Groulard Philippe
Écrit par Best of Verviers   
Dimanche, 30 Novembre 2008 19:00


Philippe Groulard, qu'est-ce que le "Trou des Sottais" ? Un fromage ?

- C'est bien possible... mais il ne faut pas en faire tout un fromage! (rires). C'est une caverne qui n'est sans doute pas très extraordinaire, située le long de la Vesdre, mais qui, enfant lorsque qu'on allait y jouer avec la troupe de louveteaux, paraissait incroyable. Cela m'a marqué et j'y ai situé le départ de la mini-saga des "Aventuriers du Trou de Sottais".    

Pouvez-vous vous présenter en quelques lignes.

-    Je m'appelle Philippe Groulard et suis né à Verviers, il y a près de 45 ans. Je suis l'aîné d'une famille de 4 enfants et nous avons habité Verviers depuis toujours. D'abord rue des Martyrs et ensuite à Heusy. J'ai fait des études d'architecte et ensuite me suis marié avec Marie-Hélène. Nous avons deux enfants scolarisés à SFX2.

 

Le tome 1 racontait-il une belle histoire ou de belles histoires ?    

-    Les Rendez-vous chez l'Ogre, puisque c'est son titre, raconte une histoire fondant ses bases sur de nombreuses histoires tirées des légendes régionales et de divers faits de société qui me marquent. Ces histoires sont-elles belles? C'est difficile à dire soi-même... je sais qu'elle sont été appréciées et que les nombreux encouragements reçus m'ont aidé à poursuivre la saga, que j'avais conçue avec une histoire principale par livre et une trame en arrière fond, juste au cas où il n'aurait pas été possible de poursuivre l'aventure, chaque livre pouvant se lire indépendamment.

    Ce premier roman destiné aux jeunes lecteurs dès 9 ans (mais les adultes qui l'ont lu l'ont aussi beaucoup apprécié) est le début d'une série de 3 intitulée "Les Aventuriers du Trou de Sottais". Chaque livre consiste en une histoire complète principale et une autre histoire secondaire se développe au fil des 3 et sera résolue à la fin du 3e tome.

   

L'inspiration pour "les Rendez-vous chez l'Ogre"  m'est venue lors de soupers au restaurant verviétois bien connu "L'ogre de barbarie", en contemplant les aquarelles de René Hausman et les sculptures de Lekeu. Cet endroit est spécial et dans le livre j'en ai fait un lieu magique, l'une des portes vers un autre monde peuplé de sorcières, de chevaliers et de Nutons. C'est dans ce monde que quelques enfants "de la surface" vont vivre, au fil de toute la série, des aventures et des périls...

 

Et le tome 2 qui sort en ce mois de décembre, raconte la suite, on l'imagine mais pourquoi ?

 

-        Oui, la suite sans être la suite. La trame de fond se complète, mais une nouvelle histoire reprenant les mêmes personnages (et quelque-uns de plus) et les même lieux (et beaucoup plus) est écrite pour l'occasion. Il ne s'agit pas de faire simplement une suite. J'ai créé un monde imaginaire, où de nombreuses possibilités peuvent de développer, je m'en sers comme décor pour de nouvelles aventures. Ici en fait, c'est la quête d'identité d'une adolescente qui sert de fil conducteur alors que dans le premier tome, l'histoire se centrait sur le sauvetage d'un enfant qui avait suivi un être malfaisant.  



Histoire de ne pas en faire fromage, êtes-vous tout de même porté par le monde merveilleux et enchanteur de ces petits êtres ?

-        L'écriture romanesque, de science-fiction, d'épopées héroïques, est souvent portée par un désir de l'auteur de changer le monde dans lequel il vit et qui ne lui convient pas. Il faut être un sacré rêveur pour imaginer autre chose et le coucher sur le papier. Un sacré frustré aussi sans doute! (rires).    

Un monde merveilleux, qui serait contre partir y vivre ? (d'ailleurs je ne vous dévoilerai pas les dernières lignes du tome 3 ! Non, non, n'insistez pas!)

    

Pourquoi écrivez-vous des histoires pour enfants ?

