Elections fédérales 2010 : Pauline Dumoulin pour Ecolo
Écrit par Best of Verviers   
Jeudi, 27 Mai 2010 17:24

Du 1 au 4 juin, la rédaction de notre site régional www.bestofverviers.be a décidé, comme lors des régionales de 2009, de donner la parole  à quatre jeunes femmes de notre région de Verviers, candidates pour un mandat au Fédéral.
Quatre femmes, quatre questions de fond.

Ces questions sont inspirées en grande partie par les éditoriaux de deux rédactrices en chef d’envergure : Béatrice Delvaux du journal Le Soir et Christine Laurent  du Vif.
Ensuite et afin de porter un regard extérieur et quelque peu "hors de la mêlée" en cette période de grandes incertitudes politiques, nous avons été sensibles à la perception que des journalistes français du Monde et de Libération portaient sur la situation politique de notre pays.

Pauline Dumoulin, 3ième candidate effective sur la liste Ecolo, vous êtes par ordre alphabétique, la  première à répondre à nos quatre questions. Merci à vous

Question 1. Les priorités, celles qui intéressent les citoyens ?
« Les francophones sont lancés dans un pitoyable sauve-qui-peut Les partis francophones cherchent à gagner le leadership au sud du pays. Et s'échangent d'acides et violents propos. …Enfermés dans un cénacle étroit de plus en plus isolé des citoyens, nos élus perdent de vue notre réalité. Les électeurs ne demandent pas de miracle, mais bien des programmes clairs qui corrigent les dérapages du passé et donnent envie de repartir. Un souffle nouveau. Chômage, retraites, faillites, crise, sécurité sociale, les craintes sont nombreuses. Et les attentes de solutions, tangibles. » se demande Christine Laurent, Rédactrice en chef du Vif dans son éditorial de ce 6 mai 2010
Chômage, retraites, faillites, crise, sécurité sociale,…quelles sont vos trois priorités à ce niveau ?

 

Ce sont bien les questions sociales, économiques et environnementales qui sont nos priorités. Et c’est bien entre différents projets de société qu’il faudra choisir le 13 juin.

Face aux crises économiques et sociales, face aux défis environnementaux, on ne peut se contenter de relancer la machine dans le même sens. Il faut radicalement changer de cap. Le système de développement actuel a clairement montré ses limites. Se contenter de relancer conduira aux mêmes impasses que celles que nous connaissons aujourd’hui : chômage massif, précarisation de plus en plus généralisée des conditions de vie et augmentations des inégalités, désastres environnementaux, crises financières, etc.

Mes trois priorités sont les suivantes :

- Emploi

700 000 sans-emploi en Belgique, pour 60 000 places disponibles. La situation est catastrophique.

Il faut donc :

- miser sur des alliances emploi-environnement, capables de créer des milliers d’emplois durables et non délocalisables, notamment dans les secteurs verts

- mettre fin à la chasse aux chômeurs : système injuste et absurde qui exclut les personnes les plus fragilisées, et miser sur un véritable plan d’accompagnement professionnel et social

- lutter contre les contrats précaires et relever le salaire minimum

- Sécurité sociale

Les crises que nous subissons nous rappellent à quel point nous devons miser sur une sécurité sociale forte. Pas un filet dont les mailles sont de plus en plus larges, mais un réel tremplin qui permette aux gens de rebondir. La priorité : refinancer et moderniser notre sécurité sociale, pour qu’elle puisse assurer son rôle de redistribution des richesses et d’intervention.  En mettant à contribution d’autres revenus, en particulier ceux des capitaux, tout en diminuant la pression sur le travail.


- Régulation des marchés et fiscalité

Le capitalisme financier, fondé sur la recherche de profits tout le temps plus importants, quelles qu’en soient les conséquences sociales et environnementales, nous mène droit dans le mur.

L’Etat ne doit pas subir le marché mais le réguler. Il faut en priorité lutter contre la fraude fiscale, qui mine notre modèle social et augmente les inégalités, et taxer les opérations spéculatives qui tuent l’économie et l’emploi. Plus globalement, revoir notre fiscalité pour la rendre plus juste et plus verte (la rééquilibrer en faveur des revenus du travail, mettre fin aux intérêts notionnels sans création d’emplois). 

 

Question 2. La N-VA, se profilent comme la seule certitude de sortie des urnes flamandes.
 « …Le sort de la Belgique et la façon dont elle sera triturée, découpée, dépecée sont d’autant plus assurés comme plat de résistance postélectoral qu’en ce moment, Bart de Wever et son parti nationaliste, la N-VA, se profilent comme la seule certitude de sortie des urnes flamandes.
Le socialiste flamand Johan Vande Lanotte affirme que le leader nationaliste se révélerait être un interlocuteur jouable autour d’une table de négociation, à la manière d’un Hugo Schiltz à la grande époque de la Volksunie.
Pas sûr que les partis francophones aient envie de vérifier la pertinence de cette thèse…. » par Béatrice Delvaux, Rédactrice en chef du Soir le 30 avril 2010
Les propos de De Wever sont clairs : "Continuons-nous de prendre le fédéralisme de coopération comme excuse pour ne rien faire, ou osons-nous enfin aborder sur le fond les problèmes de ce pays"
Votre sentiment ?


