Freddy Joris : "Le savoir-faire wallon au fil du temps. Le bassin mosan, berceau de techniques de pointe"
Écrit par Best of Verviers   
Mardi, 18 Janvier 2011 19:04

Freddy Joris, vous êtes verviétois, historien, bien connu sur notre site également par vos réfexions, articles, rencontres, partages,....   


On vous sait surtout responsable de l'Institut du Patrimoine wallon. 
A votre initiative, vous sortez avec la contribution de huit spécialistes, un livre  intitulé : "Le savoir-faire wallon au fil du temps. Le bassin mosan, berceau de techniques de pointe". Albert Moxhet vient de nous le présenter dans ses samedis coups de coeur. 
Tout compte fait, malgré votre riche passé d'historien, d'auteur et de chroniqueur,  votre perception et vos connaissances  par rapport à ces savoir-faire de pointe qui se sont développés dans notre région vous ont-elles encore étonné, surpris  ?

 

 

Tout à fait. Et il est très bien de constater qu’on apprend encore à tout âge. Je savais par exemple que le fameux viaduc de Millau, dans le sud de la France, était largement dû à un bureau d’ingénieurs liégeois, mais pas combien de records du monde ce même bureau détenait déjà avant cela en matière de construction de ponts, ces éléments majeurs du Patrimoine de demain.

Ou encore que le Liégeois Rennequin Sualem avait été à l’origine du système hydraulique alimentant les grandes eaux de Versailles, mais j’ignorais que d’autres membres de sa famille avaient ensuite fait de même dans des châteaux du Tsar en Russie.

Autre exemple encore, la présence d’une plaque de marbre noir de Theux dans l’église St-Pierre de Rome …





 

 

 

Huit spécialistes, huit personnalités, huit "liégeois" ? Des traits communs entre ces personnes, initiatives propres à notre région peut-être ?
 
Plusieurs d’entre eux sont, pour ce qui me concerne, de vieilles connaissances de l’Université avec qui j’ai fait mes études d’Histoire, je songe au Conservateur du Trésor de la Cathédrale de Liège Philippe George ou à Marc Suttor, autre médiéviste mais qui enseigne depuis des années à l’Université d’Arras. Nous sommes tous d’anciens élèves d’André Joris (avec qui je n’ai pas de lien de parenté), qui vit à Sart-lez-Spa, et du Dolhaintois Jean-Louis Kupper qui fut son assistant avant de lui succéder. Mais l’ouvrage fait appel aussi à des auteurs s’intéressant à l’histoire liégeoise, au sens large du terme, depuis des contrées bien plus lointaines : Virginie Delporte vit en Suède et c’est là qu’elle a commencé à connaître et à étudier l’histoire des immigrés wallons dans ce pays au XVIIIe siècle, et Eric Soullard, qui étudie le système hydraulique de Versailles et Rennequin Sualem, est lui Français.




Quel regard, l'historien que vous êtes, jette-t-il  sur le savoir faire-mosan au long des siècle et aujourd'hui. Peut-on tirer des points communs ?
 
A coup sûr un sentiment de légitime fierté.  Les pièces maîtresses de l’armurerie liégeoise, les chefs d’œuvre de l’orfèvrerie mosane, les canalisations souterraines de Versailles, le plus long viaduc du monde, la sidérurgie suédoise et même l’Etat Providence dans ce pays, etc, sont le produit du savoir-faire de nos ancêtres et on ne se rend parfois pas assez compte chez nous de l’admiration que ces réalisations provoquent ailleurs.

J’ai eu la chance de visiter le Metropolitan Museum de New-York en 2004 avec Philippe George et d’y voir alors exposé le Tryptique de l’Abbaye de Stavelot mis en évidence, à l’entrée de la salle médiévale, comme étant la pièce la plus exceptionnelle présentée sur place.

Nous étions d’ailleurs sur place entre autres pour tenter de la faire revenir en prêt à Stavelot pour une exposition, mais il nous fallut bien constater après deux réunions de travail que jamais plus elle ne retraverserait l’Atlantique.

Tout comme on ne fera sans doute jamais plus voyager la Bible de Stavelot, un chef d’œuvre manuscrit celui-là, conservé jalousement à la British Library à Londres, une Bible évoquée par Corinne Boulangier dans le deuxième numéro de « ma Terre » en septembre dernier.




Vous serez à Verviers avec Corinne Boulangier ce dimanche 23 janvier à 11 heures en la salle de l'Harmonie. Vous pouvez nous mettre l'eau à la bouche ?
 