-        Je n'écris pas que pour les enfants. J'ai deux romans de littérature générale qui sont prêts, dont l'un est chez mon éditeur et j'espère vivement qu'il l'approuvera et qu'il verra le jour dans la première moitié de l'année 2009.  

    J'ai commencé par publier une histoire pour enfants parce que je l'avais écrite pour mes enfants. A l'époque du commencement de cette épopée, je n'avais presque pas de temps à consacrer à mes enfants: j'étais toujours absent en soirée et une grande partie du week-end pour des raisons professionnelles. Je n'ai jamais eu l'occasion de leur lire des histoires au moment du coucher comme le font la plupart des parents. Par contre je disposais souvent d'une ou deux heures de libre en matinée, c'est alors que j'ai commencé à écrire, pour leur laisser quelque chose de moi.

     

Un architecte qui écrit, il élabore d'abord son roman sous forme de plan ou il a l'imagination débordante qui surgit au fil des pages ?

-        Architecte, c'est un passé qui remonte à bientôt 10 ans... mais il paraît qu'on le reste toujours, alors, oui, il y a un plan. Mais il est purement cérébral et évolutif. La seule exception c'est le Tome 3 pour lequel j'ai réalisé un chapitrage afin de ne pas oublier d'expliquer tout ce qui reste sous-entendu ou incompréhensible dans les deux premiers livres, mais aucun de mes autres romans ne fonctionne sur ce principe. Je sais où je veux arriver, je sais par où je veux passer mais jamais si cela se fera par une ligne droite ou une route sinueuse. Si tout était trop préparé, cela deviendrait un travail... et je déteste travailler, je suis l'homme au foyer idéal (si je pouvais me le permettre !).

    

Vous écrivez pour des adultes également. Quelle est la principale difficulté de confronter les deux genres ?

-       Il n'y en a pas vraiment parce que travaille toujours sur plusieurs romans simultanément et j'ouvre le manuscrit de tel ou tel suivant mon humeur ou le développement qui s'est opéré pendant quelques jours avant qu'il n'y ait nécessité de l'écrire. Les romans évoluent et s'étoffent parallèlement (cela prend du temps, forcément), certains stagnent pendant des mois, d'autres avancent à toute vitesse pour se retrouver un peu plus tard à l'arrêt. C'est une méthode de travail qui permet de lutter contre le vide de la page blanche qui me vient des conseils que m'a prodigué Philippe Tome (le scénariste du Petit Spirou - ndlr) un soir où le champagne nous avait réuni en comité restreint. Il faut se tenir à l'écriture le plus souvent possible, mais si cela ne vient pas, à quoi cela sert-il d'insister? Pour faire des lignes qui seront refusées par l'éditeur? A chaque humeur, son sujet; c'est ma manière de faire.

 

Vous aimez l'humour décalé ! Dans l'ordre si vous deviez vous faire moine, ce serait dans un monastère où l'on fait du fromage et de la bière ?   

-    Ce serait dans un couvent, sous un bon déguisement !... un monastère, quelle horreur !

    

Si vous étiez bibliothécaire vous prendriez le temps de lire quels romans ?

-    Je lis en permanence. Tous les soirs. Lorsque j'ai fini un livre, le suivant est prêt sur ma table de nuit et je veille à en acheter suffisamment à l'avance pour ne pas tomber à court, donc pas besoin d'être bibliothécaire pour ça, c'est à la portée de tous (message caché: lisez!).

    Je choisis les livres de plusieurs façons. Il y a les incontournables comme Paul Auster, Ken Follett, Bernard Werber, Dubois, Shan Sa, Tirtiaux, Teulé, Gavalda,... Il y a les effets de mode, ceux dont on parle comme Tolkien, JK Rowling, Pullman,... Il y a ceux dont on dit qu'il faut les avoir lus comme les Prix Littéraires (souvent décevants je trouve)... Il y a les valeurs sûres comme Nothomb, Claudel, Besson, Levy, qu'on abandonne quelques années après un opus moins bon avant de s'y risquer à nouveau (Levy, je ne m'y risque plus d'ailleurs),... Et surtout, il y a les découvertes qui attirent le regard sur un présentoir et dont la quatrième de couverture donne envie de s'y plonger.

