas ici pour bronzer.



Vendredi  23 mai 2014
Je n’y tiens plus. On n’y tient plus. La pluie, la morosité ambiante, je me sens comme dans un corps qui rétrécit. Très mal à l’aise, je n’ai jamais ressenti cette sensation. J’en deviens presqu’agressive. Cet endroit ne me convient absolument pas, comme si il me lançait des ondes négatives.

Je m’ennuye à mourir, rien ne m’inspire, ce qui ne m’arrive jamais. J’ai l’impression que cet endroit s’est figé à un moment donné. Rien ne vit vraiment ici. Il n’y a même pas de mouettes. Même la lumière est absente. Quand nous avons loué le gîte, il était mentionné une vue sur mer. En fait de mer, il s’agit d’un bras de mer asséché, couvert de vase et d’algues en décomposition, qui plombe le moral. Dieu sait si la maison était parfaite : moderne, lumineuse, très bien achalandée et une propriétaire très sympa, mais ça n’a pas suffit à nous donner du punch. Nous nous attendions, au vu des nombreux reportages et revues consultés, à plus d’immensité.

Que des petites criques très étriquées, avec des bateaux de plaisance en rade, des villas vides. Mais tout semble figé et dans le temps et dans l’espace. Peut-être n’avons-nous pas choisi la meilleure région de Bretagne. Nous ne sommes même pas inspirés pour prendre des photos.
C’est décidé, on part d’ici. On téléphone à notre hôtel à Wissant. Il y a de la place. On remballe le barda et oups cassos. Qu’est-ce qu’on aura roulé depuis 4 jours. Mais maintenant, c’est décidé, on se pose à Wissant pour reprendre de l’énergie.

 

 


 

Samedi  24 mai 2014
Après quelques pluies, le soleil nous réchauffe les os et on en profite bien. Enfin, de l’énergie, l’immensité et l’horizon à perte de vue. Au fond, nous ne sommes plus vraiment fait pour la ville et le trop-plein de touristes. On a vraiment besoin de croiser des gens vrais, qui ont des choses intéressantes à dire ou à montrer. Sinon, je vais chez Mickey, où je sais que tout est faux, comme dans les contes, mais c’est clair dès le départ. Un petit arrêt au Crotoy, qui est vraiment un joli petit port. La Baie de Somme a l’air très sympathique. Ca sera probablement une de nos prochaines destinations. Puis, en route vers Wissant.

Dimanche  25 mai 2014
Beau cadeau en ouvrant les rideaux, le soleil est arrivé. Pas de vent, juste de la douceur. Ah, ça nous a un peu manqué. La lumière surtout. On décide de glander en arpentant la digue et la plage. On a décidé de se poser à un endroit à regarder les passants qui passent. Que c’est drôle !

Un nouveau jeu : comparer les chiens à leurs maîtres. C’est fou ce qu’un chien peut ressembler à son maître, c’est pour cela qu’ils se choisissent d’ailleurs. Je précise qu’on ne faisait pas de photos, vu que la lumière était bien trop intense. Il faudra attendre la fin de la journée, dès que la lumière deviendra rasante et formera des reflets argentés sur la mer. On a passé une très belle journée.

Mardi  27 mai 2014

La météo est menaçante. La pluie est annoncée. Tant pis, nous ferons avec. Une très longue promenade sur la plage. Surprise, nous voici dépassés par une horde de militaires : des GI’s, des français et plein d’autres. J’ai envie de m’avancer vers eux les mains en l’air. Mais non ma Pepette.

Pour le 70ème anniversaire du débarquement, il y a des marches un peu partout et des commémorations. On oubliera l’après-midi. Il a plu à verse de midi à la nuit tombée. Pfff…. Demain, jour de marché et promenades. Pour les photos, c’est un peu râpé, vu la lumière. Mais, on se repose bien, on rigole bien, on s’aime très fort et on marche beaucoup.
Jeudi, vide-grenier au village où cœur jumeau a fait le plein de vinyls et puis retour casa. Voilà, les vacances se terminent très bien. Maud m’annonce que Mila vient de perdre sa première dent. Ah voilà, ma Mimi, en route vers la vie qui grandit.

Vendredi  30 mai 2014
Qu’est-ce qu’on est bien chez soi. Retrouver son lit, ses petites affaires…. Oui, je sais, je suis un peu popote mais j’aime bien mon chez moi, mon pays, mon chat, où je me sens bien. Quel mois bien rempli. Si je fais le bilan, j’ai rencontré des gens extraordinaires avec lesquels j’ai partagé des émotions très fortes.

J’ai pris quelques jours de vacances, j’ai reçu un beau bulletin à l’hôpital, que puis-je souhaiter de plus ? Je le répète, je suis simplement heureuse et j’accueille chaque jour comme un beau cadeau. Je keep the best et je continue à fucker le crabe.
 
 

Mise à jour le Dimanche, 01 Juin 2014 18:47