La N-VA est un parti populiste et séparatiste. Sa présence rend plus difficile encore le dialogue entre Communautés, pourtant indispensable pour mener à bien la réforme institutionnelle nécessaire pour donner un avenir à notre pays. Si les sondages se confirment, la N-VA risque cependant d’avoir un rôle à jouer après le 13 juin. Un cordon sanitaire tel celui qui existe avec les partis non-démocratiques n’est pas possible. Il faudra aussi entendre l’électorat flamand, et on sait que les opinions publiques du Nord et du Sud diffèrent.

Ce qui est clair, c’est qu’il faut dialoguer. Dans le respect. Comme Ecolo le fait depuis toujours avec Groen ! Nous sommes le seul parti à former un groupe commun à la chambre. Si les  3 partis traditionnels avaient travaillé comme nous, nous n’en serions peut-être pas là aujourd’hui.  

Après le 13 juin, il faudra rassembler toutes les énergies pour sortir rapidement et durablement des conflits communautaires et pouvoir s’occuper des urgences socio-économiques. Et cette réforme institutionnelle ne pourra se faire que dans le dialogue, de manière solidaire et responsable.

Bart de Wever a ouvertement expliqué que pour lui, la fin de la Belgique n’était pas un drame. Difficile d’imaginer négocier l’avenir de notre pays avec un parti qui en souhaite la fin…Mais tout dépendra donc de son résultat et de l’attitude qu’il décidera d’adopter au lendemain des élections. Mais certaines choses ne sont pas négociables : la scission de la sécurité sociale, pas question.

Question 3. Belgique a-t-elle encore un sens ?

Vu de France :
- « Le Parlement belge a prononcé, jeudi 6 mai, sa dissolution, ouvrant la voie à des élections à haut risque le 13 juin, à l'issue desquelles Flamands et francophones devront renégocier les termes de leur cohabitation sans laquelle le pays pourrait éclater. » LE MONDE.FR le 06.05.10

-  « Vu la radicalisation de la Flandre, il (le roi) sait que le résultat du scrutin accouchera d’un pays encore plus ingouvernable, néerlandophones et francophones ayant manifestement décidé de ne plus rien négocier. » Libération 30 avril 2010

Vu de Belgique :
- Le Soir se demande si la Belgique a "encore un sens".
Et pour vous la  Belgique a-t-elle encore un sens ?


Clairement ! Ce qui nous rassemble est plus fort que ce qui nous différencie ! Notre système fédéral doit être bâti sur les principes de solidarité et de responsabilité. La Wallonie connaît davantage de chômage que la Flandre, mais celle-ci est plus touchée par la crise et sa population est aussi plus vieillissante ! C’est ensemble que nous devons travailler. Ensemble que nous devons trouver des solutions qui soient durables pour notre petit pays.

Mais il est clair qu’il faudra à l’avenir jeter plus de ponts entre nos deux Communautés. Les propositions d’Ecolo comme la création d’une circonscription fédérale - qui permettrait à des Flamands de voter pour des Wallons et des Wallons de voter pour des Flamands va dans ce sens. Responsabiliser une partie des élus devant l’ensemble du pays. Autre proposition : transformer le sénat en une assemblée des entités fédérées (régions et communautés) afin de mieux pouvoir coordonner les différents niveaux de pouvoir et créer un lieu de rencontre ente communautés et régions



Question 4. Courage, créativité, imagination ?
« Un remodelage inévitable pour un pays aux multiples lignes de fracture et qui va demander de l'imagination, de la créativité... et beaucoup de courage! » par de Christine Laurent, Rédactrice en chef du Vif dans son éditorial du 6 mai 2010
Par quels actes concrets donneriez-vous du sens au mot courage ?


Le courage de « faire de la politique autrement ». Plus que jamais une nécessité ! Faire ce qu’on dit et dire ce qu’on fait. En instituant une véritable réforme des pratiques politiques, pour restaurer la confiance des citoyens en leurs institutions, en luttant contre les conflits d’intérêt, en limitant plus et mieux les cumuls, en appliquant la transparence dans toute prise de décision, marché public, nomination. Pistons, petits arrangements entre amis, il faut en finir avec ces pratiques qui pourrissent notre système politique.

Le courage, aussi, de mettre en place au niveau belge et européen (la Belgique assurera la présidence tournante à partir du 1er juillet) un véritable « green deal ». Pas question de reproduire les erreurs qui ont été commises. Pas question de ne pas remettre fondamentalement en question notre modèle économique. Les crises sont multiples, il faudra des réponses multiples : mettre notre économie sur la voie du durable, encadrer la finance et l’économie, assurer une meilleure redistribution des richesses, lutter contre les inégalités qui persistent ici et ailleurs. Nous sommes à un tournant. Les crises actuelles ne sont pas une fatalité mais la conséquence d’un système qu’on doit changer. C’est un défi qu’on doit relever. C’est une opportunité de redonner du sens au progrès, collectif et partagé. Pour l’avenir de notre planète et la qualité de vie de ses habitants, du nord comme du sud.

Merci Pauline Dumoulin

Mise à jour le Mardi, 01 Juin 2010 05:24