    

Groulard, c'est un nom de famille lié à  la région de Verviers, non ?    

-    Le premier document officiel qui mentionne le nom de Groulard date du 27 juin 1436 où un Groulard se retrouve, avec d'autres Franchimontois, légataire de la veuve d'un échevin de Verviers.

En 1454, un autre document nous apprend que Jehan Groulard de Jalhay porte plainte contre cinq de ses concitoyens qu'il soupçonne du meurtre de Gilles Groulard.

La région de Verviers? J'y suis depuis 600 ans, j'y reste.

 

Pour avoir pu feuilleter vos manuscrits pour des romans pour adultes, l'on peut dire que vous êtes ancré dans votre région, comme les piliers d'une cathédrale le sont dans la terre (allusion à un de vos livres de chevet "Les piliers de la terre" de Ken Follet) ? 

-      Autant utiliser des décors que l'on connaît. Surtout lorsqu'on est édité par une maison régionale et que la distribution s'y cantonne, cela peut aider et amuser le lecteur.

    Le manuscrit auquel vous faites allusion s'étire de Spa à Aubel, le suivant ne mentionne pas Verviers mais on s'y reconnaît.

    Les Aventuriers du Trou de Sottais, dans le Tome 1 on est dans quelques lieux connus de la ville, dans le Tome 2 on commence l'aventure le long de la Hoegne, pour le Tome 3 on sera presque exclusivement sur les Terres Enfouies.

    "Les Piliers de la Terre", voilà une lecture à recommander. Je me suis d'ailleurs librement inspiré du personnage Aliena. C'est un livre que je relis à peu près tous les 3 ans (je viens de le prêter, j'espère qu'on me le rendra!), c'est un de mes livres préférés. C'est rare que je relise des livres, à part celui-là, il y a le célébrissime Alchimiste et aussi La Marque de Windfield (encore un Ken Follett).

    

Si on vous donne carte blanche, que construiriez-vous à Verviers ?  

-    Plus rien. Et certainement pas ce qu'on s'apprête à y faire...

En fait, en terme de développement durable, plutôt que construire, on devrait rénover, ré-investir des bâtiments abandonnés, les étages libres au-dessus des magasins, etc... mais les pouvoirs publics ne se donnent pas les moyens de rendre la ville habitable. Et quand ils pensent le faire, en réalité ils vendent leur âme au diable et condamnent les générations futures à payer les pots cassés.

 

Racontez-nous un souvenir d'enfance lié à un lieu verviétois.

-     La cour intérieure de l'Institut Saint Michel. J'y ai passé 9 ans et je crois que l'enfilade d'urinoirs qui en couvrait tout un mur restera une image insolite. Mais aussi les couloirs interdits du 2e étage, certains raccourcis entre des classes ou l'usage discret et abusif de l'ascenseur des Frères. Je ne me suis jamais fait prendre.

    

Une ambiance, un moment, un espace de convialité dans votre quartier, dans vos souvenirs,...   

-    A l'adolescence, il y avait les réunions entre les garçons et les filles sur un banc de la rue des Prés qui finissaient chez l'un ou l'autre pour lire des BD de Moebius, Druillet ou Gotlib; le week-end de Heusy-Village en Fête; et de manière plus personnelle la cave aménagée en studio de Pierre Rapsat où j'allais écouter certains morceaux en avant-première.

    

Quel est votre bâtiment préféré à Verviers et pourquoi ? 

-    Je n'ai pas vraiment de préférence. Je regrette un peu qu'il n'y ait pas un bâtiment contemporain présentant une véritable qualité architecturale, donc c'est dans le patrimoine qu'il y a de belles images, comme le théâtre, la rue Jules Cerexhe, l'hôtel de ville (pas l'annexe!).

 

Merci Philippe !

Christophe Dechêne pour Best of Verviers, décembre 2008

Mise à jour le Lundi, 15 Décembre 2008 17:56