Corinne Boulangier a en effet souhaité un peu mettre à profit son actuel congé de maternité – elle a accouché d’un deuxième petit garçon en décembre dernier – pour faire une petite tournée de rencontre vers son public en ce début d’année autour de l’émission « Ma Terre ».

Elle sera à Liège puis à Namur, chaque fois avec un des acteurs apparaissant dans l’émission et dans le livre qui en a découlé et que j’ai rédigé avec elle  au départ du « Savoir-faire wallon au fil du temps ». Mais j’ai souhaité que cette tournée commence par Verviers parce que, si l’émission n’avait guère évoqué notre région, par contre j’avais veillé à ce que le livre, lui, fasse référence aux apports verviétois, que ce soit par exemple dans les débuts de la Révolution industrielle (c’est parce que des Verviétois ont fait venir William Cockerill rue de Limbourg que celle-ci a démarré en Wallonie en 1800) ou dans les avancées sociales (je songe à la première cité ouvrière, construite aux Grandes Rames).

Mais pourquoi certains sujets sont-ils retenus dans l’émission tv et d’autres pas, bien que proposés eux aussi par le Comité scientifique de l’émission dont je fais partie ? Sur base de quels critères ? Et une fois les choix faits, comment la TV les met-elle en images, selon un processus bien éloigné de l’approche littéraire habituelle ?

 

Et avant cela, quel est le cheminement, et je peux vous assurer qu’il fut long, entre la naissance de l’idée de l’émission et sa première diffusion ? Et ainsi de suite : voilà les questions que la journaliste et moi évoquerons en duo, parce que nous en parlons souvent ensemble et que nous pensons que cela peut intéresser pas mal de gens ou de lecteurs. Mais ce sera totu sauf une conférence académique : l’idée est de permettre une rencontre directe entre Corinne Boulangier et son public, en ma compagnie pour le premier essai. Bien sûr, on en profitera pour dédicacer notre livre commun à ceux qui le voudraient, et on en a même fait réimprimer car cela a été un réel succès de librairie !




Corinne Boulangier, une personnalité ?
 
Extrêmement professionnelle dans ses démarches,  attentive à son public, humaine et attachante mais aussi enthousiaste, engagée à fond dans ce projet de « Ma Terre » qui qu’elle a conçu, porté et remarquablement concrétisé dans le cadre du partenariat avec l’IPW.

 


Je sais maintenant combien elle « stresse » avant chaque diffusion de l’émission, combien elle se « donne » pendant le chat qui suit clle-ci en direct. Et je l’ai vue, depuis, que ce soit lors d’une avant-première de l’émission en Brabant wallon l’été dernier ou lors d’une séance de dédicaces à Bruxelles début décembre, toujours souriante et disponible pour ceux qui voulaient discuter avec elle.  Et le tout « sans chichis », pour faire référence à une autre émission de la RTBF. Je pense que les Verviétois qui découvriront Corinne Boulangier dimanche matin apprécieront sa personnalité, qui colle bien à l’image que les téléspectateurs ont déjà plébiscité depuis quelques années.

ET je suis fier que cette aventure naissante qu’est « Ma Terre » soit une coproduction de A à Z avec l’IPW.


PS : Corinne Boulangier et Freddy Joris rencontreront le public à Verviers le dimanche 23 janvier prochain de 11h à 12h dans la grande salle de l’Harmonie (entrée libre)

 

Des projets pour cette année 2011 ?
 
Peut-être la rédaction du troisième volume de « Ma Terre » (le deuxième a été confié à Valérie Dejardin et sortira le mois prochain), dans le cadre professionnel, mais à titre personnel je vais tenter de trouver le temps de me replonger dans mon sujet de prédilection pour compléter l’histoire du mouvement démocratique verviétois.

J’avais déjà évoqué en profondeur la seconde moitié du XIXe siècle dans ma biographie de Pierre Fluche parue fin 1997, et dix ans plus tard, j’avais fait le point de manière approfondie sur les premières années du XXe siècle dans ma chronique du grand lock-out de 1906. Cette fois, sous le titre « Libres enfants du Franchimont » je voudrais sortir un livre portant sur les combats de la Révolution franchimontoise à la fin du XVIIIe siècle jusqu’au mouvement des radicaux verviétois en 1848. Et si je mène ce projet à bien, achever le tout plus tard par une chronique de la grande grève du textile en 1934. Autre projet, mais avec mon ami Jean-François Potelle celui-là, à la demande de notre autre ami Marcel Bartholomi, une plaquette cette année-ci sur les 30 ans de Socomef.




Merci Freddy Joris et bravo pour cette nouvelle contribution littéraire

Mise à jour le Mardi, 18 Janvier 2011 19:35