Aurore : Des Ardennes au Moulin Rouge
Écrit par Gaëtan Plein   
Mardi, 09 Novembre 2010 12:58
A la fin des années 90, je travaillais encore à mi-temps comme animateur à l’hôtel Dorint . C’était une époque faste pour les « events » et « team buildings » , comme on dit dans le langage du tourisme d’affaire. J’avais parfois  des stagiaires. L’une d’entre elle avait un caractère bien trempé. Une fille motivée et enthousiaste. Pour une étudiante de dix huit ans , elle ne manquait pas d’aplomb. J’animais des événements à Francorchamps, Franchimont, et des rallyes touristiques. Je suis souvent allé chercher des groupes séjournant dans des hôtels, parfois à l’hôtel Amigo .
Certains verviétois l’ont peut être aperçue lors d’une animation en costume d’époque à des fêtes populaires ou à des événements VIP. Elle bougeait avec grâce, et parlait en public avec éloquence et charisme. Une fille drôle, simple et douée d’empathie.

Depuis elle a fait une carrière artistique  à Paris. Le hasard d’un stage de caricature  en juillet à Montmartre m’a permis de la revoir et l’interviewer . Elle travaille comme danseuse dans le plus prestigieux cabaret . Peut être l’avez-vous déjà vue dans la presse ? Elle ne passe pas inaperçue . Et pourtant, loin des mondanités et des paillettes, une joie,  la plus simple, la plus merveilleuse qu’une femme puisse espérer lui tombe des nues : elle est maman d’un petit garçon depuis un mois ! le petit Nathan.


Bonjour Aurore , peux-tu nous parler de ton adolescence ? 
J'ai fais mes humanités chorégraphiques à l'athénée de Fragnée. Je faisais plus de 20h de danse par semaine en parallèle de mes études bien sûr. Après ma rétho, je suis partie 1 an à Cannes dans une école de perfectionnement, puis je suis rentrée en Belgique dans une compagnie de danse contemporaine à Genval. Après quoi j'ai passé une audition au Lido de Paris ou j'ai été engagée. Après 1 an au Lido, j'ai voulu changer pour rentrer au plus célèbre cabaret du Monde : le Moulin Rouge. Voilà. Je suis maintenant capitaine des danseuses, mais en repos depuis quelques mois .

Faire de la danse à ce niveau là , c’est comme un sport , cela exige une fameuse discipline ?

Je pense que l'entraînement d'une danseuse peut être comparé à celui d'un athlète de haut niveau. Mais bien sûr avec une autre forme d’expression  en groupe et en rythme . Cela implique une sensibilité à la musique puisque la danse est un art et non un sport.


 

 

Y a-t-il des critères physiques dans la sélection , et cela a-t-il évolué par rapport à il y a cinquante ou cent ans ?
Nous devons mesurer au minimum 1m72. Pour le poids, il n'y a pas de règle au départ. C'est visuel. Par contre dès qu'on est engagée, on ne peut prendre , ni perdre plus de 3 kilos.
Il y a 50 ans c'était sans doute les  mêmes critères . Mais les morphologies étaient différentes : des tailles plus petites probablement .  Mais les filles devaient quoi qu'il en soit être  belles et bien proportionnées.

Il y a plusieurs salles de spectacle de très haut niveau à Paris .

Quelles sont leurs spécificités ? 
Les spécificités du Moulin Rouge c'est en particulier le French Cancan qu'en effet on ne trouve pas au Crazy Horse et au Lido. C'est une danse typique à la France . Elle a une histoire et est très attendue par le public. Le Moulin Rouge montre une image de la France . Le lido est beaucoup plus américanisé et le Crazy Horse plus sexy car les filles dansent nues.
Je pense que la revue du Moulin Rouge est plus attrayante et diversifiée, avec de magnifiques costumes , de beaux décors et bien sûr des jolies danseuses sans oublier les beaux danseurs aussi.
 
 Quand une jeune danseuse arrive à Paris encore toute candide , vous devez être convoitée .

Vivre dans l’univers féérique de la ville lumière sur scène , n’y a-t-il pas un danger de « pèter les plombs » ?
 Il ne faut pas croire que nous avons une file d'attente à la sortie du spectacle! (rire). Il faut savoir rester soi-même. Je pense qu'on représente un rêve . Cela impressionne quand on dit que l’on danse au Moulin Rouge. Mais nous restons malgré cela des jeunes filles comme les autres. Dans chaque métier, il est possible d'être épanouie en amour. Comme qui dirait: "il suffit juste d'y croire". Au début, le milieu de la nuit ne favorise pas toujours les rencontres sérieuses. Mais il faut savoir ce qu'on veut. J'ai moi même eu des expériences plus ou moins bonnes. Et puis un jour, quand on ne s'y attend pas, ça te tombe dessus. Je suis aujourd'hui mariée à un homme qui pourtant travaille de jour et ça fonctionne très bien. Il me considère comme une femme et non comme une danseuse du Moulin Rouge. Il m'a choisie pour ce que je suis et non pour ce que je représente. Le soir sur scène je représente un fantasme pour le public, mais quand je rentre, je redeviens moi-même.
Je ne crois pas qu'il y ait un danger quelconque pour une étrangère de peter les plombs. Du moins pas plus que n'importe qui . Le fait d'avoir sa famille assez loin oblige à ne compter que sur soi-même. Même si bien sûr beaucoup de moyens de communication existent, c’ est un manque énorme. Pour ce qui est de la langue, nous communiquons toutes en Anglais au Moulin Rouge donc ça facilite les conversations. Quand elles en sortent , c'est aux filles de se mettre au français.
 
 

Quels sont tes arrondissements préférés ? 
 Mes coins favoris à Paris ou plutôt mon coin favori est Monmartre. J'adore l'ambiance de ce quartier , la vue splendide de Paris qui donne l'impression de dominer le monde. Je me suis souvent retrouvée sur les marches du Sacré-Coeur au début lorsque j'avais un coup de blues.
Sinon, j'aime la rue Mouffetard avec tout ses restaurants typiques.
Je suis énormément sortie mes 2 premières années et puis après je m'en suis un peu lassé. J'ai passé de très bonnes soirées au V.I.P. room, à l'Etoile sur les Champs Elysée ou dans les Pubs aux alentours du Moulin. Je continue les sorties mais avec modération. (Rire)

Merci pour cet entretien , Aurore.

Les lecteurs verviétois vous souhaitent à tous les trois beaucoup de bonheur …

Gaëtan Plein  novembre 2010

Mise à jour le Mardi, 09 Novembre 2010 13:09